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Politique Publié le mercredi 11 août 2010 | L’expression

Djibril Bassolé, Médiateur conjoint Union Africaine- Organisation des Nations Unies pour le Darfour - «Blaise Compaoré n’abandonnera pas la Côte d’Ivoire»

Le Médiateur conjoint Union Africaine- Organisation des Nations Unies (UA-Onu) pour le Darfour, Djibril Bassolé était récemment en séjour en Côte d’Ivoire. L’ancien ministre burkinabè des Affaires étrangères et de la Coopération régionale qui a pris une part active aux toutes premières négociations ayant abouti au dialogue direct inter ivoirien et à l’Accord politique de Ouagadougou (APO), s’est entretenu le lundi 9 août 2010 avec le Représentant spécial du Facilitateur Monsieur Boureima Badini. Au centre des échanges entre les deux hommes, l’état d’avancement du processus de sortie de crise en Côte d’Ivoire. A l’issue de la rencontre, Monsieur Djibril a bien voulu nous accorder cet entretien sur la sortie de crise en Côte d’Ivoire et sur le processus de négociation au Darfour.

Vous avez été aux premières heures des négociations, l’un des principaux artisans de l’Accord politique de Ouagadougou (Apo), né du dialogue direct inter ivoirien et signé le 7 mars 2007.Trois ans après la signature dudit accord, quelle lecture faites-vous de l’évolution de la situation en Côte d’Ivoire?

Je ne pense pas que j’ai été un acteur, j’ai été certainement dans l’équipe qui a facilité le dialogue, mais les acteurs principaux sont les Ivoiriens eux-mêmes. Avec l’appui du président Blaise Compaoré, ils ont réussi, par l’entremise de ce dialogue direct, à poser les jalons de la paix. Mon frère Badini est certainement mieux placé pour faire un bilan de la mise en œuvre de cet accord. Je pense que les dernières évolutions, surtout le fait que le gouvernement ait pu fixer une date pour l’élection présidentielle indique que la mise en œuvre de ce processus qui, malgré les lenteurs, malgré les obstacles, se déroule bien et très bientôt, on aboutira à l’élection présidentielle qui est censé mettre un terme à ce processus de sortie de crise.

Une partie de l’opinion en Côte d’Ivoire estime que l’Accord politique de Ouagadougou est un échec. Quel est votre avis?

Non ! Un échec? Je ne dirais pas ça. Je pense qu’ils sont trop sévères ceux qui font cette affirmation. Il faut savoir que l’Apo a restauré la confiance et la sécurité en même temps que le pays s’est réunifié. Le Premier ministre Guillaume Soro est toujours en poste et il faut voir que cette désignation de Monsieur Soro au poste de Premier ministre a été la pierre angulaire de cet accord de paix. Le recensement électoral ainsi que tout le processus d’identification se sont bien déroulés. Les acteurs techniques que sont la Sagem et l’Ins ont été choisis d’un commun accord par les parties et aujourd’hui, je pense que le résultat de leur travail est fort appréciable. Maintenant, il reste la dernière étape comme nous l’avons indiqué, qui est l’élection présidentielle. Naturellement, comme toute élection, il y a des suspicions de part et d’autre ; il y a une compétition pour le pouvoir qui se développe. Mais tout ceci évidemment est compréhensible. Je ne pense pas que les difficultés à la tenue de l’élection présidentielle en elles-mêmes soient un signe d’échec, au contraire cela veut dire que les parties prenantes y croient, les parties prenantes s’engagent dans le processus électoral. Il nous reste maintenant à faire en sorte que cette élection se déroule dans de bonnes conditions et qu’elle puisse finalement réconcilier les Ivoiriens. Donc je pense que globalement, l’Accord politique de Ouagadougou a produit tous ses effets bénéfiques et il appartient maintenant aux acteurs, au facilitateur et à la communauté internationale de veiller à ce que la dernière étape se déroule bien.

Le président du Faso, en sa qualité de Facilitateur, a laissé entendre récemment qu’il pourrait reconsidérer son rôle dans le processus de sortie de crise si l’élection présidentielle ne se tient pas avant la fin de 2010. Que pensez-vous de cette déclaration?

Non, je ne crois pas que le président Blaise Compaoré puisse en arriver à se dégager totalement de ce processus. Il en est un des acteurs et puis aussi pour ce que la Côte d’Ivoire représente pour le Burkina Faso, je pense que le président du Faso assumera sa responsabilité historique jusqu’au bout. Maintenant, il est évident que les parties prenantes, sur cette question précise, la tenue de l’élection présidentielle, doivent se déterminer pour que ce scrutin ait lieu effectivement. Sinon, on pourrait assister à la persistance de cette crise sous d’autres formes. C’est la raison pour laquelle je pense qu’il a dû donner un peu de la voix pour que les parties concernées puissent réunir les conditions afin d’aller à cette élection. Mais je ne crois pas qu’il puisse délibérément abandonner, à mi-parcours, les acteurs ivoiriens. Je pense qu’il les accompagnera jusqu’au bout.

Vous êtes le médiateur conjoint Union Africaine-organisation des Nations Unies (Ua-Onu) pour le Darfour. Pouvez-vous nous parler de l’évolution du processus de négociation?

Le processus de négociation au Darfour continue ; évidemment, le contexte n’est pas du tout le même que celui que nous avons connu en Côte d’Ivoire. Le rapprochement entre le Tchad et le Soudan, le fait que le président Idriss Deby a décidé de renouer des rapports de fraternité avec le président Béchir a beaucoup contribué à l’évolution de l’environnement et de paix au Darfour. Mais tout n’est pas pour autant réglé. Il reste que les rebelles continuent le dialogue avec le gouvernement pour aboutir à un cessez-le-feu global et à une sécurisation du Darfour. Il reste aussi que la communauté internationale, la médiation et le pays hôte qu’est le Qatar appuient les efforts de réinsertion socio-économiques et de développement. Nous sommes en bonne voie ; les discussions se déroulent, même si des acteurs importants de cette crise ne sont pas encore à la table de négociation. Les efforts des prochaines semaines viseront à les convaincre de revenir à la table de négociation. Mais le processus de négociation de Doa dans son ensemble suit son cours et je pense que d’ici la fin de l’année, nous pourrons finaliser ce processus de dialogue politique.

Des éléments du contingent burkinabè au Darfour ont été récemment victimes d’une embuscade qui a fait des blessés. Peut-on avoir plus de précisions?

Les incidents existent toujours au Darfour. Il n’est pas rare que des accrochages de ce genre, des enlèvements ou même des assassinats crapuleux tout simplement surviennent. Il faut dire qu’il y a aussi un très haut niveau de banditisme qui se développe dans la zone et je félicite le contingent burkinabè qui a eu une réaction professionnelle. Evidemment, il y a eu quelques blessés ; le contingent burkinabè s’est bien tenu, s’est bien comporté et je pense que dans leur secteur, on peut dire que la sécurité prévaut. D’une manière générale, la contribution du Burkina Faso est très appréciée de ce que j’entends, que ce soit au niveau de la communauté internationale, ou que ce soit au niveau du Soudan, on a une appréciation très positive du rôle que le contingent burkinabè joue au Darfour.


Entretien réalisé par
JB Ilboudo à Abidjan


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Svp légende photo/ Le Médiateur conjoint Ua-Onu pour le Darfour, Djibril Bassolé et le Représentant spécial du Facilitateur en Côte d’Ivoire, Boureima Badini.





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