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Société Publié le samedi 10 juillet 2010 | Nord-Sud

Palu, grippe, maladies urinaires,…chez la mère - Détresses respiratoires : le calvaire des nouveau-nés

Les maladies que la femme contracte, au cours de la grossesse, sont l’une des causes de détresses respiratoires chez le nouveau-né. Alors que, selon les spécialistes, tout nouveau-né qui a des troubles respiratoires, peut mourir.

Le service de pédiatrie du Centre hospitalier universitaire(Chu) de Cocody reçoit de nombreux malades. Parmi lesquels des nouveau-nés qui souffrent de troubles respiratoires. Chaque jour, ce service traite au moins un bébé atteint de cette maladie. Ces jeunes patients ne viennent pas uniquement du service de gynécologie obstétrique du même centre hospitalier. Certains arrivent d’autres établissements sanitaires comme l’hôpital général Houphouet-Boigny d’Abobo où H.G, aide-soignante, témoigne avoir assisté, il y a quelques semaines, à un accouchement à l’issue duquel l’enfant ne respirait pas normalement.

Les infections, principale cause des détresses respiratoires

Celui-ci a donc été transféré au Chu de Cocody. « Les médecins qui ont participé à l’accouchement, ont demandé à ses parents de l’évacuer à Cocody pour être mieux pris en charge », raconte-t-elle. « Très souvent, poursuit-elle, en aidant les sages-femmes et médecins dans leur tâche, nous constatons que de nombreux bébés viennent au monde avec des difficultés respiratoires. De nombreux nouveau-nés ont ce problème de respiration».
Le Dr Roland Adjoby, gynécologue-obstétricien au Chu de Cocody affirme, lui aussi, avoir assisté à de nombreux accouchements où les enfants ne respirent pas bien. Et, ce spécialiste pointe du doigt les infections materno-transmises. Ce sont des maladies que la mère transmet au fœtus. Une femme qui souffre d’une infection au cours de sa grossesse, peut la transmettre à son enfant par le biais du cordon ombilical. A la naissance, l’enfant peut présenter une difficulté à respirer. Anne-Marie P. a vécu cela lorsqu’elle a mis au monde Jessica, sa fille aînée, il y a trois ans. L’accouchement a eu lieu à l’hôpital général de Koumassi. Mais, quelques minutes après, la sage-femme et le médecin qui l’ont assistée pendant le travail lui ont signifié que l’enfant se portait mal et qu’il fallait impérativement l’évacuer au Chu de Treichville. «Lorsque nous sommes arrivés dans ce centre, ma fille a été admise dans une salle pour être soumise à une respiration assistée. Après l’avoir examinée, le médecin nous a annoncé que ses troubles respiratoires étaient dus à une infection », rapporte-t-elle. Le pédiatre a interrogé la mère sur son état de santé avant l’accouchement. Avant de conclure qu’elle était à l’origine de l’affection de sa fille. Selon lui, l’enfant est né malade parce qu’Anne-Marie n’avait pas traité convenablement une pathologie qui peut être le paludisme, la grippe ou autre chose. Le Dr Adjoby révèle que les troubles respiratoires surviennent aussi lorsque l’enfant inhale le liquide amniotique dans lequel il baigne dans le ventre de sa mère. Le problème respiratoire qui en résulte, est cité parmi les plus sévères. « Ces difficultés respiratoires sont appelées détresses respiratoires du nouveau-né», précise Dr Kouadio Franck, du service de pédiatrie du Chu de Cocody. Elles se manifestent par des difficultés et des gênes à la respiration. Tout nourrisson qui présente cette maladie peut mourir. Le pédiatre ajoute que, chez les enfants nés à terme, ces troubles ne durent pas plus de 24 heures. Par contre, ils durent plus longtemps chez les prématurés, c’est-à-dire les enfants nés avant la 35ème semaine de grossesse.

Les gênes à la respiration sont liées à l’immaturité des poumons et au déficit qualitatif et quantitatif d’une substance pulmonaire appelée surfactant. Elle permet l’expansion des alvéoles à l’inspiration et les maintient ouvertes pendant l’expiration. Les alvéoles pulmonaires sont de minces sacs creux qui prolongent les voies respiratoires où se déroulent les échangent gazeux. Un autre gynécologue du service de gynéco-obstétrique de Cocody, Dr Kouamé Arthur, explique que les détresses respiratoires sont aussi déclenchées par des pathologies malformatives ou cardiaques chez le bébé. Les plus fréquentes sont les atrésies (rétrécissements) de l’œsophage ou la tétralogie de Fallot (la transposition des gros vaisseaux au niveau du cœur) qui en sont des illustrations parfaites. « Il y a quelques semaines, une dame a mis au monde un enfant qui avait un sérieux problème congénital. Il avait une malformation au diaphragme qu’il fallait opérer. Il a été pris en charge par un cardiologue et, il s’en est tiré sans problème », se réjouit-il.

La prise en charge, un calvaire pour les médecins

Un autre pédiatre qui a requis l’anonymat assure qu’un enfant en détresse respiratoire peut guérir. Toutefois, cette guérison dépend de la cause de la maladie et des conditions dans lesquelles le patient arrive à l’hôpital. « S’il s’agit d’une infection et que l’enfant arrive tôt dans nos locaux, nous traitons l’infection et il guérit. Mais, s’il arrive tard avec un tableau de détresse respiratoire sévère et une infection assez grave, la prise en charge devient plus compliquée. Et très souvent, nous perdons les enfants qui arrivent dans cet état-là », a-t-il déploré. Si les poumons de l’enfant sont défaillants, la guérison dépend de la quantité et de la qualité du surfactant. Si le surfactant peut permettre au nouveau-né de vivre, il vivra. « Nous avons pu sauver des enfants prématurés qui pesaient moins d’un Kg à la naissance et qui ont pu survivre parce qu’ils avaient une bonne quantité de cette substance », témoigne le praticien. Mais lorsque des poupons ont un déficit important en surfactant, ils ne peuvent pas être sauvés.
Il faut des appareils assez spécialisés pour prendre en charge les enfants en détresse respiratoire. « Le service de pédiatrie du Chu de Cocody possède certains appareils qui permettent de gérer la détresse à un certain niveau. Mais, lorsque la détresse devient très importante, ces appareils ne peuvent plus y faire face », prévient le spécialiste. « Nous n’avons pas de respirateur adapté à un moniteur (écran de lecture). Alors que, c’est cet appareil qui apporte une aide respiratoire à l’enfant malade. Le moniteur permet aussi de surveiller sa respiration », poursuit-il. Selon lui, des enfants meurent parce que les équipements ne permettent pas de les prendre en charge. « Nous n’avons pas de respirateur, nous avons juste des sources d’oxygène. Lorsqu’un enfant a des détresses respiratoires et qu’il est transféré d’urgence dans nos locaux, nous lui apportons de l’oxygène tout en espérant que son état s’améliore. Si son état empire, nous le déplaçons au service de réanimation avec l’espoir que le seul respirateur pédiatrique ne soit pas utilisé en à ce moment-là, par un autre. Si le respirateur est occupé, ses parents peuvent décider de l’évacuer dans une clinique. Quand ils n’en ont pas les moyens, nous ne faisons qu’assister, impuissants, à la mort de cet enfant. Nous avons toute la théorie nécessaire, mais nous sommes limités quant aux matériels de prise en charge », regrette le pédiatre. Et, la plupart des services publics de pédiatrie et de néonatologie présentent un déficit en équipements. Le Chu de Treichville n’est pas épargné. Le Pr Ezani Niamkey l’a signifié lors de la visite des services de pédiatrie et de gynécologie par le président du Rassemblement des républicains (Rdr), Alassane Ouattara, le jeudi 24 juin. « Les structures sont délabrées, les équipements pour la prise en charge des nouveau-nés et des femmes enceintes sont vétustes. Nous n’avons pas les moyens financiers pour équiper convenablement nos services », avait-il avoué.

Adélaïde Konin
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