La guerre survenue en septembre 2002 ne nous a-t-elle pas laissé d’enseignements sur la nécessité du renforcement de l’unité nationale ? L’enjeu de la présidentielle annoncée pour le 31 octobre 2010 est-il parvenu à annihiler la lutte contre l’oubli qui peut provoquer une nouvelle tragédie ? Tout laisse le croire au regard des clameurs qui s’emparent du pays par la faute du Front Populaire Ivoirien. Depuis un bon moment, la nation est en branle. D’Abidjan aux villes de l’intérieur, en passant par les bourgades les plus reculées, le parti socialiste, dans le cadre de la vérification sur la liste électorale, ne finit pas de brandir des Ivoiriens à part entière, comme des Ivoiriens « entièrement à part », sortes de fraudeurs de la nationalité ivoirienne et des étrangers voulant prendre part au processus électoral. A Gagnoa, Daloa, Issia, Soubré, Taabo, Alépé, Ayamé, Oumé, pour ne citer que ces villes, la fièvre ne finit pas de monter. Des individus, foulant aux pieds, le mode de contestation, relèvent, pour la somme de 1000 CFA la requête, les noms à consonance nordique, que des magistrats aux ordres, avec la complicité de certaines municipalités, radient purement et simplement de la liste électorale provisoire. Alors qu’il est clairement établi que c’est l’accusateur qui doit fournir les preuves de l’accusation, on passe outre cette exigence, pour faire arrêter des citoyens montrés à la face de la nation comme des usurpateurs de l’identité ivoirienne. Dans les villages, on a recours aux chefs, pour dire qu’un individu, parce que non natif du village, n’est pas Ivoirien. Comme par le passé, ce sont des pans de populations originaires du Nord qui se précisent comme les victimes expiatoires de la folie électoraliste de la refondation. Dès que vous vous appelez Touré, Koné, Diabaté, Diakité, vous êtes présentés comme un étranger parce qu’on trouve ces noms au Mali, en Guinée, au Burkina Faso. Comme si des régions de la Côte d’Ivoire ne faisaient pas frontières avec des Etats comme le Liberia et le Ghana. Sous nos yeux donc, on assiste au retour des délits de faciès et de patronyme. Sur délation, des citoyens sont arrêtés et jetés en prison, sous le fallacieux prétexte qu’ils ne sont pas des natifs de la Côte d’Ivoire. Prestement, des juges, des sous-préfets, des maires et autres chefs de villages s’activent à extraire des électeurs jugés non acquis à la cause du FPI, de la liste électorale. A l’approche de la présidentielle, une frénésie sans commune mesure s’empare du pays, mettant en mal la cohésion nationale. Le FPI, en manque d’arguments pour convaincre les Ivoiriens, a choisi de rallumer la poudrière identitaire, de catégoriser les Ivoiriens, en vue de provoquer des blocages sur la voie de la présidentielle. Il ne faut certainement pas se méprendre sur cette donne. L’alerte a bel et bien été donnée par Laurent Gbagbo, au cours d’un meeting à Agboville en 2005. Il avait mis ses partisans en ordre de bataille, à travers des propos sans ambigüité : « Nous ne devons pas perdre les élections à venir. Avant, on n’avait rien. Maintenant, on a un peu. Videz vos poches et débusquez partout les fraudeurs ». A défaut de mettre la main sur des « étrangers fraudeurs », il faut traquer tous ceux qui leur ressemblent, soit par le faciès, soit par le patronyme.
L’historien espère
une répétition de l’histoire
A notre corps défendant, on assiste au retour de l’Ivoirité et du nationalisme étriqué, qui ont failli perdre la Côte d’Ivoire. Il faut le dire tout net ! Le FPI n’est pas à son premier essai. Le repli identitaire, par trop réducteur, fonde la marche de cette formation d’un faux socialisme. Déjà en janvier 2005, se sentant perdants à la présidentielle, Laurent Gbagbo et le FPI ont inauguré cette trouvaille, par l’entremise du « front patriotique ». A l’ex- AITACI, aux senteurs de l’exclusion et du sectarisme, Laurent Gbagbo était venu, avec sous le bras, un carton de cartes d’identité que lui aurait remis un policier et avait présenté des Ivoiriens comme des « étrangers » voulant prendre part à nos élections. A l’exposition de « ce butin de guerre », nombreux sont les journalistes à avoir vu les pièces de confrères bien connus et de citoyens à part entière qu’on a vite fait de brandir comme des étrangers, pour les besoins de la cause. A l’approche de la présente présidentielle, on reprend le même combat, avec à l’idée que l’histoire va se répéter, pour la gloire de l’ancien opposant historique. Cette option, véritablement, ouvre la voie à un grand péril qui pourrait s’abattre sur la Côte d’Ivoire. Pour qui a vu les méfaits de l’Ivoirité consécutive à la disparition du président Félix Houphouët Boigny et le drame vécue sous la transition noyautée et dévoyée par le FPI, le danger de conflagration sociale est grand pour la Côte d’Ivoire. Pour un pays qui a connu un coup d’Etat et une guerre dont nous essayons de sortir sous la houlette du premier ministre Guillaume Soro, qui conduit avec conviction le processus de paix, il faut craindre la montée de l’adrénaline avec la résurgence de la question identitaire. Cette donne qui est au cœur du lourd contentieux revient au galop, sous la houlette des mêmes instigateurs et initiateurs, à savoir le FPI et ses satellites. A voir ces politiciens d’un autre ordre s’exciter de la sorte, c’est à se demander si les uns et les autres ont tiré les bonnes leçons de la guerre qui a frappé notre pays en septembre 2002. Comme des gens sans mémoire et sans souvenance, les actants de l’exclusion reprennent leurs manœuvres. Ceux qui voulaient réduire et ramener la République au village remettent au goût du jour, leur science du pire. Oubliant que les mêmes causes sont en passe de produire les mêmes effets. N’ayant pas à l’idée que partout dans le monde, les questions identitaires, surtout le refus de reconnaitre l’autre comme un national, ont conduit des peuples aux plus grandes tragédies, le FPI joue avec le feu. Au lieu de convaincre les Ivoiriens à adhérer à leur programme de gouvernement, les frontistes, fonctionnant sur la base du vote tribal, veulent exclure de pans entiers de populations du processus électoral. Ouvrant par cette action, la boîte de Pandore qui a déjà provoqué de sombres parenthèses dans notre destin.
Bakary Nimaga
L’historien espère
une répétition de l’histoire
A notre corps défendant, on assiste au retour de l’Ivoirité et du nationalisme étriqué, qui ont failli perdre la Côte d’Ivoire. Il faut le dire tout net ! Le FPI n’est pas à son premier essai. Le repli identitaire, par trop réducteur, fonde la marche de cette formation d’un faux socialisme. Déjà en janvier 2005, se sentant perdants à la présidentielle, Laurent Gbagbo et le FPI ont inauguré cette trouvaille, par l’entremise du « front patriotique ». A l’ex- AITACI, aux senteurs de l’exclusion et du sectarisme, Laurent Gbagbo était venu, avec sous le bras, un carton de cartes d’identité que lui aurait remis un policier et avait présenté des Ivoiriens comme des « étrangers » voulant prendre part à nos élections. A l’exposition de « ce butin de guerre », nombreux sont les journalistes à avoir vu les pièces de confrères bien connus et de citoyens à part entière qu’on a vite fait de brandir comme des étrangers, pour les besoins de la cause. A l’approche de la présente présidentielle, on reprend le même combat, avec à l’idée que l’histoire va se répéter, pour la gloire de l’ancien opposant historique. Cette option, véritablement, ouvre la voie à un grand péril qui pourrait s’abattre sur la Côte d’Ivoire. Pour qui a vu les méfaits de l’Ivoirité consécutive à la disparition du président Félix Houphouët Boigny et le drame vécue sous la transition noyautée et dévoyée par le FPI, le danger de conflagration sociale est grand pour la Côte d’Ivoire. Pour un pays qui a connu un coup d’Etat et une guerre dont nous essayons de sortir sous la houlette du premier ministre Guillaume Soro, qui conduit avec conviction le processus de paix, il faut craindre la montée de l’adrénaline avec la résurgence de la question identitaire. Cette donne qui est au cœur du lourd contentieux revient au galop, sous la houlette des mêmes instigateurs et initiateurs, à savoir le FPI et ses satellites. A voir ces politiciens d’un autre ordre s’exciter de la sorte, c’est à se demander si les uns et les autres ont tiré les bonnes leçons de la guerre qui a frappé notre pays en septembre 2002. Comme des gens sans mémoire et sans souvenance, les actants de l’exclusion reprennent leurs manœuvres. Ceux qui voulaient réduire et ramener la République au village remettent au goût du jour, leur science du pire. Oubliant que les mêmes causes sont en passe de produire les mêmes effets. N’ayant pas à l’idée que partout dans le monde, les questions identitaires, surtout le refus de reconnaitre l’autre comme un national, ont conduit des peuples aux plus grandes tragédies, le FPI joue avec le feu. Au lieu de convaincre les Ivoiriens à adhérer à leur programme de gouvernement, les frontistes, fonctionnant sur la base du vote tribal, veulent exclure de pans entiers de populations du processus électoral. Ouvrant par cette action, la boîte de Pandore qui a déjà provoqué de sombres parenthèses dans notre destin.
Bakary Nimaga