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Économie Publié le mercredi 15 septembre 2010 | Nord-Sud

Alimentation : Pourquoi Gbagbo a créé un office du riz

Ces dernières années, la hausse du prix de riz s’est généralisée. Malheureusement, selon les spécialistes, cette tendance est appelée à se poursuivre les années à venir. Un défi de taille que le gouvernement entend relever par la création de l’Office national du riz.

Laurent Gbagbo a décidé de créer un Office national du riz. Une réponse structurelle à la crise de la denrée mais surtout une étape vers la puissance agricole que la Côte d’Ivoire veut devenir. Selon les attributions visées par le projet de décret, cette société d’Etat est chargée de la mise en œuvre d’un plan d’opération riz, aliment de base des populations. En effet, depuis plusieurs campagnes, le niveau de la production nationale n’a cessé de dégringoler. En 1999, le pays produisait environ 1 million de tonnes de riz blanchi contre 400 tonnes aujourd’hui, explique Guédé Béhinan, directeur général de l’Agence nationale d’appui au développement rural (Anader), dans la presse. A ce jour, la production locale est de 700.000 tonnes contre 900.000 d’importations annuelles, selon les chiffres officiels.

150 milliards d’importations

Pourtant, les besoins annuels avoisinent les 1,5 million de tonnes de riz blanchi. Aujourd’hui, la Côte d’Ivoire dépense 150 milliards Fcfa pour importer du riz. Conséquence, les prix ont augmenté de près de 50%, ces derniers années. Au regard des résultats peu flatteurs des initiatives précédentes, le rêve est-il encore permis ? En effet, en mai 2008, le gouvernement avait mis en place un programme de relance de sa production de riz. Objectif, atteindre l’autosuffisance en 2011. Ce programme prévoyait l’aménagement de 39.000 hectares de bas-fonds irrigables destinés à produire 200.000 tonnes de riz supplémentaires. Il a bénéficié d’un appui de 1,8 milliard de Fcfa du Fonds international pour le développement agricole (Fida), 1,2 milliard Fcfa de la Banque mondiale (BM) et 200 millions de Fcfa de l’Organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao). Le projet devrait aussi permettre de constituer des stocks de sécurité à partir de 2017. L’initiative faisait suite non seulement à la conjoncture mais se posait comme une réponse à une enquête du Programme alimentaire mondiale (PAM) réalisée en 2006. Selon cette étude, en Côte d’Ivoire, 9% des ménages ruraux étaient dans une situation d’insécurité alimentaire, soit environ 567.000 personnes. Plus de 1,19 million de personnes, soit 20% des ménages ruraux, étaient exposées à un risque élevé d’insécurité alimentaire. Une réévaluation avait observé que ces taux ont augmenté de manière substantielle en l’absence d’une solution rigoureuse et diligente. Avec la raréfaction des importations liées à la volonté de certains pays asiatiques comme la Thaïlande et l’Inde de mettre un terme aux exportations de leur production, la Fédération nationale des coopératives de vivriers de Côte d’Ivoire (Fenacovici) a pris le relais. Selon la présidente Colette Irié Lou, ce sont 300.000 tonnes de riz qui ont été mises sur les marchés durant la campagne 2009-2010. Mieux, une unité de transformation sera inaugurée, ce matin, à Tiassalé. Pourtant, sans un soutien tangible, toutes ces initiatives rizicoles auront le malheur de ne pas durer à cause notamment de la rareté des financements publics. «Il faut exploiter tous les bas-fonds et tous les plateaux arables.

La Soderiz ressuscitée ?

C’est la condition pour inverser la tendance, c’est-à-dire de produire 70% de riz et importer seulement 30% », conseille Mme Irié Lou qui prédit une baisse de kilogramme de riz local. Il oscille aujourd’hui entre 300 et 350 Fcfa. Avec le Programme national riz (PNR) et la profession Anariz-ci qui a des antennes sur le terrain à savoir les coopératives départementales de riziculteurs (Cooderiz), 15 milliards de Fcfa devraient être affectés à la filière riz à travers les composantes suivantes : le conseil agricole, la recherche agronomique et les organisations paysannes, sans oublier les commerçants. Cela implique des installations techniques. Le problème du riz, c’est certes les déficits, mais ce sont surtout les infrastructures pour faire la conservation et construire les silos de stockage. Par ailleurs, l’office se propose non seulement de faciliter la commercialisation par l’accroissement et l’intensification de la production rizicole mais également d’investir dans la construction de barrages agro-pastoraux pour le développement du riz irrigué qui produit 3 fois plus que le riz pluvial. Un peu comme la Soderiz, c’est cette combinaison là, c’est-à-dire la volonté de mettre en place des infrastructures d’irrigation, d’aménager des terres et de faire une politique de semence gratuite », observe Guédé Béhinan. Pour lui, le Centre national de recherche agronomique (CNRA) a toutes les lignées du riz du monde et demande, avec l’Anader, l’I2T et le laboratoire de l’université d’Abobo-Adjamé, que la Côte d’Ivoire donne les moyens aux structures qu’elle a créées pour l’aider à asseoir une politique rizicole. «Si les moyens sont dégagés, il est possible, dans les 7 ans qui viennent, de faire en sorte que l’Etat de Côte d’Ivoire soit autosuffisant en riz » En effet, la problématique de l’accès aux ressources de production telles que la terre, la main-d'œuvre, le crédit, les équipements se pose avec acuité, et beaucoup plus pour les paysans. La commercialisation du riz, du moins les conditions de commercialisation, n’est guère meilleure. Ces difficultés provoquent des pertes mais aussi freinent les opportunités d’accès au marché et réduisent les revenus des habitants ruraux d’au moins 30 %. Bref ! Autant de problèmes qui ouvrent une fenêtre sur les capacités réelles du pays à soutenir la compétitivité et la mise sur le marché du riz produit. Mais, plus que l’office, les paysans demandent à l’Etat d’agir sur la fiscalité et la parafiscalité, sur les intrants, sur les herbicides. Pourquoi pas sur la houe, la machette et la lime.

Lanciné Bakayoko
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