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Faits Divers Publié le jeudi 26 août 2010 | Nord-Sud

Insécurité au marché du sexe à Adjamé-Bracodi : Des prostituées livrent leurs secrets

Habiba T. se prostitue. Elle pratique le plus vieux métier au monde à Bracodi Bar, un quartier de la commune d’Adjamé. Habiba a 25 ans et elle fait ce travail depuis 2007. La forte pluie qui s’est abattue, ce samedi, et la fraîcheur de la soirée sont propices à l’affluence des clients. Même le ramadan, un mois sacré chez les musulmans, ne faiblit pas l’ardeur de ces gens en ce haut-lieu de luxure. Le couloir où nous nous trouvons ce 21 août grouille de monde. Il est 19h 45 et la pluie vient à peine de cesser. Il faut gambader comme des caprins pour éviter les flaques d’eau. C’est au pied levé que nous prenons contact avec notre interlocutrice. Après quelques minutes d’hésitation, la conversation est engagée à fond. Habiba nous explique qu’elle se livre au premier venu pour subvenir à ses besoins matériels mais surtout pour se venger d’une série de déceptions amoureuses. «La dernière trahison amoureuse remonte à 2005. J’étais avec un homme qui a promis me marier. Je lui ai donné toute mon affection. Mais il m’a trompée avec ma meilleure amie. Ç’a toujours été comme cela. Donc, j’ai perdu goût à la vie sentimentale », affirme la jeune fille, aux yeux éclatants. Selon elle, l’affaire est relativement juteuse dans la mesure où elle gagne en moyenne 15 mille Fcfa par nuit. «La passe est fixée à 1000Fcfa pour la position classique. Si le client veut satisfaire ses fantasmes alors le prix varie entre 2 mille Fcfa et 5 mille Fcfa. Bien entendu, les rapports sont protégés. Il peut arriver qu’un client demande le live cependant je n’ai jamais accepté de coucher avec quelqu’un sans préservatif », répète-t-elle. Mais quand nous abordons le sujet des agressions de ceux qui fréquentent le bordel. Habiba ne nie pas ce fait. Elle affirme n’avoir jamais dépouillé ses clients. Toutefois, la fille de joie nous explique comment ses commères s’y prennent. « Moi, je n’ai jamais volé un client. Tous ceux qui viennent chez moi, paient le prix de la passe fixé à 1000Fcfa. Il y a des filles qui ne sont honnêtes. Par exemple, lorsque la fille est avec le client dans la chambre, elle prend le soin de rabattre la porte. Bien avant cela, elle se trouve une complice qui se tient dehors. Et au moment où le client est en pleine extase, c’est le moment choisi pour la complice qui entre dans la chambrette. Elle fouille les poches du pantalon du client et fait main basse sur tout ce qui s’y trouve. Lorsque le client revient à lui, il constate qu’on lui a volé soit son argent, soit son téléphone portable. Il ne peut s’en prendre à personne puisqu’il est encore dans les tendresses de son flirt», indique Habiba qui ne s’empêche pas de héler un passant en l’invitant à une partie ventousée. Nous essayons de relancer la conservation. Il faudra patienter pendant cinq minutes car elle tente d’aguicher le potentiel client. Mais celui-ci rejette la proposition et file à l’anglaise. «Il faut subjuguer le client en le provoquant. A travers des propos du genre : «Chéri, viens !» Ou encore «j’ai envie de toi». Cette technique marque très souvent», se convainc la racoleuse en ajoutant que la technique d’approche du client est tout un art de séduction. Selon elle, en avril, deux de ses camarades (leurs identités ne nous sont pas données, ndlr) ont usé de cette technique pour dépouiller un commerçant de la somme de 150.000Fcfa.

La porte rabattue et le danger arrive de derrière

Ce dernier, visiblement, à la recherche de sensation forte, a payé cash. Si Habiba soutient qu’elle n’a jamais dérobé les biens de ses clients, ce n’est pas le cas pour Djénébou. La jeune fille espiègle de 22 ans reconnaît avoir soutiré la somme de 60 mille Fcfa de la poche de l’un de ses clients. Dans la nuit du 2 juillet vers 22h, la traînée reçoit la visite du nommé Karim. Il est ferrailleur à la casse d’Adjamé. Selon elle, l’autre méthode utilisée pour dépouiller les habitués du coin, est la technique « du préservatif perforé ». « Il m’a dit qu’il voulait que je lui fasse la fellation. Nous nous sommes accordés sur le prix de 3000Fcfa. Avant qu’il me pénètre, je lui ai tendu le préservatif. Je l’avais préalablement perforé en le frottant contre le mur. Après avoir joui, j’ai été mouillée par le sperme. J’ai tiré profit de cette situation. J’ai exigé qu’il me donne l’argent pour que je puisse aller faire mon test de dépistage du Sida et que j’aurais peut-être des médicaments à payer. Il n’a pas voulu s’exécuter c’est ainsi que j’ai appelé les vigiles. Il a été contraint à me donner 60 mille Fcfa », nous confie Djénébou connue sous le sobriquet de « Tout terrain ».

Le piège du préservatif perforé

A Bracodi-Bar, rien ne semble arrêter la propension des filles de joie à filouter leurs clients. Quitte à se faire aider par la bande de jeunes gens se disant agents de sécurité. Selon Kamaté Youssouf, un résident, affirme qu’il a été témoin le 12 juillet d’une scène d’agression sur un client par une fille de joie. « Le rez-de-chaussée de l’immeuble où j’habite est occupé par des prostituées. Ce jour-là aux alentours de 23h, j’ai vu l’une des filles de joie en compagnie de ces jeunes gens. Ils étaient en train de dépiauter l’individu sous prétexte qu’il a refusé de payer le prix de la passe. Et la racoleuse s’est mise à crier au voleur. Les jeunes gens qui n’attendaient que ce signal se sont rués sur lui emportant son téléphone portable et la somme de 20 mille Fcfa. Ce type d’agression est fréquent ici. Il y a une complicité entre les filles et ceux qui se disent gardiens », soutient-il. Cette accusation est reconnue à demi-mot par Agnès, une autre prostituée rencontrée. «On ne peut dire que nous dépouillons les gens en complicité avec des vigiles. Ceux-ci veillent à la sécurité ici. S’il y a un problème entre une fille et un client, c’est normal qu’ils interviennent pour rétablir l’ordre. D’ailleurs, certaines personnes viennent nous agresser en se faisant passer pour des clients. Donc, les jeunes gens surveillent les couloirs même si quelquefois il y a des cas de vol », avoue cette femme d’un âge avancé. Pas étonnant que les autres filles de son couloir l’appellent affectueusement « la vieille mère ». Il est 22h lorsque que nous quittons les lieux mais les va-et-vient de clients gagnent en intensité. Encore, de potentielles victimes !

Ouattara Moussa
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