Ambassadeur, Représentant permanent de la Côte d'Ivoire à Genève, Président de la conférence des Nations unies sur le cacao, le ministre Guy Alain Gauze revient sur les négociations qui ont eu lieu du 21 au 25 juin dernier à Genève en Suisse sur ses retombées pour l'ensemble des producteurs.
Quel commentaire faites- vous après la signature du nouvel accord sur le cacao signé entre pays producteurs et consommateurs ?
Comme vous le savez, depuis 1973 les différents accords internationaux sur le cacao sont négociés sous l'égide des Nations unies, et précisément la Conférence des Nations unies pour le développement. Il est exact de dire que, les premiers accords jusqu'en 1991 ont été négociés avec les clauses économiques pour réguler les cours mondiaux du cacao. Celui que nous venons de négocier, le 7e du genre du 21 au 25 juin dernier, a été obtenu à l'issue d'âpres et de longues discussions. Ma qualité de président de la conférence internationale sur le cacao, et avec le soutien du porte- parole des pays producteurs, M. Djikalou St Cyr d'une part, et du porte-parole des pays consommateurs, M. Vermoot d'autre part, a rapproché la position des uns et des autres. Je voudrais d'ailleurs, à ce niveau, saluer le ministre de l'Agriculture, Mamadou Coulibaly Sangofowa et de son collègue du Commerce, Yapo Yapo Calice, ainsi que les responsables de la structure qui ont joué un rôle prépondérant lors de ces négociations et qui ont défendu les intérêts de la Côte d'Ivoire. Je pense que c'est un accord suffisamment équilibré pour l'intérêt de l'ensemble des pays producteurs, y compris ceux de la Côte d'Ivoire. Qui reste et demeure le premier pays producteur mondial du cacao.
En quoi l'économie durable du cacao est-elle un sujet à polémique ?
Ecoutez, là vous faites référence aux dispositions des articles 42, 43, 44, 45 et 46. Vous savez que l'économie cacaoyère mondiale était jusqu'à aujourd'hui gérée de façon empirique. Mais, depuis la déclaration de Rio sur l'environnement et la déclaration de juin 1992 d'une part, et du plan d'action sur la convention appliquée à la biodiversité et depuis l'application des déclarations sur l'environnement durable de Johannesburg en 2002, d'autre part, la communauté internationale a défini un nouveau concept sur le développement durable. C'est un concept autour de trois piliers essentiels. Que sont la dimension économique. C'est-à-dire, asseoir une politique de productivité. La dimension sociale et éthique, qui met l'homme au centre des politiques de développement, en prenant en compte, un certain nombre d'éléments, c'est-à-dire, sur l'âge minimum du travail, la santé de l'agriculture et le travail des enfants. En outre, il y a la dimension de l'environnement. Cela doit faire en sorte que l'activité agricole ne porte pas atteinte à l'écologie de manière générale. Donc, la notion de développement durable est de faire en sorte que les générations futures ne soient pas des survivants, mais plutôt des héritiers. Or, le concept de développement durable appliqué à l'économie cacaoyère a pris une proportion telle que, les pays producteurs de cacao ont présenté ce concept au motif que la dimension sociale pouvait jouer contre eux. Une certaine communauté internationale, avec des Ong stigmatisent la présence des enfants dans les plantations de cacao. Les pays producteurs de cacao ont donc mis en exergue cette hypothèque en indiquant qu'il faut craindre la dimension sociale d'une politique protectionniste appliquée par les pays importateurs de cacao. Et qui, consisterait tout simplement à mettre un embargo sur les exportations du cacao des pays producteurs d'Afrique, d'Asie et d'Amérique du sud à destination du marché américain ou occidental. Donc, c'est en cela que la durabilité était perçue comme un facteur de pénalisation sur les produits de ces différents pays.
Excellence, que dit exactement ce nouvel accord ?
Ce nouvel accord, le 7e du genre, est novateur par rapport à celui de 2001. Je voudrais préciser l'importance de cet accord. Vous savez que l'économie cacaoyère mondiale se chiffre à environ 10 milliards de dollars américains, soit 5000 milliards de Fcfa par an. Et la production mondiale est dominée comme vous le savez par les producteurs africains. La Côte d'Ivoire à elle seule a 38 à 40% de l'offre mondiale. Le Ghana vient ensuite avec 21%. Le Nigeria 7% et le Cameroun avec 5%. Quand, en Asie, le principal producteur, le troisième au monde est l'Indonésie avec 16%. C'est pour vous dire que le cacao en tant que tel est un facteur de développement macro- économique pour les pays producteurs qui en sont tributaires. C'est une activité économique importante pour au moins 3,5 millions de producteurs. Quand on aura situé les enjeux de ces défis, on verra que l'accord qui a été négocié avait pour objectif de répondre à plusieurs problématiques. La première, c'est de répondre à l'insuffisance des ressources destinées aux filières agricoles des différents pays producteurs. Parce que, toutes les activités de la filière se financent, notamment la production, la commercialisation, la transformation, le conditionnement et l'industrialisation. Il s'agit de faire en sorte que l'accord crée des conditions de mise à disponibilité au profit des différents acteurs des segments de la filière. Le deuxième défi, c'est de créer les conditions de transferts de technologies dans la chaîne des valeurs au profit des pays producteurs. C'est-à-dire, l'accord doit faire en sorte que ces pays ne soient pas confinés dans une posture de producteurs.
Il faut aller au-delà ?
Oui, il faut aller au-delà de la production des fèves et créer une valeur ajoutée pour pouvoir exploiter les produits dérivés du cacao, notamment de la poudre de cacao, de la liqueur et de produits finis, dit chocolat. Autre problématique que devrait répondre cet accord, c'est de créer les conditions des prix justes et rénovateurs pour les producteurs en terme de production. Parce que, si vous prenez un pays comme la Côte d'Ivoire qui est le premier producteur mondial avec 40% de l'offre mondiale, si les prix se stabilisent, il aura une plus- value sur le budget de l'Etat Ivoirien. Autre élément important consigné dans les objectifs de cet accord, c'est de créer les conditions de l'accroissement mondial du cacao. Plus le cacao est consommé à travers le monde sous ses différentes formes de produits, davantage la demande est forte et du coup l'accroissement de la demande se portera bien. Un autre enjeu important, c'est l'accès du cacao aux marchés des pays consommateurs.
Au niveau structurel, rien ne change fondamentalement. Je veux parler de la production, la commercialisation et l'exportation…
Oui, absolument. Parce que, un produit par sa définition, c'est sa mise à disposition, l'exportation et la consommation. Cela est valable pour toutes les spéculations agricoles. Il est aussi valable pour les produits miniers. Mais, au-delà de cela, le nouvel accord sur le cacao qui contient 18 chapitres, eux-mêmes désarticulés en 65 articles et 3 annexes techniques, conçu pour une durée de dix ans, avec la possibilité d'une révision à mi-parcours, et qui peut-être prorogé deux fois pour cinq années, a permis des innovations importantes. Qui vont au-delà de la trilogie classique. Cet accord devrait aider les pays producteurs à renforcer les capacités des communautés locales. Il s'agit de densifier les productions. Les espaces plantés actuellement devraient bénéficier d'une régénération pour permettre à la production de passer, par exemple, de 400 kilogrammes à 1,2 tonne, l'hectare. Il faut préserver les superficies plantées. Au-delà de tout cela, cet accord qui a pour objectif de lutter contre la pauvreté, prend en compte d'autres dispositifs dans son mode opératoire. En tout cas, cet accord dans son application va profiter énormément aux producteurs dans leur ensemble.
Joseph Atoumgbré
attjoseph@yahoo.fr
Quel commentaire faites- vous après la signature du nouvel accord sur le cacao signé entre pays producteurs et consommateurs ?
Comme vous le savez, depuis 1973 les différents accords internationaux sur le cacao sont négociés sous l'égide des Nations unies, et précisément la Conférence des Nations unies pour le développement. Il est exact de dire que, les premiers accords jusqu'en 1991 ont été négociés avec les clauses économiques pour réguler les cours mondiaux du cacao. Celui que nous venons de négocier, le 7e du genre du 21 au 25 juin dernier, a été obtenu à l'issue d'âpres et de longues discussions. Ma qualité de président de la conférence internationale sur le cacao, et avec le soutien du porte- parole des pays producteurs, M. Djikalou St Cyr d'une part, et du porte-parole des pays consommateurs, M. Vermoot d'autre part, a rapproché la position des uns et des autres. Je voudrais d'ailleurs, à ce niveau, saluer le ministre de l'Agriculture, Mamadou Coulibaly Sangofowa et de son collègue du Commerce, Yapo Yapo Calice, ainsi que les responsables de la structure qui ont joué un rôle prépondérant lors de ces négociations et qui ont défendu les intérêts de la Côte d'Ivoire. Je pense que c'est un accord suffisamment équilibré pour l'intérêt de l'ensemble des pays producteurs, y compris ceux de la Côte d'Ivoire. Qui reste et demeure le premier pays producteur mondial du cacao.
En quoi l'économie durable du cacao est-elle un sujet à polémique ?
Ecoutez, là vous faites référence aux dispositions des articles 42, 43, 44, 45 et 46. Vous savez que l'économie cacaoyère mondiale était jusqu'à aujourd'hui gérée de façon empirique. Mais, depuis la déclaration de Rio sur l'environnement et la déclaration de juin 1992 d'une part, et du plan d'action sur la convention appliquée à la biodiversité et depuis l'application des déclarations sur l'environnement durable de Johannesburg en 2002, d'autre part, la communauté internationale a défini un nouveau concept sur le développement durable. C'est un concept autour de trois piliers essentiels. Que sont la dimension économique. C'est-à-dire, asseoir une politique de productivité. La dimension sociale et éthique, qui met l'homme au centre des politiques de développement, en prenant en compte, un certain nombre d'éléments, c'est-à-dire, sur l'âge minimum du travail, la santé de l'agriculture et le travail des enfants. En outre, il y a la dimension de l'environnement. Cela doit faire en sorte que l'activité agricole ne porte pas atteinte à l'écologie de manière générale. Donc, la notion de développement durable est de faire en sorte que les générations futures ne soient pas des survivants, mais plutôt des héritiers. Or, le concept de développement durable appliqué à l'économie cacaoyère a pris une proportion telle que, les pays producteurs de cacao ont présenté ce concept au motif que la dimension sociale pouvait jouer contre eux. Une certaine communauté internationale, avec des Ong stigmatisent la présence des enfants dans les plantations de cacao. Les pays producteurs de cacao ont donc mis en exergue cette hypothèque en indiquant qu'il faut craindre la dimension sociale d'une politique protectionniste appliquée par les pays importateurs de cacao. Et qui, consisterait tout simplement à mettre un embargo sur les exportations du cacao des pays producteurs d'Afrique, d'Asie et d'Amérique du sud à destination du marché américain ou occidental. Donc, c'est en cela que la durabilité était perçue comme un facteur de pénalisation sur les produits de ces différents pays.
Excellence, que dit exactement ce nouvel accord ?
Ce nouvel accord, le 7e du genre, est novateur par rapport à celui de 2001. Je voudrais préciser l'importance de cet accord. Vous savez que l'économie cacaoyère mondiale se chiffre à environ 10 milliards de dollars américains, soit 5000 milliards de Fcfa par an. Et la production mondiale est dominée comme vous le savez par les producteurs africains. La Côte d'Ivoire à elle seule a 38 à 40% de l'offre mondiale. Le Ghana vient ensuite avec 21%. Le Nigeria 7% et le Cameroun avec 5%. Quand, en Asie, le principal producteur, le troisième au monde est l'Indonésie avec 16%. C'est pour vous dire que le cacao en tant que tel est un facteur de développement macro- économique pour les pays producteurs qui en sont tributaires. C'est une activité économique importante pour au moins 3,5 millions de producteurs. Quand on aura situé les enjeux de ces défis, on verra que l'accord qui a été négocié avait pour objectif de répondre à plusieurs problématiques. La première, c'est de répondre à l'insuffisance des ressources destinées aux filières agricoles des différents pays producteurs. Parce que, toutes les activités de la filière se financent, notamment la production, la commercialisation, la transformation, le conditionnement et l'industrialisation. Il s'agit de faire en sorte que l'accord crée des conditions de mise à disponibilité au profit des différents acteurs des segments de la filière. Le deuxième défi, c'est de créer les conditions de transferts de technologies dans la chaîne des valeurs au profit des pays producteurs. C'est-à-dire, l'accord doit faire en sorte que ces pays ne soient pas confinés dans une posture de producteurs.
Il faut aller au-delà ?
Oui, il faut aller au-delà de la production des fèves et créer une valeur ajoutée pour pouvoir exploiter les produits dérivés du cacao, notamment de la poudre de cacao, de la liqueur et de produits finis, dit chocolat. Autre problématique que devrait répondre cet accord, c'est de créer les conditions des prix justes et rénovateurs pour les producteurs en terme de production. Parce que, si vous prenez un pays comme la Côte d'Ivoire qui est le premier producteur mondial avec 40% de l'offre mondiale, si les prix se stabilisent, il aura une plus- value sur le budget de l'Etat Ivoirien. Autre élément important consigné dans les objectifs de cet accord, c'est de créer les conditions de l'accroissement mondial du cacao. Plus le cacao est consommé à travers le monde sous ses différentes formes de produits, davantage la demande est forte et du coup l'accroissement de la demande se portera bien. Un autre enjeu important, c'est l'accès du cacao aux marchés des pays consommateurs.
Au niveau structurel, rien ne change fondamentalement. Je veux parler de la production, la commercialisation et l'exportation…
Oui, absolument. Parce que, un produit par sa définition, c'est sa mise à disposition, l'exportation et la consommation. Cela est valable pour toutes les spéculations agricoles. Il est aussi valable pour les produits miniers. Mais, au-delà de cela, le nouvel accord sur le cacao qui contient 18 chapitres, eux-mêmes désarticulés en 65 articles et 3 annexes techniques, conçu pour une durée de dix ans, avec la possibilité d'une révision à mi-parcours, et qui peut-être prorogé deux fois pour cinq années, a permis des innovations importantes. Qui vont au-delà de la trilogie classique. Cet accord devrait aider les pays producteurs à renforcer les capacités des communautés locales. Il s'agit de densifier les productions. Les espaces plantés actuellement devraient bénéficier d'une régénération pour permettre à la production de passer, par exemple, de 400 kilogrammes à 1,2 tonne, l'hectare. Il faut préserver les superficies plantées. Au-delà de tout cela, cet accord qui a pour objectif de lutter contre la pauvreté, prend en compte d'autres dispositifs dans son mode opératoire. En tout cas, cet accord dans son application va profiter énormément aux producteurs dans leur ensemble.
Joseph Atoumgbré
attjoseph@yahoo.fr