x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Société Publié le lundi 26 juillet 2010 | Le Journal De L’Economie

Insertion professionnelle : Quelle intégration pour les handicapés dans le monde du travail?

Malgré toutes les dispositions légales qui visent l'amélioration des conditions de vie des personnes
handicapées dans notre pays, l’exclusion sociale, la stigmatisation, la discrimination, la précarité sont le lot quotidien de cette catégorie de personnes. Les efforts consentis en leur faveur par les pouvoirs publics sont négligeables par rapport à leur degré de souffrance.

D’une manière générale, sont considérées comme handicapés, les personnes présentant une altération physique. L’handicap peut-être d’ordre sensoriel, mental, cognitif, psychique, ou la combinaison de deux, voire plusieurs de ces altérations. L’origine de l’handicap peut être naturelle (de par la naissance) ou à la suite d’un accident (de travail par exemple). La situation des handicapés met le monde du travail face à des enjeux importants : trouver des solutions profitables aussi bien aux entreprises qu’aux personnes handicapées. Selon l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), le nombre de handicapés en Côte d’Ivoire, suivant les chiffres du dernier recensement de 1980, oscille entre 800.000 et 900.000 individus. Vu que la Côte d’Ivoire ne dispose pas de statistiques récentes surtout après la guerre, il est clair que ces chiffres sont largement en dessous de la réalité. Des sources proches de la direction de la promotion des personnes handicapées (DPPH), estiment ces chiffres à plus de 1,5 millions de personnes à ce jour.

Dur dur d’être handicapé ivoirien

Alors que dans certains pays, notamment en France, l’Etat fait obligation aux entreprises de 20 salariés et plus, d’employer des travailleurs handicapés dans la proportion de 6% de leurs effectifs, l’handicapé ivoirien pour sa part, est logé à la même enseigne que les autres personnes valides. En plus de fournir des efforts supplémentaires d’adaptation au mode de transport, à la scolarité et à l’environnement souvent difficile, il doit s’armer de courage et surtout de patience pour obtenir un emploi. Un point de vue qui concerne bien entendu la catégorie d’handicapés ayant des diplômes supérieurs et en droit de briguer des postes au même titre que les personnes valides. Mis donc en concurrence libre avec les personnes bien portantes, les chances des handicapés restent très minces. Les entreprises évitent les coûts supplémentaires liés entre autres, à l’aménagement du poste de travail, aux problèmes de mobilité de l’employé handicapé, engendrant des pertes de temps et donc d’argent. Ailleurs, ces problèmes sont traités par les pouvoirs publics grâce à des subventions ou à des réductions d’impôts pour les entreprises disposées à embaucher des handicapés.

Dans le privé ivoirien, la situation n’est évidemment pas reluisante. Très peu de personnes handicapées y travaillent, et n’occupent, pour la plupart, que des postes de saisie, réputés moins contraignants et ne faisant appel à aucun effort physique. Parfois dans une relation très précaire avec l’entreprise qui ne les garde que pour un temps, en attendant de leur trouver des remplaçants. En Côte d’Ivoire le taux d’embauche des handicapés dans les entreprises n’excède pas 1%. Ce manque d’intérêt à leur égard fait qu’ils s’orientent tous vers la fonction publique.

La situation à la fonction publique

Malgré toutes les promesses du Président de la République lui-même, le décret d’application de la loi d’orientation en faveur des personnes handicapées, votée en 1998, n’est toujours pas adopté.

Cette loi accorde aux handicapés les ‘’mêmes droits à l’éducation, à la formation, à l’emploi et aux loisirs que toute personne valide’’. En 2009, déjà le gouvernement avait offert 300 places à la fonction publique aux handicapés. Mais vu le volume élevé des dossiers des postulants (1500), le président de la Fédération des associations de personnes handicapées de Côte d’Ivoire (FAHCI), plaide maintenant pour un recrutement dérogatoire de 500 handicapés à la Fonction publique cette année. Ces postes englobent les handicapés déjà en fonction qui veulent gravir les échelons de la Fonction publique. En tout état de cause, ce chiffre reste dérisoire au vue du nombre de personnes handicapées diplômées que regorge le pays. Néanmoins, les actions des associations des personnes handicapées constituent, aujourd’hui, des réponses appropriées pour briser ce mur. Il est plus encore question, de réclamer des programmes d’aide à l’embauche dans le privé soutenu par une loi accordant des avantages aux entreprises susceptibles d’œuvrer dans ce sens. Si l’ex-ministre des Droits de l’Homme, M. Joël N’Guessan, peut être considéré comme l’une des plus belles preuves de réussite du handicapé physique ivoirien dans la Fonction publique, sa distinction ne saurait occulter la misère de cette frange de la population dont la majorité reste déscolarisée et livrée à elle même.

Tout sauf mendier

Le constat est clair, l’aumône est le refuge pour la majorité des personnes handicapées Certains pourtant, parmi eux refusent de recourir à cette pratique jugée honteuse. C’est le cas de Yssouf Gnégné, qui malgré son handicap est gardien de parking, appelé dans le langage populaire “djosseur des namas” au Plateau, non loin de la Librairie de France. Il a passé les 3/4 de ses 40 ans à garer et à surveiller les véhicules. ‘’C’est un travail comme tout autre’’, se plait-il à dire. Avec des gains qui peuvent varier entre 2.500 f et 3.500 f par jour, le “doyen” parvient à entretenir une épouse et trois enfants. Aboulaye D. pour sa part est un malentendant de naissance. Pris de passion pour le transport, il a décidé de devenir apprenti de mini-car “gbaka” Abobo-Adjamé. Un métier qu’il a appris en mettant en place un code de langage gestuel bien à lui, pour comprendre et se faire comprendre à la fois de son patron et des clients. Ils sont nombreux, à l’image de Yssouf et Aboulaye à exercer dans le secteur informel (cireur, cordonnier, tablier, etc), seule issue de secours qui s’offrent à eux, hormis la mendicité.

Par Sanogo Zoumanan
Zoumanan.sanogo@jde-ci.com
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Société

Toutes les vidéos Société à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ