« Harris Memel Fôtê fait partie de cette génération d’Africains a qui l’instruction permet de comprendre le monde, c'est-à-dire d’avoir les capacités à opérer des choix en connaissance de cause. La question que beaucoup se pose à son sujet est de savoir comment son destin est singulier par rapport à celui de ses compagnons dont la majorité ayant intégré le régime politique instauré à l’indépendance ont eue les positions sociales pour le moins enviables. Dans quel sens peut l’être tenu pour un modèle dans un monde où l’avoir prime sur l’être ? Un monde où l’on pense que chacun n’est que ce qu’il a ? La réponse tient en un mot : la cohérence. Le souci de la cohérence avec soi, de la cohérence entre la vie et le savoir forme la trame des actions et les prises de positions politiques de Memel Fôtê. Beaucoup renoncent à l’idéal sitôt qu’ils croient comprendre le réel. Tout devient alors prétexte pour abandonner la lutte. Le mérite de Harris Memel Fôtê, ici aura été de rester fidèle jusqu’à la fin de sa vie à son idéal qu’il s’est fixé étant étudiant. Savoir toujours articuler la théorie et la pratique. Apprendre à devenir à la fois homme de science éclairé et citoyen avisé. Inscrire l’action dans le prolongement de la pensée et non avoir les pensées adaptées ou adaptables à toute situation. Pouvoir faire correspondre ses actes avec la réputation que l’on a. Il mène donc de fait ses études et la lutte politique au sein d’associations et de groupes d’actions politiques dont il a créé certains et dirigé la plupart de l’AGECI à la FEANF. C’est au non de ce principe de cohérence qu’il abandonne ses études pour aller enseigner en Guinée 1959 lorsque le peuple de Guinée ayant voté pour l’indépendance en 1958, la France décide de retirer du jour au lendemain toute assistance technique à ce pays. Mais le départ en Guinée de ces jeunes Africains constituait un défi pour leurs territoires d’origine dont les responsables avaient refusé de prendre l’indépendance. En 1968, il envoie une délégation des membres de sa classe d’âge exprimer son refus à Philippe Yacé, alors secrétaire général du parti unique, qui lui proposait de la faire nommer dans le gouvernement. C’est à travers son attitude que personnellement beaucoup d’intellectuels ont connus ce qui pouvait signifier l’expression ‘’seconde indépendance’’ utilisée pour qualifier la révolution démocratique. Son engagement dans le combat politique pour intégrer le nouveau contexte politique dans les cultures de Côte d’Ivoire fut total. Ainsi fut la contribution du professeur Alphonse Koho Sahi, conseiller aux affaires culturelles du Président Gbagbo.
W.H.P
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