L`affaire du " livre noir de la filière café-cacao ", du nom de ce dossier classé " top secret " qui a conduit trois de nos confrères de " Le Nouveau Courrier " derrière les barreaux depuis le vendredi dernier, a connu, hier, un rebondissement spectaculaire M. Patrice Pohé, chargé de communication du procureur de la République Raymond Tchimou et par ailleurs directeur de la conférence nationale des directeurs de publications de Côte d`Ivoire, a été mis aux arrêts et gardé à vue, dans les locaux de la police criminelle. Selon une source policière qui a requis l`anonymat, l`arrestation de M. Pohé a été ordonnée par celui-là même au service duquel il travaillait jusqu`à hier, à savoir le procureur Tchimou Raymond. La cause de cette arrestation serait liée à l`affaire du " livre noir de la filière café cacao ". Il semblerait que M. Patrice Pohé a joué un rôle dans la fuite des informations qui se sont retrouvées dans " Le Nouveau Courrier ". " Il est effectivement en garde-à-vue dans nos locaux, sur instructions du procureur et il sera probablement déféré au parquet d`ici vendredi. Sa présence dans nos locaux est liée à l`affaire du journal " Le Nouveau Courrier ". Je n`en sais pas plus pour le moment ". Nous a confié notre source. Avec l`arrestation de celui qui est considéré par tous les journalistes comme un proche collaborateur du procureur Tchimou, c`est une tournure plutôt complexe que prend désormais l`affaire du " livre noir de la filière café-cacao ". On le sait, le procureur Tchimou a fait arrêter les trois journalistes de " Le Nouveau Courrier " à qui il reproche d`avoir " volé un document administratif ". Cuisinés par la police pendant des heures pour obtenir le nom de leur source d`information, ces derniers ont toujours refusé. Le lendemain de leur emprisonnement, le samedi 17 juillet dernier, l`une des secrétaires du procureur Tchimou, Mlle Boni Rosine, a été entendue pendant plus de 6 heures sur la même affaire, par la police criminelle. On sait à présent que ce même samedi, Patrice Pohé a été également entendu. Le lundi 19 juillet, c`est le directeur de publication de " Le Quotidien ", Allan Alliali, qui sera convoqué et entendu pendant près de 9 heures. De même que Patrice Pohé. Lequel a été, selon nos sources, confronté avec Allan Alliali. Pendant que ces auditions se déroulaient, au parquet, le procès des trois journalistes arrêtés se poursuivait. Et voilà que 48 heures plus tard, Patrice Pohé est arrêté et la décision du procès qui devait être rendue hier, est renvoyée au lundi 26 juillet prochain. Il y a donc une cohérence parfaite entre tous ces faits. Le procureur est convaincu que son document a été " volé ". L`arrestation de son collaborateur signifierait-elle qu`il est l`auteur de ce vol ? On ne peut l`affirmer avec certitude, en l`état actuel de la situation. Mais dans tous les cas, si l`une des secrétaires du procureur a été entendue, on peut supposer qu`elle aurait certainement joué un rôle dans la confection du document en question. Et l`arrestation de Patrice Pohé soulève de nombreuses interrogations. Y aurait-il eu un dysfonctionnement dans les services du procureur, permettant au document de se retrouver dans la presse ? Et dans ce cas, le procureur de la République lui-même n`aurait-il pas une certaine responsabilité dans ce dysfonctionnement ? On se souvient que dans l`affaire Mambé, un document de travail interne à la Cei s`étant retrouvé sur le terrain, le parquet, saisi par le ministre de l`Intérieur, avait conclu en la responsabilité administrative de Mambé Beugré, bien qu`il n`ait pas emporté lui-même le document sur le terrain. N`est-on pas aujourd`hui dans la même situation, avec l`arrestation du collaborateur du procureur ? Les jours à venir nous situeront.
ASSALE TIEMOKO
ASSALE TIEMOKO