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Politique Publié le samedi 3 juillet 2010 | Nord-Sud

Portrait/ Kima Emile - L’Ivoirien qui parle au nom des Burkinabè

«Ambassadeur de la paix». C’est le titre qu’on lui donne depuis la signature de l’Accord politique de Ouagadougou dont il fait la promotion à travers divers meetings. Bien que très présent sur la scène, l’homme reste encore mal connu. Ici, Kima Emile se dévoile.

Il a décidé d’aider son pays d’accueil à sortir de la crise. En se battant pour que l’Accord politique de Ouagadougou apporte la paix à la Côte d’Ivoire. Sa démarche est d’autant plus judicieuse que le président du Burkina Faso, son pays d’origine, Blaise Compaoré, est le Facilitateur dudit accord. Donc, son garant moral. « Lorsqu’une responsabilité est confiée à un membre de la famille, tous se doivent de l’aider à porter le fardeau. Car, en cas de succès, l’honneur rejaillira sur tout le monde. Mais le contraire serait une humiliation collective », justifie-t-il son engagement. Pour réussir la mission qu’il s’est confiée, Kima Emile a créé le Comité de soutien aux accords politiques de Ouagadougou (Csapo). Depuis, il multiplie les meetings à Abidjan et à l’intérieur du pays pour expliquer l’Apo à ses compatriotes, aux Ivoiriens et aux autres ressortissants de la sous-région. Si la tâche (la quête de la paix) est ardue car, sans repos, Kima Emile trouve la force dans la conviction qu’il mène une action utile. « Quand tu es dans un pays et que celui-ci a un problème, tu n’as d’autre choix que de l’aider à trouver une solution. Aider la Côte d’Ivoire à sortir de la crise est un devoir pour nous les Burkinabè », confie-t-il. C’est logiquement qu’il n’est pas un étranger dans l’entourage du « beau Blaise » et de Laurent Gbagbo. Cependant, le « défenseur » de l’Apo se veut clair : l’objectif de son travail n’a rien à voir avec l’argent. « Je suis un leader et de nationalité burkinabé. Blaise est le président de mon pays. Il se doit de connaître tous les leaders originaires de son pays. Il est donc normal qu’il me connaisse. J’essaie d’apporter ma contribution au succès de sa mission », « Gbagbo est le président du pays. Il n’y en a pas deux. C’est lui qui a le stylo pour signer les décrets. Donc, s’il y a une doléance à faire par rapport à mes compatriotes, qui voulez-vous d’autre que j’aille voir ? C’est lui notre premier interlocuteur ».

Avant la politique, le rugby

Mais même s’il affirme se battre pour ses compatriotes, le natif de Koupela/Palgo (Burkina Faso) qui a vu le jour le 15 octobre 1967 n’a pas toujours été en odeur de sainteté avec les ressortissants du pays des hommes intègres. Certains l’accusant d’être une taupe au sein de la communauté. En clair, un « indic » qui « livre » ses « frères » aux autorités locales. Kima Emile ne nie pas. Il assume même. S’il a joué ce rôle à un moment de sa vie, se justifie-t-il, c’était par souci de servir la Côte d’Ivoire et non pour nuire à qui que ce soit. « J’ai dit que quand tu es dans un pays, tu dois, chaque fois que tu le peux, apporter ta contribution à son développement. C’est ce que j’ai fait », clarifie-t-il. Ici, il s’est donc agi, pour lui, d’ « apporter une aide à la sécurité nationale ».
A observer ses sorties, le constat est net : l’ « ambassadeur de la paix » a trouvé son créneau. Il est écouté, ce qu’il dit est important et ça intéresse. Il est aujourd’hui l’un des acteurs les plus en vue en cette période de sortie de crise. Mais qu’on ne s’y trompe pas ! Si Kima Emile roule aujourd’hui dans une cylindrée et si deux chefs d’Etat africains et lui se connaissent personnellement, tout n’est pas le fruit de son engagement politique. Avant d’arriver (presque) au sommet, il a été le chef d’une société de gardiennage et commerçant dans le secteur du bétail entre ses pays d’origine et d’adoption. Le président du Csapo s’est également essayé au sport. Et il avait choisi l’un de ceux dont la pratique est des moins aisés. Avec son 1,67 mètre pour 87 kilos, il avait les atouts naturels pour être un bon joueur de rugby. Dans les années 1978-1979, il a eu une dizaine d’années de carrière bien remplie qui l’a conduit au club français, Pau. Il a participé avec l’équipe nationale de Côte d’Ivoire, au championnat du monde des juniors en Suisse qu’il remporte avec les éléphants rugbymen. Il avait, à l’époque, hérité du surnom de « Bill la Kale », qu’il porte encore, parce que « très teigneux ». Son ami d’enfance, Koussoubé Mahady, qui a joué en même temps que lui, se souvient de cette blessure qui a failli le rendre handicapé à vie. « Suite à une blessure contractée au cours d’un match, il a été paralysé pendant six mois. On ne croyait pas qu’il reprendrait », se remémore-t-il. « Mady », comme l’appellent les intimes, parle d’un « enfant battant depuis qu’il était petit. Je ne suis pas surpris qu’il soit là où il est ». Battant, donc bagarreur ? « Non pas du tout. Il était costaud donc savait se défendre. Ce qui était d’ailleurs suffisant pour que les provocateurs se tiennent à carreau », répond-il.

Producteur d’artistes, aussi

Le politicien a une autre corde à son arc. Il est un féru de musique. Et, le zouglou est son genre favori. Cette passion l’a conduit à produire des chanteurs, et non des moindres, en l’occurrence les Mercenaires, et les Marabouts. Et, lorsqu’il ne les a pas produits, nombreux sont les chanteurs qui lui doivent beaucoup. Les « magiciens » du zouglou par exemple. Séry Koré Victorien, un ami qui le côtoie depuis 1990, soit depuis vingt ans, se souvient que lorsque Le Magic Système se préparait pour sa première tournée européenne, un certain Kima Emile n’était pas loin. « On était là-bas (il montre un endroit non loin du bureau du Csapo). Manadja voulait une dockside (une marque de chaussure, ndlr) que je portais et A’salfo la chemise que portait quelqu’un d’autre. On leur a donné des conseils d’humilité et de persévérance », se souvient Koré Victorien. De l’avis de qui, si cela n’est pas su, c’est pour la simple raison que son collaborateur est un homme « humble. Il ne parle pas de ce qu’il fait pour les artistes ». En plus, poursuit ce dernier, « il est un fou du travail bien fait. Mais lorsqu’un boulot ne le satisfait pas, il préfère le confier à une autre personne plutôt que de le signifier à celui qui est en faute. Parce qu’il n’aime pas choquer ».
A bientôt 43 bougies soufflées, Kima Emile se sent très lié à la Côte d’Ivoire. Pouvait-il en être autrement pour un pays qu’il a connu lorsqu’il avait seulement quatre mois ? Il doit à la terre ivoire, son instruction qu’il a poursuivie jusqu’à la classe de 4ème. Autre chose, elle lui a permis de rencontrer Achy Edwige, sa compagne avec laquelle il vit depuis seize ans. Aujourd’hui, ils sont légalement mariés. Edwige est la mère de trois de ses quatre enfants. Jean-Guy, le premier, qu’il a eu avec une autre femme, a vingt-et-un ans et vit en France. Dans les moments difficiles, Kima sait pouvoir trouver le réconfort dans sa foi catholique et auprès de son épouse. Celle-ci est parvenue à faire du ‘’biokosseu’’, spécialité culinaire du groupe Attié dont elle est originaire, son mets préféré. Mais si vous voulez l’inviter à manger européen, des langoustes feront bien l’affaire.

Bamba K. Inza
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