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Politique Publié le mardi 14 septembre 2010 | Le Patriote

Pour se maintenir au pourvoir - Le FPI ne pense qu’à tricher

© Le Patriote Par Prisca
Politique/Front populaire ivoirien: Ouverture de la 20è édition de la Fête de la liberté, en présence du président du parti, M. Pascal Affi N`guessan
Jeudi 29 avril 2010. Abidjan, Yopougon. Célébration de la Fête de la Liberté sur le site du futur siège du Front populaire ivoirien (FPI). Photo: le président Pascal Affi N`guessan
Plus que 47 jours nous séparent du 31 octobre prochain et on voit bien que les armes, au sein des états-majors politiques, s’affûtent. La tenue effective de l’élection présidentielle n’a peut-être jamais été aussi palpable que ces dernières semaines. Depuis que Laurent Gbagbo a, pour la première fois en cinq ans, consenti à accepter une date précise et, surtout, à signer un décret pour la confirmer, l’horizon électoral en Côte d’Ivoire s’est considérablement dégagé. Certes, quelques irréductibles sceptiques se veulent encore des Saint Thomas : ils veulent voir pour croire. On ne peut pas dire qu’ils aient vraiment tort. La duplicité d’un Gbagbo, qui a été jusque-là maître dans le jeu du dilatoire, leur donne raison. Mais le dilatoire a bien une fin. Le premier de nos socialistes a épuisé toutes les cartes de la fuite en avant. S’il avait été une souris, le chat du réalisme politique aurait fini par lui mettre le grappin dessus. Cette élection aura donc vraisemblablement lieu à la date constitutionnelle du 31 octobre 2010.
Du coup, le seul vrai challenge qui reste à Gbagbo est celui des moyens dont il devra se doter pour l’emporter face à ses adversaires, au soir de cette échéance fatidique. Bien sûr, il ne s’agit pas de moyens financiers. Le chef de l’Etat en exercice qu’il est n’a fait aucun mystère, au mépris des règles qui régissent toutes compétitions électorales, de battre campagne avec les moyens de l’Etat. « Je suis candidat à 100% et président à 100% », avait-il déjà averti. Il en fait d’ailleurs la démonstration à travers ses pseudos visites d’Etat dans le pays et qui n’ont d’Etat que le tapis rouge et les parades militaro-policières qui les caractérisent. Pour le reste, ce sont des attaques et des menaces claires à ses adversaires. Des menaces de répression dans le sang. Il brûle d’envie de mater ses adversaires, pour peu que son fauteuil émette quelques crissements susceptibles de l’étaler par terre, faute d’avoir pu réunir les suffrages à même de lui assurer la victoire.
Les moyens dont Gbagbo a besoin sont donc d’un tout autre ordre. Ils sont à rechercher – et les Ivoiriens les ont du reste déjà découverts – dans la capacité dont il faut faire preuve pour contourner les règles du jeu démocratique.
Depuis déjà quelques années en arrière, le FPI ne travaille qu’à cela. Comment, par des voies détournées qui défient toutes les normes de la convenance électorale, parvenir à conserver le pouvoir ? En termes plus prosaïques, comment tricher pour se tailler la part du lion électoral ? Voici le combat du FPI.
Ce mauvais combat, indigne d’un parti qui a jadis bâti sa réputation sur les thèses généreuses de probité, de transparence, de démocratie, a pris forme avec les audiences foraines. Au lieu d’appeler ses militants à s’inscrire massivement lors de cette importante étape du processus électoral, le FPI, dans le seul but de réduire l’électorat de ses adversaires, a plutôt appelé les siens au boycott. Résultat : plusieurs morts et une très faible participation de ses militants à cette opération. Ensuite, devant ce fait accompli, un certain Sokouri Bohui, présenté pourtant dans son camp comme le spécialiste des élections, a inventé une aberration technique qu’il a baptisée « opération inondation », qui n’avait pour seul dessein que d’inscrire sur une liste électorale qu’il s’était taillée dans son esprit, des milliers d’Ivoiriens susceptibles de voter pour son camp. La chose s’est avérée un fiasco total.
Vint alors l’identification que le FPI, par des manœuvres de toutes sortes, a tenté de saboter. Là encore, rien n’y fit. La mort dans l’âme, et comme il fallait rattraper les erreurs commises par ses propres cadres, le parti d’Affi N’guessan s’est agrippé, lors du contentieux sur la liste électorale, à l’idée qu’il pouvait spolier des centaines de milliers d’Ivoiriens de leur nationalité, rien que pour les soustraire du jeu électoral en espérant ainsi se positionner en tête de ce corpus. Là encore, la pilule s’est trouvée très amère pour nos drôles de démocrates. La justice, en tout cas en ce qu’elle contient d’hommes et de femmes de devoir, a refusé de tremper dans cette combine.
Ne s’avouant jamais vaincues, les anciennes poches de moralité, à ce qui se bruit en ce moment, lorgnent du côté des bulletins de vote dont ils voudraient avoir, par le biais de l’imprimerie nationale – qui s’est pourtant avouée incompétente – le contrôle total. A quel dessein ? On l’imagine aisément. Il y a tout juste quelques jours, c’est le nombre de bureaux de vote que l’Ins, notoirement connu pour être inféodé au parti au pouvoir et alors qu’elle n’en a pas les prérogatives, réduit comme peau de chagrin, les ramenant à environ 16. 000 au lieu de 22.000. Objectif inavoué : créer lors du scrutin des engorgements qui empêcheraient un bon nombre d’électeurs d’accomplir leur devoir civique. On parle également d’un travail souterrain qui se préparerait chez les frontistes pour opérer des tripatouillages via internet sur le système de communication du scrutin.
Pourquoi toute cette énergie pour contourner le débat démocratique ? Pourquoi le FPI n’a que la tricherie comme moyen de se maintenir au pouvoir ? Au moment où les autres formations politiques livrent la bataille du terrain, celle des propositions pour sortir la Côte d’Ivoire de l’ornière où elle se trouve, pourquoi le FPI tourne-t-il le dos à cette voie royale et loyale pour mériter des Ivoiriens ?
A la vérité, si Gbagbo et le FPI montrent des signes d’énervement à l’approche des élections, c’est qu’il a une claire conscience de son incapacité objective à se succéder à lui-même. Son chef, Gbagbo, sait plus que quiconque qu’il ne gagnera jamais ces élections. Depuis au moins cinq ans en arrière, c’est-à-dire au moment de la fin de son premier mandat, il a intégré à l’esprit cette redoutable réalité.
Les nombreux sondages qui l’ont pourtant donné vainqueur sans coup férir, ne l’ont jamais convaincu. S’il les a multipliés, c’est dans le seul but de préparer l’opinion à un passage en force. Vous avez dit passage en force ? Eh bien, pour peu qu’on ait l’œil ouvert pour en capter les signaux, ne serait-ce que les plus ostensibles, on s’aperçoit que Laurent Gbagbo est le maillon faible d’une compétition où ses chances sont minces, voire anecdotiques. C’est tout le sens de la fameuse allégorie du « mouton » qu’il n’entend pas être en allant aux élections.

KORE EMMANUEL
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