« Amani ne peut pas nous demander de faire des sacrifices » - « Nos sorts sont entre les mains de Gbagbo, Soro et Compaoré » - « Ce que je vais faire à la retraite »
Le commandant Issiaka Ouattara dit « Wattao » dirige la zone de Séguéla depuis la désertion du chef de guerre Koné Zakaria. A l’occasion de la cérémonie d’encasernement et de démobilisation des ex-combattants de cette localité, vendredi 20 août 2010, le chef d’état-major adjoint des Forces armées des forces nouvelles (Fafn) a brisé le silence pour se prononcer sur le processus de sortie de crise.
Commandant Wattao, désormais, vous n’êtes plus com-zone, vous êtes commandant du groupement d’instruction de Séguéla. Alors comment vous vous sentez dans votre nouveau rôle?
Cmdt Wattao : Je trouve que les nouvelles fonctions que je vais aborder ne sont plus les mêmes que celles d’avant. Maintenant, c’est devenu un groupement d’instruction. Vous voyez qu’on rentre dans la normalité des choses et donc il va falloir que nos éléments aient des comportements qui ne soient plus le comportement de rebelles, mais le comportement d’un homme de loi et servir son peuple. Cela est un challenge pour moi.
Comment comptez-vous réussir ce challenge en si peu de temps ?
Moi, j’avais déjà commencé ma mission et dans la tête et dans tout le corps. Je crois que tout va bien .Je suis confiant que je vais réussir ma mission dans les deux mois.
On évoque un manque de moyens financiers. Cela ne va-t-il pas constituer un frein à votre volonté de réussir votre mission ?
L’Etat va mettre les moyens à notre disposition puisque ce ne sont pas les Forces nouvelles qui ont décidé de se regrouper comme ça. Il y a eu un accord qu’on a signé à Ouagadougou qui dit que, deux mois avant les élections, il faut qu’on regroupe les ex-combattants. C’est vrai qu’il n’y a pas de moyen actuellement, mais nous pensons qu’avec le discours tenu par le general Bakayoko à Korhogo et ici à Séguéla, l’opinion internationale est au courant de nos problèmes. Nous attendons qu’elle fasse la pression sur le gouvernement pour qu’il mette tout en place pour que les élections se tiennent. Aussi, quand ils disent de désarmer, nous n’allons pas désarmer dans les rues ? Il faut un coin propice à la vie d’un soldat dans une caserne. Il faut que les casernes présentent le minimum vital. Nous pensons qu’ils feront un effort avec la bonne foi qu’ils ont, pour qu’on réussisse vraiment ces élections.
Il y a aussi la question latente des commandants de zone devenus officiers à l’issue du quatrième accord complémentaire de Ouagadougou et qui doivent bénéficier des conditions de retraite. Quelle est l’évolution actuelle de ce sujet ?
Nous attendons toujours parce que nous pensons que c’est la vie de nos soldats qui est primordiale pour nous. Une fois que cela est réglé, quant à nous, notre avenir se trouve dans les accords de Ouagadougou et donc dans les mains du Premier ministre, du président Gbagbo et du président Blaise Compaoré. Nous savons que ce sont des gens matures qui savent ce qu’ils font. Et je sais qu’ils vont trouver une solution pour nous d’autant plus que nous-mêmes, nous avons décidé d’aller à la retraite car il faut savoir s’arrêter.
Le ministre de la Défense, Amani N’Guessan, a demandé aux commandants de zone qui doivent aller à la retraite de faire un peu de sacrifice. Etes-vous prêts à cela ?
Le ministre de la Défense ne sait pas ce que nous avons demandé. Alors il ne peut pas nous demander de faire des sacrifices. Peut-être que nous n’avons rien demandé... Puisqu’il n’a jamais eu d’entretien avec nous, il ne peut pas avancer des choses comme ça. Mais nous confions notre destin aux mains de ces trois personnalités que j’ai citées et elles sauront quoi faire de nous, et aussi à Dieu.
Mon commandant, êtes-vous confiant et certain pour la pacification totale de Séguéla et des autres zones CNO avant les élections ?
Moi, je suis très confiant. Aujourd’hui beaucoup ont compris que la force ne peut rien résoudre et qu’il faut le dialogue. Au début, quand nous étions venus ici à Séguéla, nous avons compris quel était leur état d’âme. Mais aujourd’hui, ils ont l’esprit militaire et moi cela me fait plaisir. Je leur ai inculqué l’esprit militaire et Dieu merci, ce n’est pas moi qui vous le dirai. Demandez à la population, et elle vous dira quel était Séguéla d’hier et Séguéla d’aujourd’hui.
Quel rapport entretenez-vous avec les autres commandants de zone, vos frères d’armes?
Vous avez vu aujourd’hui que nous tous, nous étions ensemble ici à Séguéla. C’est une joie d’enfance qui nous anime. Les gens racontent n’importe quoi. Mais il faut vraiment rentrer dans notre milieu pour savoir ce qui s’y passe. Aujourd’hui, il n’y a aucun problème entre nous. Ceux qui racontent les ragots, c’est pour nous diviser. Mais ils ne pourront pas, parce que nous savons d’où nous venons et où nous allons. Nous sommes conscients aussi que c’est le même bois qui va nous frapper et donc nous n’avons pas intérêt à nous diviser, mais au contraire à être soudés autour de nos chefs. Vous-même vous avez vu qu’à Korhogo, tous les commandants de zone étaient là et ici aussi à Séguéla, tout le monde est là. A Man, ça sera la même chose ainsi qu’à Bouaké. C’est pour vous dire que nous sommes soudés jusqu’à la mort.
Récemment, le secrétaire général Guillaume Soro a nommé le ministre Koné Mamadou comme intérimaire à la tête des Forces nouvelles. Que dites-vous de cet intérim ?
Moi je pense que c’est normal parce que le Premier ministre a toujours su ce qu’il fait. Et comme il y a les élections à gérer, gérer les Forces nouvelles encore font deux chapeaux pour lui seul. C’est pourquoi il a confié l’intérim au ministre Koné Mamadou pour qu’il puisse lui-même bien gérer les élections afin qu’on en sorte la tête haute. Moi, je pense qu’il a bien fait et je soutiens sa décision. D’ailleurs, nous avons déjà reçu le ministre Koné Mamadou qui est un Monsieur avec qui nous avons déjà travaillé, nous connaissons son état d’esprit et il peut relever ce défi.
Cet intérim s’achève avec la tenue des élections, alors que les Forces nouvelles sont appelées à disparaitre après le scrutin. N’est-ce pas là un départ définitif déguisé de M. Soro ?
Moi, je ne peux pas penser à sa place. Il faudrait attendre jusqu’à la fin des élections pour savoir ce qui va se passer. Pour l’heure, il ne faut pas trop vite aller en besogne. Comme vous l’avez su bien dit, il s’agit d’un intérim. Comme le Premier ministre n’est pas présidentiable, nous attendons après les élections pour voir.
Qu’allez-vous faire après votre retraite ?
Le commandant Wattao, après la retraite peut servir la Côte d’Ivoire partout. Je peux faire mon champ au village. Je suis de l’est de la Côte d’Ivoire, à Doropo. J’ai un vaste terrain là-bas où je peux faire des champs d’anacarde, du maïs, du blé, du riz, surtout que la terre a toujours nourri son homme.
Seriez-vous candidat à un poste électif à Doropo ou à Bouna?
Non ! Vous savez que la politique n’est pas mon fort. Je veux être un homme libre et pouvoir aller là où je veux à n’importe quel moment. Je n’ai pas envie de devoir à quelqu’un. Parce que si aujourd’hui j’accepte d’être maire ou député, je dois à la population. Mais je préfère ne pas être maire ou député et aider la population sans qu’on me force à le faire. Si tu prends l’argent de la mairie et que tu n’aides pas les électeurs qui t’ont porté à la tête de la commune, ils vont sortir et crier ’’voleur’’. Je veux éviter une telle humiliation.
Entretien réalisé à Séguéla par Francis N’Goran (Correspondant)
Le commandant Issiaka Ouattara dit « Wattao » dirige la zone de Séguéla depuis la désertion du chef de guerre Koné Zakaria. A l’occasion de la cérémonie d’encasernement et de démobilisation des ex-combattants de cette localité, vendredi 20 août 2010, le chef d’état-major adjoint des Forces armées des forces nouvelles (Fafn) a brisé le silence pour se prononcer sur le processus de sortie de crise.
Commandant Wattao, désormais, vous n’êtes plus com-zone, vous êtes commandant du groupement d’instruction de Séguéla. Alors comment vous vous sentez dans votre nouveau rôle?
Cmdt Wattao : Je trouve que les nouvelles fonctions que je vais aborder ne sont plus les mêmes que celles d’avant. Maintenant, c’est devenu un groupement d’instruction. Vous voyez qu’on rentre dans la normalité des choses et donc il va falloir que nos éléments aient des comportements qui ne soient plus le comportement de rebelles, mais le comportement d’un homme de loi et servir son peuple. Cela est un challenge pour moi.
Comment comptez-vous réussir ce challenge en si peu de temps ?
Moi, j’avais déjà commencé ma mission et dans la tête et dans tout le corps. Je crois que tout va bien .Je suis confiant que je vais réussir ma mission dans les deux mois.
On évoque un manque de moyens financiers. Cela ne va-t-il pas constituer un frein à votre volonté de réussir votre mission ?
L’Etat va mettre les moyens à notre disposition puisque ce ne sont pas les Forces nouvelles qui ont décidé de se regrouper comme ça. Il y a eu un accord qu’on a signé à Ouagadougou qui dit que, deux mois avant les élections, il faut qu’on regroupe les ex-combattants. C’est vrai qu’il n’y a pas de moyen actuellement, mais nous pensons qu’avec le discours tenu par le general Bakayoko à Korhogo et ici à Séguéla, l’opinion internationale est au courant de nos problèmes. Nous attendons qu’elle fasse la pression sur le gouvernement pour qu’il mette tout en place pour que les élections se tiennent. Aussi, quand ils disent de désarmer, nous n’allons pas désarmer dans les rues ? Il faut un coin propice à la vie d’un soldat dans une caserne. Il faut que les casernes présentent le minimum vital. Nous pensons qu’ils feront un effort avec la bonne foi qu’ils ont, pour qu’on réussisse vraiment ces élections.
Il y a aussi la question latente des commandants de zone devenus officiers à l’issue du quatrième accord complémentaire de Ouagadougou et qui doivent bénéficier des conditions de retraite. Quelle est l’évolution actuelle de ce sujet ?
Nous attendons toujours parce que nous pensons que c’est la vie de nos soldats qui est primordiale pour nous. Une fois que cela est réglé, quant à nous, notre avenir se trouve dans les accords de Ouagadougou et donc dans les mains du Premier ministre, du président Gbagbo et du président Blaise Compaoré. Nous savons que ce sont des gens matures qui savent ce qu’ils font. Et je sais qu’ils vont trouver une solution pour nous d’autant plus que nous-mêmes, nous avons décidé d’aller à la retraite car il faut savoir s’arrêter.
Le ministre de la Défense, Amani N’Guessan, a demandé aux commandants de zone qui doivent aller à la retraite de faire un peu de sacrifice. Etes-vous prêts à cela ?
Le ministre de la Défense ne sait pas ce que nous avons demandé. Alors il ne peut pas nous demander de faire des sacrifices. Peut-être que nous n’avons rien demandé... Puisqu’il n’a jamais eu d’entretien avec nous, il ne peut pas avancer des choses comme ça. Mais nous confions notre destin aux mains de ces trois personnalités que j’ai citées et elles sauront quoi faire de nous, et aussi à Dieu.
Mon commandant, êtes-vous confiant et certain pour la pacification totale de Séguéla et des autres zones CNO avant les élections ?
Moi, je suis très confiant. Aujourd’hui beaucoup ont compris que la force ne peut rien résoudre et qu’il faut le dialogue. Au début, quand nous étions venus ici à Séguéla, nous avons compris quel était leur état d’âme. Mais aujourd’hui, ils ont l’esprit militaire et moi cela me fait plaisir. Je leur ai inculqué l’esprit militaire et Dieu merci, ce n’est pas moi qui vous le dirai. Demandez à la population, et elle vous dira quel était Séguéla d’hier et Séguéla d’aujourd’hui.
Quel rapport entretenez-vous avec les autres commandants de zone, vos frères d’armes?
Vous avez vu aujourd’hui que nous tous, nous étions ensemble ici à Séguéla. C’est une joie d’enfance qui nous anime. Les gens racontent n’importe quoi. Mais il faut vraiment rentrer dans notre milieu pour savoir ce qui s’y passe. Aujourd’hui, il n’y a aucun problème entre nous. Ceux qui racontent les ragots, c’est pour nous diviser. Mais ils ne pourront pas, parce que nous savons d’où nous venons et où nous allons. Nous sommes conscients aussi que c’est le même bois qui va nous frapper et donc nous n’avons pas intérêt à nous diviser, mais au contraire à être soudés autour de nos chefs. Vous-même vous avez vu qu’à Korhogo, tous les commandants de zone étaient là et ici aussi à Séguéla, tout le monde est là. A Man, ça sera la même chose ainsi qu’à Bouaké. C’est pour vous dire que nous sommes soudés jusqu’à la mort.
Récemment, le secrétaire général Guillaume Soro a nommé le ministre Koné Mamadou comme intérimaire à la tête des Forces nouvelles. Que dites-vous de cet intérim ?
Moi je pense que c’est normal parce que le Premier ministre a toujours su ce qu’il fait. Et comme il y a les élections à gérer, gérer les Forces nouvelles encore font deux chapeaux pour lui seul. C’est pourquoi il a confié l’intérim au ministre Koné Mamadou pour qu’il puisse lui-même bien gérer les élections afin qu’on en sorte la tête haute. Moi, je pense qu’il a bien fait et je soutiens sa décision. D’ailleurs, nous avons déjà reçu le ministre Koné Mamadou qui est un Monsieur avec qui nous avons déjà travaillé, nous connaissons son état d’esprit et il peut relever ce défi.
Cet intérim s’achève avec la tenue des élections, alors que les Forces nouvelles sont appelées à disparaitre après le scrutin. N’est-ce pas là un départ définitif déguisé de M. Soro ?
Moi, je ne peux pas penser à sa place. Il faudrait attendre jusqu’à la fin des élections pour savoir ce qui va se passer. Pour l’heure, il ne faut pas trop vite aller en besogne. Comme vous l’avez su bien dit, il s’agit d’un intérim. Comme le Premier ministre n’est pas présidentiable, nous attendons après les élections pour voir.
Qu’allez-vous faire après votre retraite ?
Le commandant Wattao, après la retraite peut servir la Côte d’Ivoire partout. Je peux faire mon champ au village. Je suis de l’est de la Côte d’Ivoire, à Doropo. J’ai un vaste terrain là-bas où je peux faire des champs d’anacarde, du maïs, du blé, du riz, surtout que la terre a toujours nourri son homme.
Seriez-vous candidat à un poste électif à Doropo ou à Bouna?
Non ! Vous savez que la politique n’est pas mon fort. Je veux être un homme libre et pouvoir aller là où je veux à n’importe quel moment. Je n’ai pas envie de devoir à quelqu’un. Parce que si aujourd’hui j’accepte d’être maire ou député, je dois à la population. Mais je préfère ne pas être maire ou député et aider la population sans qu’on me force à le faire. Si tu prends l’argent de la mairie et que tu n’aides pas les électeurs qui t’ont porté à la tête de la commune, ils vont sortir et crier ’’voleur’’. Je veux éviter une telle humiliation.
Entretien réalisé à Séguéla par Francis N’Goran (Correspondant)