Devrait-on en réalité s’attendre à autre chose que ce à quoi les Ivoiriens ont assisté hier, au tribunal d’Abidjan ? A peine quelques minutes ont suffi pour expédier aux calendes grecques un procès, celui de la filière café-cacao, que d’aucuns considéraient comme historique, dans un futur incertain et pour le moins suspect.
Renvoyé jusqu’au 16 novembre prochain, c’est-à-dire, après l’élection présidentielle du 31 octobre 2010, ce procès avorté laisse le gout amer d’une mascarade rondement fomentée par des mains obscures.
Vous avez dit mains obscures ? A la vérité non !
Ces mains sont bien connues pour être celles qui nous gouvernent depuis bientôt dix ans et qui ont manifestement intérêt à ce que ce procès ne se tienne pas.
Hier, le spectacle offert au nombreux public qui s’est déplacé pour assister au procès des barons du cacao, n’a fait que confirmer ce qui ressemble à de la peur pure et simple. La peur de Laurent Gbagbo de voir la vérité se manifester au cours de ce procès.
On l’a bien compris quand, demandant une pause de dix minutes pour consultation, c’est finalement après près plus d’une heure de tractations (téléphoniques surtout) que le juge Alain Pohan, invoquant un problème de disponibilité de salle, décide du report de l’audience jusqu’au mardi 16 novembre prochain, soit dans plus de deux mois. Henri Amouzou, Théophile Kouassi, Mme Obogui Amenan Rosine, Tapé Doh Lucien, Tano Kassi, Mme Angéline Kili, Jean-Claude Bayou et bien d’autres personnes citées dans cette affaire devront donc attendre encore, avant de connaître leur sort.
L’évènement annoncé à grande pompe n’a donc pas eu lieu ou du moins, il n’aura duré donc que quelques minutes. Mais en réalité, il ne s’agissait là que d’une vaste opération de saupoudrage du régime FPI. Laurent Gbagbo, contrairement à l’image d’homme de justice qu’il veut présenter à la face du monde, a peur des résultats que pourraient fournir ce procès des barons du FPI poursuivis pour « détournement de fonds, abus de confiance, abus de biens sociaux, escroquerie, faux et usage de faux en écriture privée de banque ». Le chef de l’Etat et candidat du FPI à l’élection présidentielle du 31 octobre prochain a aujourd’hui peur des grands déballages qui pourraient découler des audiences. Car le hic dans cette affaire, c’est que des suspicions pèsent lourdement sur la responsabilité du régime ivoirien dans ce scandale de la filière café-cacao. Surtout quand on sait qu’une partie de cet argent détourné a servi, selon plusieurs sources, à l’achat d’armes au temps fort de la crise militaro-politique. « Le cacao, dont la Côte d`Ivoire est le premier producteur mondial, est aussi la principale source de financement occulte du régime ivoirien, notamment pour ses achats d`armes de guerre », révélait en janvier 2006, un rapport commandé par la Commission européenne. Le FRC, explique le document, gérant une réserve de prudence censée soutenir les cours du cacao en faveur des petits producteurs, a financé l`achat d`armes pour le régime Gbagbo. « Cela, à hauteur de 60 millions de dollars (environ 30 milliards de francs CFA), sans même l`aval de son Conseil d`Administration », soutenait le rapport. Ce rapport ajoute également que dans la même période, pour son « effort de guerre », Tapé Doh Lucien, PCA de la BCC, a remis environ 15 milliards de francs CFA au pouvoir ivoirien pour l`achat d`armes et le rééquipement de l`armée ivoirienne. Et selon des sources, c’est cette version des faits que les détenus comptent déballer, haut et dans les moindres détails, devant le Tribunal. Des dépenses inopportunes et non justifiées qui ont fait dire, en septembre 2005, à une mission conjointe du FMI et de la Banque mondiale que sur environ 125 milliards de francs CFA prélevés sur le dos des planteurs, entre 2002 et 2004, seuls environ 40 milliards de francs CFA ont été régulièrement dépensés au bénéfice de la filière. Des détournements de biens sociaux qui ont bien profité au palais présidentiel. S’il est donc question aujourd’hui, de retrouver les traces de cette manne financière détournée dans la filière café-cacao, le chemin de la Présidence de la République sera aussi emprunté par les enquêteurs. Et c’est bien cela que Laurent Gbagbo et le FPI ne veulent pas, en cette période de campagne électorale. Car, il s’agit bien d’une situation qui, naturellement, peut les desservir.
Diawara Samou
Renvoyé jusqu’au 16 novembre prochain, c’est-à-dire, après l’élection présidentielle du 31 octobre 2010, ce procès avorté laisse le gout amer d’une mascarade rondement fomentée par des mains obscures.
Vous avez dit mains obscures ? A la vérité non !
Ces mains sont bien connues pour être celles qui nous gouvernent depuis bientôt dix ans et qui ont manifestement intérêt à ce que ce procès ne se tienne pas.
Hier, le spectacle offert au nombreux public qui s’est déplacé pour assister au procès des barons du cacao, n’a fait que confirmer ce qui ressemble à de la peur pure et simple. La peur de Laurent Gbagbo de voir la vérité se manifester au cours de ce procès.
On l’a bien compris quand, demandant une pause de dix minutes pour consultation, c’est finalement après près plus d’une heure de tractations (téléphoniques surtout) que le juge Alain Pohan, invoquant un problème de disponibilité de salle, décide du report de l’audience jusqu’au mardi 16 novembre prochain, soit dans plus de deux mois. Henri Amouzou, Théophile Kouassi, Mme Obogui Amenan Rosine, Tapé Doh Lucien, Tano Kassi, Mme Angéline Kili, Jean-Claude Bayou et bien d’autres personnes citées dans cette affaire devront donc attendre encore, avant de connaître leur sort.
L’évènement annoncé à grande pompe n’a donc pas eu lieu ou du moins, il n’aura duré donc que quelques minutes. Mais en réalité, il ne s’agissait là que d’une vaste opération de saupoudrage du régime FPI. Laurent Gbagbo, contrairement à l’image d’homme de justice qu’il veut présenter à la face du monde, a peur des résultats que pourraient fournir ce procès des barons du FPI poursuivis pour « détournement de fonds, abus de confiance, abus de biens sociaux, escroquerie, faux et usage de faux en écriture privée de banque ». Le chef de l’Etat et candidat du FPI à l’élection présidentielle du 31 octobre prochain a aujourd’hui peur des grands déballages qui pourraient découler des audiences. Car le hic dans cette affaire, c’est que des suspicions pèsent lourdement sur la responsabilité du régime ivoirien dans ce scandale de la filière café-cacao. Surtout quand on sait qu’une partie de cet argent détourné a servi, selon plusieurs sources, à l’achat d’armes au temps fort de la crise militaro-politique. « Le cacao, dont la Côte d`Ivoire est le premier producteur mondial, est aussi la principale source de financement occulte du régime ivoirien, notamment pour ses achats d`armes de guerre », révélait en janvier 2006, un rapport commandé par la Commission européenne. Le FRC, explique le document, gérant une réserve de prudence censée soutenir les cours du cacao en faveur des petits producteurs, a financé l`achat d`armes pour le régime Gbagbo. « Cela, à hauteur de 60 millions de dollars (environ 30 milliards de francs CFA), sans même l`aval de son Conseil d`Administration », soutenait le rapport. Ce rapport ajoute également que dans la même période, pour son « effort de guerre », Tapé Doh Lucien, PCA de la BCC, a remis environ 15 milliards de francs CFA au pouvoir ivoirien pour l`achat d`armes et le rééquipement de l`armée ivoirienne. Et selon des sources, c’est cette version des faits que les détenus comptent déballer, haut et dans les moindres détails, devant le Tribunal. Des dépenses inopportunes et non justifiées qui ont fait dire, en septembre 2005, à une mission conjointe du FMI et de la Banque mondiale que sur environ 125 milliards de francs CFA prélevés sur le dos des planteurs, entre 2002 et 2004, seuls environ 40 milliards de francs CFA ont été régulièrement dépensés au bénéfice de la filière. Des détournements de biens sociaux qui ont bien profité au palais présidentiel. S’il est donc question aujourd’hui, de retrouver les traces de cette manne financière détournée dans la filière café-cacao, le chemin de la Présidence de la République sera aussi emprunté par les enquêteurs. Et c’est bien cela que Laurent Gbagbo et le FPI ne veulent pas, en cette période de campagne électorale. Car, il s’agit bien d’une situation qui, naturellement, peut les desservir.
Diawara Samou