En mission en Europe, Anne Ouloto, la porte-parole principale du candidat Ouattara, a été l’invitée mercredi dernier, de la chaîne de télévision 3 A Télé sud. Dans cette interview, elle met à nu la gestion de la Refondation et appelle les Ivoiriens à prendre leurs responsabilités afin de contraindre Gbagbo à organiser les élections.
3A Télé Sud : Au sein du Rassemblement des Républicains (RDR), vous occupez la fonction de secrétaire nationale chargée de la solidarité. Qu’est-ce que cela recouvre comme activités au sein de ce parti?
AO : Le secrétariat national chargé de la solidarité a pour mission de créer un esprit de solidarité entre les militants et les cadres du parti. Et de créer également un esprit de solidarité entre le RDR et tous les partis politiques. Mais aussi entre le RDR et tous les Ivoiriens au-delà de tous les clivages idéologiques, ethniques et religieux.
3ATS : Mais principalement en faveur des Houphouëtistes quand même ?
AO : Non. Nous parlons de toute la Côte d’Ivoire. Et de tous les Ivoiriens. Pas principalement en faveur des Houphouëtistes, puisque c’est l’évidence même. Nous avons besoin de nous montrer solidaires avec tous les Ivoiriens.
3ATS : Vous étiez en train de travailler sur un programme commun au sein du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP). Où est-ce que vous en êtes exactement ?
AO : Nous attendons les conclusions de la commission qui y travaille. Ce programme commun de gouvernement est une priorité pour nous, dans la mesure où le parti qui aura gagné l’élection présidentielle, au sein du RHDP, sera amené à travailler avec tous les autres partis de la coalition. Nous avons donc besoin d’avoir un programme commun de gouvernement en vue de travailler ensemble. C’est donc de ce programme qu’il s’agit. Nous attendons donc les conclusions de cette commission.
3ATS : Mais, certains disent que travailler sur un programme commun permet de ne pas aborder les questions qui fâchent, par exemple comme celle de la candidature unique.
AO : Non, pas du tout. Cette question n’est pas à l’ordre du jour. On l’a déjà dit, puisque la plate-forme des Houphouëtistes avait déjà tranché la question. Il a été dit que chaque parti devait aller à l’élection présidentielle avec son candidat. Et donc cette question n’est pas à l’ordre du jour.
3ATS : Nous allons donc parler de votre candidat, le Dr Alassane Dramane Ouattara. Concrètement, quel est son projet aujourd’hui pour les Ivoiriens? Qu’est-ce qu’il apportera aux Ivoiriens qui ne l’ont pas connu ?
AO : Une fois que mon candidat Alassane Dramane Ouattara sera élu, il s’attèlera à ramener les Ivoiriens à la devise de notre pays, la Côte d’Ivoire : Union, Discipline, Travail.
3ATS : Est-ce que vous pensez qu’aujourd’hui, l’union, la discipline et le travail ne sont qu’une vue de l’esprit en Côte d’Ivoire ?
AO : Absolument. Vous n’êtes pas sans savoir que la cohésion sociale est aujourd’hui un leurre en Côte d’Ivoire. Vous savez bien que le travail manque aux Ivoiriens. C’est ce qui explique cette situation de chaos dans lequel le pays vit aujourd’hui. La discipline n’est pas de vigueur aujourd’hui en Côte d’Ivoire. Le pays baigne dans un désordre désolant. Eh bien, Alassane Ouattara souhaite ramener la Côte d’Ivoire à sa devise : à l’union, à la discipline et au travail. Il souhaite ramener les Ivoiriens aux fondamentaux de la Côte d’Ivoire. A la paix, à la cohésion nationale, à la discipline, à l’amour des autres, au développement et à la relance économique. Voilà le projet d’Alassane Dramane Ouattara. C’est un programme ambitieux pour la Côte d’Ivoire. Mais, il a les compétences, l’expertise et l’expérience pour les réaliser.
3ATS : Mais pour qu’il puisse les réaliser, il faudrait que les élections se tiennent en Côte d’Ivoire. Elles commencent à ressembler à des calendres grecs. N’est-ce pas?
AO : Je suis totalement d’accord avec vous. Ça devient à la limite ridicule pour les tenants du pouvoir. On ne peut pas comprendre qu’un parti politique qui se réclame démocratique ne soit pas capable de faire en sorte que l’élément quoi fonde la démocratie, c’est-à-dire l’élection Présidentielle, ne puisse pas être tenue dans un pays aussi sérieux que la Cote d’Ivoire. Et nous en souffrons énormément. Nous en sommes tellement peinés que nous souhaitons que le pays ait très rapidement à l’élection Présidentielle. Vous savez, le 31 Octobre prochain, Laurent Gbagbo aura eu un deuxième mandat de façon gratuite. Nous ne pouvons pas continuer à l’accepter.
3ATS : Quand on vous écoute, on a l’impression que c’est la faute uniquement du Front Populaire Ivoirien (FPI) s’il n y a pas d’élection en Côte d’Ivoire. Pourtant, il y a des problèmes de fond, si on reporte la date de ces élections.
AO : Nous n’avons pas d’autres éléments qui nous amènent à croire que la faute est imputable à d’autres personnes.
3ATS : Par exemple, concernant le désarmement, le FPI estime que des armes circulent illégalement. Et qu’il faut les déposer.
AO : Mais les armes circulent où?
3ATS : Mais dans tout le pays. A Abidjan par exemple on a fait état de caches d’armes, il y a quelques semaines.
AO : Mais cela veut dire tout simplement que le FPI est incapable d’apporter la sécurité aux Ivoiriens. De la même manière, il a été incapable de préserver la paix en Côte d’Ivoire. Et même d’empêcher cette rébellion dans le pays. Le FPI ne sera jamais capable de ramener la paix en Côte d’Ivoire. C’est pour cela qu’il nous faut aller vite aux élections. Concernant le désarmement et de la réunification du pays, vous savez, la vérité est que le FPI utilise toutes sortes de subterfuges pour ne pas aller aux élections.
3ATS : Lesquels par exemple?
AO : Ils ont fêté la flamme de la paix, il y a quelques années à Bouaké. On a célébré la réunification du pays. On a fait des fêtes incroyables. Les présidents Ouattara et Bédié étaient d’ailleurs à Bouaké à l’anniversaire de la flamme de la paix, qui a donc annoncé officiellement la fin de la guerre et la réunification du pays. A l’issue de cette grande fête, le Président Laurent Gbagbo a sillonné tout le pays. Son parti politique est aujourd’hui, en branle dans toute la Côte d’Ivoire. Mais pourquoi parle-t-on de désarmement et de réunification du pays ? Récemment à Korhogo, les Forces Nouvelles, après des tournées de sensibilisation, ont commencé l’encasernement. Le blocage à la vérité est financier.
3ATS : Vu de l’extérieur, ce qu’on nous donne comme argument, c’est qu’il faut déposer les armes
AO : Je vous explique le problème. Il est tellement simple. Il s’agit tout simplement, d’après les informations données par le ministre de la Défense, d’avoir 4 milliards 500 millions de francs pour le processus de désarmement. Aujourd’hui, les Forces Nouvelles nous disent que seulement 500 millions de F.CFA ont été décaissés. Et la Côte d’Ivoire cherche 4 milliards de Francs CFA. C’est totalement ridicule et absurde. Je ne peux comprendre que mon pays soit à 4 milliards de FCFA près pour cette question de désarmement. Si nous disons que le désarmement est une condition pour aller à la paix. Et que nous savons que la paix n’a pas de prix, alors dites-moi, comment pouvons-nous ne pas trouver 4 milliards pour la paix. Admettons, par extraordinaire, que le pays n’ait pas suffisamment d’argent. Nous savons que Laurent Gbagbo a près de 75 milliards de francs comme fonds de souveraineté. Ainsi, pour que le pays aille à la paix, lui qui se fait passer pour un grand patriote et un démocrate, devrait donner l’exemple, en finançant pourquoi pas, le désarmement. Nous l’aurions fait au RDR, si nous avions la possibilité. Alassane Dramane Ouattara l’aurait fait s’il en avait la possibilité.
3ATS : Mais s’il a cet argent, il pourrait le mettre à la disposition du processus de sortie de crise.
AO : Mais il n’a pas cette possibilité. Où voulez-vous qu’il aille trouver 4 milliards de F.CFA?
3ATS : On le présente comme quelqu’un de très riche.
AO : Certes, on le présente comme quelqu’un de très riche, mais c’est quelqu’un qui a travaillé durant toute sa vie. Il a travaillé dans de grandes institutions. Et nous sommes fiers d’avoir un candidat comme Alassane Dramane Ouattara qui a travaillé toute sa vie. Et qui est aujourd’hui, le symbole du travail. Et le peu qu’il a pu avoir par ses activités professionnelles, il le met à la disposition de ces concitoyens. En tant que secrétaire nationale chargée de la solidarité, je peux vous dire qu’Alassane Dramane Ouattara aide son prochain, aussi bien les militants du RDR que les autres citoyens ivoiriens. Je vais vous faire une confidence. Récemment, il y a eu des inondations à Abidjan. Et il y a eu des morts. Le président Ouattara a été le seul à avoir fait le tour d’Abidjan pour visiter les familles sinistrées. Il a été le seul à leur avoir apporter des vivres et de l’assistance. Pendant ce temps, nous avons en face un régime qui n’a pas été capable de prévenir ces inondations. Et plus encore, d’assurer la sécurité des Ivoiriens, qui vivent dans des situations précaires. Nous ne pouvons pas accepter cette situation.
3ATS : Commençons par le début de la crise. Certaines personnes soutiennent aujourd’hui que s’il y a une crise en Côte d’Ivoire, c’est en grande partie du à Alassane Dramane Ouattara, qui a fabriqué de toutes pièces les Forces Nouvelles avec le concours du Burkina Faso. Qu’en est- il concrètement?
AO : Nous n’avons pas l’intention de revenir sur ces évènements douloureux que la Côte d’Ivoire a traversés. Mais ce qui est important, c’est ce qui se passe actuellement. Au moment où ils ont parlé de l’Accord Politique de Ouagadougou (APO, ndlr) et qu’il était question de faire asseoir les principaux belligérants de cette crise ivoirienne, Alassane Dramane Ouattara n y était pas. Les principaux belligérants étaient Soro Guillaume des Forces Nouvelles et Laurent Gbagbo. A aucun moment Alassane Ouattara n’a été associé à l’APO.
3ATS : Mais, est-ce que ce n’est pas du au fait que les Forces Nouvelles se sont émancipés de son autorité?
AO : Non. Je ne le crois pas. Les Forces Nouvelles sont indépendantes. Ce sont des Ivoiriens qui ont pris leur responsabilité et qui ont décidé de s’élever, à un moment donné, contre le pouvoir en place. Ce ne sont pas des enfants qu’on peut mener par le bout du nez. En plus, ce que vous ne savez pas, c’est que Soro Guillaume est une fabrication de Laurent Gbagbo.
3ATS : Ah bon?
AO : Absolument !
3ATS : C’est une information que vous me donnez- là
AO : Non, ce n’est pas une information. Vous ne le saviez peut-être pas, mais toute la Côte d’Ivoire sait que Soro Guillaume a été, pendant longtemps, en tant que secrétaire général de Fédération des Elèves et Etudiants de Côte d’Ivoire (Fesci, ndlr), très proche de Laurent Gbagbo. Comme aussi Charles Blé Goudé. Tous ces gens sont des ouailles de Laurent Gbagbo. Alors, en quoi Alassane Dramane Ouattara est capable de dire à Soro Guillaume d’organiser une rébellion contre Laurent Gbagbo ? Aujourd’hui, pourquoi Soro Guillaume ne brandit-il pas les revendications du RDR pour les présenter à Laurent Gbagbo ? A la primature, c’est bel et bien Soro Guillaume qui y est et non Alassane Dramane Ouattara. Pour les APO ce n’était pas Alassane Ouattara, c’était Soro Guillaume. Les Ivoiriens sont fatigués des manipulations. On a raconté tellement de méchancetés et de mensonges au sujet de cette guerre que je pense qu’il vaut mieux ne pas revenir sur toutes ces questions. Nous savons que si cette guerre a pu s’installer, c’est du à l’incapacité du FPI à gérer les crises internes du pays. Ce n’est pas la première fois que nous avons un chef d’Etat en Côte d’Ivoire. Houphouët-Boigny a géré le pays pendant 40 ans. Pourquoi n’y a-t-il pas eu de rébellion ? Pourtant, il y avait bien des mécontents aussi. Laurent Gbagbo était bien opposant sous Houphouët-Boigny. Mais pourquoi n’a-t-il pas pris les armes ? C’est parce qu’Houphouët-Boigny ne lui a jamais donné l’occasion de prendre les armes.
3ATS : Mais quelles étaient les relations de Laurent Gbagbo avec Alassane Dramane Ouattara, lorsqu’ils étaient dans l’opposition?
AO : Quand nous étions dans l’opposition, nous étions avec le FPI. Nous avions crée la Front Républicain. Mais c’est parce que le FPI avait besoin de nous. Ils avaient besoin du RDR. Nous avons ensemble essayé de faire en sorte que notre pays soit gouverné autrement. Mais à un moment donné, nous n’avons pas pu continuer le chemin ensemble. Nos visions ne convergeaient plus. Nous avions des divergences fondamentales.
3ATS : Mais, est-ce que vous vous reconnaissez quand même dans les Accords de Ouagadougou?
AO : Nous avons soutenu ces accords parce que partout où on parle de paix, le RDR sera présent.
3ATS : Quels sont les ingrédients qui manquent pour qu’il y ait des élections en Côte d’Ivoire?
AO : Il faut que les Ivoiriens prennent leur responsabilité. Et que nous pussions exercer toutes les pressions possibles pour amener le FPI à aller aux élections. Au fur et à mesure que nous approchons de cette date fatidique pour le FPI et au fur et à mesure que la Commission Electorale Indépendante (CEI, ndlr) veut annoncer une date pour les élections, le FPI crée des divergences pour nous éloigner de cet objectif. Le 12 Février dernier, c’était la double dissolution de la CEI et du Gouvernement. Aujourd’hui, le FPI nous parle de la vérification d’un certain nombre d’Ivoiriens sur la liste blanche. De contentieux électoral, etc. Tout cela n’est rien d’autre que des prétextes fallacieux pour nous empêcher d’aller à l’élection présidentielle.
Propos recueillis sur 3A TéléSud par Coulibaly Brahima
3A Télé Sud : Au sein du Rassemblement des Républicains (RDR), vous occupez la fonction de secrétaire nationale chargée de la solidarité. Qu’est-ce que cela recouvre comme activités au sein de ce parti?
AO : Le secrétariat national chargé de la solidarité a pour mission de créer un esprit de solidarité entre les militants et les cadres du parti. Et de créer également un esprit de solidarité entre le RDR et tous les partis politiques. Mais aussi entre le RDR et tous les Ivoiriens au-delà de tous les clivages idéologiques, ethniques et religieux.
3ATS : Mais principalement en faveur des Houphouëtistes quand même ?
AO : Non. Nous parlons de toute la Côte d’Ivoire. Et de tous les Ivoiriens. Pas principalement en faveur des Houphouëtistes, puisque c’est l’évidence même. Nous avons besoin de nous montrer solidaires avec tous les Ivoiriens.
3ATS : Vous étiez en train de travailler sur un programme commun au sein du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP). Où est-ce que vous en êtes exactement ?
AO : Nous attendons les conclusions de la commission qui y travaille. Ce programme commun de gouvernement est une priorité pour nous, dans la mesure où le parti qui aura gagné l’élection présidentielle, au sein du RHDP, sera amené à travailler avec tous les autres partis de la coalition. Nous avons donc besoin d’avoir un programme commun de gouvernement en vue de travailler ensemble. C’est donc de ce programme qu’il s’agit. Nous attendons donc les conclusions de cette commission.
3ATS : Mais, certains disent que travailler sur un programme commun permet de ne pas aborder les questions qui fâchent, par exemple comme celle de la candidature unique.
AO : Non, pas du tout. Cette question n’est pas à l’ordre du jour. On l’a déjà dit, puisque la plate-forme des Houphouëtistes avait déjà tranché la question. Il a été dit que chaque parti devait aller à l’élection présidentielle avec son candidat. Et donc cette question n’est pas à l’ordre du jour.
3ATS : Nous allons donc parler de votre candidat, le Dr Alassane Dramane Ouattara. Concrètement, quel est son projet aujourd’hui pour les Ivoiriens? Qu’est-ce qu’il apportera aux Ivoiriens qui ne l’ont pas connu ?
AO : Une fois que mon candidat Alassane Dramane Ouattara sera élu, il s’attèlera à ramener les Ivoiriens à la devise de notre pays, la Côte d’Ivoire : Union, Discipline, Travail.
3ATS : Est-ce que vous pensez qu’aujourd’hui, l’union, la discipline et le travail ne sont qu’une vue de l’esprit en Côte d’Ivoire ?
AO : Absolument. Vous n’êtes pas sans savoir que la cohésion sociale est aujourd’hui un leurre en Côte d’Ivoire. Vous savez bien que le travail manque aux Ivoiriens. C’est ce qui explique cette situation de chaos dans lequel le pays vit aujourd’hui. La discipline n’est pas de vigueur aujourd’hui en Côte d’Ivoire. Le pays baigne dans un désordre désolant. Eh bien, Alassane Ouattara souhaite ramener la Côte d’Ivoire à sa devise : à l’union, à la discipline et au travail. Il souhaite ramener les Ivoiriens aux fondamentaux de la Côte d’Ivoire. A la paix, à la cohésion nationale, à la discipline, à l’amour des autres, au développement et à la relance économique. Voilà le projet d’Alassane Dramane Ouattara. C’est un programme ambitieux pour la Côte d’Ivoire. Mais, il a les compétences, l’expertise et l’expérience pour les réaliser.
3ATS : Mais pour qu’il puisse les réaliser, il faudrait que les élections se tiennent en Côte d’Ivoire. Elles commencent à ressembler à des calendres grecs. N’est-ce pas?
AO : Je suis totalement d’accord avec vous. Ça devient à la limite ridicule pour les tenants du pouvoir. On ne peut pas comprendre qu’un parti politique qui se réclame démocratique ne soit pas capable de faire en sorte que l’élément quoi fonde la démocratie, c’est-à-dire l’élection Présidentielle, ne puisse pas être tenue dans un pays aussi sérieux que la Cote d’Ivoire. Et nous en souffrons énormément. Nous en sommes tellement peinés que nous souhaitons que le pays ait très rapidement à l’élection Présidentielle. Vous savez, le 31 Octobre prochain, Laurent Gbagbo aura eu un deuxième mandat de façon gratuite. Nous ne pouvons pas continuer à l’accepter.
3ATS : Quand on vous écoute, on a l’impression que c’est la faute uniquement du Front Populaire Ivoirien (FPI) s’il n y a pas d’élection en Côte d’Ivoire. Pourtant, il y a des problèmes de fond, si on reporte la date de ces élections.
AO : Nous n’avons pas d’autres éléments qui nous amènent à croire que la faute est imputable à d’autres personnes.
3ATS : Par exemple, concernant le désarmement, le FPI estime que des armes circulent illégalement. Et qu’il faut les déposer.
AO : Mais les armes circulent où?
3ATS : Mais dans tout le pays. A Abidjan par exemple on a fait état de caches d’armes, il y a quelques semaines.
AO : Mais cela veut dire tout simplement que le FPI est incapable d’apporter la sécurité aux Ivoiriens. De la même manière, il a été incapable de préserver la paix en Côte d’Ivoire. Et même d’empêcher cette rébellion dans le pays. Le FPI ne sera jamais capable de ramener la paix en Côte d’Ivoire. C’est pour cela qu’il nous faut aller vite aux élections. Concernant le désarmement et de la réunification du pays, vous savez, la vérité est que le FPI utilise toutes sortes de subterfuges pour ne pas aller aux élections.
3ATS : Lesquels par exemple?
AO : Ils ont fêté la flamme de la paix, il y a quelques années à Bouaké. On a célébré la réunification du pays. On a fait des fêtes incroyables. Les présidents Ouattara et Bédié étaient d’ailleurs à Bouaké à l’anniversaire de la flamme de la paix, qui a donc annoncé officiellement la fin de la guerre et la réunification du pays. A l’issue de cette grande fête, le Président Laurent Gbagbo a sillonné tout le pays. Son parti politique est aujourd’hui, en branle dans toute la Côte d’Ivoire. Mais pourquoi parle-t-on de désarmement et de réunification du pays ? Récemment à Korhogo, les Forces Nouvelles, après des tournées de sensibilisation, ont commencé l’encasernement. Le blocage à la vérité est financier.
3ATS : Vu de l’extérieur, ce qu’on nous donne comme argument, c’est qu’il faut déposer les armes
AO : Je vous explique le problème. Il est tellement simple. Il s’agit tout simplement, d’après les informations données par le ministre de la Défense, d’avoir 4 milliards 500 millions de francs pour le processus de désarmement. Aujourd’hui, les Forces Nouvelles nous disent que seulement 500 millions de F.CFA ont été décaissés. Et la Côte d’Ivoire cherche 4 milliards de Francs CFA. C’est totalement ridicule et absurde. Je ne peux comprendre que mon pays soit à 4 milliards de FCFA près pour cette question de désarmement. Si nous disons que le désarmement est une condition pour aller à la paix. Et que nous savons que la paix n’a pas de prix, alors dites-moi, comment pouvons-nous ne pas trouver 4 milliards pour la paix. Admettons, par extraordinaire, que le pays n’ait pas suffisamment d’argent. Nous savons que Laurent Gbagbo a près de 75 milliards de francs comme fonds de souveraineté. Ainsi, pour que le pays aille à la paix, lui qui se fait passer pour un grand patriote et un démocrate, devrait donner l’exemple, en finançant pourquoi pas, le désarmement. Nous l’aurions fait au RDR, si nous avions la possibilité. Alassane Dramane Ouattara l’aurait fait s’il en avait la possibilité.
3ATS : Mais s’il a cet argent, il pourrait le mettre à la disposition du processus de sortie de crise.
AO : Mais il n’a pas cette possibilité. Où voulez-vous qu’il aille trouver 4 milliards de F.CFA?
3ATS : On le présente comme quelqu’un de très riche.
AO : Certes, on le présente comme quelqu’un de très riche, mais c’est quelqu’un qui a travaillé durant toute sa vie. Il a travaillé dans de grandes institutions. Et nous sommes fiers d’avoir un candidat comme Alassane Dramane Ouattara qui a travaillé toute sa vie. Et qui est aujourd’hui, le symbole du travail. Et le peu qu’il a pu avoir par ses activités professionnelles, il le met à la disposition de ces concitoyens. En tant que secrétaire nationale chargée de la solidarité, je peux vous dire qu’Alassane Dramane Ouattara aide son prochain, aussi bien les militants du RDR que les autres citoyens ivoiriens. Je vais vous faire une confidence. Récemment, il y a eu des inondations à Abidjan. Et il y a eu des morts. Le président Ouattara a été le seul à avoir fait le tour d’Abidjan pour visiter les familles sinistrées. Il a été le seul à leur avoir apporter des vivres et de l’assistance. Pendant ce temps, nous avons en face un régime qui n’a pas été capable de prévenir ces inondations. Et plus encore, d’assurer la sécurité des Ivoiriens, qui vivent dans des situations précaires. Nous ne pouvons pas accepter cette situation.
3ATS : Commençons par le début de la crise. Certaines personnes soutiennent aujourd’hui que s’il y a une crise en Côte d’Ivoire, c’est en grande partie du à Alassane Dramane Ouattara, qui a fabriqué de toutes pièces les Forces Nouvelles avec le concours du Burkina Faso. Qu’en est- il concrètement?
AO : Nous n’avons pas l’intention de revenir sur ces évènements douloureux que la Côte d’Ivoire a traversés. Mais ce qui est important, c’est ce qui se passe actuellement. Au moment où ils ont parlé de l’Accord Politique de Ouagadougou (APO, ndlr) et qu’il était question de faire asseoir les principaux belligérants de cette crise ivoirienne, Alassane Dramane Ouattara n y était pas. Les principaux belligérants étaient Soro Guillaume des Forces Nouvelles et Laurent Gbagbo. A aucun moment Alassane Ouattara n’a été associé à l’APO.
3ATS : Mais, est-ce que ce n’est pas du au fait que les Forces Nouvelles se sont émancipés de son autorité?
AO : Non. Je ne le crois pas. Les Forces Nouvelles sont indépendantes. Ce sont des Ivoiriens qui ont pris leur responsabilité et qui ont décidé de s’élever, à un moment donné, contre le pouvoir en place. Ce ne sont pas des enfants qu’on peut mener par le bout du nez. En plus, ce que vous ne savez pas, c’est que Soro Guillaume est une fabrication de Laurent Gbagbo.
3ATS : Ah bon?
AO : Absolument !
3ATS : C’est une information que vous me donnez- là
AO : Non, ce n’est pas une information. Vous ne le saviez peut-être pas, mais toute la Côte d’Ivoire sait que Soro Guillaume a été, pendant longtemps, en tant que secrétaire général de Fédération des Elèves et Etudiants de Côte d’Ivoire (Fesci, ndlr), très proche de Laurent Gbagbo. Comme aussi Charles Blé Goudé. Tous ces gens sont des ouailles de Laurent Gbagbo. Alors, en quoi Alassane Dramane Ouattara est capable de dire à Soro Guillaume d’organiser une rébellion contre Laurent Gbagbo ? Aujourd’hui, pourquoi Soro Guillaume ne brandit-il pas les revendications du RDR pour les présenter à Laurent Gbagbo ? A la primature, c’est bel et bien Soro Guillaume qui y est et non Alassane Dramane Ouattara. Pour les APO ce n’était pas Alassane Ouattara, c’était Soro Guillaume. Les Ivoiriens sont fatigués des manipulations. On a raconté tellement de méchancetés et de mensonges au sujet de cette guerre que je pense qu’il vaut mieux ne pas revenir sur toutes ces questions. Nous savons que si cette guerre a pu s’installer, c’est du à l’incapacité du FPI à gérer les crises internes du pays. Ce n’est pas la première fois que nous avons un chef d’Etat en Côte d’Ivoire. Houphouët-Boigny a géré le pays pendant 40 ans. Pourquoi n’y a-t-il pas eu de rébellion ? Pourtant, il y avait bien des mécontents aussi. Laurent Gbagbo était bien opposant sous Houphouët-Boigny. Mais pourquoi n’a-t-il pas pris les armes ? C’est parce qu’Houphouët-Boigny ne lui a jamais donné l’occasion de prendre les armes.
3ATS : Mais quelles étaient les relations de Laurent Gbagbo avec Alassane Dramane Ouattara, lorsqu’ils étaient dans l’opposition?
AO : Quand nous étions dans l’opposition, nous étions avec le FPI. Nous avions crée la Front Républicain. Mais c’est parce que le FPI avait besoin de nous. Ils avaient besoin du RDR. Nous avons ensemble essayé de faire en sorte que notre pays soit gouverné autrement. Mais à un moment donné, nous n’avons pas pu continuer le chemin ensemble. Nos visions ne convergeaient plus. Nous avions des divergences fondamentales.
3ATS : Mais, est-ce que vous vous reconnaissez quand même dans les Accords de Ouagadougou?
AO : Nous avons soutenu ces accords parce que partout où on parle de paix, le RDR sera présent.
3ATS : Quels sont les ingrédients qui manquent pour qu’il y ait des élections en Côte d’Ivoire?
AO : Il faut que les Ivoiriens prennent leur responsabilité. Et que nous pussions exercer toutes les pressions possibles pour amener le FPI à aller aux élections. Au fur et à mesure que nous approchons de cette date fatidique pour le FPI et au fur et à mesure que la Commission Electorale Indépendante (CEI, ndlr) veut annoncer une date pour les élections, le FPI crée des divergences pour nous éloigner de cet objectif. Le 12 Février dernier, c’était la double dissolution de la CEI et du Gouvernement. Aujourd’hui, le FPI nous parle de la vérification d’un certain nombre d’Ivoiriens sur la liste blanche. De contentieux électoral, etc. Tout cela n’est rien d’autre que des prétextes fallacieux pour nous empêcher d’aller à l’élection présidentielle.
Propos recueillis sur 3A TéléSud par Coulibaly Brahima