Dr Gervais Boga Sako, président de la Fondation ivoirienne pour les droits de homme et la vie politique (Fidhop) ne veut plus se taire. Dans cette interview qu'il nous accordée avant hier, il a encore une fois embouché sa trompette pour tirer sur la sonnette d'alarme et interpeller les acteurs du processus de sortie de crise afin que le scrutin se tienne effectivement le 31 octobre prochain, mais surtout dans la paix. Appelant à l'indemnisation des victimes de guerre, Dr Boga met en garde tous ceux qui veulent user de la force dans cette consultation électorale.
Dr Boga Sako Gervais, vous êtes le président de la Fondation ivoirienne pour les droits de l'homme et la vie politique. Comment se porte votre structure ?
Merci de cette opportunité. La Fondation ivoirienne pour la surveillance des droits de l'homme et de la vie politique la Fidhop se porte on ne peut plus bien. Mais, elle ne se porterait mieux que si la stabilité politique advenait dans le pays. Une structure qui se veut regardante de la vie des droits de l'homme mais également de la vie politique. Au niveau de la fondation, nous faisons le lien très net. Lorsque la vie sociopolitique va bien, les droits de l'homme se trouvent préservés, protégés, voire respectées. Mais tant que le milieu politique va mal, les droits de l'homme sont menacés, sont en danger. C'est pour cela que nous ne pouvons plus rester là à condamner, mais nous voulons entrer dans le milieu politique pour intervenir et interpeller, attirer l'attention des uns et des autres. Et aujourd'hui, Dieu merci, on vient de nous annoncer une date des élections. Nous pensons que c'est la dernière. Déjà, toute la fondation et tous les amis de la société civile qui travaillent dans le domaine des droits de l'homme et de la démocratie, faisons tout pour aller jusqu'au bout.
Que comptez-vous faire pour que cette date du 31 octobre soit respectée ?
D'abord, je voudrais pouvoir profiter de l'opportunité que vous m'offrez pour saluer la Commission électorale indépendante (Cei) de Côte d'Ivoire, de même que le gouvernement ivoirien d'avoir quand même entendu nos cris. Mais, pas les cris de la société civile, mais les cris des Ivoiriens. Cela fait quand même un certain temps que la Côte d'Ivoire attend une élection. Et depuis plus de 05 ans que nos vies sont prises en otage, sont hypothéquées. Il était temps que nous nous levions pour dire que c'en est trop ! Et si vous voyez bien, c'est nous qui avions exigé la date des élections avant le 07 août. Simplement parce qu'on ne peut pas venir festoyer et parader à un cinquantenaire alors que cela fait 05 ans que notre droit souverain, le droit souverain du peuple ivoirien est confisqué par la classe politique et par la rébellion. C'était obligatoire pour nous qu'on nous donne au moins la date. Cela nous apporte au moins une satisfaction psychologique et morale. Dieu merci, on a été entendu. Mais, ce n'est pas tout. Une chose est d'avoir fixé la date, une chose est de la respecter. A ce niveau, c'est maintenant que commence le vrai combat. Nous avions projeté un sit-in le 07 août 2010 si nous n'avions pas la date. On a eu la date. Nous remercions les uns et les autres. C'est maintenant que le plus dur commence. Parce que cette date qui a été donnée ne doit pas être dépassée d'un seul jour. Les actions que nous entendons mener sont nombreuses. Elles peuvent être vues de deux ordres. Il y a qu'aujourd'hui nous avons constitué un collectif ad'hoc au niveau des organisations de défense des droits de l'homme et de la démocratie, notamment la Ligue ivoirienne des droits de l'homme (Lidho), le Mouvement ivoirien des droits humains (Midh), l'Action pour la protection des droits de l'homme (Apdh), et la Fondation ivoirienne pour les droits de l'homme et la vie politique (Fidhop). Nous travaillons ensemble pour que cette date soit respectée, et qu'elle soit pacifique. Deux obligations : respecter la date et que les élections soient pacifiques. C'est un challenge qu'ensemble avec nos amis, nous allons conduire. Maintenant, individuellement, nous allons mener d'autres actions ! Le lobbying auprès des différents acteurs politiques, pour que cette date ne passe d'un seul jour.
Monsieur le président, plusieurs dates ont été fixées mais elles n'ont pas été respectées. Et le chef de l'Etat a dit à plusieurs reprises : " Si on ne fait pas d'élection, ça fait quoi ? " Quelle est votre analyse ?
Lorsque j'entends cela, je suis non seulement choqué, mais j'ai peur. Vous savez, la force d'un leader politique, c'est la légitimité. La légalité, certes ! Je soutiens que M. Laurent Gbagbo est le président légal de la Côte d'Ivoire en vertu de la Constitution. Mais la question de la légitimité va se poser. Et si les Ivoiriens ont regardé faire depuis 5 ans, c'est parce qu'ils aiment leur pays, c'est parce qu'ils aiment la paix. Mais ils vont attendre combien de temps ? Eternellement ? Toute chose a une fin. Et c'est en cela que nous invitons les acteurs politiques, qu'ils saisissent la relative confiance que le peuple place encore en eux. Parce qu'à un moment donné, ils risquent de perdre cette confiance et ça sera le chaos en Côte d'Ivoire. C'est le message que chaque leader politique doit pouvoir entendre. D'ailleurs, est-ce qu'on est si fier de diriger quand plus de 5 ans après la date constitutionnelle, il n'y a pas d'élection ? Je pense que cela ne nous rend pas légitime ! Cela ne nous crédibilise même pas. Nous avons des gouvernements qui ne sont pas consensuels, harmonieux. Chacun fait ce qu'il veut. Ce n'est pas digne d'une République qui veut avancer ! Et on passerait des jours à régler des problèmes de personnes et des partis politiques. Allons à l'élection. Celui qui la gagne, va réunifier la Côte d'Ivoire et on va vivre dans la paix.
Le 7 août dernier, le chef de l'Etat, dans son intervention au palais présidentiel au Plateau a dit aux responsables des Fds présents que s'il tombe, eux aussi tomberont avec lui. N'est-ce pas là une façon de vouloir braquer les élections ? Qu'est-ce que cela vous inspire ?
Je dois vous dire que le chef de l'Etat est le seul à savoir ce qu'il a voulu dire. En tant que républicain, ce que je peux noter est que lorsqu'on est chef d'Etat, il y a des instruments de la République qui fondent le pouvoir républicain. Je crois que c'est dans ce sens. Et c'est dans ce sens seul que je veux l'entendre. Je veux comprendre ce qu'il a dit. Je veux comprendre qu'un président de la République, il a à sa disposition l'armée. Il est le chef suprême de l'armée, de l'administration, etc, mais j'espère que ce n'est pas dans un autre sens ! Parce que le pouvoir présidentiel n'est pas attaché à un individu seul. Nous sommes égaux en dignité et en droit. Article 1er de la Déclaration universelle des droits de l'homme. C'est l'article 2 de la Constitution ivoirienne. C'est très clair. Le chef de l'Etat, en tant que candidat, c'est comme tous les autres candidats. Et le meilleur l'emportera et le ciel ne tombera pas sur la Côte d'Ivoire ! J'en ai l'intime conviction.
Dr. Boga Sako, que répondez-vous à ceux qui disent que l'Accord politique de Ouagadougou a échoué ?
Parmi ceux qui le disent, je pourrais citer le président de l'Assemblée nationale. Lui au moins, je l'ai lu, il a dit haut et fort. Il a même demandé au principal architecte de cet Accord, notamment le ministre de l'Intérieur, de démissionner. Donc je veux dire que ce n'est plus un débat. A partir du moment où le n°3 du parti au pouvoir le dit, alors qu'est-ce que vous voulez que je dise, que l'Apo n'a pas échoué ? Alors qu'eux-mêmes qui l'ont initié et qui le mettent en œuvre reconnaissent et affirment qu'il a échoué !
Devrions-nous comprendre que vous êtes d'accord avec eux ?
Je ne peux que constater que malheureusement, tout ce qui a été écrit et qui devrait nous ramener la paix ne l'a pas été plusieurs années après. Je peux dire que c'est un constat qui est pertinent et qui est juste. Toutefois, j'ajoute qu'en tant qu'observateur de la vie socio-politique de Côte d'Ivoire, l'Accord politique de Ouagadougou a apporté une accalmie relative. Ce serait malhonnête de ne pas le reconnaîre. Moi, je suis un militant des droits de l'homme. Je sais comment avant cet accord, on a connu les attaques d'Agboville, d'Akouédo, etc. Il ne se passait pas de mois sans qu'il n'y ait un évènement. Mais avec cet accord, puisque la rébellion a tiré profit avec le pouvoir, l'accalmie est un peu revenue. C'est la seule note positive que nous notons. Sinon les objectifs fixés par l'Apo n'ont pas été atteints. Pour les élections, on a débordé jusqu'à inventer des choses. Et cet accord nous a emmené à plusieurs autres accords complémentaires. Ce qui montre bien qu'on est sorti du carcan ! Au départ, le processus était prévu pour 10 mois. C'est un constat hélas triste mais réel.
Comment expliquez-vous l'absence du représentant du facilitateur et du facilitateur lui-même, du processus de paix en Côte d'Ivoire ?
A un moment donné, je m'en suis inquiété. Parce que je me suis dit, on a eu tellement d'intermédiaires, de facilitateurs dans cette crise que je me suis demandé, vers qui irions-nous dans cette crise ? Et le président Blaise Compaoré était tellement bien choisi qu'il y a tellement de choses qui ont été racontées, sur l'implication ou non du Burkina-Faso dans cette crise ou de ses frères burkinabè dans la rébellion, etc. Le président Blaise Compaoré, comme facilitateur, était une très bonne idée en fait. Cela a donné de l'espoir. Il faut que ce soit le dernier. Parce que vous savez très bien qu'il y a toujours des questions de leadership. Supposons un seul instant que M. Blaise Compaoré ne soit plus facilitateur, peut-être même que cela nous créerait des problèmes. Qui viendrait après lui ? Qui mieux que lui ferait mieux ?
Dr. Boga Sako, au cours de ce processus de sortie de crise, la Côte d'Ivoire a signé un accord de défense avec l'Angola dont on connaît le passé militaire. Pensez-vous que ce rapprochement entre ces deux armées étaient opportun et qu'est-ce que cela vous inspire ?
Ecoutez, je suis un peu mal placé pour répondre à cette préoccupation. Cela relève du pouvoir discrétionnaire de celui qui dirige. Si vous étiez aux commandes, vous trouveriez des partenaires pour vous aider à protéger votre pays. L'Etat a pour mission de sécuriser tous les Ivoiriens.
Est-ce à dire que l'armée ivoirienne est incapable de sécuriser le territoire ?
De toutes les façons, nous avons vu les capacités de l'armée ivoirienne. Et quand je fais une lecture de la crise ivoirienne, ce n'est pas toute l'armée qui a sauvé la Côte d'Ivoire ! Ce sont aussi les Ivoiriens qui ont donné de leur vie. De ce point de vue, je ne peux pas juger l'armée ivoirienne négativement. Mais étant moi-même un citoyen et fonctionnaire à Bouaké qui a vécu ce qu'on a vécu, je suis très mal placé pour dire que notre armée a brillé dans cette crise. Et si elle avait brillé, la rébellion n'aurait pas fait un jour de plus. Une rébellion, ce n'est pas moi qui vais vous le dire, elle se mâte ! Elle n'a pas pu être mâtée. Si bien que la Côte d'Ivoire a été divisée en Z. Si notre armée avait été fulgurante, puissante, on n'en serait pas arrivé-là. Ayons la modestie que dans cette crise, nous avons quelque part connu des échecs ! Il faut les assumer. Il faut reconstruire la Côte d'Ivoire, reconstruire l'armée ! Vous savez que notre armée était quelquefois politisée, instrumentalisée. N'oubliez pas qu'on a connu un coup d'Etat en 1999. Une armée unifiée ne fait pas un coup d'Etat comme cela ! Il paraît qu'il avait été non sanglant, mais quand on tombe dans une rébellion, cela veut dire qu'il y a des fissures dans l'armée. Il faut dépolitiser l'armée pour qu'elle soit républicaine, au service de tous les citoyens, à commencer par le premier des citoyens, c'est-à-dire le président de la République. L'armée, tous corps confondus, ne doit jamais être utilisé contre les citoyens. Faute de quoi vous tombez dans une dictature, une barbarie. Ce sont les instruments payés par la République, par l'Etat pour servir tous les citoyens. Et ils nous doivent protection et sécurité.
Monsieur le président, malgré la fixation de l'élection présidentielle, les Ivoiriens s'inquiètent encore du fait que le désarmement n'est pas effectif et total. Quelle analyse faites-vous ?
Cela a été un combat on ne peut plus personnel. En tant que militant des droits de l'homme, la question de la sécurité n'a rien à voir avec l'élection présidentielle. C'est-à-dire, vous pouvez vivre dans un pays, même si l'élection connaît des difficultés, mais à partir du moment où vous êtes en sécurité, vous pouvez au moins vivre. Mais tant que votre sécurité est menacée au quotidien, il n'y a pas de vie. Donc c'est pour moi une préoccupation qui est un préalable. On a beau faire, on n'a pas été entendu. Nous pensions qu'avec l'Apo, puisqu'il y avait une sorte de partage du pouvoir, systématiquement, de notre point de vue, le lendemain de la signature de l'Accord politique de Ouagadougou, le 05 mai 2007, la rébellion devrait disparaitre, puisqu'on avait satisfait à leur exigence en faisant d'eux Premier ministre, ministres, membres de certaines institutions du pays. Hélas ! Aujourd'hui, pour qu'une élection soit démocratique, il faut que la question de la démocratie soit réglée. Pour que les citoyens n'aillent pas voter la peur au ventre. Si on n'arrive pas à faire le désarmement, est-ce que tous les candidats pourront effectivement faire campagne sur toute l'étendue du territoire national ? Ainsi vous allez voir que certains candidats ayant la facilité d'aller au Nord seraient bien accueillis. Mais d'autres ne pourront pas être accueillis favorablement. Et du coup, cela va se répercuter sur les zones sud où les gens diront, vous avez refusé d'accueillir nos candidats, chez nous aussi, vous ne venez pas. Désarmons tous ceux qui possèdent illégalement des armes.
Et les milices également ?
La rébellion et les milices. C'est vraiment systématique si vous voulez que nous fassions des élections démocratiques acceptées par tous. C'est un préalable. D'un point de vue pratique, la question de l'encasernement se présente comme un obstacle à cette date qui vient d'être donnée. En apparence, mais pas dans le fond. Dans le fond, il faut qu'on aille au-delà de tous les calculs mesquins politiciens. Si l'Etat de Côte d'Ivoire, aidé par des bailleurs, arrive à réunir tous les milliards qu'il faut pour l'encasernement se fasse, je dis bravo !
Car, la paix n'a pas de prix. Vous savez bien que c'est ce que nous avons fait depuis le début de la crise jusqu'à maintenant. Par contre, si l'Etat n'arrivait pas à réunir cet argent, il ne faudrait pas que les Forces nouvelles en fassent une obligation. Il faut plutôt qu'elles fassent le sacrifice de citoyens. Parce que dans cette crise, il y a des victimes qui se sont tues depuis plus de 10 ans. Cela fait plus de 02 ans, vous n'avez pas entendu une seule organisation de victimes de la guerre. Et pourtant, elles sont-là. Au prix de la paix sociale, de l'intérêt supérieur de la nation, elles se taisent sur leurs souffrances. Je dirais à nos amis des Forces nouvelles, que si l'argent a été obtenu pour un bon encasernement, c'est mieux. Dans le cas contraire, qu'ils fassent le sacrifice suprême. C'est-à-dire qu'ils entrent encaserne et ils présenteront leurs factures au président élu, comme les victimes présenteront aussi leur facture au futur président élu. Car nous tous, on est là, on attend. Vous pensez que la guerre va finir et les victimes vont rester comme ça ? Non ! Un Etat, il assume ses dettes. Et l'une des dettes de l'Etat de Côte d'Ivoire est de dédommager toutes les victimes de la guerre. C'est pour cela que les Forces nouvelles et leurs éléments doivent faire le sacrifice suprême en taisant leurs rancœurs, en gardant leurs factures, en rentrant en caserne, en permettant à la Côte d'Ivoire d'avoir un président légitime et légal. Et après, on réglera ce qui est à régler.
Les Ivoiriens s'interrogent et s'inquiètent à propos de la distribution des cartes d'identité et d'électeurs et la liste électorale définitive. Pouvez-vous les rassurer ?
C'est dans l'intérêt de la Commission électorale indépendante. Si vous avez fixé une date de l'élection présidentielle au 31 octobre 2010, ce qui nous agrée personnellement parce qu'elle coïncide avec le délai constitutionnel qui nous permettrait de retomber sur la normalité, ne serait-ce que formelle ou constitutionnelle. Quand on donne la date, tout le reste doit suivre. Vous ne pouvez pas donner une date pour les élections et confisquer par devers vous la liste électorale définitive ! Il faut la publier. Ils ont toujours fait des arrangements politiques en faisant des vérifications administratives, qu'ils fassent des rencontres au sein du Cpc pour harmoniser. Ce que les Ivoiriens attendent, ce ne sont pas toutes ces rencontres, c'est de publier la liste et avoir les programmes des candidats et faire leur choix adéquat pour la Côte d'Ivoire. C'est tout ! Donc cela va de soi. De notre point de vue, si on a donné la date, c'est qu'on a pris les mesures pour éviter toutes les difficultés.
Avez-vous un appel à lancer à la classe politique et aux Ivoiriens ?
Aux acteurs politiques, deux choses : la première est là. Ils sont fatigués. Et aujourd'hui, l'élection se présente comme l'ouverture de la Côte d'Ivoire vers un monde nouveau. Nous devons démontrer aux yeux du monde qu'au plan démocratique et politique, on a fait un pas. Et c'est pour cela que nous nous réjouissons que la date ait été donnée à la veille des 50 ans de notre pays. Ainsi nous commençons le nouveau cinquantenaire dans la légalité, dans la légitimité des instances de notre pays. Nous ne devons pas faillir. La classe politique ne doit pas faillir. Si elle faillit, elle risque d'entraîner du grabuge dans le pays. C'est une date, c'est la dernière. Il faut que chacun mette du sien pour la respecter. La deuxième condition, c'est que cette élection n'est pas la fin du monde. L'élection se déroulera, le ciel ne tombera pas sur la Côte d'Ivoire. C'est pour cela qu'ils doivent mettre de l'eau dans leur vin. La politique selon laquelle c'est moi ou personne, il faut qu'on la dépasse ! Parce que nul n'est indispensable à la Côte d'Ivoire. Dieu, notre Père, peut appeler l'un d'entre nous aujourd'hui. Et puis, on ne mourra pas nous tous. Donc il faut que les gens se disent que tard, cela est relatif. Tout cela n'est qu'humanité. Donc, vraiment un appel à la paix, au calme, à l'humilité. Un dirigeant doit être humble. C'est Dieu qui élève. Aux Ivoiriens, nous pouvons leur dire, que si nous voulons nous asseoir pour regarder la classe politique danser son tango, la date du 31 octobre risque de nous passer sous les yeux et on dira, une autre date est encore passée. Nous devons nous constituer en observateurs, surveillants du processus pour les obliger à aller aux élections. Parce qu'on sait qu'au bout des élections, se trouvent notre paix, notre sécurité et notre bonheur. C'est un appel à la responsabilité de chaque Ivoirien. La classe politique n'est pas seule responsable de ce que nous vivons. Nous avons notre part de responsabilité au nom de notre passivité.
Interview réalisée par Serge Amany
Dr Boga Sako Gervais, vous êtes le président de la Fondation ivoirienne pour les droits de l'homme et la vie politique. Comment se porte votre structure ?
Merci de cette opportunité. La Fondation ivoirienne pour la surveillance des droits de l'homme et de la vie politique la Fidhop se porte on ne peut plus bien. Mais, elle ne se porterait mieux que si la stabilité politique advenait dans le pays. Une structure qui se veut regardante de la vie des droits de l'homme mais également de la vie politique. Au niveau de la fondation, nous faisons le lien très net. Lorsque la vie sociopolitique va bien, les droits de l'homme se trouvent préservés, protégés, voire respectées. Mais tant que le milieu politique va mal, les droits de l'homme sont menacés, sont en danger. C'est pour cela que nous ne pouvons plus rester là à condamner, mais nous voulons entrer dans le milieu politique pour intervenir et interpeller, attirer l'attention des uns et des autres. Et aujourd'hui, Dieu merci, on vient de nous annoncer une date des élections. Nous pensons que c'est la dernière. Déjà, toute la fondation et tous les amis de la société civile qui travaillent dans le domaine des droits de l'homme et de la démocratie, faisons tout pour aller jusqu'au bout.
Que comptez-vous faire pour que cette date du 31 octobre soit respectée ?
D'abord, je voudrais pouvoir profiter de l'opportunité que vous m'offrez pour saluer la Commission électorale indépendante (Cei) de Côte d'Ivoire, de même que le gouvernement ivoirien d'avoir quand même entendu nos cris. Mais, pas les cris de la société civile, mais les cris des Ivoiriens. Cela fait quand même un certain temps que la Côte d'Ivoire attend une élection. Et depuis plus de 05 ans que nos vies sont prises en otage, sont hypothéquées. Il était temps que nous nous levions pour dire que c'en est trop ! Et si vous voyez bien, c'est nous qui avions exigé la date des élections avant le 07 août. Simplement parce qu'on ne peut pas venir festoyer et parader à un cinquantenaire alors que cela fait 05 ans que notre droit souverain, le droit souverain du peuple ivoirien est confisqué par la classe politique et par la rébellion. C'était obligatoire pour nous qu'on nous donne au moins la date. Cela nous apporte au moins une satisfaction psychologique et morale. Dieu merci, on a été entendu. Mais, ce n'est pas tout. Une chose est d'avoir fixé la date, une chose est de la respecter. A ce niveau, c'est maintenant que commence le vrai combat. Nous avions projeté un sit-in le 07 août 2010 si nous n'avions pas la date. On a eu la date. Nous remercions les uns et les autres. C'est maintenant que le plus dur commence. Parce que cette date qui a été donnée ne doit pas être dépassée d'un seul jour. Les actions que nous entendons mener sont nombreuses. Elles peuvent être vues de deux ordres. Il y a qu'aujourd'hui nous avons constitué un collectif ad'hoc au niveau des organisations de défense des droits de l'homme et de la démocratie, notamment la Ligue ivoirienne des droits de l'homme (Lidho), le Mouvement ivoirien des droits humains (Midh), l'Action pour la protection des droits de l'homme (Apdh), et la Fondation ivoirienne pour les droits de l'homme et la vie politique (Fidhop). Nous travaillons ensemble pour que cette date soit respectée, et qu'elle soit pacifique. Deux obligations : respecter la date et que les élections soient pacifiques. C'est un challenge qu'ensemble avec nos amis, nous allons conduire. Maintenant, individuellement, nous allons mener d'autres actions ! Le lobbying auprès des différents acteurs politiques, pour que cette date ne passe d'un seul jour.
Monsieur le président, plusieurs dates ont été fixées mais elles n'ont pas été respectées. Et le chef de l'Etat a dit à plusieurs reprises : " Si on ne fait pas d'élection, ça fait quoi ? " Quelle est votre analyse ?
Lorsque j'entends cela, je suis non seulement choqué, mais j'ai peur. Vous savez, la force d'un leader politique, c'est la légitimité. La légalité, certes ! Je soutiens que M. Laurent Gbagbo est le président légal de la Côte d'Ivoire en vertu de la Constitution. Mais la question de la légitimité va se poser. Et si les Ivoiriens ont regardé faire depuis 5 ans, c'est parce qu'ils aiment leur pays, c'est parce qu'ils aiment la paix. Mais ils vont attendre combien de temps ? Eternellement ? Toute chose a une fin. Et c'est en cela que nous invitons les acteurs politiques, qu'ils saisissent la relative confiance que le peuple place encore en eux. Parce qu'à un moment donné, ils risquent de perdre cette confiance et ça sera le chaos en Côte d'Ivoire. C'est le message que chaque leader politique doit pouvoir entendre. D'ailleurs, est-ce qu'on est si fier de diriger quand plus de 5 ans après la date constitutionnelle, il n'y a pas d'élection ? Je pense que cela ne nous rend pas légitime ! Cela ne nous crédibilise même pas. Nous avons des gouvernements qui ne sont pas consensuels, harmonieux. Chacun fait ce qu'il veut. Ce n'est pas digne d'une République qui veut avancer ! Et on passerait des jours à régler des problèmes de personnes et des partis politiques. Allons à l'élection. Celui qui la gagne, va réunifier la Côte d'Ivoire et on va vivre dans la paix.
Le 7 août dernier, le chef de l'Etat, dans son intervention au palais présidentiel au Plateau a dit aux responsables des Fds présents que s'il tombe, eux aussi tomberont avec lui. N'est-ce pas là une façon de vouloir braquer les élections ? Qu'est-ce que cela vous inspire ?
Je dois vous dire que le chef de l'Etat est le seul à savoir ce qu'il a voulu dire. En tant que républicain, ce que je peux noter est que lorsqu'on est chef d'Etat, il y a des instruments de la République qui fondent le pouvoir républicain. Je crois que c'est dans ce sens. Et c'est dans ce sens seul que je veux l'entendre. Je veux comprendre ce qu'il a dit. Je veux comprendre qu'un président de la République, il a à sa disposition l'armée. Il est le chef suprême de l'armée, de l'administration, etc, mais j'espère que ce n'est pas dans un autre sens ! Parce que le pouvoir présidentiel n'est pas attaché à un individu seul. Nous sommes égaux en dignité et en droit. Article 1er de la Déclaration universelle des droits de l'homme. C'est l'article 2 de la Constitution ivoirienne. C'est très clair. Le chef de l'Etat, en tant que candidat, c'est comme tous les autres candidats. Et le meilleur l'emportera et le ciel ne tombera pas sur la Côte d'Ivoire ! J'en ai l'intime conviction.
Dr. Boga Sako, que répondez-vous à ceux qui disent que l'Accord politique de Ouagadougou a échoué ?
Parmi ceux qui le disent, je pourrais citer le président de l'Assemblée nationale. Lui au moins, je l'ai lu, il a dit haut et fort. Il a même demandé au principal architecte de cet Accord, notamment le ministre de l'Intérieur, de démissionner. Donc je veux dire que ce n'est plus un débat. A partir du moment où le n°3 du parti au pouvoir le dit, alors qu'est-ce que vous voulez que je dise, que l'Apo n'a pas échoué ? Alors qu'eux-mêmes qui l'ont initié et qui le mettent en œuvre reconnaissent et affirment qu'il a échoué !
Devrions-nous comprendre que vous êtes d'accord avec eux ?
Je ne peux que constater que malheureusement, tout ce qui a été écrit et qui devrait nous ramener la paix ne l'a pas été plusieurs années après. Je peux dire que c'est un constat qui est pertinent et qui est juste. Toutefois, j'ajoute qu'en tant qu'observateur de la vie socio-politique de Côte d'Ivoire, l'Accord politique de Ouagadougou a apporté une accalmie relative. Ce serait malhonnête de ne pas le reconnaîre. Moi, je suis un militant des droits de l'homme. Je sais comment avant cet accord, on a connu les attaques d'Agboville, d'Akouédo, etc. Il ne se passait pas de mois sans qu'il n'y ait un évènement. Mais avec cet accord, puisque la rébellion a tiré profit avec le pouvoir, l'accalmie est un peu revenue. C'est la seule note positive que nous notons. Sinon les objectifs fixés par l'Apo n'ont pas été atteints. Pour les élections, on a débordé jusqu'à inventer des choses. Et cet accord nous a emmené à plusieurs autres accords complémentaires. Ce qui montre bien qu'on est sorti du carcan ! Au départ, le processus était prévu pour 10 mois. C'est un constat hélas triste mais réel.
Comment expliquez-vous l'absence du représentant du facilitateur et du facilitateur lui-même, du processus de paix en Côte d'Ivoire ?
A un moment donné, je m'en suis inquiété. Parce que je me suis dit, on a eu tellement d'intermédiaires, de facilitateurs dans cette crise que je me suis demandé, vers qui irions-nous dans cette crise ? Et le président Blaise Compaoré était tellement bien choisi qu'il y a tellement de choses qui ont été racontées, sur l'implication ou non du Burkina-Faso dans cette crise ou de ses frères burkinabè dans la rébellion, etc. Le président Blaise Compaoré, comme facilitateur, était une très bonne idée en fait. Cela a donné de l'espoir. Il faut que ce soit le dernier. Parce que vous savez très bien qu'il y a toujours des questions de leadership. Supposons un seul instant que M. Blaise Compaoré ne soit plus facilitateur, peut-être même que cela nous créerait des problèmes. Qui viendrait après lui ? Qui mieux que lui ferait mieux ?
Dr. Boga Sako, au cours de ce processus de sortie de crise, la Côte d'Ivoire a signé un accord de défense avec l'Angola dont on connaît le passé militaire. Pensez-vous que ce rapprochement entre ces deux armées étaient opportun et qu'est-ce que cela vous inspire ?
Ecoutez, je suis un peu mal placé pour répondre à cette préoccupation. Cela relève du pouvoir discrétionnaire de celui qui dirige. Si vous étiez aux commandes, vous trouveriez des partenaires pour vous aider à protéger votre pays. L'Etat a pour mission de sécuriser tous les Ivoiriens.
Est-ce à dire que l'armée ivoirienne est incapable de sécuriser le territoire ?
De toutes les façons, nous avons vu les capacités de l'armée ivoirienne. Et quand je fais une lecture de la crise ivoirienne, ce n'est pas toute l'armée qui a sauvé la Côte d'Ivoire ! Ce sont aussi les Ivoiriens qui ont donné de leur vie. De ce point de vue, je ne peux pas juger l'armée ivoirienne négativement. Mais étant moi-même un citoyen et fonctionnaire à Bouaké qui a vécu ce qu'on a vécu, je suis très mal placé pour dire que notre armée a brillé dans cette crise. Et si elle avait brillé, la rébellion n'aurait pas fait un jour de plus. Une rébellion, ce n'est pas moi qui vais vous le dire, elle se mâte ! Elle n'a pas pu être mâtée. Si bien que la Côte d'Ivoire a été divisée en Z. Si notre armée avait été fulgurante, puissante, on n'en serait pas arrivé-là. Ayons la modestie que dans cette crise, nous avons quelque part connu des échecs ! Il faut les assumer. Il faut reconstruire la Côte d'Ivoire, reconstruire l'armée ! Vous savez que notre armée était quelquefois politisée, instrumentalisée. N'oubliez pas qu'on a connu un coup d'Etat en 1999. Une armée unifiée ne fait pas un coup d'Etat comme cela ! Il paraît qu'il avait été non sanglant, mais quand on tombe dans une rébellion, cela veut dire qu'il y a des fissures dans l'armée. Il faut dépolitiser l'armée pour qu'elle soit républicaine, au service de tous les citoyens, à commencer par le premier des citoyens, c'est-à-dire le président de la République. L'armée, tous corps confondus, ne doit jamais être utilisé contre les citoyens. Faute de quoi vous tombez dans une dictature, une barbarie. Ce sont les instruments payés par la République, par l'Etat pour servir tous les citoyens. Et ils nous doivent protection et sécurité.
Monsieur le président, malgré la fixation de l'élection présidentielle, les Ivoiriens s'inquiètent encore du fait que le désarmement n'est pas effectif et total. Quelle analyse faites-vous ?
Cela a été un combat on ne peut plus personnel. En tant que militant des droits de l'homme, la question de la sécurité n'a rien à voir avec l'élection présidentielle. C'est-à-dire, vous pouvez vivre dans un pays, même si l'élection connaît des difficultés, mais à partir du moment où vous êtes en sécurité, vous pouvez au moins vivre. Mais tant que votre sécurité est menacée au quotidien, il n'y a pas de vie. Donc c'est pour moi une préoccupation qui est un préalable. On a beau faire, on n'a pas été entendu. Nous pensions qu'avec l'Apo, puisqu'il y avait une sorte de partage du pouvoir, systématiquement, de notre point de vue, le lendemain de la signature de l'Accord politique de Ouagadougou, le 05 mai 2007, la rébellion devrait disparaitre, puisqu'on avait satisfait à leur exigence en faisant d'eux Premier ministre, ministres, membres de certaines institutions du pays. Hélas ! Aujourd'hui, pour qu'une élection soit démocratique, il faut que la question de la démocratie soit réglée. Pour que les citoyens n'aillent pas voter la peur au ventre. Si on n'arrive pas à faire le désarmement, est-ce que tous les candidats pourront effectivement faire campagne sur toute l'étendue du territoire national ? Ainsi vous allez voir que certains candidats ayant la facilité d'aller au Nord seraient bien accueillis. Mais d'autres ne pourront pas être accueillis favorablement. Et du coup, cela va se répercuter sur les zones sud où les gens diront, vous avez refusé d'accueillir nos candidats, chez nous aussi, vous ne venez pas. Désarmons tous ceux qui possèdent illégalement des armes.
Et les milices également ?
La rébellion et les milices. C'est vraiment systématique si vous voulez que nous fassions des élections démocratiques acceptées par tous. C'est un préalable. D'un point de vue pratique, la question de l'encasernement se présente comme un obstacle à cette date qui vient d'être donnée. En apparence, mais pas dans le fond. Dans le fond, il faut qu'on aille au-delà de tous les calculs mesquins politiciens. Si l'Etat de Côte d'Ivoire, aidé par des bailleurs, arrive à réunir tous les milliards qu'il faut pour l'encasernement se fasse, je dis bravo !
Car, la paix n'a pas de prix. Vous savez bien que c'est ce que nous avons fait depuis le début de la crise jusqu'à maintenant. Par contre, si l'Etat n'arrivait pas à réunir cet argent, il ne faudrait pas que les Forces nouvelles en fassent une obligation. Il faut plutôt qu'elles fassent le sacrifice de citoyens. Parce que dans cette crise, il y a des victimes qui se sont tues depuis plus de 10 ans. Cela fait plus de 02 ans, vous n'avez pas entendu une seule organisation de victimes de la guerre. Et pourtant, elles sont-là. Au prix de la paix sociale, de l'intérêt supérieur de la nation, elles se taisent sur leurs souffrances. Je dirais à nos amis des Forces nouvelles, que si l'argent a été obtenu pour un bon encasernement, c'est mieux. Dans le cas contraire, qu'ils fassent le sacrifice suprême. C'est-à-dire qu'ils entrent encaserne et ils présenteront leurs factures au président élu, comme les victimes présenteront aussi leur facture au futur président élu. Car nous tous, on est là, on attend. Vous pensez que la guerre va finir et les victimes vont rester comme ça ? Non ! Un Etat, il assume ses dettes. Et l'une des dettes de l'Etat de Côte d'Ivoire est de dédommager toutes les victimes de la guerre. C'est pour cela que les Forces nouvelles et leurs éléments doivent faire le sacrifice suprême en taisant leurs rancœurs, en gardant leurs factures, en rentrant en caserne, en permettant à la Côte d'Ivoire d'avoir un président légitime et légal. Et après, on réglera ce qui est à régler.
Les Ivoiriens s'interrogent et s'inquiètent à propos de la distribution des cartes d'identité et d'électeurs et la liste électorale définitive. Pouvez-vous les rassurer ?
C'est dans l'intérêt de la Commission électorale indépendante. Si vous avez fixé une date de l'élection présidentielle au 31 octobre 2010, ce qui nous agrée personnellement parce qu'elle coïncide avec le délai constitutionnel qui nous permettrait de retomber sur la normalité, ne serait-ce que formelle ou constitutionnelle. Quand on donne la date, tout le reste doit suivre. Vous ne pouvez pas donner une date pour les élections et confisquer par devers vous la liste électorale définitive ! Il faut la publier. Ils ont toujours fait des arrangements politiques en faisant des vérifications administratives, qu'ils fassent des rencontres au sein du Cpc pour harmoniser. Ce que les Ivoiriens attendent, ce ne sont pas toutes ces rencontres, c'est de publier la liste et avoir les programmes des candidats et faire leur choix adéquat pour la Côte d'Ivoire. C'est tout ! Donc cela va de soi. De notre point de vue, si on a donné la date, c'est qu'on a pris les mesures pour éviter toutes les difficultés.
Avez-vous un appel à lancer à la classe politique et aux Ivoiriens ?
Aux acteurs politiques, deux choses : la première est là. Ils sont fatigués. Et aujourd'hui, l'élection se présente comme l'ouverture de la Côte d'Ivoire vers un monde nouveau. Nous devons démontrer aux yeux du monde qu'au plan démocratique et politique, on a fait un pas. Et c'est pour cela que nous nous réjouissons que la date ait été donnée à la veille des 50 ans de notre pays. Ainsi nous commençons le nouveau cinquantenaire dans la légalité, dans la légitimité des instances de notre pays. Nous ne devons pas faillir. La classe politique ne doit pas faillir. Si elle faillit, elle risque d'entraîner du grabuge dans le pays. C'est une date, c'est la dernière. Il faut que chacun mette du sien pour la respecter. La deuxième condition, c'est que cette élection n'est pas la fin du monde. L'élection se déroulera, le ciel ne tombera pas sur la Côte d'Ivoire. C'est pour cela qu'ils doivent mettre de l'eau dans leur vin. La politique selon laquelle c'est moi ou personne, il faut qu'on la dépasse ! Parce que nul n'est indispensable à la Côte d'Ivoire. Dieu, notre Père, peut appeler l'un d'entre nous aujourd'hui. Et puis, on ne mourra pas nous tous. Donc il faut que les gens se disent que tard, cela est relatif. Tout cela n'est qu'humanité. Donc, vraiment un appel à la paix, au calme, à l'humilité. Un dirigeant doit être humble. C'est Dieu qui élève. Aux Ivoiriens, nous pouvons leur dire, que si nous voulons nous asseoir pour regarder la classe politique danser son tango, la date du 31 octobre risque de nous passer sous les yeux et on dira, une autre date est encore passée. Nous devons nous constituer en observateurs, surveillants du processus pour les obliger à aller aux élections. Parce qu'on sait qu'au bout des élections, se trouvent notre paix, notre sécurité et notre bonheur. C'est un appel à la responsabilité de chaque Ivoirien. La classe politique n'est pas seule responsable de ce que nous vivons. Nous avons notre part de responsabilité au nom de notre passivité.
Interview réalisée par Serge Amany