Un passage à Bouaké, dans le fief politique et militaire des Forces nouvelles, l’ex-rébellion ivoirienne. Rien de nouveau pour le ministre de la Défense Amani N’Guessan. Mais que le responsable de l’application du volet militaire de l’Accord politique de Ouagadougou demande aux hommes du général Soumaïla Bakayoko d’attendre après les élections pour percevoir les cinq cent mille Fcfa promis par personne démobilisée, il y a anguille sous roche. Les responsables militaires des FN ont sillonné les zones militaires pendant des semaines pour expliquer à leurs troupes la nécessité d’aller à la démobilisation et à l’encasernement. La prime d’accompagnement à la vie civile est un élément important dans ce processus. Par la volte-face qu’il annonce par sa visite à Bouaké, Amani cherche ainsi à mettre les soldats de la rébellion… en état de rébellion. Quel chef peut aller dire à ses éléments dont une grande partie n’a pas été enthousiaste à l’idée du désarmement que le filet de sécurité de leur retour à la vie civile est retiré ? Une telle situation mettrait en ébullition les casernes. Et au fond, n’est-ce pas le but de ce baron de la refondation qu’est Amani N’Guessan. Son parti, c’est un truisme, veut par tous les moyens faire dérailler le processus électoral. L’offensive contre la liste électorale par les demandes fantaisistes de radiation le montre bien. Si le Front populaire ivoirien arrive à dresser les soldats FN contre l’encasernement, il aura réussi à moindre frais. Tout le monde verra que les rx-rebelles n’ont pas respecté ce volet délicat des accords de Ouagadougou, l’encasernement deux mois avant les élections, et ce sera bonjour au report. Un vœu au clair de l’une que le parti au pouvoir affiche partout. Amani est donc à la recherche du désordre militaire. Rien d’autre. Sinon, l’homme sait le prix que les soldats attachent à la parole donnée.
D. Al Seni
D. Al Seni