La question de la tenue des élections en Côte d’Ivoire devient lancinante et harassante. Plus qu’un simple serpent de mer, elle commence sérieusement à agacer les populations et même les leaders politiques. Hier, sur la place publique de Kani, Alassane Dramane Ouattara, en tournée dans le Worodougou et Vavoua, depuis mercredi, a exprimé, avec le ton posé qu’on lui sait, quelque peu son ras-le-bol. « Il faut qu’il y ait des élections en Côte d’Ivoire », a-t-il martelé, en remarquant que l’argent n’aime pas le bruit. Allusion faite implicitement aux dirigeants actuels, plus préoccupés à « pomper » les deniers publics qu’à soulager la souffrance des Ivoiriens. Car, sans élections, depuis quinze ans (une sacrée prouesse que seule la Côte d’Ivoire peut réussir), le pays, il ne faut pas se voiler la face, reste bloqué sur le plan économique. Les investisseurs rechignent à investir, du moins, jouent profondément la carte de la prudence. Conséquence, la Côte d’Ivoire, même si elle est encore debout, roule au ralenti, pour ne pas dire marche au petit trot. L’implication directe est que le chômage devient grandissant, la paupérisation des populations prend des proportions inquiétantes. Et plus de 90% d’Ivoiriens vivent aujourd’hui avec moins de 600 FCFA par jour. Alassane Ouattara a donc raison. Il faut rapidement des élections. Pour sortir la Côte d’Ivoire de cette impasse qui, à la longue, pourrait affaisser le pays, pour ne pas dire l’écrouler. La situation est rageante d’autant plus qu’autour de nous, plusieurs nations ont déjà goûté à la joie des élections. Le Ghana, le Togo, le Bénin… Et même la Guinée, en proie à des régimes dictatoriaux successifs, a fini par connaître enfin ses premières vraies élections démocratiques en 52 années d’indépendance. Chez nous, depuis donc 10 ans, parler d’élections, c’est comme demander le sexe des anges. Bon Dieu, dans quel pays sommes-nous ?
Y. Sangaré
Y. Sangaré