Hier, alors qu'ils voulaient exprimer leurs préoccupations au président de la République, des éléments des groupes d'auto défense de la zone sud, ont été dispersés par des éléments des Forces de défense et de sécurité (Fds), leurs alliés d'hier, au Plateau. Ils se sont donc repliés à Adjamé 220 Logements. Le porte -parole de ces groupes d'auto défense, par ailleurs président national du Groupement des patriotes pour la paix (Gpp), Bouazo Yokoyoko, que nous avons rencontré dans un maquis aux 220 Logements, a bien voulu nous expliquer les raisons qui les ont poussés à se rendre au Plateau pour un sit in.
Vous avez initié un sit-in au Plateau, ce matin. Quelles sont les raisons qui ont motivé ce sit in ?
En fait, dire que j'ai initié un sit- in, c'est trop dire. Mais, les éléments avaient des appréhensions. Et ils ont voulu les faire connaître au président de la République. Quand la paix pointait à l'horizon, le président a identifié des institutions pour pouvoir gérer nos situations. Il se trouve qu'à moins de deux mois des élections, aucune disposition n'a été appliquée en ce qui nous concerne. Cela crée des inquiétudes. On a voulu faire connaître publiquement nos préoccupations, pour être pris en compte dans les derniers efforts à faire avant d'aller aux élections.
Etes-vous allés vers les structures chargées de régler le problème des ex-combattants et des groupes d'autodéfenses ?
Nous nous sommes mis à la disposition de ces structures depuis qu'elles ont été créées. Nous avons travaillé avec ces structures. Apparemment, elles n'ont pas la solution à nos problèmes. Par exemple, quand on pose le problème du paiement des 500.000f, toutes les structures disent que cela ne fait pas partie de leurs attributions.
Quelles sont vos inquiétudes que vous voulez porter à la connaissance du chef de l'Etat?
Nos inquiétudes sont de deux ordres. Il y a les promesses, les engagements que l'Etat a pris à notre encontre, qui ne se sont pas concrétisées. Par exemple le paiement des 500.000f, l'engagement socioprofessionnel des éléments, et surtout l'insertion de certains éléments au sein des Fds. De la même façon qu'un quota a été accordé à l'ex-rébellion pour utiliser leurs éléments au sein de la nouvelle armée. Il y a eu l'amnistie pour les ex-rebelles. De notre côté, il y a certains de nos éléments qui, pour larcin ou pour autre motif, sont en prison. Nous souhaitons qu'ils bénéficient d'une grâce exceptionnelle pour pouvoir entrer dans les programmes de réinsertion et de sortie de crise. Parce qu'il ne serait pas intéressant qu'on amnistie certains qui ont commis des crimes et qu'on maintienne ceux qui ont commis des délits mineurs.
Combien d'éléments avez-vous en prison à ce jour ?
Je n'ai pas le point exact. Au niveau de la Maca, le dernier point qu'un journal avait fait était autour de 200 personnes.
Quels délits leur reproche-t-on ?
Souvent, il y a des cas de vol. Il ne faut pas se le cacher. Mais très souvent, il y a des cas d'indiscipline. Il y en a qui portaient des tenues militaires alors qu'on avait demandé qu'ils arrêtent de les porter. Où alors, c'est des cas de bagarre.
A moins de deux mois des élections, vos préoccupations ne sont pas encore prises en compte, vous avez dit. Avez-vous l'impression que le pouvoir vous a utilisés ?
Non, le pouvoir ne nous a pas utilisés. Il faut que les gens comprennent notre action. Ce n'est pas Gbagbo qui nous a appelés. Et de même, nous n'avons jamais accusé le pays. Dans une maison, des frères peuvent avoir des motivations différentes. Donc, on peut saisir la perche que l'étranger te tend pour satisfaire ton problème, par rapport à la maison familiale. La rébellion, c'était un peu cela…donc ce n'est pas Gbagbo qui nous a suscités. C'est un élan patriotique. En Algérie, en France, on le célèbre. Ce que nous disons, c'est que, pour avoir accompli notre devoir patriotique, il est légitime que l'Etat nous raccompagne. Nous avons accompli notre devoir patriotique, il faut aussi que le droit patriotique suive.
Vos éléments se sont rendus au Plateau. Ont-ils été reçus ?
Non, ils n'ont pas été reçus. Et c'est dommage. Pour être honnête, notre intention n'était pas de faire une marche. Nous avons écrit à toutes les autorités pour présenter des doléances et faire connaître nos préoccupations. Notre intention était de nous regrouper pour que les autorités viennent à nous pour faire suite à nos doléances. Nous nous sommes regroupés au stade Jean Delafosse (Adjamé, 220 Logements), et nous sommes restés jusqu'autour de 13 heures, et on ne voyait personne. C'est ainsi que nous avons décidé de nous rendre dans un lieu public. Et comme notre souhait, c'était de rencontrer le président de la République, nous avons décidé alors d'aller au palais. Ils sont partis dans la discipline. Je ne vois pas en quoi cela est déplacé pour qu'on les reçoive avec des grenades lacrymogènes. Certains ont même été arrêtés. Plus d'une dizaine.
Y a-t-il eu des blessés ?
Oui. Certains ont reçu des coups et d'autres ont reçu physiquement des grenades lacrymogènes.
Où se trouvent vos blessés ?
Je n'ai pas le point du terrain. J'attends que les commandants viennent me faire le point. J'étais avec eux, et à la dernière minute, j'ai été exfiltré pour des raisons de sécurité.
Que comptez-vous faire si vos revendications ne sont pas prises en compte ?
Je pense que nos revendications seront prises en compte. Puisqu'on veut résoudre tous les problèmes avant d'aller aux élections. Et le président dit que toutes les dispositions ont été prises. Le Premier ministre dit de son côté que l'argent est disponible. Logiquement, il ne doit pas avoir de problème. Nous sommes des patriotes, on ne peut pas s'opposer aux élections. Mais comme ils ont dit que les problèmes seront réglés avant les élections, nous pensons qu'après avoir pris connaissance de cette situation, ils vont les résoudre pour qu'on aille aux élections en toute tranquillité.
Combien d'éléments avez-vous ?
C'est un mouvement national. Le regroupement que vous avez constaté à Abidjan a eu lieu dans plusieurs villes de l'intérieur du pays. Il y a plus d'une vingtaine de villes où il y a eu des mouvements. Il s'agit de plusieurs groupes d'auto défense de la zone sud.
Vos éléments ont-ils été profilés ?
Le profilage n'est pas fini à notre niveau. Il y a au moins 20.000 éléments qui ont été profilés mais ce n'est pas fini. A cela, il faut ajouter les 10.000 de l'ouest. Malheureusement sur 10.000 profilés à Abidjan, il n'y a que 300 qui sont aux portes des programmes de réinsertion. Quand nous faisons le bilan, la plupart des actions sont en faveur des zones Cno. Nous recherchons tout simplement l'équilibre.
Hier, vous étiez aux côtés des Fds, face aux Forces nouvelles. Aujourd'hui, vous êtes gazés par les Fds. Quel commentaire ?
Je pense que c'est maladroit. Pas en terme de partenaire d'hier, mais quand on regarde l'esprit et le motif de notre mouvement, ça ne mérite pas d'être gazé. Nous avons informé tous les responsables. Le directeur général de la police a été informé et il a été invité à s'impliquer auprès des autorités pour que nous ayons une suite favorable. Nous avons privilégié le dialogue et nous sommes partis de façon pacifique. Ne serait-ce que pour cela, on ne mérite pas d'être gazés. La réaction des Fds est déplacée. Nous ne sommes pas d'accord avec.
Et si vous devriez reprendre la lutte demain, êtes-vous prêts ?
Votre question est la bienvenue. Dans nos revendications, il y a deux aspects principaux. Il y a la reconnaissance morale de l'Etat de Côte d'Ivoire. Il faut que l'Etat reconnaisse que notre action est positive, louable. Surtout, à cause de demain. Pas forcement pour la génération. Mais chaque pays a besoin du sursaut patriotique de sa population. Soit pour sa souveraineté, soit pour son développement. Or, traiter les patriotes qui se sont engagés bénévolement de cette façon, pendant qu'ils sont dans leur droit, c'est maladroit pour la République. Il faut qu'ils se ressaisissent.
Si vos revendications ne sont pas prises en compte, n'allez-vous pas entraver l'organisation de l'élection ?
Je ne sais pas. Est-ce nous qui aurons entravé les élections, ou alors, c'est ceux qui ont l'organisation des élections en charge, qui, n'ayant pas résolu les problèmes essentiels, auront empêché la tenue des élections ?. C'est comme cela qu'il faut présenter le problème.
Interview réalisée par Jules Claver Aka
Vous avez initié un sit-in au Plateau, ce matin. Quelles sont les raisons qui ont motivé ce sit in ?
En fait, dire que j'ai initié un sit- in, c'est trop dire. Mais, les éléments avaient des appréhensions. Et ils ont voulu les faire connaître au président de la République. Quand la paix pointait à l'horizon, le président a identifié des institutions pour pouvoir gérer nos situations. Il se trouve qu'à moins de deux mois des élections, aucune disposition n'a été appliquée en ce qui nous concerne. Cela crée des inquiétudes. On a voulu faire connaître publiquement nos préoccupations, pour être pris en compte dans les derniers efforts à faire avant d'aller aux élections.
Etes-vous allés vers les structures chargées de régler le problème des ex-combattants et des groupes d'autodéfenses ?
Nous nous sommes mis à la disposition de ces structures depuis qu'elles ont été créées. Nous avons travaillé avec ces structures. Apparemment, elles n'ont pas la solution à nos problèmes. Par exemple, quand on pose le problème du paiement des 500.000f, toutes les structures disent que cela ne fait pas partie de leurs attributions.
Quelles sont vos inquiétudes que vous voulez porter à la connaissance du chef de l'Etat?
Nos inquiétudes sont de deux ordres. Il y a les promesses, les engagements que l'Etat a pris à notre encontre, qui ne se sont pas concrétisées. Par exemple le paiement des 500.000f, l'engagement socioprofessionnel des éléments, et surtout l'insertion de certains éléments au sein des Fds. De la même façon qu'un quota a été accordé à l'ex-rébellion pour utiliser leurs éléments au sein de la nouvelle armée. Il y a eu l'amnistie pour les ex-rebelles. De notre côté, il y a certains de nos éléments qui, pour larcin ou pour autre motif, sont en prison. Nous souhaitons qu'ils bénéficient d'une grâce exceptionnelle pour pouvoir entrer dans les programmes de réinsertion et de sortie de crise. Parce qu'il ne serait pas intéressant qu'on amnistie certains qui ont commis des crimes et qu'on maintienne ceux qui ont commis des délits mineurs.
Combien d'éléments avez-vous en prison à ce jour ?
Je n'ai pas le point exact. Au niveau de la Maca, le dernier point qu'un journal avait fait était autour de 200 personnes.
Quels délits leur reproche-t-on ?
Souvent, il y a des cas de vol. Il ne faut pas se le cacher. Mais très souvent, il y a des cas d'indiscipline. Il y en a qui portaient des tenues militaires alors qu'on avait demandé qu'ils arrêtent de les porter. Où alors, c'est des cas de bagarre.
A moins de deux mois des élections, vos préoccupations ne sont pas encore prises en compte, vous avez dit. Avez-vous l'impression que le pouvoir vous a utilisés ?
Non, le pouvoir ne nous a pas utilisés. Il faut que les gens comprennent notre action. Ce n'est pas Gbagbo qui nous a appelés. Et de même, nous n'avons jamais accusé le pays. Dans une maison, des frères peuvent avoir des motivations différentes. Donc, on peut saisir la perche que l'étranger te tend pour satisfaire ton problème, par rapport à la maison familiale. La rébellion, c'était un peu cela…donc ce n'est pas Gbagbo qui nous a suscités. C'est un élan patriotique. En Algérie, en France, on le célèbre. Ce que nous disons, c'est que, pour avoir accompli notre devoir patriotique, il est légitime que l'Etat nous raccompagne. Nous avons accompli notre devoir patriotique, il faut aussi que le droit patriotique suive.
Vos éléments se sont rendus au Plateau. Ont-ils été reçus ?
Non, ils n'ont pas été reçus. Et c'est dommage. Pour être honnête, notre intention n'était pas de faire une marche. Nous avons écrit à toutes les autorités pour présenter des doléances et faire connaître nos préoccupations. Notre intention était de nous regrouper pour que les autorités viennent à nous pour faire suite à nos doléances. Nous nous sommes regroupés au stade Jean Delafosse (Adjamé, 220 Logements), et nous sommes restés jusqu'autour de 13 heures, et on ne voyait personne. C'est ainsi que nous avons décidé de nous rendre dans un lieu public. Et comme notre souhait, c'était de rencontrer le président de la République, nous avons décidé alors d'aller au palais. Ils sont partis dans la discipline. Je ne vois pas en quoi cela est déplacé pour qu'on les reçoive avec des grenades lacrymogènes. Certains ont même été arrêtés. Plus d'une dizaine.
Y a-t-il eu des blessés ?
Oui. Certains ont reçu des coups et d'autres ont reçu physiquement des grenades lacrymogènes.
Où se trouvent vos blessés ?
Je n'ai pas le point du terrain. J'attends que les commandants viennent me faire le point. J'étais avec eux, et à la dernière minute, j'ai été exfiltré pour des raisons de sécurité.
Que comptez-vous faire si vos revendications ne sont pas prises en compte ?
Je pense que nos revendications seront prises en compte. Puisqu'on veut résoudre tous les problèmes avant d'aller aux élections. Et le président dit que toutes les dispositions ont été prises. Le Premier ministre dit de son côté que l'argent est disponible. Logiquement, il ne doit pas avoir de problème. Nous sommes des patriotes, on ne peut pas s'opposer aux élections. Mais comme ils ont dit que les problèmes seront réglés avant les élections, nous pensons qu'après avoir pris connaissance de cette situation, ils vont les résoudre pour qu'on aille aux élections en toute tranquillité.
Combien d'éléments avez-vous ?
C'est un mouvement national. Le regroupement que vous avez constaté à Abidjan a eu lieu dans plusieurs villes de l'intérieur du pays. Il y a plus d'une vingtaine de villes où il y a eu des mouvements. Il s'agit de plusieurs groupes d'auto défense de la zone sud.
Vos éléments ont-ils été profilés ?
Le profilage n'est pas fini à notre niveau. Il y a au moins 20.000 éléments qui ont été profilés mais ce n'est pas fini. A cela, il faut ajouter les 10.000 de l'ouest. Malheureusement sur 10.000 profilés à Abidjan, il n'y a que 300 qui sont aux portes des programmes de réinsertion. Quand nous faisons le bilan, la plupart des actions sont en faveur des zones Cno. Nous recherchons tout simplement l'équilibre.
Hier, vous étiez aux côtés des Fds, face aux Forces nouvelles. Aujourd'hui, vous êtes gazés par les Fds. Quel commentaire ?
Je pense que c'est maladroit. Pas en terme de partenaire d'hier, mais quand on regarde l'esprit et le motif de notre mouvement, ça ne mérite pas d'être gazé. Nous avons informé tous les responsables. Le directeur général de la police a été informé et il a été invité à s'impliquer auprès des autorités pour que nous ayons une suite favorable. Nous avons privilégié le dialogue et nous sommes partis de façon pacifique. Ne serait-ce que pour cela, on ne mérite pas d'être gazés. La réaction des Fds est déplacée. Nous ne sommes pas d'accord avec.
Et si vous devriez reprendre la lutte demain, êtes-vous prêts ?
Votre question est la bienvenue. Dans nos revendications, il y a deux aspects principaux. Il y a la reconnaissance morale de l'Etat de Côte d'Ivoire. Il faut que l'Etat reconnaisse que notre action est positive, louable. Surtout, à cause de demain. Pas forcement pour la génération. Mais chaque pays a besoin du sursaut patriotique de sa population. Soit pour sa souveraineté, soit pour son développement. Or, traiter les patriotes qui se sont engagés bénévolement de cette façon, pendant qu'ils sont dans leur droit, c'est maladroit pour la République. Il faut qu'ils se ressaisissent.
Si vos revendications ne sont pas prises en compte, n'allez-vous pas entraver l'organisation de l'élection ?
Je ne sais pas. Est-ce nous qui aurons entravé les élections, ou alors, c'est ceux qui ont l'organisation des élections en charge, qui, n'ayant pas résolu les problèmes essentiels, auront empêché la tenue des élections ?. C'est comme cela qu'il faut présenter le problème.
Interview réalisée par Jules Claver Aka