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Région Publié le jeudi 8 juillet 2010 | Le Nouveau Réveil

San Pedro : Conflit sur un terrain de 12 hectares : Les légèretés coupables du maire Nabo Clément

“Je ferai de ce site, une belle cité moderne au cœur de la ville ". Cette forte promesse n'est pas celle d'un homme politique à la recherche des suffrages d'une population. Elle est du maire de San Pedro, M. Clément Nabo Boueka. Il l'a faite aux habitants de l'ex bidonville de San Pedro, Bardot. Lesquels, de bonne foi, ont placé leur confiance dans les propos de leur maire. Aujourd'hui, ils n'ont plus que leurs yeux pour pleurer. Petite incursion dans une affaire qui menace la tranquillité publique dans le deuxième pôle économique de Côte d'Ivoire et qui sème le désordre à la mairie de San Pedro.

A l'origine, une belle intention
Dès son accession à la tête de la commune de San Pedro, M. Clément Nabo Boueka prend la ferme résolution de raser le bidonville Bardot, pour le reconstruire afin d'offrir un cadre de vie plus digne à ses habitants. Pour convaincre ces derniers de la noblesse de ses intentions, il leur fait comprendre qu'ils deviendraient propriétaires du terrain, notamment du quartier Popo d'une superficie de (12 hectares), en s'acquittant des frais nécessaires. Devant une telle proposition, les habitants acceptent de soutenir le maire dans son entreprise. Certains quartiers de Bardot sont donc rasés en 2004. Pour le lotissement et le bornage, le maire demande aux habitants de s'acquitter d'une participation financière de 250.000F. Laquelle participation équivaut d'avance au prix d'un lot viabilisé. Proposition que les habitants ne refusent pas, l'acquisition définitive d'un lot étant promise au bout de l'opération. Mais chose curieuse, l'argent réclamé par le maire n'est pas directement payé à la caisse de la mairie.

Des perceptions ad hoc créées
Les habitants qui désirent participer financièrement en vue donc d'obtenir un lot, sont priés de verser leur argent à des chefs de quartier, à charge pour ces derniers d'acheminer l'argent au maire. Au sein de la mairie de San Pedro, aucun livre n'est ouvert à cet effet. Selon nos sources, ce sont ainsi près de 7000 personnes qui, de janvier 2004 à décembre 2009, se seraient de la somme de 250.000F. Des reçus informels achetés dans le commerce et dont certains sont à la disposition de " Le Nouveau Réveil ", leur sont délivrés. Et sur la base de ces reçus informels, le maire Clément Nabo Boueka délivre à chacun, une " autorisation provisoire d'occupation de terrain urbain ", jalousement signé de ses propres mains, dans l'ignorance du conseil municipal. " Le Nouveau Réveil " a réussi à mettre la main sur quelques-unes de ces autorisations sur lesquelles l'on peut lire : " Dans le cadre de l'opération de restructuration du Bardot entreprise par le Conseil Municipal de San Pedro, M. Boueka Nabo Clément, maire de la Commune de San Pedro, autorise Mme... à occuper, à titre provisoire, le lot N°146 de l'îlot 16 du plan de lotissement du quartier Popo d'une superficie de 300 M2… " Sur la base des autorisations délivrées par le maire sans informer outremesure le Conseil municipal, les acquéreurs s'empressent de faire sortir de terre, des habitats modernes. C'est que le maire les y encourage fortement. Mais voilà que courant 2010, à la surprise générale des populations, un opérateur économique libanais, du nom de Attié Yéya, les somme de déguerpir au plus vite parce que tout l'espace comprenant le quartier Popo, serait sa propriété privée, soit l'ensemble des 12 hectares.

Propriétaire de 77,347 hectares de terre à San Pedro
Pour prouver sa prétention, M. Attié Yéya qui n'est autre que l'un des patrons du groupe E.I.B, M.H.D et PIA, brandit un ensemble de documents administratifs authentiques portant lettres d'attribution, datés du 21 novembre 2001 et tous signés par l'ancien préfet de San Pedro, M. Moïse Assi Abaka. Ces documents, signés d'une main ferme par l'ex-préfet et sur lesquels " Le Nouveau Réveil " a également mis la main, font de M. Attié Yéya et ses associés, le propriétaire de 77,347 hectares de terre dans la commune de San Pedro, y compris les 12 hectares du quartier Popo. Mais les habitants qui se sentent trahis par le maire, et cela d'autant plus que certains parmi eux sont des propriétaires terriens, n'entendent pas bouger de leur site et le font vivement savoir à ce dernier. Mais M. Attié Yéya également n'entend pas continuer à tolérer leur présence sur son terrain. Terrain sur lequel il veut entreprendre une opération immobilière. La situation devient explosive. Le chef du quartier, Popo Tagnon et sa notabilité soutenus par les populations que Attié Yéya veut déguerpir, environ 5000 personnes, saisit le préfet de région et la Commission Nationale des droits de l'Homme (CNDHCI). Ils sont convaincus que le maire Clément Nabo et l'opérateur économique sont de connivence, ce que ce dernier nie.
Le maire savait-il que le terrain avait été vendu ?
A priori, il ne pouvait le savoir, vu que, comme il le clame d'ailleurs, le terrain avait été vendu depuis 2001 et qu'à cette date, il n'était pas encore maire. Mais il est tout à fait curieux qu'un maire ait pu lancer une opération d'une telle envergure, en prenant de l'argent à des populations à qui il a attribué des lots, sans prendre la précaution minimale de s'assurer que ce terrain n'appartient pas à une tierce personne. Quand on ajoute à cela, le fait qu'il a mené seul cette opération sans se référer au conseil municipal, au point de faire perdre à la mairie un bulldozer de près de 200 millions à elle offerte par l'Union Européenne, on ne peut que douter de ses dénégations. Pourquoi n'a-t-il pas informé le Conseil municipal dans lequel siège l'ancien maire qui sait certainement que l'ancien préfet a attribué tout cet espace à M. Attié Yéya ?

Le nouveau préfet tente de sauver la situation
Saisi par les populations, le nouveau préfet de région, M. Jacques Obouo, a invité les populations, le maire et l'opérateur économique dans le courant du mois de juin dernier, à une réunion de clarification à la salle du Rotary Club. Le commissaire de la CNDHCI, le député Salley Poly, a également assisté à cette réunion au cours de laquelle il n'a pas manqué de s'interroger sur les raisons profondes qui ont conduit l'ancien préfet à attribuer 12 hectares à un individu sans aucune enquête de commodo et incommodo et sans que la commission d'attribution n'ait siégé. Ce qui, selon lui, vicie la vente qui a été faite. De son côté, Attié Yéya a, non seulement, brandi ses lettres d'attribution mais a, en plus, révélé qu'il a signé un accord avec la chefferie traditionnelle. Ce que cette dernière a formellement nié. Devant l'impasse, le préfet a décidé de suspendre l'opération de déguerpissement. Sans mettre en doute les documents de M. Attié Yéya, il estime que " le développement ne peut se faire qu'avec les populations dont les droits ne sauraient être bafoués. ". En attendant une solution définitive à ce litige, les populations et le maire se regardent en chiens de faïence. L'autorité du maire en a pris un coup. Et pour ne rien arranger, des Inspecteurs de l'Etat se sont rendus récemment à San Pedro pour mener une enquête sur cette triste affaire qui sent la corruption à mille lieues.
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