L’élection présidentielle guinéenne a enregistré, hier, une mobilisation record. La raison, c’est le premier scrutin démocratique depuis l’accession à l’indépendance le 2 octobre 1958 sous Sékou Touré. A l’instar de leurs compatriotes au pays, les électeurs d’Abidjan ont pris d’assaut, hier, les bureaux de vote. A l’Epp Cocody Château d’eau, un des neuf centres de vote de la capitale économique, les électeurs s’étaient réunis pour prendre rendez-vous avec l’histoire. L’ambiance qui y règne contraste avec la tension qui règne en pareille occasion. Soussou, Malinké, Peuls, bien qu’ils aient leur petite idée de qui choisir, tiennent avant tout à une seule chose. « Préserver le vent de changement qui souffle sur leur pays ». Pendant que les deux files d’électeurs s’étirent peu à peu vers les salles de vote, certains discutent. Sans doute sur le choix qu’ils viennent de faire pour les uns et celui qu’ils comptent faire pour les autres. Deux grandes nattes déroulées à quelques mètres du bureau de vote, accueillaient certains pour la prière, qui ne manqueront sans doute pas de prier pour leurs candidats. Mais pour Mme Sidibé Bintou Keita, présidente du bureau de vote, la prière viendra plus tard. Fidèle aux consignes laissées par l’Ambassade, elle fait la navette entre les deux cellules de vote. « Nous avons deux salles. Une pour les vieilles personnes, qui ne peuvent pas supporter la longue attente arrêtées. Et la seconde pour les plus jeunes », explique-t-elle. Avant d’ajouter : « Tout ce passe bien, aucun incident jusqu’à présent n’est à signaler. Et nous pensons pouvoir accueillir tout le monde avant 18 h, heure de fermeture des bureaux de vote. » Sylla Ibrahim, qui avait déjà voté, s’était adossé sur un fromager de l’établissement. Ce 27 juin, il l’attendait. Nous dira le jeune Guinéen. « C’est l’heure du changement. Et avec mon candidat, la Guinée sera débarrassée de tous ceux qui, pendant longtemps, ont fait notre malheur », se réjouit-il. A Adjamé, à l’Epp Satigui Sangaré, Courouma Bouna, président du bureau de vote, s’est dit satisfait de l’engouement de ses compatriotes. Dans la cour de l’école, jeunes en âge de voter et vieillards se suivent dans des rangs de part et d’autre des trois salles de vote. Plus qu’un scrutin électoral, l’ambiance était également au rendez-vous. Normal. Car pour Diallo Moussa, « il s’agit de sortir la Guinée de son retard.»
K. Anderson
Légende : Les centres de vote ont été pris d’assaut par les électeurs guinéens.
K. Anderson
Légende : Les centres de vote ont été pris d’assaut par les électeurs guinéens.
