Réunion du Bureau politique du Pdci hier à son siège de Cocody : Banny crée l’émeute, Bédié hué

Charles Konan Banny, l’opposant déclaré d’Henri Konan Bédié au Pdci-Rda, a créé l’émeute, hier, à la réunion du Bureau politique, à la Maison du parti, à Cocody, quand le numéro un se faisait hué par des militants. Il était 16h24min quand le cortège de Banny a pointé du nez au niveau du Collège moderne de Cocody. Il est tout de suite happé par une foule de plusieurs dizaines de jeunes, qui scandent et crient le nom de l’ancien Premier ministre. « Banny, Banny, Banny,Banny » ; « On veut Banny; On veut Banny ; On veut Banny ». La foule est rapidement grossie par le ralliement d’un groupe de femmes qui annoncent Charles Konan Banny à la tête du vieux parti. « Banny président ; Banny président ; Banny président » ; « On ne veut plus Bédié, on veut Banny ; On ne veut plus Bédié, on veut Banny ». Accueil chaleureux et triomphal pour l’ancien gouverneur de la Bceao. Les services de sécurité sont tout de suite débordés. Mais, fort heureusement, aucun incident n’est enregistré. Après quelques minutes de procession, Charles Konan Banny est à l’entrée de la Maison du parti. Il sort de sa Mercedès pour saluer ses partisans. C’est un cri de tonnerre. L’accès du siège est difficile, car les portes sont fermées. Les services de sécurité demandent aux partisans de l’ancien Premier ministre de s’éloigner dans la mesure où ils n’ont pas le droit de participer à la réunion. Une demande qui sera acceptée, sans discussion. Il est 16h35 min quand Banny entre dans les locaux du siège du Pdci sous les ovations nourries de ses partisans. Des « Banny président, Bédié dehors » fusent de partout. L’ambiance monte d’un cran. Les partisans de l’ex-gouverneur de la chantent pendant que certains partisans du président Henri Konan Bédié s’énervent et répliquent aux slogans des Bannyïstes. C’est dans cette ambiance que l’ancien ministre de la Santé Maurice Kacou Guikahué sort du siège à 16h48min avec un groupe de jeunes. Après quelques échanges, il donne des instructions pour que ceux-ci aillent accueillir le président Bédié et l’accompagner jusqu’au siège. Histoire de répliquer à l’autre camp. Il est 16h 52min quand le président Bédié arrive sur les environs. Un groupe de jeunes, moins nombreux que ceux qui accompagnaient Banny, accourt vers sa voiture en scandant : « Bédié, Bédié, Bédié ». Les partisans de l’ancien Premier ministre répliquent : « Banny ; Banny ; Banny ». Certains huent même le président du Pdci. Le cortège de ce dernier entre au siège du Pdci sans marquer d’arrêt, sans doute à cause de l’ambiance hostile. Bédié n’a pas salué la foule comme l’a fait son adversaire. Après son arrivée, la réunion a démarré sur le coup de 17h. Les portes du siège ont été hermétiquement fermées. Dehors, la tension entre les partisans des deux clans était perceptible. Les partisans de Banny, plus en vue continuaient, de chanter et de danser avec des « Bédié soulard, Banny président ». Notre équipe de reporter est approché par un groupe de jeunes qui réclament une interview. « Nous sommes venus de Sikensi pour accompagner notre leader. Bédié est dépassé. Nous voulons de nouvelles personnes à la tête du parti », dira un jeune. Les partisans de Bédié ne décolèrent pas devant ce qu’ils qualifient de provocation. Pour eux, le sort de Banny est définitivement scellé au Pdci. « Il a ramassé des militants de la Fesci pour l’accompagner, mais ce n’est pas ceux-là qui votent ou qui parlent au Pdci », avancera un partisan de Bédié. Il est un peu plus de 18h. Les premiers participants à la réunion sortent. On reconnaît Marcel Zadi Kessy du groupe Sodeci/Cie ; Gervais Kacou, ministre des Affaires étrangères ; Aka Aouélé, ministre de la Santé. A 18h 50min, Charles Konan Banny sort de la salle. Il y a beaucoup de mouvements devant les portes. Des jeunes accourent vers son véhicule en lançant des injures et des menaces. «Mais où il va ? Qu’il reste ! », profèrent-ils. Les plus excités tentent de porter main à l’ancien Premier ministre, mais ils sont freinés dans leur élan par la garde rapprochée de ce dernier. « Tu as a été Premier ministre. Qu’est-ce que tu nous as apporté ? Ce n’est pas le Pdci que tu vas gouverner. Vas créer ton parti» ; « Regardez comme il est ; il n’est pas digne du PDCI », entend-on dire. Devant menaces et injures, Charles Konan Banny descend de sa voiture malgré l’opposition de sa garde rapprochée pour répondre aux injures : « Tu dis quoi ? ». Il sort de la cour de la Maison du parti sous les huées des partisans de Bédié, mais il est ovationné dehors par une foule immense. Au moment où nous quittions le siège du parti, à 19h 20 min, la réunion se poursuivait. Dans ce face-à-face, on peut affirmer que Bédié et Banny se sont neutralisés. Mais une chose est sûre, le divorce est consommé entre les deux hommes.

César Ebrokié