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Économie Publié le lundi 19 juillet 2010 | Le Mandat

Enquête sur les détournements dans la filière café-cacao - Pourquoi des journalistes ont été arrêtés - Au cœur d’un imbroglio politico-judiciaire

© Le Mandat Par DR
Matières premières - Le bon cacao de Côte d`Ivoire
L’arrestation la semaine dernière, de trois de nos confrères du ‘’Nouveau Courrier et leur mise sous mandat de dépôt par le Procureur Tchimou, livre progressivement leur secret.
En détention préventive depuis le mardi dernier, trois journalistes sont depuis vendredi dernier déférés à la Maison d’Arrêt et de Correction d’Abidjan. Il s’agit de Théophile Kouamouo, Saint Claver Oula et Stéphane Bahi. Leur crime ? La publication du dossier sur ‘’le Livre noir de la filière café-cacao’’. Document qui met en exergue le rapport de l’enquête sur les détournements massifs orchestrés par les barrons de filière café-cacao. Tout comme l’identité des bénéficiaires. A la suite d’un interrogatoire dans le bureau du Procureur de la Republique et une perquisition à la rédaction de notre confrère avec séquestration du personnel, les trois journalistes responsables dudit ‘’canard’’ ont été écroués à la Maca. Le mécanisme de leur détention ressemble fort bien à un scénario écrit dignement par l’acteur Jack Baeur. Qui part à la recherche d’espions pour sauver la tribu. L’ordre est ainsi intimé aux journalistes de livrer la source du dossier. Et pourtant, aucun reproche sur l’objectivité du contenu de ce rapport. D’où le harcèlement sur nos confrères pour arracher le nom de celui ou celle par qui tout a été su. Car le contenu de ce document relèverait du secret d’Etat.

Ce que redoute Tchimou

Le Procureur de la République, chargé d’enquêter sur les détournements massifs dans la filière café-cacao, a le sommeil troublé actuellement. La fuite du rapport pour se retrouver dans la presse, risque de lui coûter son poste. Aussi, cherche-t-il, au mépris de la loi sur la presse, par la pression de l’incarcération de nos confrères, à connaître d’où est partie la fuite. « Tchimou a aujourd’hui le profile bas. Il est le premier responsable de la publication de ce dossier dans la presse. Pourquoi ce rapport -t-il a été retrouvé dans les journaux ? Cela découle de son incompétence et de sa légèreté. Il n’aura jamais l’excuse du chef de l’Etat, encore moins, celle de l’ensemble des magistrats. Si c’était un secret d’Etat, par sa faute, la Côte d’Ivoire serait ‘’vendue’’. Les journalistes n’ont rien fait de mal. Ils seront libérés », s’est indigné un proche du chef de l’Etat que nous avons joint au téléphone. Selon une autre source, le Procureur Tchimou payera cash cette légèreté. Tchimou peut-il courir le risque de maintenir les confrères dans les liens de la détention sans courir le risque de voir tout le document publié par toute la presse dans son ensemble ? Rien n’est certain. Reste que son intransigeance peut lui être fatale.

La colère de Gbagbo

Selon nos sources, la révélation du contenu du dossier a mis le chef de l’Etat dans tous ses états. Il faut le dire, la détention depuis quasiment deux ans, sans jugement, des barons de la filière café-cacao en dit long sur cette affaire. Cette condamnations répondrait à un souci politique. La diffusion du rapport met ainsi le président Laurent Gbagbo lui-même dans une position inconfortable vis-à-vis, non seulement des bénéficiaires des détournements, mais également, vis-à-vis du jugement du peuple. Depuis donc samedi dernier, le chef de l’Etat aurait déjà pris langue avec les organisateurs de la presse pour, dit-on, démêler l’écheveau de cette affaire. Le président l’UNJCI et bien d’autres mouvements de la presse, dicteront la conduite à tenir, si dans quelques jours, ‘’les prisonniers’’ de Tchimou ne sont pas libérés. Selon des sources proches du président Laurent Gbagbo, il aurait perdu le petit capital de confiance qu’il avait placé en Tchimou. Et des décisions ne tarderont pas à tomber. Pour notre part, nous n’attendons que le signal de nos différentes organisations.

K. Zéguédoua Tano

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