De retour de la 13ème édition du Festival cinématographique de Khouribga, au Maroc, Sidiki Bakaba jette un regard sur le cinéma africain. Il pense que la coopération Sud-Sud peut sauver la situation.
Vous avez pris part au festival du cinéma de Khouribga au Maroc. Qu’avez-vous ramené de ce rendez-vous d’échange du 7ème art ?
C’était un honneur car sur le plan cinématographique nous n’existons plus, il ne faut pas se leurrer. Après «Caramel» d’Henri Duparc, il n’y a plus eu de film en Côte d’Ivoire. Il y a certes eu des sketchs filmés, mais on ne peut pas appeler cela du cinéma. A cette édition l’accent à été mis par le président Nourr’Eddine Sail sur la co-production Sud-Sud. Je me suis rendu compte, en venant à ce festival que les choses ont évolué, alors qu’elles ont régressé chez nous. Leur cinéma est à l’image de la considération qu’ils donnent à la culture, non pas d’arrière plan, mais de premier plan car une grande nation c’est d’abord une grande culture.
Comment votre œuvre a-t-elle été accueillie ?
Ce qui est intéressant, c’est que ma pièce de théâtre a été invitée dans un lieu où on parlait de cinéma. J’ai été agréablement surpris. C’est un peu comme si la frustration que nous avons connue ici au Palais de la culture avait été lavée. La surprise pour eux c’était comment tant de richesses culturelles puissent rester sous ce voile d’invisibilité. Les sportifs ivoiriens vont à des compétitions. Mais culturellement, la Côte d’Ivoire n’a jamais pu faire sortir de telles créations. Voila pourquoi la pièce filmée a été sélectionnée et saluée. C’est un peu novateur le travail que j’ai fait. Grace à cela, on a pu montrer qu’on ne fait pas de l’amateurisme dans le Sud Sahara. Les lumières, le décor, le talent des jeunes, tout cela n’a laissé personne indifférent.
La coopération Sud-Sud a été évoquée comme une possible solution à la léthargie du cinéma africain.
J’en suis convaincu parce que nous ne devons compter que sur nous-mêmes. Ils ne disent pas qu’il faut faire des miracles mais qu’il faut partager le peu que nous avons. Je pense que la coopération Sud-Sud va développer le cinéma africain. Il faut surtout que nous allions vers des pays comme le Maroc, pour les écouter et échanger. Ils ont constaté que le cinéma Sud saharien est en train de mourir et ils ont voulu échanger les expertises. Bien sûr, cette coopération relancera le cinéma africain en général. Quand vous voyez la qualité des films marocains, ils n’ont rien à envier aux grands cinémas. Chez eux, l’Etat produit 50 courts métrages par an et ces films font tout le Moyen Orient. Ils ont un grand marché et ils peuvent nous en faire bénéficier.
Il y a aussi l’éternel problème du circuit de distribution qui se pose en Afrique.
Oui, mais je crois que si on avait des personnes qui allaient à ce genre de rencontres, si on avait des budgets mis à la disposition de la culture les choses pouvaient changer. C’est vrai qu’on a des festivals de court métrage, mais qu’est ce que cela développe au fond ? Pas grand-chose. Quand on fait du cinéma, c’est comme quand on produit. Il faut avoir un lieu pour le vendre. Abidjan était envié parce qu’il avait beaucoup de salles. Aujourd’hui on parle d’ouvrir l’Office national du cinéma. Tant mieux, mais il ne faut pas que ce soit seulement des bureaux. Qu’on soit capable de mettre au moins 300 millions de Fcfa – qui n’est même pas un gros budget – par film et qu’on produise 10 films par an. Mais quand on produit, il faut impérativement un lieu de diffusion. Pour cela il faut rouvrir des salles de cinéma. C’est une volonté politique qu’il nous faut. Soyons capable de rentabiliser ce qu’on fait sur le continent, le reste suivra. Quand il y a une véritable démocratie on respecte les créateurs, et on leur donne la liberté de s’exprimer. La Côte d’Ivoire est un pays qui est capable de financer 10 films par an. Duparc produisait beaucoup. Ce ne sont pas les moyens qui manquent. Soyons capable de former des techniciens de cinéma, des acteurs, etc. On ne connait pas les jeunes parce qu’ils ne produisent pas. Lors des festivals on demande les M’Bala, Fadiga Kramo…Tous ceux que je vous cite on des piles de projets de production mais ils n’ont pas de financement. Le cinéma n’est pas mort ; il n’y a plus de financement. Ceux qui ne tournent pas ce n’est pas par manque d’idée ou de projet mais ils en ont assez de tendre la main car les scénarios sont remodelés par ceux qui les financent. Mais au moment ou d’autres sont en train de pleurer, l’espoir est permis. Car cette industrie, à force de travail et de volonté politique, rapporte beaucoup. Il faut investir, construire des complexes cinématographiques et le cinéma renaitra de ses cendres. Je suis revenu plein d’espoir et fier des jeunes que nous avons formés. Financièrement c’est possible, de relever cette industrie noble et passionnante.
M’Bah Aboubakar (Coll. Fabrice Sébine)
Légende : Pour Sidiki Bakaba, seule une réelle volonté politique peut faire bouger le cinéma ivoirien.
Vous avez pris part au festival du cinéma de Khouribga au Maroc. Qu’avez-vous ramené de ce rendez-vous d’échange du 7ème art ?
C’était un honneur car sur le plan cinématographique nous n’existons plus, il ne faut pas se leurrer. Après «Caramel» d’Henri Duparc, il n’y a plus eu de film en Côte d’Ivoire. Il y a certes eu des sketchs filmés, mais on ne peut pas appeler cela du cinéma. A cette édition l’accent à été mis par le président Nourr’Eddine Sail sur la co-production Sud-Sud. Je me suis rendu compte, en venant à ce festival que les choses ont évolué, alors qu’elles ont régressé chez nous. Leur cinéma est à l’image de la considération qu’ils donnent à la culture, non pas d’arrière plan, mais de premier plan car une grande nation c’est d’abord une grande culture.
Comment votre œuvre a-t-elle été accueillie ?
Ce qui est intéressant, c’est que ma pièce de théâtre a été invitée dans un lieu où on parlait de cinéma. J’ai été agréablement surpris. C’est un peu comme si la frustration que nous avons connue ici au Palais de la culture avait été lavée. La surprise pour eux c’était comment tant de richesses culturelles puissent rester sous ce voile d’invisibilité. Les sportifs ivoiriens vont à des compétitions. Mais culturellement, la Côte d’Ivoire n’a jamais pu faire sortir de telles créations. Voila pourquoi la pièce filmée a été sélectionnée et saluée. C’est un peu novateur le travail que j’ai fait. Grace à cela, on a pu montrer qu’on ne fait pas de l’amateurisme dans le Sud Sahara. Les lumières, le décor, le talent des jeunes, tout cela n’a laissé personne indifférent.
La coopération Sud-Sud a été évoquée comme une possible solution à la léthargie du cinéma africain.
J’en suis convaincu parce que nous ne devons compter que sur nous-mêmes. Ils ne disent pas qu’il faut faire des miracles mais qu’il faut partager le peu que nous avons. Je pense que la coopération Sud-Sud va développer le cinéma africain. Il faut surtout que nous allions vers des pays comme le Maroc, pour les écouter et échanger. Ils ont constaté que le cinéma Sud saharien est en train de mourir et ils ont voulu échanger les expertises. Bien sûr, cette coopération relancera le cinéma africain en général. Quand vous voyez la qualité des films marocains, ils n’ont rien à envier aux grands cinémas. Chez eux, l’Etat produit 50 courts métrages par an et ces films font tout le Moyen Orient. Ils ont un grand marché et ils peuvent nous en faire bénéficier.
Il y a aussi l’éternel problème du circuit de distribution qui se pose en Afrique.
Oui, mais je crois que si on avait des personnes qui allaient à ce genre de rencontres, si on avait des budgets mis à la disposition de la culture les choses pouvaient changer. C’est vrai qu’on a des festivals de court métrage, mais qu’est ce que cela développe au fond ? Pas grand-chose. Quand on fait du cinéma, c’est comme quand on produit. Il faut avoir un lieu pour le vendre. Abidjan était envié parce qu’il avait beaucoup de salles. Aujourd’hui on parle d’ouvrir l’Office national du cinéma. Tant mieux, mais il ne faut pas que ce soit seulement des bureaux. Qu’on soit capable de mettre au moins 300 millions de Fcfa – qui n’est même pas un gros budget – par film et qu’on produise 10 films par an. Mais quand on produit, il faut impérativement un lieu de diffusion. Pour cela il faut rouvrir des salles de cinéma. C’est une volonté politique qu’il nous faut. Soyons capable de rentabiliser ce qu’on fait sur le continent, le reste suivra. Quand il y a une véritable démocratie on respecte les créateurs, et on leur donne la liberté de s’exprimer. La Côte d’Ivoire est un pays qui est capable de financer 10 films par an. Duparc produisait beaucoup. Ce ne sont pas les moyens qui manquent. Soyons capable de former des techniciens de cinéma, des acteurs, etc. On ne connait pas les jeunes parce qu’ils ne produisent pas. Lors des festivals on demande les M’Bala, Fadiga Kramo…Tous ceux que je vous cite on des piles de projets de production mais ils n’ont pas de financement. Le cinéma n’est pas mort ; il n’y a plus de financement. Ceux qui ne tournent pas ce n’est pas par manque d’idée ou de projet mais ils en ont assez de tendre la main car les scénarios sont remodelés par ceux qui les financent. Mais au moment ou d’autres sont en train de pleurer, l’espoir est permis. Car cette industrie, à force de travail et de volonté politique, rapporte beaucoup. Il faut investir, construire des complexes cinématographiques et le cinéma renaitra de ses cendres. Je suis revenu plein d’espoir et fier des jeunes que nous avons formés. Financièrement c’est possible, de relever cette industrie noble et passionnante.
M’Bah Aboubakar (Coll. Fabrice Sébine)
Légende : Pour Sidiki Bakaba, seule une réelle volonté politique peut faire bouger le cinéma ivoirien.