Comme dans la plupart des villes ivoiriennes, la nuit, les écumeurs sont aux aguets dans les rues de Touba, appelée aussi la «Cité de l’arbre céleste». Parfois, cela donne des scènes insolites… mais aussi pathétiques.
Quand on s’est déjà envolé avec l’ouvrage «Les chauves souris», il n’est pas si difficile de s’imaginer la vie dans la cité de l’arbre céleste (Ndlr, Touba). Surtout à l’heure où des gens sont à la recherche de sensations fortes. Et, dans ce cas, ce sont les noctambules qui jouent les premiers rôles, à Touba, au moment où la nuit enveloppe de son transparent corsage la capitale du Bafing, à 700 lieues d’Abidjan. Ce premier samedi du mois de juillet, à 18 heures, la galère des fins de mois n’est plus qu’un triste souvenir pour les travailleurs et autres fonctionnaires. Les établissements de transfert d’argent n’ont pas désempli. Et déjà, sur les artères principales, le décor de la nuit est planté. Ici et là, l’on s’active aux derniers réglages. Des femmes s’affairent à installer la braisière, mi-remplie de charbon, qui recevra bientôt carpes et autres brochettes de viande copieusement assaisonnées, en attendant une dégustation bien joyeuse.
Les merveilles du braisé
Dans les cabines téléphoniques, le geste est uniforme. Une fine couche de lumière vient redonner de l’éclat aux pancartes publicitaires. Celles-ci annoncent des réductions de prix des appels ou des bonus alléchants en cas de transfert de crédit. Dans les bars et les débits de boisson, les décibels ne trompent pas, les Disc jockeys sont déjà à leur poste. L’air est épais, alourdi par l’odeur du poisson braisé et de la viande rissolée. Autour des vendeurs et vendeuses de grillades, c’est un attroupement de grande soirée. L’on se marche pratiquement sur les pieds, pour pouvoir passer sa commande. L’exercice est laissé aux filles. Elles le font à merveille. D’ailleurs, n’est-ce pas pour elles et pour leur faire plaisir qu’on est là ? «C’est normal ! », lâche Flavien avant de jeter un clin d’œil complice à sa compagne. Cette dernière tient entre les mains un plastique noir contenant le délicieux poisson braisé bien emballé. Puis, tous deux disparaissent dans la nuit noire. L’artère principale, à partir du rond-point, s’est transformée, le temps d’une nuit, en un véritable boulevard de rendez-vous. Des gens aux allures des plus invraisemblables déambulent seuls, en groupe ou alors, dans les bras de leur «girl ou boy friend». Ici, l’amourette à la-va-vite se fait au prix du poisson braisé ou d’un quaker dans le restaurant de Massiami Fadiga. N’oubliez surtout pas la bouteille de boisson bien fraîche, alcoolisée ou non, pour aider à dissiper les effets des épices ! «Les filles qui viennent généralement des régions voisines ont deux amours : le poisson braisé et les espèces sonnantes et trébuchantes», ironise un gérant d’hôtel. C’est ce qui a valu à cette artère le surnom de «Rond-point». Normal, car la quasi-totalité des bars et des commerces ne sont pas loin de là. De l’hôtel «La Savane», avec sa musique de variété, fréquenté par les professeurs et autres travailleurs, en passant par le bistrot «Le Crépuscule », ou «Aux mille manguiers», une sorte d’arène pour durs à cuire, coupé-décalé et sonorités locales se côtoient allègrement. Malgré les ruptures de style, ces lieux ont tout en commun : les jeunes filles y sont à longueur de journée et rentrent bien tard la nuit. La bière mousse abondamment dans les verres. La règle ici est de boire, continuer à boire, en laissant traîner d’innombrables bouteilles vides sur la table. Pour couronner ces agapes, les tiges de cigarettes passent de main en main, avant d’achever leur parcours sous les pieds d’un membre du groupe. Au fait, Touba ne manque pas de curiosités! Dans les bars, c’est une autre vie. La délégation venue participer au meeting animé le même jour par la Haute autorité pour la région des Montagnes, Siki Blon Blaiseen rajoute à la fête. Le «Rond-point» est transformé en parking de fortune. De grosses cylindrées circulent. Cette nuit-là, on reconnaît le véhicule d’un gros bonnet de la ville. Ces «boss» de la ville, on les croise très souvent en arpentant les collines de la «cité administrative», dans des tenues très en rupture avec leur âge, selon le témoignage d’un jeune homme. Il sort, lui aussi, de chez sa petite amie.
Autres lieux, même scène : devant l’hôtel Bon pavillon, très couru, c’est une voiture de marque Mercedes qui est discrètement garée, pratiquement dans la broussaille. Le rythme des entrées y est infernal. Quelques coups frappés avec discrétion à la porte suffisent, le téléphone portable ayant permis d’arranger les choses avant. Ces endroits sont reconnus comme des lieux très dynamiques. Généralement, ce sont des filles qui sont issues de familles pauvres qui excellent dans ces pratiques bacchanales, mais également des élèves. Une élève nous révèle que le phénomène de la prostitution des filles a pris une grande ampleur dans une des mini-cités de la ville.
Bonne nuit les belles de nuit !
Ce qui a contraint le propriétaire à chasser toutes les filles de cette habitation, afin d’en préserver l’image. A une certaine époque, des mots nouveaux ont été consacrés par l’usage. L’on parlait alors d’une certaine dualité : le chic et le choc. Le scénario est un peu comme des atomes en éternel mouvement autour du noyau, l’élève. Les rôles sont bien répartis. Répondre ad nutum aux caprices financiers du «Gbomi» (fille que l’on trouve belle dans le milieu), pour l’un et pour le second, rester «Petit pompier» pour la petite dans les turpitudes du quotidien scolaire. Sponsors ou pompier, ils vont et viennent ce soir, bras-dessus, bras-dessous, après avoir naturellement fait un tour chez les «braiseurs» de bonnes victuailles. Il n’est pas rare que des «incidents» surviennent. Des collisions entre sponsors et rythmeurs dans la chambre de la belle marquise. Heureusement, en cette matière, la gente féminine fait et continue de faire preuve d’une intelligence hors du commun. C’est alors que, souvent, le «Petit pompier», contre toute attente, est passé pour le frère du village, le cousin. Rarement, le coup foire. Ainsi vit Touba la nuit !
Lanciné Bakayoko, envoyé special
Quand on s’est déjà envolé avec l’ouvrage «Les chauves souris», il n’est pas si difficile de s’imaginer la vie dans la cité de l’arbre céleste (Ndlr, Touba). Surtout à l’heure où des gens sont à la recherche de sensations fortes. Et, dans ce cas, ce sont les noctambules qui jouent les premiers rôles, à Touba, au moment où la nuit enveloppe de son transparent corsage la capitale du Bafing, à 700 lieues d’Abidjan. Ce premier samedi du mois de juillet, à 18 heures, la galère des fins de mois n’est plus qu’un triste souvenir pour les travailleurs et autres fonctionnaires. Les établissements de transfert d’argent n’ont pas désempli. Et déjà, sur les artères principales, le décor de la nuit est planté. Ici et là, l’on s’active aux derniers réglages. Des femmes s’affairent à installer la braisière, mi-remplie de charbon, qui recevra bientôt carpes et autres brochettes de viande copieusement assaisonnées, en attendant une dégustation bien joyeuse.
Les merveilles du braisé
Dans les cabines téléphoniques, le geste est uniforme. Une fine couche de lumière vient redonner de l’éclat aux pancartes publicitaires. Celles-ci annoncent des réductions de prix des appels ou des bonus alléchants en cas de transfert de crédit. Dans les bars et les débits de boisson, les décibels ne trompent pas, les Disc jockeys sont déjà à leur poste. L’air est épais, alourdi par l’odeur du poisson braisé et de la viande rissolée. Autour des vendeurs et vendeuses de grillades, c’est un attroupement de grande soirée. L’on se marche pratiquement sur les pieds, pour pouvoir passer sa commande. L’exercice est laissé aux filles. Elles le font à merveille. D’ailleurs, n’est-ce pas pour elles et pour leur faire plaisir qu’on est là ? «C’est normal ! », lâche Flavien avant de jeter un clin d’œil complice à sa compagne. Cette dernière tient entre les mains un plastique noir contenant le délicieux poisson braisé bien emballé. Puis, tous deux disparaissent dans la nuit noire. L’artère principale, à partir du rond-point, s’est transformée, le temps d’une nuit, en un véritable boulevard de rendez-vous. Des gens aux allures des plus invraisemblables déambulent seuls, en groupe ou alors, dans les bras de leur «girl ou boy friend». Ici, l’amourette à la-va-vite se fait au prix du poisson braisé ou d’un quaker dans le restaurant de Massiami Fadiga. N’oubliez surtout pas la bouteille de boisson bien fraîche, alcoolisée ou non, pour aider à dissiper les effets des épices ! «Les filles qui viennent généralement des régions voisines ont deux amours : le poisson braisé et les espèces sonnantes et trébuchantes», ironise un gérant d’hôtel. C’est ce qui a valu à cette artère le surnom de «Rond-point». Normal, car la quasi-totalité des bars et des commerces ne sont pas loin de là. De l’hôtel «La Savane», avec sa musique de variété, fréquenté par les professeurs et autres travailleurs, en passant par le bistrot «Le Crépuscule », ou «Aux mille manguiers», une sorte d’arène pour durs à cuire, coupé-décalé et sonorités locales se côtoient allègrement. Malgré les ruptures de style, ces lieux ont tout en commun : les jeunes filles y sont à longueur de journée et rentrent bien tard la nuit. La bière mousse abondamment dans les verres. La règle ici est de boire, continuer à boire, en laissant traîner d’innombrables bouteilles vides sur la table. Pour couronner ces agapes, les tiges de cigarettes passent de main en main, avant d’achever leur parcours sous les pieds d’un membre du groupe. Au fait, Touba ne manque pas de curiosités! Dans les bars, c’est une autre vie. La délégation venue participer au meeting animé le même jour par la Haute autorité pour la région des Montagnes, Siki Blon Blaiseen rajoute à la fête. Le «Rond-point» est transformé en parking de fortune. De grosses cylindrées circulent. Cette nuit-là, on reconnaît le véhicule d’un gros bonnet de la ville. Ces «boss» de la ville, on les croise très souvent en arpentant les collines de la «cité administrative», dans des tenues très en rupture avec leur âge, selon le témoignage d’un jeune homme. Il sort, lui aussi, de chez sa petite amie.
Autres lieux, même scène : devant l’hôtel Bon pavillon, très couru, c’est une voiture de marque Mercedes qui est discrètement garée, pratiquement dans la broussaille. Le rythme des entrées y est infernal. Quelques coups frappés avec discrétion à la porte suffisent, le téléphone portable ayant permis d’arranger les choses avant. Ces endroits sont reconnus comme des lieux très dynamiques. Généralement, ce sont des filles qui sont issues de familles pauvres qui excellent dans ces pratiques bacchanales, mais également des élèves. Une élève nous révèle que le phénomène de la prostitution des filles a pris une grande ampleur dans une des mini-cités de la ville.
Bonne nuit les belles de nuit !
Ce qui a contraint le propriétaire à chasser toutes les filles de cette habitation, afin d’en préserver l’image. A une certaine époque, des mots nouveaux ont été consacrés par l’usage. L’on parlait alors d’une certaine dualité : le chic et le choc. Le scénario est un peu comme des atomes en éternel mouvement autour du noyau, l’élève. Les rôles sont bien répartis. Répondre ad nutum aux caprices financiers du «Gbomi» (fille que l’on trouve belle dans le milieu), pour l’un et pour le second, rester «Petit pompier» pour la petite dans les turpitudes du quotidien scolaire. Sponsors ou pompier, ils vont et viennent ce soir, bras-dessus, bras-dessous, après avoir naturellement fait un tour chez les «braiseurs» de bonnes victuailles. Il n’est pas rare que des «incidents» surviennent. Des collisions entre sponsors et rythmeurs dans la chambre de la belle marquise. Heureusement, en cette matière, la gente féminine fait et continue de faire preuve d’une intelligence hors du commun. C’est alors que, souvent, le «Petit pompier», contre toute attente, est passé pour le frère du village, le cousin. Rarement, le coup foire. Ainsi vit Touba la nuit !
Lanciné Bakayoko, envoyé special