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Société Publié le vendredi 9 juillet 2010 | Le Nouveau Réveil

Ministère de l`Enseignement technique : Quand les actes du ministre menacent la crédibilité des diplômes

Pour un ministre qui a souhaité des " examens sans bruits " dès sa prise de fonction, on peut dire que Yapo Atsé Benjamin a réussi son entrée au ministère de l'Enseignement technique et de la formation professionnelle. Ce champion de la gestion administrative a réussi à modifier à coups de crocs-en-jambe, l'esprit des examens de l'Enseignement technique, profondément ancré dans plusieurs arrêtés ministériels et autres décrets présidentiels. En augmentant au passage les charges du ministère. Ce qu'il prétendait éviter. Petit retour sur des examens de fin d'année que le ministre a réussi à entourer d'un bruit assourdissant.

Le directeur des Examens et concours poussé vers la porte de sortie
Le 19 juin 2010, la presse ivoirienne dans son ensemble, annonça la démission du directeur des Examens et concours du ministère de l'Enseignement technique et de la formation professionnelle. Lequel a été remplacé au pied levé par Ediémou Darius, nommé intérimaire par le ministre Yapo Atsé Benjamin. Le même jour, il a nommé comme directeur de cabinet adjoint, Yapo Elise épouse Anvilé, dont certaines mauvaises langues disent qu'elle n'est autre que sa nièce. "Nièce" ne signifie pas népotisme, bien sûr. Sur sa lancée, il a suspendu la sous-directrice des Examens et concours de ses fonctions. On ne contrarie pas le ministre Atsé. Et c'est lui-même qui donne ces fortes explications pour justifier ses actes. " Tout ce qui s'est passé n'est qu'une simple règle de gestion… J'ai décidé de regrouper les jurys de correction et de délibération en les ramenant de 19 à 4 sur deux sites parce que j'estimais qu'à l'analyse, la procédure était budgétivore… La 2ème chose qui a fondé le choix est une question de transparence et de sécurisation des opérations…J'ai demandé que tout se passe à l'Ipnet avec la réduction du nombre de jury. Ce sont ces propositions que j'ai faites… Monsieur le directeur des Examens et concours a dit qu'il n'entre pas dans ce schéma…un acte d'insoumission est un élément fondamental pour démettre quelqu'un de ses fonctions ". Quant à la sous-directrice, " Je l'ai débarquée parce qu'elle n'a pas respecté les instructions que j'ai données… Je veux tout simplement apporter ma touche personnelle à l'organisation des examens et concours. Je ne veux pas être un figurant." avait-il conclu. Mais, la touche personnelle doit-elle se faire en violation des décrets et autres arrêtés ministériels ?

L'Inspection générale tenue très loin
des examens
Pour un ministre qui veut crédibiliser les diplômes délivrés par son ministère, Yapo Atsé Benjamin s'y prend de façon plutôt curieuse. Il commence par écarter l'Inspection générale qui est l'organe statutaire de son ministère et qui est en quelque sorte le garant du respect des règles qui régissent les examens. Ainsi, les jurys des examens doivent être obligatoirement dirigés par des inspecteurs généraux ou par des inspecteurs (article 6 de l'arrêté n°96/139 /METFP/CAB-2, portant attributions et organisation de l'Inspection générale de l'Enseignement technique et professionnel.) Et ce sont eux qui surveillent le déroulement des examens. C'est ce qui transparait dans l'article 4, alinéa 3 du décret n°2007-505 du 13 juin 2007 portant organisation du ministère de l'Enseignement technique et de la formation professionnelle. " L'Inspection générale est chargée de mettre en place des équipes de supervision du déroulement des examens et concours ". Mais comme au ministère des Sports avec le Conages de Mel Théodore qui a supplanté le Cnse de Jean Louis Billon, le ministre Atsé a remplacé l'Inspection générale par la " Cellule de Réflexion d'Utilisation des Ressources Humaines " qu'il a créée le 11 mai 2010 pour, sans doute, économiser de l'argent en entamant au passage la crédibilité des diplômes. Tout un art ! Car cette cellule de réflexion ne figure nulle part dans le décret portant organisation du ministère.

Faire des économies en augmentant les dépenses
Pendant la conférence de presse au cours de laquelle il a expliqué ses fortes décisions, le ministre avait affirmé, et il est bon de le répéter encore, que les mesures révolutionnaires auxquelles aucun de ses prédécesseurs n'avait pensé avant lui, à savoir le regroupement des 19 centres de correction et de délibération en deux grands centres, puis finalement en un seul centre à Abidjan, avaient pour objectif désintéressé, de réduire les dépenses d'organisation de l'examen. Mais, en parcourant un document signé entre le ministre et des syndicats d'enseignants et sur lequel " Le Nouveau Réveil " a réussi à mette une main ferme, on se rend bien compte qu'il n'en est rien. Voir fac similé. En réalité, la mise à l'écart des intervenants réglementaires par le ministre au profit des personnes de son choix a renchéri les coûts. Les personnes cooptées devant être rémunérées, selon des sources très introduites, à raison de 10.000F par jour. Et les corrections qui devaient se dérouler dans les centres d'examens ayant été annulés et regroupés en un grand centre, le ministre a dû, pour calmer les enseignants de ces 19 centres, signer un protocole d'accord avec les divers syndicats (voir fac similé). A l'évidence, la nouvelle organisation mise en place par le ministre n'a rien résolu et n'a pas apporté plus de crédibilité aux diplômes.

Cafouillage
dans le super centre
Le super centre de correction et de délibération, créé par le ministre, a engendré, selon de nombreuses sources, un cafouillage dans le traitement de certains documents, les présidents de jury nommés n'ayant pas la qualité requise par les textes. Pourquoi donc le ministre a-t-il décidé de chambouler tout le système ? En tout cas, pas pour les raisons qu'il a évoquées. Car, selon nos sources, le directeur des Examens et concours, poussé à la démission, avait établi le chronogramme des examens de la session 2010 qu'il avait soumis au ministre, lequel n'avait rien eu à redire. Au point où, il s'est fait représenter par son directeur de cabinet à la cérémonie officielle de lancement des examens de l'Enseignement technique et de la formation professionnelle session 2010. Lancement à la suite duquel le ministre Yapo Atsé Benjamin a présidé une réunion avec les différents commissaires des centres d'examens. Pourquoi donc a-t-il changé d'avis ? Sans doute pour apporter sa touche personnelle à l'organisation des examens et concours. Une touche personnelle qui risque de décrédibiliser encore plus les diplômes et d'augmenter le taux d'échec. Le cafouillage, comme on le sait, profite toujours à ceux qui le créent. C'est une vérité politique.
ASSALE TIEMOKO

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