Un policier ouvre le feu à Abobo - Un mort, le transport perturbé

17H30 minutes. Nous sommes à la casse d’Abobo-Anador. Sur le trottoir, dans le sens Adjamé-Abobo, baigne encore dans une marre de sang, le corps sans vie du jeune Coulibaly Ismaël alias ‘’Junior’’. L’image est à la fois insoutenable et révoltante. Car, il s’agit d’un adolescent de 17 ans qui vient juste d’être brutalement arraché à l’affection des siens. Apprenti-chauffeur de son état, Junior s’attendait certainement à tout, ce samedi 18 septembre, sauf à une fin aussi tragique. Mais bien malheureusement, c’est un policier qui, deux heures avant notre arrivé sur les lieux, a décidé de mettre fin à sa vie. En effet, selon des témoignages recoupés sur place, la bavure s’est produite une vingtaine de minutes après la visite du Dr Alassane Dramane Ouattara à la casse d’Abobo-Anador. « C’est après le départ du cortège d’ADO que, pendant qu’il revenait du lieu du rassemble, de l’autre côté de la route, qu’il a été pris en partie par deux hommes en tenue civile », raconte une jeune dame, sous le couvert de l’anonymat. Vendeuse d’eau en sachet, elle soutient avoir suivi toute la scène, de bout en bout. Selon elle, Junior était en train chanter les louanges d’Alassane Ouattara. Ce qui semblait ne pas plaire aux deux hommes. « L’un d’entre eux a alors demandé à Junior d’arrêter. Chose que le jeune homme a refusé. L’atmosphère devenant de plus en plus tendue, un des deux hommes insulte la mère de Junior. Celui-ci, ne sachant certainement pas à qui il a affaire, a répliqué immédiatement », explique notre témoin vendeuse d’eau en sachet. Une autre source soutient que Junior aurait dit « tu parles de ta mère et non de la mienne ». Du coup, soutiennent nos interlocuteurs, le policier en tenue civile sort une arme à feu et demande au jeune Apprenti-chauffeur de se mettre à genou.

Le policier copieusement
lynché

Mais avant même que le jeune homme ne s’exécute, il est froidement abattu d’une balle dans la tête. Selon les témoins, se rendant compte de la bêtise que venait de commettre son équipier, l’autre policier décide de prendre ses jambes à son cou. Quant à l’auteur de la bavure, coincé par la colère des ferrailleurs et autres badauds sur place, il décide aussi de s’en fuir. Mais il est vite rattrapé et copieusement lynché. Nos sources précisent qu’il ne doit son salut qu’au secours de quelques bonnes volontés. Ce sont les sages et quelques responsables politiques et syndicaux de la casse qui auraient demandé aux jeunes, visiblement très en colère, d’accepter de le remettre à la Police. Chose qu’ils finiront par faire, quand arrive sur place un autre groupe de policiers.
Quand nous arrivions sur les lieux, le périmètre où se trouve le corps du jeune Coulibaly Ismaël alias ‘’Junior’’ est totalement bouclé par le Police. Cela, pour nécessité de constat. Mais quand aux environs de 18H, vient un corbillard et que les policiers décident d’emporter le corps, les jeunes disent niet ! C’est le débout d’un autre moment de tension. Pendant que les hommes en arme usent de tirs et de jets de gaz lacrymogènes, les jeunes décident de barricader, en différents endroits, la voie principale menant à la gare d’Abobo. Chose qui, naturellement, crée du coup une perturbation de la circulation. La tension perdure ainsi durant plus d’une demi-heure, avant de se calmer vers 19H. Cela, après que la Police ait conduit le corps à la morgue d’Anyama, sous le regard hargneux des amis du jeune Coulibaly Ismaël.
Hier dimanche 19 septembre, nous apprenions qu’une délégation du RDR, conduite par le maire Adama Toungara, s’est rendue au domicile du défunt. Là-bas, le collaborateur du candidat Alassane Dramane Ouattara est allé apporter son réconfort à la famille éploré, avant de promettre que le RDR sera de toutes les étapes des obsèques du jeune Coulibaly.
Diawara Samou