Quand Alassane Ouattara abandonne Gaoussou Ouattara

Alassane Ouattara aurait déjeuné en fin de la semaine écoulée avec les militants de son parti au quartier Wassakara dans la commune de Yopougon. Cela, pour dire à ses adversaires qu'il est dans le peuple et prouver son humilité à tous ceux qui pensent à raison qu'il est orgueilleux et suffisant. Partant de cette action, les confrères font de lui un exemple en matière de solidarité envers les plus démunis et les plus faibles de la société des hommes. Pourtant, ce Ouattara dont il s'agit n'est pas connu dans ce pays comme un exemple de solidarité. Nombreux sont les faits qui le présentent comme celui qui n'est pas prêt à rendre services aux autres membres de sa famille biologique et même partager leurs souffrances respectives. Le cas le plus patent et tangible est celui de Gaoussou Ouattara, celui-là qu'il dit être son frère aîné. Il y a de cela plusieurs années que ce " frère " est cloué à terre par la maladie. Mais jamais il n'a reçu le moindre réconfort moral de la part d'Alassane Ouattara, son frangin. Dans le monde, un frère qui agit de la sorte est indigne de porter le nom de la famille. Sous d'autres cieux, ces hommes subissent souvent la rigueur des lois ancestrales qui prévoient le bannissement de ceux qui refusent d'assister leurs parents biologiques en cas de difficulté. Que resterait-il aujourd'hui de Gaoussou Ouattara si Laurent Gbagbo dont le " brave-tchê " veut la mort ne vivait plus ? Manger à Wassakara avec les plus démunis ne peut donc avoir de sens là où le machiavélisme occupe une place de choix. A côté de Gaoussou, ils sont nombreux, ces jeunes gens que le mentor des républicains a envoyé à l'abattoir dans cette guerre qu'il a fabriquée de toutes pièces et dont il a abandonné les familles. De Korhogo à Odienné, en passant par Tengréla, Boundiali, Mankono, Séguéla, Vavoua, pour ne citer que ces quelques localités, les parents de ces enfants ne cessent de réclamer le retour de leurs progénitures. Alassane Ouattara refuse non seulement de leur dire où se trouvent leurs progénitures, mais aussi, il refuse de faire face à leur demande d'assistance. Poussant le cynisme à son comble, Ouattara a, à plusieurs reprises, refusé de recevoir chez lui, les victimes de la guerre, ressortissants du Nord. Jamais il n'a donné le moindre sac de riz à ses hommes et femmes dont les enfants sont morts pour sa cause. N'a-t-il pas renvoyé paître les parents des jeunes qui ont perdu leurs vies dans les rues d'Anyama en mars 2004 ? Comment un homme qui agit de la sorte peut-il subitement devenir magnanime, affable, solidaire et paternel ? Si au nom de la campagne électorale le premier responsable du Rdr peut tout se permettre, les Ivoiriens ne sont pas aussi amnésiques pour le suivre dans sa logique de tape à l'œil. Pour ne pas assister les parents des nombreux enfants qu'il envoie à l'abattoir, Ouattara se fait toujours passer pour la principale victime en lieu et place de ceux qui meurent sur le terrain. Un autre fait qui met à nu la méchanceté de l'homme, c'est son refus d'assister la communauté musulmane d'Odienné quand en 2008, une violente tornade a endommagé le toit de la grande mosquée de la ville. Et c'est ici que l'on s'étonne de l'attitude de Ouattara qui ne cesse de faire croire qu'on lui refuse la présidence de la République parce qu'il est " musulman ". Alassane a fait croire au monde entier que la ville de Gbéléban, dans le département d'Odienné est la localité qui a vu naître sa génitrice, feu Nabintou Cissé. Au nom de ce lien, Ouattara aurait pu agir ne serait-ce qu'en apportant une petite contribution à la réhabilitation de ce lieu de culte pour les musulmans. Un tel monsieur ne peut être un exemple de solidarité ou de magnanimité.

Pierre Legrand
gbogoupierre@yahoo.fr