“Pour des raisons qui nous sont propres, nous sommes obligés de proroger le délibéré jusqu’au lundi 26 juillet prochain”. Sans autre forme de procès, c’est suite à cette brève adresse pour le moins inattendue du juge Brahaman Koné, hier, aux environs de 14h, que les trois journalistes du quotidien Le Nouveau Courrier poursuivis pour vol de documents administratifs, leurs parents et amis, ainsi que leurs confrères venus les soutenir en masse, ont quitté le parquet du Plateau-Abidjan en colère. Depuis la salle, particulièrement– avec un Serge Bilé en sanglots – les journalistes étaient intenables et faisaient un vacarme énorme. Arborant des T-shirts à l’effigie des inculpés sur lesquels on pouvait lire, entre autres, "Liberté fragile pour le journalisme d`investigation!",ils exigeaient la libération immédiate des prévenus. Il s’agit de Théophile Kouamouo, directeurs des rédactions qui fondait en larmes, Stéphane Guédé Bahi, directeur de publication, et Saint-Claver Oula, rédacteur en chef, qui comparaissaient devant le tribunal correctionnel d’Abidjan. Le lundi dernier, le parquet avait requis une peine de 12 mois de prison ferme contre les journalistes détenus à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan, à Yopougon, où une vingtaine de grosses têtes de la filière café-cacao, sont depuis juin 2008. Les journalistes sont inculpés "vol de document administratif", "diffusion d`information sur un dossier judiciaire non encore évoqué à l`audience publique" et "révélation d`un document couvert par le secret". La liste des prisonniers pourrait s’allonger Il se pourrait qu’une nouvelle victime parmi les journalistes s’ajoute à cette liste de prisonniers de la très dévastatrice affaire de la filière café-caco. En effet, alors que les spéculations allaient bon train quant au sort qui sera réservé à Théophile Kouamouo et compagnie, on apprenait l’arrestation par la police criminelle de Patrice Pohé, directeur de publication du défunt journal Libération et président de l’Association des directeurs de publication de Côte d’Ivoire. Il est suspecté d’être le vrai voleur du fameux document. Patrice Pohé passe pour être le conseiller en communication du procureur de la république, Raymond Tchimou, qui a diligenté l’enquête judiciaire sur la filière, à la demande du président de la République Laurent Gbagbo. C’est pourtant lui qui avait dénoncé le directeur du publication du journal Le Qutidien, Allan Alliali, comme étant celui qui avait soustrait le document avec la complicité de la secrétaire du procureur avant de la passer à ses confrères du Nouveau courrier d’Abidjan. Patrice Pohé s’était retrouvé en confrontation avec lui au tribunal d’Abidjan. Joint par téléphone en début de soirée d’hier, Patrice Pohé a crié à une cabale contre sa personne «C’est une conspiration», a accusé le collaborateur du procureur. Il devrait être déféré devant le Parquet aujourd’hui.
Schadé Adédé
Schadé Adédé