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Économie Publié le jeudi 23 septembre 2010 | Le Mandat

Enquête/ Lutte contre le Vih/Sida en Côte d’Ivoire (suite et fin) : Chantage, surfacturation et manque d’Arv au menu

Dans la lutte contre le Vih/Sida en Côte d’Ivoire, les acteurs sur le terrain rencontrent des fortunes diverses.

La surfacturation et le chantage font également parti de ce decors de la lutte contre le Vih Sida en Côte d’Ivoire. Ce n’est pas le président de l’ONG ‘’ Côte d’Ivoire Sans sida’’ à Divo, Armel Dawa qui soutiendrait le contraire. Il dénonce lui aussi les surfacturations, mais également les chantages et les dessous de table dans la lutte contre le sida en Côte d’Ivoire. « On a des conventions qu’on a signés avec certains partenaires avec des montants exorbitants. Mais réellement, ces montants ne nous sont pas remis. Parfois, nous recevons du partenaire la moitié du montant pour lequel nous avons signé pour réaliser nos projets » affirme-t-il. A notre demande d’avoir les preuves de ses affirmations, le président de l’ONG ‘’Côte d’Ivoire sans Sida’’ nous déclare que cela n’est pas possible : « On a des preuves mais, on ne peut pas vous donner, on a des contrats et des conventions qui sont bien signées. On ne peut pas se plaindre car, quand tu vas te plaindre, le partenaire te dira que tu parles trop et il ne va plus te financer la prochaine fois ». Pour lui, cette façon de faire est préjudiciable aux malades et à la population. M Armel Dawa souligne qu’ avant qu’un projet ne soit mis en œuvre, il est étudié et c’est en fonction des statistiques et besoins sur le terrain que le projet est monté. Pour Dawa, lorsque le financement prévu pour l’exécution dudit projet est divisé en deux ou réduit, cela entraine des désagréments. Les ONG sont obligées de faire avec le peu de moyens qu’elles ont reçu et cela fausse les rapports d’activités. Armel ajoute même qu’à la fin du projet, lorsque le reste de la somme accordée est réclamée, le financier répond : « Quand un projet prend fin, on ne demande plus rien ». Le président de l’ONG ‘’Côte d’Ivoire sans Sida’’ affirme que les bailleurs de fonds font souvent du chantage. Ce qui les oblige souvent à glisser des dessous de tables pour être financés. Une autre dame responsable d’une ONG à Divo qui a voulu garder l’anonymat déclare que pour un projet de Onze millions de francs (11 000 000 Fcfa) qu’elle a signé avec des partenaires dont elle tait volontairement les noms, ces structures intermédiaires ne lui ont versé que 9 millions de FCFA. Sur le document justificatif de ce projet que nous avons réussi à obtenir, nous avons volontairement masqué certaines identifications. Pour elle, les bailleurs exigent souvent des indicateurs qui ne sont pas conformes à la réalité du projet. « Supposons que dans une ONG, vous voulez travailler avec 200 Orphelins vulnérables (OEV), les bailleurs vous exigent de travailler avec 900 ou 1 .000 OEV pour que le projet soit financé. Tu es tenu de faire ce que veut le bailleur, même si le montant alloué à ce type de projet ne suffit pas », révèle-t-elle. Ajoutant qu’elle est obligée de se contenter du peu pour travailler. Ce qui lui cause par moment des dettes.


Les intermediaires se font plein les poches

Dans le même département de Divo, une autre dame responsable d’une ONG dans une Eglise, du nom de Marie Pascal Koffi , déclare que lorsqu’elle a reçu des financements pour former des pairs éducateurs, on est venu lui remettre près d’un million de francs (1000 000 FCFA) sous des arbres pour financer le projet. Cette manière de faire, l’a intriguée car cette structure de financement qui est le PEPFAR est bien organisée du reste ne saurait agir de la sorte. La suite des évènements lui ont donné raison soutient-elle. Car lorsque les pairs éducateurs formés ont manifesté pour non perception de leurs salaires, le pot au roses a été découvert. L’on s’est rendu compte que le montant qu’elle devait normalement recevoir ne lui a pas été remis. Elle a donc été blanchie car le bailleur de fonds a reconnu que la structure mère de son Eglise à Abidjan a utilisé les fonds à d’autres fins. Sur le terrain, elle précise que les pairs éducateurs qui doivent sensibiliser dans les villages et hameaux perçoivent 2000fcfa voir 4000F par jour alors que ceux qui viennent en mission d’Abidjan au compte des structures de financement dans des grosses voitures cylindrées perçoivent des primes de mission à hauteur de 75.000 par jour. Pour cette dame, cette façon de faire est préjudiciable à ceux qui travaillent sur le terrain et de même qu’aux malades :

«Souvent j’ai obtenu des budgets d’un montant de 4(quatre) millions de FCFA et au moment ou on doit me remettre l’argent, on me remet moins d’un million. Je dois signer pour 4 millions sinon pas de projet ». Face à cette situation notre interlocutrice explique qu’elle est obligée de réduire ses charges pour réaliser en partie le projet. Même son de cloche à Abengourou où D A une responsable d’ONG de personnes vivants avec le VIH –SIDA avoue qu’à la suite d’un appel à soumission d’un projet dont elle a obtenu le financement, lorsqu’il s’est agi de signer les chèques à Abidjan, on lui a demandé de signer pour un montant de 6 (six) millions de FCFA. Somme nettement supérieure à celle de 4(quatre) millions de FCFA qu’elle a reçue. Lorsque D A a protesté contre cet état de fait, le bailleur lui a aurait dit de signer bien que ce ne soit pas le montant indiqué au risque de ne pas recevoir de financement. Elle s’est donc exécutée et a informé par la suite les membres de son bureau avec qui, elle travaille. Malgré l’assurance que nous lui avons donnée de taire le nom du bailleur et de sa structure, D A a refusé de nous présenter le chèque en question. Les responsables de la CTAIL d’Abengourou informés et approchés refusent de nous montrer les différents chèques de financement. Dr Tanoh Méa, le responsable dudit centre s’est écrié : « Je ne peux pas vous donner les relevés de ces chèques, ce dont vous avez besoin ce sont des informations et non des papiers comptables. »


Des ruptures de médicaments Arv

En plus de ces surfacturations, des ruptures de médicaments antirétroviraux (Arv) sont constamment constatées. A Abengourou, dans un centre de santé dont nous voulons par précaution taire le nom, des gymnastiques sont faites pour essayer de contenter les malades. Pour la prescription mensuelle qu’ils ont l’habitude de faire aux malades, l’infirmier E. M déclare qu’ils sont obligés de servir les patients seulement pour deux semaines alors que certains viennent des contrées très éloignées. D’autres malades par contre retournent chez eux sans médicament car, il n’y a pas de médicament tel que le D4T. Au Centre Hospitalier d’Abengourou, où nous nous sommes rendus, des patients nous ont présenté des ordonnances où il est marqué ‘’rupture de D4T’’. En effet, lorsque les malades se sont rendus à la pharmacie de CHR, le médicament étant en rupture, le pharmacien a donc noté « rupture D4T » sur les ordonnances. Un malade du nom Paul K avait lui le cœur meurtri, et pour cause :
« Lorsque je suis arrivée ce matin à l’hôpital, on m’a dit que je dois changer de médicaments car celui que j’utilise habituellement manque et que je dois prendre un nouveau traitement. De plus, je suis très inquiet car le médecin m’a dit qu’avec ce nouveau médicament, il faut que je fasse des bilans sanguins parceque je peux faire une anémie qui peut occasionner une transfusion sanguine. » Pour ce patient, changer d’ARV alors qu’avec sa précédente prescription, il n’avait pas d’effet secondaire, constitue un problème. Il est d’autant plus inquiet que s’il devient anémié, il peut ne pas avoir de poche de sang à temps pour faire une transfusion, puisqu’il y a un manque de sang criard dans les hôpitaux à Abengourou en ce moment. Malgré ces plaintes, des personnes vivant avec le VIH et le Sida par rapport aux ruptures de médicaments ARV, le Directeur du CHR d’Abengourou, M. Sidibé Adama, le Docteur N’Zué de la pharmacie de l’hôpital, le Docteur Yobouet, du District sanitaire, et le Directeur départemental de la santé, le Docteur Raux sont formels : « Il n’y a pas de rupture en temps que tel, c’est une question de procédure ou de protocole qui a changé ». Selon ces autorités sanitaires d’Abengourou, la molécule D4T est en train d’être retirée du marché et c’est cela qui entraine quelques désagréments au niveau des malades et des prescripteurs. « Faux », déclare un autre médecin qui a requis l’anonymat. Pour lui, il y a belle et bien rupture, et les raisons de cette rupture sont dues au fait que les Pharmacies de la Santé Publique (PSP) n’ont pas été approvisionnées par leurs fournisseurs. Qui se plaignent de n’avoir pas reçu de paiement de la part de l’Etat de Côte d’Ivoire. A Divo, précisément au District sanitaire, un médecin, le Docteur Allangba Kouakou Mermoz, intérimaire du Directeur Département de la Santé confirme les ruptures fréquentes d’ARV notamment de la Névirapine. Au CHR de Divo, le plateau technique pour effectuer les bilans d’analyse de sang des personnes vivant avec le VIH et le Sida est défaillant. Et les pannes sont fréquentes. Les malades qui souvent n’ont pas les moyens sont obligés de trouver de l’argent pour se rendre à Gagnoa à environ une soixantaine de kilomètres de Divo pour effectuer leur analyse. Ceux qui n’ont pas de moyens ,préfèrent ne pas faire d’analyse pour voir leur niveau de CD4. Et cela entraine parfois des résistances, des complications et des décès.Vivement que les autorités fassent quelques choses pour sauver des âmes!

Assassé William
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