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Politique Publié le jeudi 12 août 2010 | L’intelligent d’Abidjan

Entretien / Dr Samba Ka, Economiste-Historien sénégalais - ‘’Voici les vraies raisons de la crise ivoirienne’’

Dr Samba Ka est économiste et historien de formation. Présent à Yamoussoukro lors du colloque international pluridisciplinaire sur l’indépendance et ses perspectives en Afrique subsaharienne, tenu du 1er au 5 août 2010, l’universitaire sénégalais a choisi le « quotidien dont vous avez rêvé » pour donner son avis sur les indépendances africaines et bien entendu sur la crise ivoirienne.

1960-2010, cela fait 50 années. Pensez-vous que l’indépendance pour laquelle les Africains se sont battus, est intervenue ?
Je crois que la question est ambigüe. Autant les Africains se sont mobilisés dans les années 50 pour avoir plus d’indépendance, autant la stratégie coloniale s’est adaptée à ces nouvelles revendications pour les récupérer. Donc, le résultat ne pouvait être qu’ambigu. On a obtenu certes la souveraineté internationale, mais le système colonial a été maintenu par justement la France ou bien les autres puissances. Les institutions ont été créées pour justement continuer le système colonial, mais de manière plus subtile.

Quels sont les acquis, à votre avis?
Les acquis, c’est d’abord l’éducation. Quelles que soient les insuffisances au niveau politique, les gouvernements africains, entre 1960 et 1970, toutes tendances confondues, ont massivement investi dans la formation des cadres. Ce qui d’ailleurs explique les difficultés des universités africaines aujourd’hui, c’est qu’on a mis l’accent sur une formation, mais qui était sans rapport, avec l’emploi. Donc, il y a une différence entre la production de l’université et le monde de l’emploi, qui crée des frustrations et les violences sociales que nous sommes en train d’élucider.

Que considérez-vous comme échecs ?
L’échec, c’est la pensée et la gestion économiques qui sont dues au fait que les leaders des mouvements nationalistes africains, soit n’avaient pas encore beaucoup de préoccupations économiques, soit étaient mal formés pour cela. Ils ont négligé cet aspect de la gestion économique. Deuxième chose, c’est que les leaders politiques africains ont survécu à l’éthique normale, en demeurant longtemps au pouvoir. A mon avis, les pères de l’indépendance devaient abandonner le pouvoir autour des années 70.

Comment voyez-vous la situation de la Côte d’Ivoire, 50 ans après ?
De même que la Guinée qui avait ouvert la voie à l’émancipation politique, le mérite de la Côte d’Ivoire, c’est d’avoir ouvert le débat sur l’indépendance réelle. Malgré les difficultés, je crois qu’au bout de cette transition, on aura une réponse qui va justement inspirer beaucoup de sociétés africaines.

Quel est votre mot sur la crise armée du 19 septembre 2002 ?
Cette crise était inévitable, vu les enjeux. Parce que, contrairement aux autres partis politiques, par exemple au Sénégal ou au Cameroun et autres où on avait préparé l’après-Pères des indépendances, en Côte d’Ivoire, la nature du PDCI, à l’époque qui ne permettait pas le débat interne, explique encore la crise que le pays a subie après le départ d’Houphouët Boigny. Donc la crise militaire dont vous parlez n’est que la conséquence de cela. Mais je crois que les Ivoiriens, toutes tendances confondues, sont justement en train de répondre à cette question.

Croyez-vous qu’on peut aboutir à une sortie de crise véritable ?
Oui ! Vous (les Ivoiriens) y êtes déjà. Quelle que soit la situation, il y aura des élections. Ces élections là vont permettre l’arrivée au pouvoir d’une équipe reconnue, légitime et qui aura mandat de gérer le pays. L’opposition aura le droit de critiquer cette nouvelle équipe et il aura une routinisation des élections qui permettra justement de régler pas mal de problèmes
Réalisé à Yamoussoukro par David Yala
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