C’est reparti ! Les surveillants généraux auto- proclamés de la démocratie ont sorti leurs sifflets. Ils viennent d’accorder leurs suffrages à un autre pays africain qui vient de réussir ses élections.
Ils continuent d’applaudir comme ils le font pour beaucoup d’autres. Chaque mois, ils sortent leur tensiomètre pour prendre la situation de chaque pays et distribuent les bons points. Celui-là est démocrate. L’autre non. Ils ont leurs critères calqués tout droit de leur civilisation. Les Africains ne doivent jouer que selon leurs règles. En dehors de cela c’est le hors jeux. Comme ils ont le monopole de l’information, de la communication, ils sont suivis, écoutés et pris en compte par de nombreuses couches de la population. Personne n’ose les contredire pour ne pas être la risée des uns et des autres. Un regard attentif et prolongé sur tous ces pays qui ont obtenu le diplôme de la démocratie montrent qu’ils reviennent toujours à la case départ car, en réalité, ces élections « réussies » n’ont rien réglées. Mais il faut passer à la prochaine élection, au prochain pays. C’est un spectacle. En plus gratuit. L’expérience, l’histoire ne sont d’aucun profit. Et pourtant. Tout comme pour le multipartisme, pour réussir des élections en Afrique et cela d’une manière durable il faut que certaines conditions soient remplies. La première et la plus exigeante de toutes est la fin du tribalisme ou sa grande réduction. Tant que les pays africains seront encore à l’âge du tribalisme tout effort en matière de démocratie est voué à l’échec. Le footballeur français Dugarry s’étonnait que les équipes africaines ne recrutaient pas de nationaux comme sélectionneurs. Elles avaient presque toutes des expatriés. Le pauvre, il ne connait pas l’Afrique.
Qu’on mette un entraineur d’une région de l’est et tous ceux de l’ouest supporteront une autre équipe étrangère. Même un seul joueur de sa région sera considérée comme le fruit du tribalisme.
Et pire, c’est le gouvernement et même son chef qui sera la cible des attaques. Tous les pays africains le savent. C’est pourquoi ils ne commettent pas l’erreur de recruter un local. C’est vrai que ce n’est pas cher à la fin du mois mais c’est un risque de voir le tissu social et l’unité du pays prendre un coup, se dégrader. Nos techniciens formés à la bonne école peuvent toujours passer leur temps dans les bureaux des ministères à discuter entre eux. Ce n’est pas aujourd’hui ni demain leur printemps. Ils peuvent encore aller monnayer leur talent dans d’autres pays africains.
Le jour qu’ils seront des sélectionneurs gagnants des pays occidentaux ils seront demandés, enfin, par leur pays. Et ce n’est pas maintenant. Les traces du tribalisme sont visibles sur plusieurs murs africains. Aucune élection n’a encore réussie à l’effacer et encore moins porter des progrès économiques dans un pays. Partout ce sont les mêmes plaintes d’une population abonnée à la même « phrasologie » contre les gouvernants et les populations qui ne sont pas de leur bord. Soyons optimiste. Les cornes du taureau finiront par se briser. L’histoire ne peut que nous conduire à cette étape. La deuxième solution pour une élection réussie c’est de ramener les Africains à une plus grande simplicité dans leur vie. Continuer à ne voir que les intérêts matériels et faire de la recherche effrénée de l’argent la condition d’une vie réussie c’est exposer le pays à des difficultés sans fin. C’est se priver de l’amour du pays. Comment combattre l’esprit du matériel aux Africains. Chacun ne voit que son intérêt, veut se passer pour plus riche que le voisin. C’est la course à l’achat des biens matériels inutiles et éphémères. Le plaisir d’acquérir ne durant que quelques semaines, voir quelques jours. En plus que de devises perdues. Que d’épargnes perdues pour le développement du pays. On sait que l’une des plaies des pays africains c’est la faiblesse de l’épargne et même son manque pour une très large couche de la population. Et la troisième condition pour une élection réussie c’est d’arriver à extirper de la société africaine la méchanceté, la jalousie, l’envie. Tous ces vilains maux qui nous retardent. On ne veut pas la réussite d’autrui. On le pousse à la faute afin qu’il parte dans un décor sans fin. On rit. On danse.
On est heureux. Le malheur des uns fait le bonheur des autres, dit l’adage. J’ai suffisamment développé cet aspect dans mon roman : « Et pourtant, elle pleurait. » Le président du jury qui m’a remis le Prix Yambo disait que j’avais bien compris les Africains. Alors quand LG dit que s’il n’y a pas d’élection ça fait quoi beaucoup n’ont pas compris. C’est avant tout de l’humour mais dans cet humour il veut nous pousser à une grande et profonde réflexion. Tout le monde veut des élections mais si elles doivent tout le temps nous pousser à un plus grand retard pourquoi nous précipiter pousser par l’Occident politicien qui est à l’image de Dugarry connaissant très peu de l’Afrique et des Africains mais qui sont persuadés d’être nos guides. Nos surveillants. Ainsi va l’Afrique. A la semaine prochaine
Par Isaïe Biton Koulibaly
Ils continuent d’applaudir comme ils le font pour beaucoup d’autres. Chaque mois, ils sortent leur tensiomètre pour prendre la situation de chaque pays et distribuent les bons points. Celui-là est démocrate. L’autre non. Ils ont leurs critères calqués tout droit de leur civilisation. Les Africains ne doivent jouer que selon leurs règles. En dehors de cela c’est le hors jeux. Comme ils ont le monopole de l’information, de la communication, ils sont suivis, écoutés et pris en compte par de nombreuses couches de la population. Personne n’ose les contredire pour ne pas être la risée des uns et des autres. Un regard attentif et prolongé sur tous ces pays qui ont obtenu le diplôme de la démocratie montrent qu’ils reviennent toujours à la case départ car, en réalité, ces élections « réussies » n’ont rien réglées. Mais il faut passer à la prochaine élection, au prochain pays. C’est un spectacle. En plus gratuit. L’expérience, l’histoire ne sont d’aucun profit. Et pourtant. Tout comme pour le multipartisme, pour réussir des élections en Afrique et cela d’une manière durable il faut que certaines conditions soient remplies. La première et la plus exigeante de toutes est la fin du tribalisme ou sa grande réduction. Tant que les pays africains seront encore à l’âge du tribalisme tout effort en matière de démocratie est voué à l’échec. Le footballeur français Dugarry s’étonnait que les équipes africaines ne recrutaient pas de nationaux comme sélectionneurs. Elles avaient presque toutes des expatriés. Le pauvre, il ne connait pas l’Afrique.
Qu’on mette un entraineur d’une région de l’est et tous ceux de l’ouest supporteront une autre équipe étrangère. Même un seul joueur de sa région sera considérée comme le fruit du tribalisme.
Et pire, c’est le gouvernement et même son chef qui sera la cible des attaques. Tous les pays africains le savent. C’est pourquoi ils ne commettent pas l’erreur de recruter un local. C’est vrai que ce n’est pas cher à la fin du mois mais c’est un risque de voir le tissu social et l’unité du pays prendre un coup, se dégrader. Nos techniciens formés à la bonne école peuvent toujours passer leur temps dans les bureaux des ministères à discuter entre eux. Ce n’est pas aujourd’hui ni demain leur printemps. Ils peuvent encore aller monnayer leur talent dans d’autres pays africains.
Le jour qu’ils seront des sélectionneurs gagnants des pays occidentaux ils seront demandés, enfin, par leur pays. Et ce n’est pas maintenant. Les traces du tribalisme sont visibles sur plusieurs murs africains. Aucune élection n’a encore réussie à l’effacer et encore moins porter des progrès économiques dans un pays. Partout ce sont les mêmes plaintes d’une population abonnée à la même « phrasologie » contre les gouvernants et les populations qui ne sont pas de leur bord. Soyons optimiste. Les cornes du taureau finiront par se briser. L’histoire ne peut que nous conduire à cette étape. La deuxième solution pour une élection réussie c’est de ramener les Africains à une plus grande simplicité dans leur vie. Continuer à ne voir que les intérêts matériels et faire de la recherche effrénée de l’argent la condition d’une vie réussie c’est exposer le pays à des difficultés sans fin. C’est se priver de l’amour du pays. Comment combattre l’esprit du matériel aux Africains. Chacun ne voit que son intérêt, veut se passer pour plus riche que le voisin. C’est la course à l’achat des biens matériels inutiles et éphémères. Le plaisir d’acquérir ne durant que quelques semaines, voir quelques jours. En plus que de devises perdues. Que d’épargnes perdues pour le développement du pays. On sait que l’une des plaies des pays africains c’est la faiblesse de l’épargne et même son manque pour une très large couche de la population. Et la troisième condition pour une élection réussie c’est d’arriver à extirper de la société africaine la méchanceté, la jalousie, l’envie. Tous ces vilains maux qui nous retardent. On ne veut pas la réussite d’autrui. On le pousse à la faute afin qu’il parte dans un décor sans fin. On rit. On danse.
On est heureux. Le malheur des uns fait le bonheur des autres, dit l’adage. J’ai suffisamment développé cet aspect dans mon roman : « Et pourtant, elle pleurait. » Le président du jury qui m’a remis le Prix Yambo disait que j’avais bien compris les Africains. Alors quand LG dit que s’il n’y a pas d’élection ça fait quoi beaucoup n’ont pas compris. C’est avant tout de l’humour mais dans cet humour il veut nous pousser à une grande et profonde réflexion. Tout le monde veut des élections mais si elles doivent tout le temps nous pousser à un plus grand retard pourquoi nous précipiter pousser par l’Occident politicien qui est à l’image de Dugarry connaissant très peu de l’Afrique et des Africains mais qui sont persuadés d’être nos guides. Nos surveillants. Ainsi va l’Afrique. A la semaine prochaine
Par Isaïe Biton Koulibaly