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Politique Publié le samedi 10 juillet 2010 | Le Patriote

Interview/ Karamoko Yayoro (Président du RJR) : “L’insurrection est un droit pour un peuple qui souffre“

© Le Patriote Par Emma
Presse - Les leaders des jeunesses du RHDP à la Tribune d`échanges du quotidien Le Patriote
Vendredi 30 avril 2010. Abidjan, Zone 4C. Siège du quotidien "Le Patriote". Karamoko Yayoro (photo), KKB (JPDCI) et les autres leaders des jeunesses du RHDP, face à la presse.
Le président de la Jeunesse du RDR et Directeur central de campagne adjoint du candidat Alassane Dramane Ouattara chargé de la Jeunesse, Karamoko Yayoro décide de rompre avec le silence. Tout feu tout flamme, nous l’avons rencontré hier. Entretien.

Le Patriote : Depuis le report de la marche du 15 mai dernier, les jeunes du RHDP et ceux du RJR en particulier, semblent avoir baissé les bras. Est-ce un découragement ?

Karamoko Yayoro : Je ne crois pas que nous ayons baissé les bras. Vous savez, avec ce qui s’est passé, il faut reconnaître qu’il y a eu des avancées. C’est vrai qu’on ne peut pas parler d’acquis, mais il y a eu quand même des avancées. Pendant même que nous étions en train de préparer cette manifestation du 15 mai, le président Laurent Gbagbo a entrepris de rencontrer les différents leaders du RHDP, en l’occurrence le président Henri Konan Bédié et le président Alassane Dramane Ouattara.

Avec eux, il a échangé et ensemble, ils ont initié ce qu’on pourrait appeler « le dialogue inter ivoirien en Côte d’Ivoire ». Nous avons estimé à notre niveau qu’il était important que l’on donne une chance à cette initiative. Surtout que tous les principaux acteurs y étaient associés, c’est-à-dire le président de la République, le Premier ministre et les différents leaders. Il est donc important pour nous que cela puisse avancer et qu’on ait des acquis. Ces avancées donc, pour nous, se situent au niveau de la reprise du processus électoral, en commençant par le contentieux sur la liste grise. Et maintenant, on parle de vérification sur la liste blanche. Chose que nous dénonçons. Parce que nous estimons que le contentieux sur la liste blanche est déjà achevé. Effectivement, ce contentieux devait prendre fin le 14 février 2010, quand le Chef de l’Etat a dissout la CEI et le Gouvernement le 12 février. Pour nous, c’est encore une manière pour Laurent Gbagbo et le FPI de bloquer le processus électoral et de ne pas aller aux élections. Et c’est cette méthode de conserver le pouvoir d’Etat que nous ne cessons de dénoncer au niveau du FPI. Ils savent que ce n’est pas normal qu’un parti s’accroche de façon illégitime et illégale au pouvoir.

LP : Mais quand un parti s’accroche au pouvoir, selon vous de façon illégitime et illégale, que fait l’opposition?

KY : L’opposition s’organise pour arracher la légitimité et la légalité. C’est pourquoi nous voulons que, très rapidement, les élections soient organisées. Et vous verrez ces jours-ci, nous allons nous organiser et nous allons donner de la voix. Parce que la situation ne peut pas continuer ainsi. Le peuple ivoirien est fatigué. Le peuple souffre. Il n’y a plus de route, plus d’infrastructures économiques. La Côte d’Ivoire est à genoux, pour ne pas dire qu’elle est en train de disparaître.

Voyons aujourd’hui ce qui se passe au ministère de l’Intérieur, avec le ministre Désiré Tagro. Ce n’est que la face visible de l’iceberg. Parce que c’est le FPI qui a mis en déconfiture toute la Côte d’Ivoire. La corruption est devenue un sport national. Dans ce pays, suivre les règles et les lois est devenu l’exception. Il faut donc un pouvoir légitime et légal pour permettre à l’Etat de retrouver sa force. Mais tant que nous aurons un pouvoir illégal et illégitime, les Institutions elles-mêmes ne seront jamais crédibles et la Côte d’Ivoire va continuer de reculer. Or, nous ne pouvons plus accepter que la Côte d’Ivoire continue de reculer. Il faut que les gens le sachent. On nous parle souvent d’insurrection. Mais il faut savoir que l’insurrection est un droit légal et légitime d’un peuple qui souffre. Et comme le peuple souffre, il faut que nous revendiquions l’insurrection populaire. Parce que nous ne pouvons plus accepter de continuer de souffrir. Si tant est que des gens ont peur de l’insurrection, qu’ils s’arrangent donc à résoudre les problèmes et qu’on aille aux élections.

LP : Etes-vous en train d’insinuer que la marche du 15 mai pourrait être reprogrammée dans les jours à venir ?

KY : En tout cas, au niveau du RJR, nous la préparons pour les jours à venir. Et je peux vous dire qu’à partir du mois d’août, vous nous verrez beaucoup plus sur le terrain. Nous allons d’abord mener de grandes concertations au niveau de la base. Ensuite, nous irons au niveau du RJDP pour que nos actions soient coordonnées. Nous allons aussi rencontrer nos aînés du directoire du RHDP pour leur faire le point. Nous dire à nos différents leaders que le peuple est fatigué et qu’il faut que nous puissions nous lever pour que ce pouvoir comprenne que les Ivoiriens sont fatigués. Et qu’il faut que ces élections soient organisées très rapidement. Bi sûr, on va nous brandir à tout moment le spectre des assassinats, des escadrons de la mort, des emprisonnements, etc. Mais je dis à ceux qui organisent ces assassinats qu’ils sachent qu’ils ne vont pas, eux-mêmes, vivre éternellement. Qu’ils sachent qu’ils iront un jour en prison. Qu’ils sachent que plus jamais, on ne va tuer impunément dans ce pays. En tout cas, à notre niveau, dès qu’il y aura un problème, nous allons saisir la division des Droits de l’Homme de l’ONUCI et la Cour Pénal Internationale (CPI). Il faut donc que ces gens sachent qu’ils seront un jour devant les tribunaux. Nous avons déjà constitué un dossier et nous ferons en sorte que les Droits de l’Homme soient respectés dans ce pays. Et que la démocratie s’installe et s’enracine définitivement en Côte d’Ivoire. Je rassure donc tous les militants du RDR, tous les militants du RHDP et tous les Ivoiriens en général, qui croient en un pays démocratique, libre, développé. Je lance aussi un appel à la partie saine du FPI, ceux qui croient encore là-bas qu’il faut une redistribution saine des richesses du pays. Je demande donc à tous de commencer à se concentrer parce que très bientôt nous allons engager, là encore, un autre tournant décisif de notre lutte. Cette lutte qui doit nous permettre d’arracher les élections. Et nous allons nous battre pour arracher ces élections.

LP : Et s’il arrivait, comme pour la dernière fois, que vos leaders vous rappelaient à l’ordre, qu’allez-vous faire ?

KY : Je l’ai dis tantôt, cette fois-ci, nous prendrons attache avec nos leaders avant de passer à l’acte.

C’est pourquoi je ne donne pas de date, parce que nous allons nous organiser. Mais à partir du mois d’août, nous enclenchons le mouvement et nous ne nous arrêterons pas. Durant les deux dernières semaines qui restent, nous allons nous organiser en interne. D’abord, au niveau de notre direction central chargée de la Jeunes. Ainsi, nous appellerons tous nos régionaux pour une Assemblée générale en août, afin d’avoir l’assentiment de tous nos responsables régionaux, départementaux et communaux. C’est après cela que nous irons rencontrer nos camarades du RJDP, ensuite le directoire du RHDP et enfin, tous nos leaders. Pour leur dire, « voici les résolutions ». C’est à partir de là que nous allons enclencher le mouvement qui aura l’assentiment et la bénédiction de nos leaders. Mais quoiqu’on dise, nous sommes à un tournant de notre histoire. Nous sommes à un tournant de la vie sociopolitique de ce pays. Nous ne pouvons pas continuer de souffrir. Et j’aime à le dire, la génération Houphouët-Boigny s’est battue pour qu’on ait l’indépendance et qu’on trace les sillons du développement. Certains de nos aînés se sont battus pour arracher le multipartisme. Nous, nous avons le devoir de nous battre pour arracher la démocratie. Et nous allons nous battre pour cette démocratie et pour le développement durable, afin de permettre à la Côte d’Ivoire de se positionner comme un pays leader. C’est tout le sens de notre combat.

LP : Mais avec la dernière rencontre des quatre leaders (Gbagbo, Bédié, Ouattara et Soro) et la sortie du Premier ministre qui indique que la date des élections pourrait être connue dans quelques semaines, n’est-ce pas rassurant ?

KY : C’est la raison pour laquelle nous donnons jusqu’à la fin du mois de juillet. De sorte à permettre au Premier ministre et à l’ensemble des acteurs impliqués dans le processus à nous donner effectivement la date des élections. Et surtout, que le FPI arrête de bloquer le processus. C’est vrai qu’un parti politique est créé pour la conquête, l’exercice et la conservation du pouvoir. Mais dans un processus, où chaque cinq ans l’on doit aller devant les électeurs pour renouveler ou se faire sanctionner négativement, au FPI, la méthode pour conserver le pouvoir est illégitime et illégale. Ils veulent conserver le pouvoir d’Etat, mais sans aller aux élections. C’est là le vrai débat. On nous a dit que c’est la guerre et Laurent Gbagbo lui-même a dit que la guerre est finie. On a parlé du redéploiement de l’Administration, c’est fait. On a enclenché la mise en place du Centre de commandement intégré (CCI). Les Com’zones n’existent plus. Alors, qu’est-ce qu’on veut ? Surtout qu’au Sud, nous n’avons pas encore vu le démantèlement des milices. Mais malgré cela, nous ne disons rien. Parce que pour nous, il faut aller très vite aux élections pour mettre fin à la souffrance des Ivoiriens.

LP : Vous l’avez touché tout à l’heure. L’actualité sociopolitique en Côte d’Ivoire est aussi marquée par ce que l’on pourrait appelé « l’affaire Tagro ». Quelle lecture en faites-vous ?

KY : Il est de notoriété publique que tout le monde en Côte d’Ivoire se plaint que pour aller à l’école de Police, il faut payer de l’argent et être dans le cercle du pouvoir. Et le ministre Tagro lui-même l’a dit, que sur les 1000 qu’on recrute chaque année, il y a les deux tiers qui sont pour les cadres du FPI. Et il a cité Mme Gbagbo, Sokoury Bohui et d’autres têtes fortes du FPI. Nous comprenons alors pourquoi ces gens sont si hargneux, si haineux. Parce que tout simplement, ils profitent de cette situation. Je comprends maintenant les agissements de Sokoury Bohui. Lui aussi doit être entendu, avec plusieurs autres cadres. Vous voyez, on parle seulement de l’école de Police. Et l’ENA ? Le FPI même le reconnaît, lorsque la Directrice dit ouvertement « on ne va plus payer pour entrer à l’ENA ». Cela veut dire qu’on payait pour y entrer. Et en son temps, qui était le ministre de la Fonction publique et des Reformes administratives ? C’était bien un haut cadre du FPI, directeur de campagne de Laurent Gbagbo. Déjà, les populations peuvent donc savoir ce que le FPI nous réserve s’il est encore là dans les prochaines années. Si pendant 10 ans, on a passé le temps à donner la priorité au militants du FPI, qu’est-ce qu’on peut proposer d’autre aux Ivoiriens ? Rien du tout. C’est pourquoi nous exigeons les élections pour que le peuple sanctionne Laurent Gbagbo, parce qu’il n’a pas su traduire ses projets en réalité.

LP : Vous êtes directeur de campagne adjoint du Dr Alassane Dramane Ouattara chargé de la Jeunesse. Comment se porte cette direction ?

KY : Elle se porte très bien. Comme vous le voyez, la Jeunesse du parti et de la direction de campagne est active. Nous continuons de travailler. De ce point de vue, nous n’avons pas de problème.

Cependant, nous disons que c’est comme toute vie. Il y a des moments flux et des moments de reflux.

Nous allons donc repartir du bon pied pour réoccuper le terrain. Au niveau de la jeunesse, nous estimons que le travail doit reprendre dans notre direction de campagne. Et nous souhaitons que toutes les directions de campagne des différents candidats travaillent dans la légitimité et dans la légalité. Voyons aujourd’hui en France, le président Sarkozy, à tort ou à raison, est poursuivi. Parce qu’on estime qu’il aurait utilisé des fonds de façon malhonnête. C’est la même chose en Côte d’Ivoire.

Le Directeur général de la Douane, M. Mangly Alphonse, qui est à un poste où on accède normalement par appel d’offre, est directeur de campagne du candidat Laurent Gbagbo à Danané. Que fait-il de nos recettes ? Parce que nous apprenons tout le temps dans la presse qu’il y a des détournements, des milliards qui disparaissent dans nos recettes. Je ne sais pas si c’est lui qui détourne, mais le fait même qu’il soit directeur de campagne m’inquiète quant aux richesses du pays. Que Gbagbo, quelqu’un qui veut moraliser la vie publique, accepte que le directeur de la Douane soit son directeur de campagne, cela inquiète. Il faut que les parlementaires et la justice se saisissent de ce cas. Parce qu’il est aussi grave. Mangly ne peut pas être Directeur général de la Douane et être directeur de campagne. Cela n’est pas normal.

Réalisée par Yves M-Abiet
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