Le juge appelle à la barre Koko César Alberty. Un homme de 31 ans se présente. Il est poursuivi pour vol portant sur la somme de 20 mille francs, au domicile de Bayou Anatole. On appelle ensuite la victime puis Ozigré Dimitri le témoin. Ce dernier, s'approche de la barre et tend une bible (nouveau testament) à César. Une invitation au prévenu à avoir un comportement à l'image de son homonyme César, personnage du livre saint. «Cela lui permettra de changer car il a besoin de la parole de Dieu», déclare le donateur qui est responsable d'église dans le village de Gbigbikou, où le vol a été perpétré. C'était le 15 juillet 2010. César qui est originaire d'un autre village, fait une descente à Gbigbikou pour, selon lui, saluer un ami dont il venait de faire la connaissance la veille à l'occasion d'une veillée funèbre. Plutôt que de rentrer chez lui pour se reposer, César débarque chez Bayou pendant que celui-ci est absent. En témoignent les fenêtres et porte closes. « J'étais au champ pour suivre des travaux. Mon état de santé ne me permettait pas d'y rester longtemps. Je suis donc rentré à la maison plus tôt que d'habitude», raconte Bayou. Lorsqu'il arrive au seuil de sa maison, il constate que la porte a été forcée de l'extérieur”. Toutes mes affaires étaient sens dessus dessous. Je me précipite pour vérifier si les 20 mille francs que j'ai mis en lieu sûr étaient encore disponibles. Hélas, rien », se plaint-il. Cette somme était destinée au greffage de sa plantation d'hévéas. Le temps de se remettre de ses émotions, il entend un bruit du côté de la fenêtre. Le voleur vient de sauter la clôture. Bayou sort et donne l'alerte. Le fugitif n'a pas le temps d'aller bien loin, rattrapé par la clameur publique. Il est soumis à une fouille corporelle qui ne donne rien. «Nous avons trouvé sur lui un billet de deux mille francs. Ce billet est celui de ma femme. Pour moi c'était deux billets de 10 mille francs. Je ne sais pas où il a pu bien les cacher», s'inquiète la victime. Où César a-t-il dissimilé l'argent ? Pour lui, il n'a rien à se reprocher. «Je passais ma route dans ce village quand tout d'un coup, j'entends une clameur dans mon dos. Des jeunes me couraient après, munis de bâtons pour les uns et de machettes pour les autres. Ils m'ont battu avant de m'envoyer chez le chef», relate César, en se faisant passer pour un accusé à tort. «On l'a vu descendre par la fenêtre pour s'enfuir, raison pour laquelle il a été pourchassé. Il est vrai que les jeunes lui en voulaient mais nous avons pu les ramener à la raison », intervient le généreux donateur de la bible. C'est un acte de flagrant délit pour lequel César doit payer. 10 ans de privation de droit, 5 ans d'interdiction de paraître sur le territoire national, 50 mille francs d'amende. Tout cela couronné par 3 mois de prison ferme. Pendant cet isolement César aura pour compagnon sa bible. Bonne lecture.
Alain Kpapo à Gagnoa
Alain Kpapo à Gagnoa
