Affaire Tagro. Affaire Banny. La marche reportée du 15 mai 2010. La présidentielle prochaine…Le président national de la Jeunesse du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Jpdci) aborde toutes ces questions. Sans faux-fuyant. Dans l’interview qu’il nous a accordée, Kouadio Konan Bertin dit Kkb crache ses vérités. Première partie.
Quels commentaires, faites-vous des résultats de l`enquête du Parquet sur l`affaire Désiré Tagro?
Kouadio Konan Bertin: Pour être franc, je voudrais vous dire que je ne suis pas surpris du verdict que la justice ivoirienne a rendu. Le Pdci qui a eu la gestion de ce pays pendant près de quarante ans, s`est attelé à faire en sorte que le sentiment ethnique disparaisse au fur et à mesure pour qu`on arrive à bâtir une nation. Cela veut dire que quand on est aux commandes d`un tel pays, on fait attention aux décisions qu’on prend. On ne peut pas recruter dans l`armée nationale rien que sur la base de l`ethnie. Vous avez dix admis, quatorze admis dans un seul petit village qui ne compte que cinquante cases maximum. Mais je ne suis pas surpris de cette justice, de ce qui s`est passé. C`est une scène de trop, c`est une comédie de trop pour détourner notre attention sur l`essentiel.
C’est quoi l’essentiel, pour vous à la Jpdci ?
Kkb : L`essentiel pour nous, c`est comment sortir la Côte d`Ivoire de cet enlisement, de ce grand fossé, de cet embourbement. Comment sortir les Ivoiriens de là. C’est ça qui nous préoccupe. Ce verdict m`attriste. Parce que je constate qu`au sommet de l`Etat, le numéro deux d`un régime, comme ce régime-là, à la tête d`un pays comme la Côte d`Ivoire, ne peut pas s`adonner à des accusations aussi légères que fallacieuses. Sinon, je ne peux pas me réjouir parce que c`est un parti politique adversaire qui se déchire. Mais ce qui me désole et m`attriste, c`est ce désordre auquel nous assistons au sommet de l`Etat de Côte d`Ivoire. Cela n’honore pas le pays d’Houphouët-Boigny. Et c`est ce désordre là qui est à l`origine de tous les maux dont souffrent les Ivoiriens. Notre pays n`a jamais connu la guerre. La Côte d`Ivoire est tout simplement en désordre parce qu`elle a la malchance d`être dirigée par un parti de désordre comme le Fpi où chacun va dans son sens.
Si l`on vous suit, vous n`êtes pas surpris, vous êtes déçu. Donc, vous croyez que Tagro est coupable des faits qui ont été portés à sa charge?
Kkb : Koulibaly l’a dit. Mais en tant que journaliste, je suppose que depuis cette période, vous avez cherché à comprendre, à fouiller pour regarder et voir la vérité des choses. Koulibaly Mamadou a même demandé une enquête parlementaire. Ce sont les députés Fpi, manipulés par Tagro Désiré qui s`opposent à l`enquête parlementaire, sachant très bien, au préalable, ce que la justice allait dire. Notre justice est instrumentalisée. Elle est à la solde de quelques privilégiés. Et je vous dis tous les Ivoiriens n`ont pas un accès égal à notre justice. Et, c`est dommage! Mais un pays où tous les citoyens ne peuvent pas avoir un accès égal et équitable devant la justice, chaque citoyen va finir par devenir son propre justicier. Et c`est dangereux pour la Côte d`Ivoire! C`est cela qu’il faut craindre. Mais cette enquête ne peut pas dire la vérité, puisque des voix au sein du Fpi se sont élevées pour dire que ce sont des secrets d`Etat qu`il ne faut pas révéler. Supposez que le parquet vienne confirmer ce qu`avait dit Mamadou Koulibaly, que devient le Fpi ? Le Fpi a préféré sauver l`apparence pour masquer la vérité. Parce que c`était la survie du parti même qui en dépendait.
Le Pdci fait face à une crise, avec notamment l`ancien premier ministre Charles Konan Banny vu comme une personnalité voulant ravir la place à Henri Konan Bédié. Aujourd`hui, quelle est la situation réelle au sein de votre parti ?
Kkb : Quand vous me regardez, vous voyez bien que je suis serein, parce que contrairement à ceux qui s`adonnent à la spéculation, nous avons appris à connaître le Pdci-Rda que nous pratiquons depuis bientôt vingt (20) ans. S`il vous plait, je comprends qu`aujourd`hui, au sein du Pdci-Rda, le désordre dans le pays soit venu créer comme une sorte de bouchon. Et, de plus en plus, beaucoup prennent de l`âge et s`interrogent sur leur avenir. On parle souvent de Charles Konan Banny. Je comprends que les uns et les autres voient qu`ils ont perdu dix (10) ans et il n`y a pas qu’eux qui perdent dix ans. Tous les jeunes qui avaient trente (30) ans en 2000, aujourd`hui en ont quarante (40). Tous les jeunes qui en avaient quarante (40) en ont cinquante (50). Vous savez que l`âge de la retraite en Côte d`Ivoire, c`est 55 ans. C`est jusqu`à trois générations de jeunes qui risquent d`aller à la retraite sans avoir jamais eu la chance de travailler dans ce pays. Les gens deviennent de plus en plus impatients, parce qu`on ne sait quand on va aller à des élections. D`autres avoisinent 70 ans. Ils se demandent à quel âge ils vont être candidat. Eux aussi veulent servir la Côte d`Ivoire. Mais à qui la faute? La faute n`est pas à monsieur Bédié ! Ce que nous devons faire, c’est amener ce régime qui, visiblement, ne veut pas aller aux élections -parce qu`il n`a pas intérêt à aller aux élections- à organiser le scrutin. Et, c`est là que le Pdci pèche. J`ai participé à tous les combats de ces dix (10) dernières années du Pdci. Depuis 1999, quand Bédié était en exil, on a traversé des périodes plus difficiles que celles là. N`oubliez pas que le Pdci, à un moment donné, s’est sabordé en reniant son candidat, son président, en le mettant en congé. On a traversé des situations difficiles. Malgré tout cela, Henri Konan Bédié est revenu. J`ai souvent dit que Dieu nous envoie individuellement sur terre et qu`il confie à chacun une mission. C`est parce qu`on ne fait pas attention. Mais il nous parle. Chacun de nous a un destin et nul ne peut empêcher que le destin d`autrui se réalise. Il me semble que Bédié a un destin national. Un homme comme Bédié, qu`il soit négatif ou qu`il soit incapable, Bédié a un destin. Ce destin est intimement lié à celui de la Côte d`Ivoire. La Côte d`Ivoire n`a plus jamais connu la paix depuis qu’il a été renversé en 1999. J`ai vu beaucoup d`Ivoiriens applaudir en 1999, scander et danser. Oui ils étaient heureux. Etaient-ils heureux pourquoi ? Est-ce que si vous allez aujourd`hui à la Rti, que vous retrouvez ces cassettes de ces Ivoiriens qui jubilaient en 99, vous leur demandez s`ils étaient tous prêts à recommencer, il n’y a pas un seul qui vous dira oui.
Vous avez toujours dit qu`il n’y aura pas de guerre des « Konan » au Pdci. Avec ce que nous venons de voir lors de la dernière réunion du bureau politique, est ce que les faits qui se sont produits ce jour ne vous donnent pas tort?
Kkb : Je continue de vous dire que la guerre des « Konan » n`aura pas lieu. Honnêtement, croyez-moi quand je le dis. Vous imaginez Monsieur Konan Bédié, Monsieur Konan Banny servir ce triste acte aux jeunes du Pdci-Rda. Houphouët n`a pas gouverné pour nous. Nous n`avons pas connu Houphouët, mais il a dit à nos devanciers que chaque acte en Afrique comme en Côte d`Ivoire, chaque génération doit avoir le souci de léguer aux plus jeunes plus qu`elle n`a obtenu des anciens. Eux ont tout obtenu d`Houphouët et du Pdci-Rda. Que nous laissent-ils? Nous nous sommes investis corps et âmes dans ce combat pour réhabiliter le Pdci-Rda. Je ne pense pas que ces deux messieurs, extrêmement intelligents, vont nous faire assister un tel spectacle.
Est-ce que cette affaire de Banny ne pose pas le problème d`indiscipline au sein du Pdci?
Kkb : Je n`ai pas encore vu de voix significatives au Pdci-Rda qui appellent à aller à un congrès. Je constate tout simplement, et je le dis sans me gêner, qu`il y a un journal en Côte d`Ivoire qui s`amuse à ce jeu. Il y a un seul journal qui s`attaque au Pdci. Parce que, quand on se réveille tous les matins, il n`y a que dans un seul journal que des gens gardent l`anonymat pour attaquer le Pdci. Moi je suis là, un homme politique, je me méfie des gens qui me soutiennent en gardant l`anonymat.
Est-ce qu`il y a un problème d`indiscipline aujourd`hui qui guette le Pdci ou bien qui est déjà là?
Kkb : Non! Le bureau politique s`est tenu avant. Tout le monde s`est exprimé. Les femmes et jeunes ont parlé. Oui, il n’y a pas de problème d`indiscipline. Vous savez, nous sommes nombreux, je vous dis c`est l`expression de la démocratie au sein du parti. Eh bien, la pensée et l`expression sont libres. Chacun dit ce qu`il a envie de dire, mais le bureau politique a réaffirmé la position qu`elle a adoptée en 2007. C`est-à-dire la politique, c`est la scène appréciation des réalités du moment, bonne ou mauvaise.
Monsieur le président, moi j`ai une opinion contraire par rapport à cette indiscipline. Parce que vous même, vous avez giflé Gnamien Yao, il n’y a pas eu de sanction disciplinaire ?
Kkb : C`est vous qui le dites. D`abord, je n’ai jamais giflé Gnamien Yao.
Vous l`avez revendiqué ?
Kkb : Je ne l’ai jamais revendiqué. Si je l`avais fait, je vous l’aurais dit. Je vais vous dire une chose, il y a eu un incident. On n`est pas allé jusqu`à se porter main. Je vous explique à nouveau: Gnamien Yao, nous nous connaissons parfaitement. C`est Gnamien qui a créé au sein du Pdci-Rda, ce qu`on appelle ``Juda``. Est « Juda », celui qui s`attaque à Bédié, donc, un traite. Ceux-là ont subi les pires humiliations, n`oubliez pas que l`Udpci est née de là. On nous a accusés d`avoir frappé nos aînés. Qui, dans la frustration, ont créé leur parti. Chemin faisant, je me rends compte que le même Gnamien Yao, auteur du « judaïsme » s`attaque à Bédié tous les jours. Et, comme c`est ensemble qu’on avait conçu cela, j`ai dit à Gnamien, qui insultait Bédié, tous les jours, s`il devait être traité comme un juda ? Dès que j`ai dit ça, Gnamien a sauté par la fenêtre. Je comprends que lorsqu`il dit que je l`ai giflé, bon le Fpi peut lui donner beaucoup d`argent. Vous savez, s`attaquer à Bédié aujourd`hui, c`est une industrie qui nourrit son homme. Oui, je suis dans une vielle voiture, parce que je soutiens Bédié, si demain je m`attaque à Bédié, je reviendrai ici en 4x4 climatisé avec un salaire à la présidence de la République. Plus tu insultes Bédié, plus tu es nourri au Fpi. La semaine où tu n`attaques pas Bédié, cette semaine, ton robinet est fermé. Et la liste est longue: N`Zi Paul David, Laurent Dona Fologo, Gnamien Yao... Je suis désolé et ils le savent eux-mêmes, Gbagbo lui même n`est pas fier de vivre cette situation qui lui pèse extrêmement là-dessus. Tout cet argent qu`on prend à entretenir des équilibristes, des gens qui vendent leurs âmes alors que la Côte d`Ivoire a besoin d`université. Il n` y a pas d`eau potable, il y a le délestage, mais Gbagbo a l`argent pour entretenir tout ce monde. Ils ont retenu d`Houphouët Boigny que la générosité. Houphouët n`est plus, il faut qu`on trouve quelqu`un qui soit généreux sans le moindre effort. Est-ce que vous pensez tous les vingt (20) millions d`Ivoiriens peuvent s`adonner à une telle pratique. La Côte d`Ivoire va mal! Le vagabondage prend de l`ampleur.
Vous donnez le sentiment que le débat est clos, alors que le quotidien gouvernemental a écrit que Banny est bel et bien candidat !
Kkb : C`est dans l`intérêt du quotidien gouvernemental que Banny soit candidat. Vous ne pouvez pas empêcher ces choses là. Je vous dis pour l`instant, aucune voix significative au Pdci-Rda ne demande le congrès. Banny sera t-il candidat indépendant? C`est son droit, c`est un citoyen comme tout autre. Candidat du Pdci, ce n`est plus possible, puisqu`on a choisi déjà un candidat: Henri Konan Bédié. Mais supposons que ce débat ait lieu, on va ouvrir un cycle infernal parce qu`aujourd`hui si Banny réussi par extraordinaire à faire cela à Bédié, il est clair que Banny trouvera quelqu`un devant lui dans cinq ans pour lui faire la même chose. Et c`en est fini pour le Pdci-Rda. Si c`est ce qu`ils veulent, donc on va subir peut être, mais je ne pense pas que Banny puisse se donner à ce jeu.
A la dernière réunion du bureau politique, il semblerait que Banny a claqué la porte...
Kkb : Non, nous étions pratiquement voisins. Avant de se lever, j`ai suivi, Banny a fait appel au protocole du président Bédié, Jean Claude N`Dri et lui a chuchoté quelque chose à l`oreille. Jean Claude N`Dri est allé voir le président Bédié. C’est après que Banny est parti. Donc, il n`a pas claqué la porte. Banny est sorti avec l`autorisation qu`il a obtenue de Bédié. Je ne pense pas que Banny puisse claquer la porte à une réunion présidée par Bédié, cela ne peut pas être son éducation, ce n`est pas possible. Banny n`était d’ailleurs pas le seul à sortir avant la fin de la réunion.
Est-ce qu’une personnalité comme Banny qui est membre du bureau politique, qui a été premier ministre dans ce pays, gouverneur de la Bceao, mérite d’être traitée comme il l’a été au cours de la réunion du bureau politique ?
Kkb : Quand on décide de faire la politique, ces choses là ne comptent plus. Gouverneur de la Bceao, haut cadre de la République, cela ne compte plus. On est militant. Tous ceux qui étaient dans la salle sont membres du bureau politique. Je suis membre du bureau politique, je n`ai jamais été gouverneur de la Bceao. Donc quand on va au parti, on y va tous au même titre. Il n’y a pas de militants qui soit au dessus des autres. Cela n`existe pas. Quand Bédié dit quelque chose et qu’on n’est pas d’accord, on le dit. Bédié est revenu de Paris, ancien Président de République, président du Pdci chassé par les armes, il a été obligé d`aller aux élections contre son secrétaire général dans l`humilité. On ne vient pas au dessus de tout le monde, ce n`est pas possible. Nous sommes tous militants au même titre. Quand on rentre dans la salle du bureau politique, il n’y a pas de gouverneur, d’ancien président. On est tous membre du bureau politique et on se parle.
Est-ce que vous pensez que le fait qu`il a failli être lynché soit une bonne chose?
Kkb : Non, ce n`est pas possible. D`abord, je n’étais pas à la sortie, j`étais dans la salle du bureau politique. Donc, je n`ai pas été témoin, mais ce que je peux vous dire, c’est que quand vous avez réuni des centaines de jeunes pour vous acclamer, il peut en avoir pour faire autre chose. Ce sont les jeunes de la Fesci qui sont venus, crier et accompagner Banny au portail. A supposer que Banny soit candidat, est-ce qu’un étudiant de la Fesci proche de Gbagbo va voter pour lui? Cela ne sert à rien. Quand on sort de là, c`est dans les journaux du Fpi qu`on va faire ses éloges, le même Banny qui était banni hier.
Si vous dites qu’il n’a pas été bousculé, qu’est ce qui est arrivé alors ?
Kkb : Qu`est ce qui est arrivé? Rien n`est arrivé. Evidemment, les jeunes du Pdci ne peuvent pas bousculer leurs aînés, ce n`est pas possible. Je ne sais pas! Banny ne s`est jamais plaint qu`il a été bousculé. Et je n`étais pas au portail non plus. Oh, les gens écrivent beaucoup de choses.
Comment voyez vous la place de Banny au sein du Pdci?
Kkb : Banny a trop sa place. Il a son avenir dans le Pdci-Rda. Il a sa place et son avenir est garanti. A condition que nous tous, on se rende bien compte que c`est Gbagbo qui nous crée problème et qu’il faut le bousculer pour qu`on aille aux élections. Aussitôt qu`on part aux élections, Bédié réélu à 76 ans pour combien de temps ? Plus vite, on ira aux élections, plus cela vaudra pour tout le monde.
Ne va-t-il pas connaître le même sort que les Fologo et autres ?
Kkb : Non! Non! Banny n`a pas encore ouvert la bouche, il n`a encore rien fait. Pourquoi voulez- vous qu`il connaisse un sort? Banny ne connaîtra aucun sort. Sa place est au Pdci et il le sait. La preuve, je vais vous faire une confidence, quand Banny est revenu de la Bceao, pour venir servir comme premier ministre où a-t-il posé sa valise pour la première fois? C`est au Pdci-Rda! En nous disant que c`est ma maison. « Mon échec est votre échec, ma victoire et mon succès sont votre succès », avait-il dit à cette époque. Cette maison est la mienne. Je la revendique et j`y suis. On l`a accueilli à bras ouvert. La Jpdci était à sa disposition, tout le temps on était à la primature. Banny a sa place, son avenir est au Pdci et nulle part ailleurs.
Banny va-t-il succéder à Bédié à la tête du Pdci ?
Kkb : Ce n`est pas moi qui le dis. Pourquoi voulez vous qu`on dise maintenant qui va succéder à Bédié ? Bédié a été élu à la tête du Pdci. Tous ceux qui veulent succéder à Bédié doivent passer par le jeu démocratique.
Quel est le moral du président Bédié, comment analyse-t-il la situation, comment appréhende-t-il cela ?
Kkb : Bédié est serein.
La liste électorale provisoire a été affichée. Qu’est ce que cela représente pour vous? Êtes-vous satisfait de cette liste?
Kkb : Il y a tellement de son de cloche qu’on ne sait plus à quel saint se vouer. Attendons de voir. Je vous répondrez à la fin du contentieux.
La Cei a déclaré officiellement que désormais il y a une seule liste provisoire. Qu’en dites-vous ?
Kkb : Depuis les premiers jours, j`ai été clair : cette Cei ne m`inspire pas confiance et je ne suis pas sûr qu`elle nous amènera aux élections. Et je le dis sans état d`âme, parce qu`elle s`est sabordée elle-même. Elle ne jouit d`aucune autonomie, d’aucune liberté d`action. Elle s`est mise sous tutelle de Gbagbo. Cette Cei-là, autant elle se préoccupe de ce que Gbagbo ne conteste pas les résultats de leurs travaux, autant nous aussi, nous sommes en droit d`attendre que leur travail ne nous défavorise pas. La Cei doit être neutre !
Mais le président de la Cei est militant du Pdci ?
Kkb : Vous me direz que le président de la Cour suprême est militant du Fpi, donc ce qu`il doit dire c`est le Fpi ? Dès l`instant où Bakayoko est devenu président de la Cei, il n`est plus militant d`un parti politique.
A priori, vous doutez déjà des résultats des élections prochaines?
Kkb : Non, pas du tout! Je sais que s`il y a élection, le Pdci gagnera. Parce que je ne vois pas un seul Ivoirien après tout ce que nous avons vécu, tout ce que nous vivons, même dans les groupes de presse, qui va encore renouveler sa confiance au Fpi. Cela n`est pas possible. J`ai dit à Youssouf Bakayoko que les Ivoiriens le regardent, ce n`est même pas le Pdci. Mambé était là, il bousculait les choses, il était gênant, on a eu sa tête. Bakayoko est arrivé. Il va au rythme du chef de l`Etat. La preuve, tantôt c`est la Cei qui dit qu’on va aller aux élections, tantôt c`est Gbagbo qui dit qu’on ira aux élections. Et puis, la Cei ne réagit pas.
Réalisée par Amos BEONAHO, BAMBA Idrissa, Armand B. DEPEYLA et SYLLA Arouna (Coll. A. KOUADIO)
Quels commentaires, faites-vous des résultats de l`enquête du Parquet sur l`affaire Désiré Tagro?
Kouadio Konan Bertin: Pour être franc, je voudrais vous dire que je ne suis pas surpris du verdict que la justice ivoirienne a rendu. Le Pdci qui a eu la gestion de ce pays pendant près de quarante ans, s`est attelé à faire en sorte que le sentiment ethnique disparaisse au fur et à mesure pour qu`on arrive à bâtir une nation. Cela veut dire que quand on est aux commandes d`un tel pays, on fait attention aux décisions qu’on prend. On ne peut pas recruter dans l`armée nationale rien que sur la base de l`ethnie. Vous avez dix admis, quatorze admis dans un seul petit village qui ne compte que cinquante cases maximum. Mais je ne suis pas surpris de cette justice, de ce qui s`est passé. C`est une scène de trop, c`est une comédie de trop pour détourner notre attention sur l`essentiel.
C’est quoi l’essentiel, pour vous à la Jpdci ?
Kkb : L`essentiel pour nous, c`est comment sortir la Côte d`Ivoire de cet enlisement, de ce grand fossé, de cet embourbement. Comment sortir les Ivoiriens de là. C’est ça qui nous préoccupe. Ce verdict m`attriste. Parce que je constate qu`au sommet de l`Etat, le numéro deux d`un régime, comme ce régime-là, à la tête d`un pays comme la Côte d`Ivoire, ne peut pas s`adonner à des accusations aussi légères que fallacieuses. Sinon, je ne peux pas me réjouir parce que c`est un parti politique adversaire qui se déchire. Mais ce qui me désole et m`attriste, c`est ce désordre auquel nous assistons au sommet de l`Etat de Côte d`Ivoire. Cela n’honore pas le pays d’Houphouët-Boigny. Et c`est ce désordre là qui est à l`origine de tous les maux dont souffrent les Ivoiriens. Notre pays n`a jamais connu la guerre. La Côte d`Ivoire est tout simplement en désordre parce qu`elle a la malchance d`être dirigée par un parti de désordre comme le Fpi où chacun va dans son sens.
Si l`on vous suit, vous n`êtes pas surpris, vous êtes déçu. Donc, vous croyez que Tagro est coupable des faits qui ont été portés à sa charge?
Kkb : Koulibaly l’a dit. Mais en tant que journaliste, je suppose que depuis cette période, vous avez cherché à comprendre, à fouiller pour regarder et voir la vérité des choses. Koulibaly Mamadou a même demandé une enquête parlementaire. Ce sont les députés Fpi, manipulés par Tagro Désiré qui s`opposent à l`enquête parlementaire, sachant très bien, au préalable, ce que la justice allait dire. Notre justice est instrumentalisée. Elle est à la solde de quelques privilégiés. Et je vous dis tous les Ivoiriens n`ont pas un accès égal à notre justice. Et, c`est dommage! Mais un pays où tous les citoyens ne peuvent pas avoir un accès égal et équitable devant la justice, chaque citoyen va finir par devenir son propre justicier. Et c`est dangereux pour la Côte d`Ivoire! C`est cela qu’il faut craindre. Mais cette enquête ne peut pas dire la vérité, puisque des voix au sein du Fpi se sont élevées pour dire que ce sont des secrets d`Etat qu`il ne faut pas révéler. Supposez que le parquet vienne confirmer ce qu`avait dit Mamadou Koulibaly, que devient le Fpi ? Le Fpi a préféré sauver l`apparence pour masquer la vérité. Parce que c`était la survie du parti même qui en dépendait.
Le Pdci fait face à une crise, avec notamment l`ancien premier ministre Charles Konan Banny vu comme une personnalité voulant ravir la place à Henri Konan Bédié. Aujourd`hui, quelle est la situation réelle au sein de votre parti ?
Kkb : Quand vous me regardez, vous voyez bien que je suis serein, parce que contrairement à ceux qui s`adonnent à la spéculation, nous avons appris à connaître le Pdci-Rda que nous pratiquons depuis bientôt vingt (20) ans. S`il vous plait, je comprends qu`aujourd`hui, au sein du Pdci-Rda, le désordre dans le pays soit venu créer comme une sorte de bouchon. Et, de plus en plus, beaucoup prennent de l`âge et s`interrogent sur leur avenir. On parle souvent de Charles Konan Banny. Je comprends que les uns et les autres voient qu`ils ont perdu dix (10) ans et il n`y a pas qu’eux qui perdent dix ans. Tous les jeunes qui avaient trente (30) ans en 2000, aujourd`hui en ont quarante (40). Tous les jeunes qui en avaient quarante (40) en ont cinquante (50). Vous savez que l`âge de la retraite en Côte d`Ivoire, c`est 55 ans. C`est jusqu`à trois générations de jeunes qui risquent d`aller à la retraite sans avoir jamais eu la chance de travailler dans ce pays. Les gens deviennent de plus en plus impatients, parce qu`on ne sait quand on va aller à des élections. D`autres avoisinent 70 ans. Ils se demandent à quel âge ils vont être candidat. Eux aussi veulent servir la Côte d`Ivoire. Mais à qui la faute? La faute n`est pas à monsieur Bédié ! Ce que nous devons faire, c’est amener ce régime qui, visiblement, ne veut pas aller aux élections -parce qu`il n`a pas intérêt à aller aux élections- à organiser le scrutin. Et, c`est là que le Pdci pèche. J`ai participé à tous les combats de ces dix (10) dernières années du Pdci. Depuis 1999, quand Bédié était en exil, on a traversé des périodes plus difficiles que celles là. N`oubliez pas que le Pdci, à un moment donné, s’est sabordé en reniant son candidat, son président, en le mettant en congé. On a traversé des situations difficiles. Malgré tout cela, Henri Konan Bédié est revenu. J`ai souvent dit que Dieu nous envoie individuellement sur terre et qu`il confie à chacun une mission. C`est parce qu`on ne fait pas attention. Mais il nous parle. Chacun de nous a un destin et nul ne peut empêcher que le destin d`autrui se réalise. Il me semble que Bédié a un destin national. Un homme comme Bédié, qu`il soit négatif ou qu`il soit incapable, Bédié a un destin. Ce destin est intimement lié à celui de la Côte d`Ivoire. La Côte d`Ivoire n`a plus jamais connu la paix depuis qu’il a été renversé en 1999. J`ai vu beaucoup d`Ivoiriens applaudir en 1999, scander et danser. Oui ils étaient heureux. Etaient-ils heureux pourquoi ? Est-ce que si vous allez aujourd`hui à la Rti, que vous retrouvez ces cassettes de ces Ivoiriens qui jubilaient en 99, vous leur demandez s`ils étaient tous prêts à recommencer, il n’y a pas un seul qui vous dira oui.
Vous avez toujours dit qu`il n’y aura pas de guerre des « Konan » au Pdci. Avec ce que nous venons de voir lors de la dernière réunion du bureau politique, est ce que les faits qui se sont produits ce jour ne vous donnent pas tort?
Kkb : Je continue de vous dire que la guerre des « Konan » n`aura pas lieu. Honnêtement, croyez-moi quand je le dis. Vous imaginez Monsieur Konan Bédié, Monsieur Konan Banny servir ce triste acte aux jeunes du Pdci-Rda. Houphouët n`a pas gouverné pour nous. Nous n`avons pas connu Houphouët, mais il a dit à nos devanciers que chaque acte en Afrique comme en Côte d`Ivoire, chaque génération doit avoir le souci de léguer aux plus jeunes plus qu`elle n`a obtenu des anciens. Eux ont tout obtenu d`Houphouët et du Pdci-Rda. Que nous laissent-ils? Nous nous sommes investis corps et âmes dans ce combat pour réhabiliter le Pdci-Rda. Je ne pense pas que ces deux messieurs, extrêmement intelligents, vont nous faire assister un tel spectacle.
Est-ce que cette affaire de Banny ne pose pas le problème d`indiscipline au sein du Pdci?
Kkb : Je n`ai pas encore vu de voix significatives au Pdci-Rda qui appellent à aller à un congrès. Je constate tout simplement, et je le dis sans me gêner, qu`il y a un journal en Côte d`Ivoire qui s`amuse à ce jeu. Il y a un seul journal qui s`attaque au Pdci. Parce que, quand on se réveille tous les matins, il n`y a que dans un seul journal que des gens gardent l`anonymat pour attaquer le Pdci. Moi je suis là, un homme politique, je me méfie des gens qui me soutiennent en gardant l`anonymat.
Est-ce qu`il y a un problème d`indiscipline aujourd`hui qui guette le Pdci ou bien qui est déjà là?
Kkb : Non! Le bureau politique s`est tenu avant. Tout le monde s`est exprimé. Les femmes et jeunes ont parlé. Oui, il n’y a pas de problème d`indiscipline. Vous savez, nous sommes nombreux, je vous dis c`est l`expression de la démocratie au sein du parti. Eh bien, la pensée et l`expression sont libres. Chacun dit ce qu`il a envie de dire, mais le bureau politique a réaffirmé la position qu`elle a adoptée en 2007. C`est-à-dire la politique, c`est la scène appréciation des réalités du moment, bonne ou mauvaise.
Monsieur le président, moi j`ai une opinion contraire par rapport à cette indiscipline. Parce que vous même, vous avez giflé Gnamien Yao, il n’y a pas eu de sanction disciplinaire ?
Kkb : C`est vous qui le dites. D`abord, je n’ai jamais giflé Gnamien Yao.
Vous l`avez revendiqué ?
Kkb : Je ne l’ai jamais revendiqué. Si je l`avais fait, je vous l’aurais dit. Je vais vous dire une chose, il y a eu un incident. On n`est pas allé jusqu`à se porter main. Je vous explique à nouveau: Gnamien Yao, nous nous connaissons parfaitement. C`est Gnamien qui a créé au sein du Pdci-Rda, ce qu`on appelle ``Juda``. Est « Juda », celui qui s`attaque à Bédié, donc, un traite. Ceux-là ont subi les pires humiliations, n`oubliez pas que l`Udpci est née de là. On nous a accusés d`avoir frappé nos aînés. Qui, dans la frustration, ont créé leur parti. Chemin faisant, je me rends compte que le même Gnamien Yao, auteur du « judaïsme » s`attaque à Bédié tous les jours. Et, comme c`est ensemble qu’on avait conçu cela, j`ai dit à Gnamien, qui insultait Bédié, tous les jours, s`il devait être traité comme un juda ? Dès que j`ai dit ça, Gnamien a sauté par la fenêtre. Je comprends que lorsqu`il dit que je l`ai giflé, bon le Fpi peut lui donner beaucoup d`argent. Vous savez, s`attaquer à Bédié aujourd`hui, c`est une industrie qui nourrit son homme. Oui, je suis dans une vielle voiture, parce que je soutiens Bédié, si demain je m`attaque à Bédié, je reviendrai ici en 4x4 climatisé avec un salaire à la présidence de la République. Plus tu insultes Bédié, plus tu es nourri au Fpi. La semaine où tu n`attaques pas Bédié, cette semaine, ton robinet est fermé. Et la liste est longue: N`Zi Paul David, Laurent Dona Fologo, Gnamien Yao... Je suis désolé et ils le savent eux-mêmes, Gbagbo lui même n`est pas fier de vivre cette situation qui lui pèse extrêmement là-dessus. Tout cet argent qu`on prend à entretenir des équilibristes, des gens qui vendent leurs âmes alors que la Côte d`Ivoire a besoin d`université. Il n` y a pas d`eau potable, il y a le délestage, mais Gbagbo a l`argent pour entretenir tout ce monde. Ils ont retenu d`Houphouët Boigny que la générosité. Houphouët n`est plus, il faut qu`on trouve quelqu`un qui soit généreux sans le moindre effort. Est-ce que vous pensez tous les vingt (20) millions d`Ivoiriens peuvent s`adonner à une telle pratique. La Côte d`Ivoire va mal! Le vagabondage prend de l`ampleur.
Vous donnez le sentiment que le débat est clos, alors que le quotidien gouvernemental a écrit que Banny est bel et bien candidat !
Kkb : C`est dans l`intérêt du quotidien gouvernemental que Banny soit candidat. Vous ne pouvez pas empêcher ces choses là. Je vous dis pour l`instant, aucune voix significative au Pdci-Rda ne demande le congrès. Banny sera t-il candidat indépendant? C`est son droit, c`est un citoyen comme tout autre. Candidat du Pdci, ce n`est plus possible, puisqu`on a choisi déjà un candidat: Henri Konan Bédié. Mais supposons que ce débat ait lieu, on va ouvrir un cycle infernal parce qu`aujourd`hui si Banny réussi par extraordinaire à faire cela à Bédié, il est clair que Banny trouvera quelqu`un devant lui dans cinq ans pour lui faire la même chose. Et c`en est fini pour le Pdci-Rda. Si c`est ce qu`ils veulent, donc on va subir peut être, mais je ne pense pas que Banny puisse se donner à ce jeu.
A la dernière réunion du bureau politique, il semblerait que Banny a claqué la porte...
Kkb : Non, nous étions pratiquement voisins. Avant de se lever, j`ai suivi, Banny a fait appel au protocole du président Bédié, Jean Claude N`Dri et lui a chuchoté quelque chose à l`oreille. Jean Claude N`Dri est allé voir le président Bédié. C’est après que Banny est parti. Donc, il n`a pas claqué la porte. Banny est sorti avec l`autorisation qu`il a obtenue de Bédié. Je ne pense pas que Banny puisse claquer la porte à une réunion présidée par Bédié, cela ne peut pas être son éducation, ce n`est pas possible. Banny n`était d’ailleurs pas le seul à sortir avant la fin de la réunion.
Est-ce qu’une personnalité comme Banny qui est membre du bureau politique, qui a été premier ministre dans ce pays, gouverneur de la Bceao, mérite d’être traitée comme il l’a été au cours de la réunion du bureau politique ?
Kkb : Quand on décide de faire la politique, ces choses là ne comptent plus. Gouverneur de la Bceao, haut cadre de la République, cela ne compte plus. On est militant. Tous ceux qui étaient dans la salle sont membres du bureau politique. Je suis membre du bureau politique, je n`ai jamais été gouverneur de la Bceao. Donc quand on va au parti, on y va tous au même titre. Il n’y a pas de militants qui soit au dessus des autres. Cela n`existe pas. Quand Bédié dit quelque chose et qu’on n’est pas d’accord, on le dit. Bédié est revenu de Paris, ancien Président de République, président du Pdci chassé par les armes, il a été obligé d`aller aux élections contre son secrétaire général dans l`humilité. On ne vient pas au dessus de tout le monde, ce n`est pas possible. Nous sommes tous militants au même titre. Quand on rentre dans la salle du bureau politique, il n’y a pas de gouverneur, d’ancien président. On est tous membre du bureau politique et on se parle.
Est-ce que vous pensez que le fait qu`il a failli être lynché soit une bonne chose?
Kkb : Non, ce n`est pas possible. D`abord, je n’étais pas à la sortie, j`étais dans la salle du bureau politique. Donc, je n`ai pas été témoin, mais ce que je peux vous dire, c’est que quand vous avez réuni des centaines de jeunes pour vous acclamer, il peut en avoir pour faire autre chose. Ce sont les jeunes de la Fesci qui sont venus, crier et accompagner Banny au portail. A supposer que Banny soit candidat, est-ce qu’un étudiant de la Fesci proche de Gbagbo va voter pour lui? Cela ne sert à rien. Quand on sort de là, c`est dans les journaux du Fpi qu`on va faire ses éloges, le même Banny qui était banni hier.
Si vous dites qu’il n’a pas été bousculé, qu’est ce qui est arrivé alors ?
Kkb : Qu`est ce qui est arrivé? Rien n`est arrivé. Evidemment, les jeunes du Pdci ne peuvent pas bousculer leurs aînés, ce n`est pas possible. Je ne sais pas! Banny ne s`est jamais plaint qu`il a été bousculé. Et je n`étais pas au portail non plus. Oh, les gens écrivent beaucoup de choses.
Comment voyez vous la place de Banny au sein du Pdci?
Kkb : Banny a trop sa place. Il a son avenir dans le Pdci-Rda. Il a sa place et son avenir est garanti. A condition que nous tous, on se rende bien compte que c`est Gbagbo qui nous crée problème et qu’il faut le bousculer pour qu`on aille aux élections. Aussitôt qu`on part aux élections, Bédié réélu à 76 ans pour combien de temps ? Plus vite, on ira aux élections, plus cela vaudra pour tout le monde.
Ne va-t-il pas connaître le même sort que les Fologo et autres ?
Kkb : Non! Non! Banny n`a pas encore ouvert la bouche, il n`a encore rien fait. Pourquoi voulez- vous qu`il connaisse un sort? Banny ne connaîtra aucun sort. Sa place est au Pdci et il le sait. La preuve, je vais vous faire une confidence, quand Banny est revenu de la Bceao, pour venir servir comme premier ministre où a-t-il posé sa valise pour la première fois? C`est au Pdci-Rda! En nous disant que c`est ma maison. « Mon échec est votre échec, ma victoire et mon succès sont votre succès », avait-il dit à cette époque. Cette maison est la mienne. Je la revendique et j`y suis. On l`a accueilli à bras ouvert. La Jpdci était à sa disposition, tout le temps on était à la primature. Banny a sa place, son avenir est au Pdci et nulle part ailleurs.
Banny va-t-il succéder à Bédié à la tête du Pdci ?
Kkb : Ce n`est pas moi qui le dis. Pourquoi voulez vous qu`on dise maintenant qui va succéder à Bédié ? Bédié a été élu à la tête du Pdci. Tous ceux qui veulent succéder à Bédié doivent passer par le jeu démocratique.
Quel est le moral du président Bédié, comment analyse-t-il la situation, comment appréhende-t-il cela ?
Kkb : Bédié est serein.
La liste électorale provisoire a été affichée. Qu’est ce que cela représente pour vous? Êtes-vous satisfait de cette liste?
Kkb : Il y a tellement de son de cloche qu’on ne sait plus à quel saint se vouer. Attendons de voir. Je vous répondrez à la fin du contentieux.
La Cei a déclaré officiellement que désormais il y a une seule liste provisoire. Qu’en dites-vous ?
Kkb : Depuis les premiers jours, j`ai été clair : cette Cei ne m`inspire pas confiance et je ne suis pas sûr qu`elle nous amènera aux élections. Et je le dis sans état d`âme, parce qu`elle s`est sabordée elle-même. Elle ne jouit d`aucune autonomie, d’aucune liberté d`action. Elle s`est mise sous tutelle de Gbagbo. Cette Cei-là, autant elle se préoccupe de ce que Gbagbo ne conteste pas les résultats de leurs travaux, autant nous aussi, nous sommes en droit d`attendre que leur travail ne nous défavorise pas. La Cei doit être neutre !
Mais le président de la Cei est militant du Pdci ?
Kkb : Vous me direz que le président de la Cour suprême est militant du Fpi, donc ce qu`il doit dire c`est le Fpi ? Dès l`instant où Bakayoko est devenu président de la Cei, il n`est plus militant d`un parti politique.
A priori, vous doutez déjà des résultats des élections prochaines?
Kkb : Non, pas du tout! Je sais que s`il y a élection, le Pdci gagnera. Parce que je ne vois pas un seul Ivoirien après tout ce que nous avons vécu, tout ce que nous vivons, même dans les groupes de presse, qui va encore renouveler sa confiance au Fpi. Cela n`est pas possible. J`ai dit à Youssouf Bakayoko que les Ivoiriens le regardent, ce n`est même pas le Pdci. Mambé était là, il bousculait les choses, il était gênant, on a eu sa tête. Bakayoko est arrivé. Il va au rythme du chef de l`Etat. La preuve, tantôt c`est la Cei qui dit qu’on va aller aux élections, tantôt c`est Gbagbo qui dit qu’on ira aux élections. Et puis, la Cei ne réagit pas.
Réalisée par Amos BEONAHO, BAMBA Idrissa, Armand B. DEPEYLA et SYLLA Arouna (Coll. A. KOUADIO)
