Selon une étude présentée par un expert de la Filière Café-Cacao en Juin 2002, " la libéralisation a entraîné des changements majeurs et une concurrence accrue dans la Filière Café-Cacao. Les multinationales disposant de moyens financiers importants, développent des parts de marché, pendant que les exporateurs nationaux et les coopératives exportatrices ont du mal à s'adapter ou disparaissent pour des raisons diverses, parmi lesquelles on peut citer: les risques liés au jeu de la concurrence à laquelle ils n'étaient pas suffisamment préparés; les énormes difficultés de financement de leur activité; les risques commerciaux qu'elles représentent et enfin, les charges d'exploitation incompressibles. Les forces en présence sont inégales du point de vue du poids et de la taille que représente chacun des acteurs. Les multinationales fonctionnent dans un système intégré, partant de l'achat des fèves de cacao dans les zones de production jusqu'à la livraison de celles-ci dans leurs usines en Europe ou ailleurs. Elles contrôlent le transport (routier et maritime), l'usinage, la transformation, l'assurance, etc... En réalité, il n'existe pas de compétition. Les multinationales commercialisent 80 à 90% de la production du Café-Cacao. Elles sont donc de fait, dans des positions dominantes. Les multinationales réalisent des économies d'échelles considérables, ce qui leur donne un avantage différentiel incontestable qui paraît déloyal. Elles ont aussi l'avantage de se prémunir contre les risques de prix liés à la volatilité du marché en utilisant les marchés à termes et les marchés d'options. Les entreprises nationales sont impuissantes face à ce déséquilibre. Elles jouent un rôle de figurant. La mise en place d'un environnement économique donnant à chacun la possibilité de faire valoir ses compétences et de gagner en fonction de sa réelle compétitivité est non seulement saine, mais indispensable. Encore faut-il des règles de jeu que chacune des parties puisse lire et comprendre, de manière à ce que l'un des joueurs n'aie pas perdu avant d'avoir commencé et que le pouvoir de négociation soit équilibré. Pour le président national des producteurs individuels, M. Douka Christophe « Cela conduit nécessairement à la mise en place d'un certain nombre d'outils d'accompagnement destinés à pérenniser les filières en sécurisant les producteurs et les entreprises nationales ». Il estime qu’une nécessité s'impose par conséquent aux décideurs. C’est d'atténuer selon lui les positions dominantes qui se constituent au détriment des petites entreprises, faute de mesures significatives d'accompagnement. M. Douka propose donc que l’on évite toute allégeance aux multinationales, compte tenu de ce que représentent le cacao et le café dans l’Economie ivoirienne. En système libéralisé, les multinationales et exportateurs liés à des groupes de négoce bénéficient de réductions des coûts qui génèrent des économies d'échelles substantielles: taux de fret, assurance, transit...; Coût de l'argent très bas parce qu'autofinancé; réduction des charges fixes, parce que diviseur de tonnage plus élevé. ‘’De plus, la disposition de la structure de différentiel ne permet plus aux produceurs de se situer dans les transactions avec les commerçants du Café-Cacao’’, constate notre interlocuteur. Il s'est instauré un écart de 30 à 50f CFA/kg au vu du passé. Les financements des acheteurs, des producteurs et des coopératives de commercialisation se réduisent d'année en année. En effet, dans le schéma stabilisé, l'exportateur finançait les achats et disposait ainsi de la sécurité du différentiel (ramassage + transport) pour assurer les remboursements. Par ailleurs, les risques de fluctuation des prix incitent à une extrême prudence. En effet, la confiance et la fidélité sont des notions qui disparaissent; même détenteur d'un financement, un acheteur ou/et une coopérative iront au plus offrant pour 5 ou 10f/kg. L'évolution favorable des cours a donné l'impression que la libéralisation est trés profitable. Dommage !
E.N
E.N