Dans la ferveur de la réunion du bureau politique du Pdci hier, à la maison du parti, le président Bédié a été hué par des militants.
Ambiance chaudement désagréable, hier à la maison du parti pour le président du Pdci, Henri Konan Bédié. La réunion du bureau politique qu`il a convoqué pour aplanir certains problèmes internes au Pdci, a quasiment pris un goût amer pour lui. Car les militants pro-Banny sont venus en grand nombre pour se faire entendre. Et chanter les louanges de celui qu`ils estiment capable de diriger aujourd`hui, ce parti. Déjà à 15 h, des femmes, plus d`une cinquantaine, sont les premières à prendre position devant la maison du parti. Grelots en main, elles chantent pour la plupart en langue Bété, des chansons à l`honneur de Banny. "Que Dieu te bénisse Banny". Entonnent-elles. Au point que la sécurité commise à la tâche les ramène un peu plus loin, de l`autre côté du boulevard François Mitterrand qui passe devant la maison du parti. Au même moment, les barons du parti font leur entrée dans la cour. Assana Sangaré, Zadi Kessy, Gnrangbé, Guikahué… chacun descend de son véhicule avec un mot pour la sécurité. C`est à ce moment qu`un groupe compact de jeunes chantant le nom de Banny se fait entendre. " Banny ayo. Banny ayo ", lancent-ils jusqu`au niveau de la maison du parti. Le service de sécurité est pris de court, voire même débordé. " C`est quoi ça ? " S`énerve l`un d`entre eux. Ils se massent devant le siège du parti en chantant bruyamment des chants en l`honneur de Banny.
Quelques instants après, le service de sécurité se réorganise pour évacuer les " envahisseurs ". On leur demande juste de se mettre à leur tour, de l`autre côté du boulevard. Atsé Jean-Claude, le président du forum des jeunes du Pdci, sort pour constater les " dégâts ". Il est impuissant. Lorsqu`il retourne à l`intérieur, il bascule dans la colère. "On va déchirer Banny aujourd`hui", menace-t-il, en vain. Le bouillant Kkb est pour sa part introuvable. "Où est Kkb ? " Demande alors un jeune. "Vous ne voulez pas la contradiction, et c`est vous qui voulez diriger un pays ", lâche un autre. Le ministre Guikahué sort pour voir à son tour ce qui se passe. Il refuse de voir la réalité en face. "Est-ce que ce sont vraiment des militants du Pdci ?" S`interroge le porte-voix de N`Zuéba. Quelques instants après, Banny à bord d`une Mercedes noire, arrive au siège du parti. Il est accueilli en triomphe par les manifestants. Tous lancent des slogans en son honneur. "On veut Banny, on veut Banny, on veut Banny", crient-ils. Les femmes se font aussi entendre. L`ex-Premier ministre se permet alors un bain de foule. C`est le délire. Il rentre à la maison du Pdci. Les hommes de Bédié presque sonnés, organisent la riposte. Surtout qu`on leur annonce l`arrivée imminente du chef. Près d`une vingtaine de jeunes conduit par Atsé, prend donc position aux feux non loin du siège pour accueillir le président du parti. A l`arrivée du cortège de Bédié, ils entonnent "On veut Bédié. On veut Bédié". Mais leurs cris sont noyés par les clameurs des pro-Banny, visiblement plus nombreux. " Y a pas match ", se satisfait un proche de Banny. Ils huent Bédié et lancent des slogans qui lui sont hostiles. Les "On ne veut pas Bédié, on ne veut pas Bédié" émergent de plus en plus et de plus belle. Un vrai sale quart d`heure pour le président du Pdci qui, là, ne peut pas se permettre un bain de foule. Il rentre alors à bord de son véhicule de commandement dans la cour de la maison du parti. Où il retrouve son état-major avec en premier lieu, Djédjé Mady qui l`accueille. Après les flashs des photographes. La réunion peut commencer. Difficilement. Signe de malaise profond. Banny ne restera pas jusqu`à la fin. Tout comme Zady Kessy et Gervais Kacou..
Absence au 14 juillet en France : La presse africaine juge Gbagbo
Au banquet franco-africain du 14 juillet, le menu était sans doute appétissant, mais il devait avoir un arrière-goût amer. Un malaise plane sur ces festivités voulues par la France autour de ses ex-colonies, amplifié par l`absence très remarquée de Laurent Gbagbo, le chef d`Etat d`un pays qui compte dans la politique africaine de la France. Le président ivoirien a boudé le 14 juillet, tout comme il l`a fait pour le sommet de Nice en mai, pour revendiquer son indépendance vis-à-vis de la puissance colonisatrice. Il se pose donc en défenseur de la renaissance d`une Afrique décomplexée. Un argument sans doute généreux et très approprié, en ce cinquantenaire des indépendances au bilan très mitigé. Gbagbo a su trouver un thème qui lui permet de faire la différence avec l`ensemble des autres dirigeants africains toujours empressés de répondre à une invitation de l`Elysée. Il veut exprimer ainsi son refus de se couler dans le moule doucereux mais sulfureux -car parfois compromettant- de la françafrique. Beaucoup d`Africains sont sensibles à ce discours nationaliste face à une France qui se ferme de plus en plus à l`immigration et dont les relations avec les capitales africaines portent à critique. Mais entre Gbagbo et la France, c`est un contentieux, une lutte de pouvoir qui a débouché sur une confrontation politique. Pour le pouvoir ivoirien, se rendre à Paris pour rehausser la puissance -certes déclinante de la France- c`est aller à Canossa. Tant que Gbagbo pourra surfer sur son image de néo-résistant pour des raisons de politique intérieure et extérieure, il ne manquera pas d`en user abondamment. Qui gagne et qui perd dans le boycott ivoirien du 14 juillet ? Les nostalgiques de l`époque où Paris et Abidjan étaient bras dessus bras dessous vont sans doute exprimer une frustration. Même Nicolas Sarkozy en aura un pincement au cœur car au-delà des discours politiques convenus, ce sont des intérêts économiques importants qui sont en jeu. De nombreux Français ont fait fortune au pays de Houphouët et d`autres se bousculent au portillon. La crise née avec l`arrivée de Gbagbo a provoqué une rupture. Tous ceux qui sont rentrés en France dans la précipitation en laissant tout sur place constituent un cas de conscience pour Nicolas Sarkozy. De son côté, on voit bien que Gbagbo, en diversifiant ses relations, ne compte plus trop sur la France. Même si elle n`a pas rompu totalement le cordon ombilical avec l`ex-colonisateur (Bolloré est présent au port d`Abidjan), la Côte d`Ivoire est aujourd`hui, un pays qui affiche son indépendance politique. Mais la démarche de Gbagbo a ses limites. Car tout en vouant aux gémonies la France droitière, il ne manque pas de s`afficher avec des hommes politiques de gauche, à l`image de Guy Labertit ou de Jack Lang. On dira qu`il célèbre ainsi la solidarité entre socialistes. Mais comment Abidjan verra-t-elle la France dirigée par les socialistes, étant entendu que la politique africaine de la France est sensiblement la même, qu`elle soit à gauche ou à droite ? Certainement avec plus de bienveillance. Voilà pourquoi pour ses contempteurs, Gbagbo ne fait que de la manipulation. Pour le moment, en tout cas, sa stratégie marche. Rien qu`en faisant parler de lui autour de ce 14 juillet, il montre que son pays demeure incontournable pour la France et qu`il détient les cartes du jeu. Jusqu`à quand ? On ne saurait le dire. Toujours est-il qu`il a fait tomber le mythe selon lequel tout dirigeant africain en rébellion avec Paris est voué à perdre son pouvoir.
In Le Pays
NB : Les titres est de la rédaction
Ambiance chaudement désagréable, hier à la maison du parti pour le président du Pdci, Henri Konan Bédié. La réunion du bureau politique qu`il a convoqué pour aplanir certains problèmes internes au Pdci, a quasiment pris un goût amer pour lui. Car les militants pro-Banny sont venus en grand nombre pour se faire entendre. Et chanter les louanges de celui qu`ils estiment capable de diriger aujourd`hui, ce parti. Déjà à 15 h, des femmes, plus d`une cinquantaine, sont les premières à prendre position devant la maison du parti. Grelots en main, elles chantent pour la plupart en langue Bété, des chansons à l`honneur de Banny. "Que Dieu te bénisse Banny". Entonnent-elles. Au point que la sécurité commise à la tâche les ramène un peu plus loin, de l`autre côté du boulevard François Mitterrand qui passe devant la maison du parti. Au même moment, les barons du parti font leur entrée dans la cour. Assana Sangaré, Zadi Kessy, Gnrangbé, Guikahué… chacun descend de son véhicule avec un mot pour la sécurité. C`est à ce moment qu`un groupe compact de jeunes chantant le nom de Banny se fait entendre. " Banny ayo. Banny ayo ", lancent-ils jusqu`au niveau de la maison du parti. Le service de sécurité est pris de court, voire même débordé. " C`est quoi ça ? " S`énerve l`un d`entre eux. Ils se massent devant le siège du parti en chantant bruyamment des chants en l`honneur de Banny.
Quelques instants après, le service de sécurité se réorganise pour évacuer les " envahisseurs ". On leur demande juste de se mettre à leur tour, de l`autre côté du boulevard. Atsé Jean-Claude, le président du forum des jeunes du Pdci, sort pour constater les " dégâts ". Il est impuissant. Lorsqu`il retourne à l`intérieur, il bascule dans la colère. "On va déchirer Banny aujourd`hui", menace-t-il, en vain. Le bouillant Kkb est pour sa part introuvable. "Où est Kkb ? " Demande alors un jeune. "Vous ne voulez pas la contradiction, et c`est vous qui voulez diriger un pays ", lâche un autre. Le ministre Guikahué sort pour voir à son tour ce qui se passe. Il refuse de voir la réalité en face. "Est-ce que ce sont vraiment des militants du Pdci ?" S`interroge le porte-voix de N`Zuéba. Quelques instants après, Banny à bord d`une Mercedes noire, arrive au siège du parti. Il est accueilli en triomphe par les manifestants. Tous lancent des slogans en son honneur. "On veut Banny, on veut Banny, on veut Banny", crient-ils. Les femmes se font aussi entendre. L`ex-Premier ministre se permet alors un bain de foule. C`est le délire. Il rentre à la maison du Pdci. Les hommes de Bédié presque sonnés, organisent la riposte. Surtout qu`on leur annonce l`arrivée imminente du chef. Près d`une vingtaine de jeunes conduit par Atsé, prend donc position aux feux non loin du siège pour accueillir le président du parti. A l`arrivée du cortège de Bédié, ils entonnent "On veut Bédié. On veut Bédié". Mais leurs cris sont noyés par les clameurs des pro-Banny, visiblement plus nombreux. " Y a pas match ", se satisfait un proche de Banny. Ils huent Bédié et lancent des slogans qui lui sont hostiles. Les "On ne veut pas Bédié, on ne veut pas Bédié" émergent de plus en plus et de plus belle. Un vrai sale quart d`heure pour le président du Pdci qui, là, ne peut pas se permettre un bain de foule. Il rentre alors à bord de son véhicule de commandement dans la cour de la maison du parti. Où il retrouve son état-major avec en premier lieu, Djédjé Mady qui l`accueille. Après les flashs des photographes. La réunion peut commencer. Difficilement. Signe de malaise profond. Banny ne restera pas jusqu`à la fin. Tout comme Zady Kessy et Gervais Kacou..
Absence au 14 juillet en France : La presse africaine juge Gbagbo
Au banquet franco-africain du 14 juillet, le menu était sans doute appétissant, mais il devait avoir un arrière-goût amer. Un malaise plane sur ces festivités voulues par la France autour de ses ex-colonies, amplifié par l`absence très remarquée de Laurent Gbagbo, le chef d`Etat d`un pays qui compte dans la politique africaine de la France. Le président ivoirien a boudé le 14 juillet, tout comme il l`a fait pour le sommet de Nice en mai, pour revendiquer son indépendance vis-à-vis de la puissance colonisatrice. Il se pose donc en défenseur de la renaissance d`une Afrique décomplexée. Un argument sans doute généreux et très approprié, en ce cinquantenaire des indépendances au bilan très mitigé. Gbagbo a su trouver un thème qui lui permet de faire la différence avec l`ensemble des autres dirigeants africains toujours empressés de répondre à une invitation de l`Elysée. Il veut exprimer ainsi son refus de se couler dans le moule doucereux mais sulfureux -car parfois compromettant- de la françafrique. Beaucoup d`Africains sont sensibles à ce discours nationaliste face à une France qui se ferme de plus en plus à l`immigration et dont les relations avec les capitales africaines portent à critique. Mais entre Gbagbo et la France, c`est un contentieux, une lutte de pouvoir qui a débouché sur une confrontation politique. Pour le pouvoir ivoirien, se rendre à Paris pour rehausser la puissance -certes déclinante de la France- c`est aller à Canossa. Tant que Gbagbo pourra surfer sur son image de néo-résistant pour des raisons de politique intérieure et extérieure, il ne manquera pas d`en user abondamment. Qui gagne et qui perd dans le boycott ivoirien du 14 juillet ? Les nostalgiques de l`époque où Paris et Abidjan étaient bras dessus bras dessous vont sans doute exprimer une frustration. Même Nicolas Sarkozy en aura un pincement au cœur car au-delà des discours politiques convenus, ce sont des intérêts économiques importants qui sont en jeu. De nombreux Français ont fait fortune au pays de Houphouët et d`autres se bousculent au portillon. La crise née avec l`arrivée de Gbagbo a provoqué une rupture. Tous ceux qui sont rentrés en France dans la précipitation en laissant tout sur place constituent un cas de conscience pour Nicolas Sarkozy. De son côté, on voit bien que Gbagbo, en diversifiant ses relations, ne compte plus trop sur la France. Même si elle n`a pas rompu totalement le cordon ombilical avec l`ex-colonisateur (Bolloré est présent au port d`Abidjan), la Côte d`Ivoire est aujourd`hui, un pays qui affiche son indépendance politique. Mais la démarche de Gbagbo a ses limites. Car tout en vouant aux gémonies la France droitière, il ne manque pas de s`afficher avec des hommes politiques de gauche, à l`image de Guy Labertit ou de Jack Lang. On dira qu`il célèbre ainsi la solidarité entre socialistes. Mais comment Abidjan verra-t-elle la France dirigée par les socialistes, étant entendu que la politique africaine de la France est sensiblement la même, qu`elle soit à gauche ou à droite ? Certainement avec plus de bienveillance. Voilà pourquoi pour ses contempteurs, Gbagbo ne fait que de la manipulation. Pour le moment, en tout cas, sa stratégie marche. Rien qu`en faisant parler de lui autour de ce 14 juillet, il montre que son pays demeure incontournable pour la France et qu`il détient les cartes du jeu. Jusqu`à quand ? On ne saurait le dire. Toujours est-il qu`il a fait tomber le mythe selon lequel tout dirigeant africain en rébellion avec Paris est voué à perdre son pouvoir.
In Le Pays
NB : Les titres est de la rédaction