Le procureur de la République a rendu les conclusions de son enquête hier dans l’affaire Tagro-Koulibaly. Comme il fallait s’y attendre, le ministre de l’Intérieur a été blanchi de toutes les accusations portées contre lui par le président de l’Assemblée nationale, le Pr. Mamadou Koulibaly. Au cours d’un point de presse qu’il a animé à son cabinet, le procureur Raymond Tchimou dans sa déclaration a rejeté toutes les charges qui pesaient sur l’ancien porte-parole du chef de l’Etat. Au-delà de toutes considérations partisanes, il faut clairement avancer que cette décision vient de mettre à nu la vraie nature du régime de la refondation. Comme une confrérie de sorciers, le régime FPI est en train de démontrer qu’au ne son sein la solidarité dans le mal reste encore son fort. Une fois de plus, Laurent Gbagbo et ses camarades viennent de se payer la tête des honnêtes citoyens qui croyaient encore que le régime de la refondation était capable de faire sa mue. Les conclusions de l’avocat de l’Etat de Côte d’Ivoire étaient prévisibles pour plusieurs raisons. D’abord au niveau de la saisine. Vu que l’affaire commençait à faire grand bruit, le président Laurent Gbagbo par la voix de son porte-parole, décide de saisir le procureur de la République pour diligenter une enquête. On comprend difficilement dans une affaire aussi grave que ce ne soit pas le procureur de la république qui s’autosaisisse. Mais plutôt le chef de l’Etat qui l’invite à le faire. Avec les conclusions qui viennent d’être données, on comprend aujourd’hui que l’objectif de Laurent Gbagbo en le faisant, était plus de sauver le soldat Tagro que le souci de l’éclatement de la vérité. Il s’agissait pour le candidat du FPI en cette période électorale non seulement de rassurer ses partisans, mais aussi de faire croire à ceux –ci qu’on peut toujours manipuler, que la refondation demeure cette « poche de moralité » qu’elle était par le passé. Ensuite, avant même que l’enquête ne soit décidée, le verdict était déjà clair dans l’esprit de Laurent Gbagbo. Charles Blé Goudé au cours d’une réunion du COJEP avait donné la « bonne nouvelle » à ses camarades. «Tagro sera blanchi par le président », avait-il laissé entendre. Aujourd’hui, les Ivoiriens mesurent pleinement le vrai sens de cette phrase. Tagro n’a rien fait. Il n’est coupable de rien. Ainsi en a décidé le juge Tchimou et son patron Laurent Gbagbo. Enfin, cette décision implique que le président de l’Assemblée nationale a dit des contrevérités à l’encontre du ministre Désiré Tagro. Veut-on insinuer que l’honorable Mamadou Koulibaly est un fieffé menteur ? Que le numéro deux du régime est un affabulateur de la pire espèce ? Difficile d’accepter cette version. Car pour qui connait le député de Koumassi qui est soucieux de sa réputation d’homme intègre, dire que les accusations qu’il a portées contre le ministre Tagro relèvent de la diffamation, c’est vraiment faire preuve de mauvaise foi manifeste. Le ministre Désiré Tagro n’a-t-il pas lui-même avoué au cours d’une réunion chez le président du FPI, Pascal Affi N’Guessan, qu’il réservait systématiquement les deux tiers des places au concours de police à des caciques du parti au pouvoir ? Même si selon le procureur de la République, le concerné a nié cela au cours de son audition, n’était-il pas intéressant pour l’éclatement de la vérité, que les versions des deux « protagonistes » soient confrontées ? Simple question de bon sens. Mais les Ivoiriens aujourd’hui sont édifiés sur l’enquête demandée par le chef de l’Etat dans cette affaire. Au nom de la cause, Tagro le bon soldat devait être blanchi. Maintenant c’est fait. Il ne reste plus qu’à poursuivre Mamadou Koulibaly pour diffamation pour boucler la boucle.
Jean-Claude Coulibaly
Jean-Claude Coulibaly