Elle s’est juré de tirer son épingle du jeu de la vie qui lui a montré des vertes et des pas mûres. Et ’’la Vieille’’ a tenu son pari. Aujourd’hui, Ouaka Cécile jouit de la réputation assise de doyenne des commerçants à l’université de Cocody. Et met au défi quiconque de penser le contraire. Installée dans son fief aux ’’Palmiers Daloa’’ du campus universitaire, cette femme frêle régente son petit monde avec une énergie qui contraste avec son apparence. Les étudiants en passant lui adressent un salut chaleureux et certains se mettent au garde vous. ’’Ce sont mes enfants, mes entrailles et ils me vouent le même respect que je leur donne sans hésiter’’, explique-t-elle avec une joie non dissimulée. Mais son visage se fronce quand il s’agit de raconter son parcours. C’est, explique Ouaka Cécile, que les souvenirs sont si lointains car mine de rien, elle est présente au campus depuis 38 ans. « J’ai d’abord commencé à vendre de la nourriture au parking de l’Ecole normale supérieure (Ens). Ensuite je me suis déplacée au Wassa et j’ai été la première à y vendre. Et cela grâce à Jean Vincent Zinsou directeur du Cno aujourd’hui Crou-a qui m’a appelée pour suppléer un Libanais. J’ai vendu du riz, du poulet. C’est un métier enrichissant qui m’a permis parfois d’avoir 1.500.000Fcfa. Cet argent m’a permis d’avoir une maison à Abobo-Avocatier et deux restaurants ici ainsi que des magasins. Mais je vends aussi du placali avec de la sauce graine et de la sauce qui tire. Mes enfants m’aident y compris ma première fille qui a 60 ans maintenant. Une fille que l’ai eue à 15 ans », explique cette mère de neuf enfants. Son métier ne lui pas été profitable que sur le plan matériel. La vente de nourriture lui a permis de se faire des relations solides et lui a procuré l’affection des étudiants. Ainsi, cette septuagénaire proclame haut et fort qu’aucun étudiant, enseignant et directeur de Crou de l’université de Cocody ne peut prétendre ne pas connaitre la Vieille. «Les étudiants ne peuvent pas dire qu’ils ne me connaissent pas. Il y en a qui travaillent ici aujourd’hui, d’autres sont des personnalités, des médecins et il y en a qui ne sont plus en Côte d’Ivoire comme Ahipeaud, le premier secrétaire général de la Fesci. Le jour où Soro Guillaume quittait la cité, il est venu me dire spécialement au revoir et je me rappelle que la mairie lui avait offert sept bœufs », indique-t-elle. Cette originaire du Centre Ouest, précise que les étudiants lui ont toujours fait montre d’un solide soutien. Ainsi, raconte-t-elle, ils ont une fois cotisé de l’argent pour l’aider quand l’une de ses filles devait être opérée cela lui a permis de s’adresser à des spécialistes. ’’D’ailleurs ceux qui ont quitté la cité viennent souvent me saluer avec des enveloppes à l’appui. Il y a des médecins, des pharmaciens, des enseignants de l’Ens’’, révèle-t-elle avec un sourire radieux. Elle ajoute, que c’est l’affection qu’elle voue à ses ’’enfants’’, qui la maintient debout et lui permet de continuer à concocter toujours de bons plats.
Napargalè Marie
Légende : Ouaka Cécile espère continuer à vendre de la nourriture pour satisfaire ses étudiants.
Napargalè Marie
Légende : Ouaka Cécile espère continuer à vendre de la nourriture pour satisfaire ses étudiants.