S’il voulait une entrée discrète, c’est raté. Hamed Bakayoko ne peut pas rentrer incognito chez lui, à Séguéla. C’est pourquoi, à son arrivée hier jeudi à 15h dans cette ville, il est tombé sur plusieurs dizaines de personnes dont le Maire résident venues l’accueillir. Cependant, le ministre ne traîne pas. Travailleur, il fait à peine un tour à sa résidence et conduit une forte délégation vers Sifié où les populations l’attendent depuis quelques heures. Pour les 39 kilomètres, il faudra un peu plus d’une heure au regard de l’état de cette piste en cette saison pluvieuse. Tout Sifié, les villages environnants, les cadres et pratiquement tous les élus RDR de la région sont présents. L’ambiance est à la fête. Le directeur national de campagne chargé de la jeunesse d’Alassane Dramane Ouattara les honore. Mais en républicain, il se dirige d’abord chez le Sous-Préfet, Ankoun Kouadjo. « Je souhaite que les élections se passent dans la convivialité comme ici », plaide l’administrateur. Le directeur de campagne répond qu’il est du « devoir de la classe politique de relever le défi d’un scrutin apaisé ». Le discours sera le même devant les populations quelques instants après. Mais, le ministre Hamed Bakayoko a pris le temps d’expliquer aux populations que si Ouattara ne s’y est pas rendu lors de sa tournée, ce n’était pas par «mépris», mais par «contraintes». Autrement, le candidat du RDR porte Sifié dans son cœur. «Il connaît toutes les difficultés de votre ville», a-t-il déclaré. Mais pour les résoudre il faudra qu’il soit Président de la République ». C’est pour cette raison qu’il a invité les populations après «le combat gagné pour sa candidature» à tout mettre en œuvre pour le faire élire. «Nous ne devons pas perdre une seule voix», a plaidé le ministre. « Aucune voix ne doit nous manquer. Mobilisez-vous pour aller au vote, transportez les malades vers les bureaux de vote. Le moment est très important, beaucoup de gens ont souffert pour qu’on joue avec ce moment». Il a demandé aux populations de ne pas écouter les «démagogues» qui viendront leur mentir. Pour lui, le FPI gouverne dans un «désordre organisé» et ne saurait comparer sa gestion à celle des trois années de Ouattara sous Houphouët. En tout état de cause, le directeur de campagne d’ADO demande de ne pas écouter des gens qui souhaitait les extraire de la liste électorale. «Ils ont rédigé plus de 30 000 demandes de radiation en majorité des enfants du Nord», a-t-il précisé. Pour lui, une telle politique est inacceptable et doit prendre fin. Par conséquent, il a insisté auprès des populations afin qu’elles se «mobilisent pour aller retirer leur cartes nationales d’identité». Il a par ailleurs insisté que son parti restera «vigilant» et fera en sorte que «personne ne soit privé de sa carte d’identité». Enfin, il a demandé aux uns et aux autres de ne pas céder aux doutes car «le moment tant attendu est arrivé». «Nous sommes à 44 jours d’un grand bonheur, d’un grand changement, est-il persuadé. Enfin, le moment tant attendu de l’avènement de Ouattara au pouvoir va s’accomplir. Nous avons la chance de vivre cela comme les Américains ont vécu que l’arrivée d’Obama. Le moment des grandes choses est arrivé ». C’est en laissant son public rassuré et mobilisé que Hamed Bakayoko a quitté Sifié à 19h passées par la même piste. Sans doute avec l’assurance que dans quelques mois ce serait une piste meilleure.
Kigbafory Inza, Envoyé spécial dans le Worodougou
Kigbafory Inza, Envoyé spécial dans le Worodougou
