Sept mois seulement après sa naissance, le petit Abou s’est retrouvé seul face aux cruautés du monde. Accroc de l’alcool, sa mère s’est débarrassée de lui, pour s’adonner à ses vieilles habitudes dans les maquis et bars. Désorienté et se sentant incapable d’assurer seul les charges du nouveau né, le père a décliné ses responsabilités de géniteur en renonçant à s’occuper de lui.
Si aujourd’hui le pauvre bébé est toujours en vie, c’est grâce au personnel du centre Notre Dame des sources, qui lui a offert gîtes et couvert. Le Lundi 6 septembre, au moment où nous le rencontrions au sein du centre, il recevait des soins de la part d’une aide soignante. La femme à la blouse rose se réjouit de l’amélioration de l’état de santé d’Abou. « On l’a recueilli il y a trois mois. Il a été récupéré à la gare Utb, au grand marché. Il est arrivé déprimé, dans un état lamentable. Aujourd’hui, grâce aux petits soins, il reprend peu à peu », se satisfait-elle. Moins âgé, Alexandre, un autre, partage le même voisinage et les mêmes infortunes que petit Abou. Agé à peine de trois mois, lui également a fait les frais de la méchanceté des hommes. Né d’une mère séropositive, le nourrisson a été abandonné par ses grands parents qui craignent, selon Kambou Denise, fondatrice du centre Notre Dame des Sources, de contracter le virus du siècle. « Atteinte du Sida, la mère d’Alexandre a été bannie par les siens. Sa tante chez qui elle vivait, a refusé de vivre avec le bébé de peur de contracter le Vih. Sa peur n’était pas justifiée car, après dépistage, le test d’Alexandre s’est révélé négatif. Malgré ce résultat, la tante est restée ferme sur sa position », regrette la fondatrice. Six autres nouveaux nés partagent le même espace qu’Abou et Alexandre.
C’est l’heure des soins et les bébés sont sortis de leurs berceaux. A quatre pattes, ils se rapprochent les uns des autres pour jouer. Dehors, de l’autre coté de la cour, des cris d’enfants attirent l’attention de notre équipe de reportage. C’est le domaine des plus grands pensionnaires.
Agé de cinq à douze ans, ils jouent également sous le préau qui tient lieu à la fois de salle de réception et de salle d’étude. A en croire Kambou Denise, ils ont connu, à divers degré d, les mêmes infortunes que les premiers. Le centre s’attelle à compenser l’amour et l’attention que leurs parents n’ont pu leur donner et cela est réconfortant, selon la fondatrice. Sa plus grande fierté, se réjouit-elle, c’est Elisa. Ex-pensionnaire du centre, âgée de 15 ans, elle présentera l’année prochaine le Bepc. « Je l’ai récupérée quand elle avait trois ans. Avec sa mère qui était folle, elle écumait les poubelles de la ville. L’année prochaine, si Dieu le veut, elle aura son Bepc.
Je suis fière d’elle et du centre que j’ai créé », indique Kambou Denise. Tous les pensionnaires pourront-ils atteindre le cap d’Elisa ? Au regard des difficultés rencontrées par le centre, la fondatrice n’est pas optimiste.
50 enfants dorment à même le sol, dans un espace rétréci…
A l’en croire, le premier obstacle à l’épanouissement de enfants est l’exigüité du local. Cinquante enfants et une dizaine de mamans se partagent un petit salon la nuit. « Il nous faut une maison. Celle-ci est trop petite. Les nuits, on dort à même le sol. Il n’y a même pas de nattes. On utilise les draps pour passer la nuit. Les chambres servent de magasins. Quant au personnel, il comprend 13 mamans et deux filles de ménages », déplore Madame Kambou. A cela, poursuit-elle, s’ajoute le manque de moyens pour subvenir aux charges du centre.
3 millions de FCfa pour régler les arriérées de factures d’eau
« Chaque fin de mois, je leur octroie des émoluments. C’est insignifiant au regard du sacrifice qu’elles consentent pour le bien-être de enfants. Un pédiatre et une aide-soignante assurent des prestations ici pour le suivi régulier des enfants au plan sanitaire. Je les rémunère avec mon salaire d’éducatrice spécialisée. En ce qui concerne l’approvisionnement en eau courante et électricité, les factures impayées s’accumulent au fil des mois. Pour ce qui est de l’eau, mes impayés s’élèvent à près de 3 millions de Fcfa. On nous avait coupé pendant une semaine, on vivait d’eau de puits », souligne la fondatrice. Quant à l’aide de l’Etat, elle poursuit pour dire qu’elle bute sur le problème de local. Car pour avoir l’agrément du ministère des Affaires sociales, le local doit impérativement répondre aux normes requises.
Les défis à relever pour être reconnu par l’Etat…
« Pour une pouponnière, il faut avoir un local ayant une envergure de 500 m2. Pour un orphelinat, 1 hectare. Car, pendant qu’une pouponnière est un centre qui accueille les enfants de zéro à 3 ans, l’orphelinat héberge des enfants un peu plus grands. Soit de six à dix huit ans d’âge », explique Kambou Denise. Et d’ajouter : « J’ai trouvé quatre lots dans le village d’Adjossou, à proximité du centre émetteur. Son coût s’élève à 1,5 millions Fcfa. Le plus urgent, c’est de commencer par la construction de l’orphelinat. Les plus grands des enfants pourront déménager là bas, en vue de faire la place aux tout-petits ici. Ainsi, on sera en mesure de faire des adoptions et de bénéficier des autres avantages de la part de l’Etat ». Si ces projets se réalisent, confie-t-elle, ce sera l’aboutissement d’un rêve entamé depuis dix ans. C'est-à-dire depuis le jour où elle dit avoir recueilli, de façon spontanée, le premier de ses pensionnaires.
La crise du 19 septembre suspend la vie au centre…
« Au début, je n’avais jamais songé m’occuper des enfants comme cela se fait aujourd’hui. Je n’ai jamais rédigé un projet auparavant. Cette structure est née grâce à ma foi en Dieu. J’aime Dieu et je suis à sa recherche. L’idée est née en 1999, suite aux visites rendues fréquemment aux malades du Chu de Bouaké, par l’Association Sainte Camille. A chaque visite, un enfant voulait venir avec moi. A la question de savoir pourquoi c’est sur moi qu’il porte son choix, il a répondu simplement que c’est moi qu’il voulait, c’est tout. C’est de là que tout est parti », raconte l’éducatrice spécialisée. Avant de poursuivre : « Quand les gens me voient, ils m’interpellent en disant Denise on a un cas pour toi. Le désir de m’occuper d’eux devenait de plus en plus irrésistible. Je les recevais à mon domicile, situé en ce moment au quartier Zone. En l’espace de quelque temps, je me suis retrouvée avec un nombre assez considérable d’enfants. Je me suis rendue compte que le local n’était pas approprié pour l’épanouissement des enfants. De peur de créer un problème social à partir d’un autre problème, avec des personnes qui partageaient la même vision que moi, j’ai pris la résolution de porter sur les fonts baptismaux l’Association Notre Dame des Sources. Pour offrir un cadre meilleur de vie aux enfants en détresse. C’était en 2000 ». Elle soutient que les problèmes évoqués se sont accentués avec l’avènement de la crise, en septembre 2002. « Le centre hébergeait plus de 25 pensionnaires. Toutes les assistantes ont été contraintes de partir. Avec une seule fille, j’étais contrainte de défier le crépitement des armes pour chercher de la nourriture. Les enfants mangeaient une fois par jour.
C’était ce qu’on appelle communément mort subite », se remémore-t-elle. Et de poursuivre : « L’Unicef, la Croix rouge et d’autres structures bienfaitrices nous venaient en aide par l’octroi de soins, de médicaments, de vivre… Cela a continué jusqu’en 2006. Seule devant les responsabilités, j’étais obligée de frapper à toutes les portes. C’était vraiment dur ». Le dégel observé sur l’échiquier politique, depuis l’avènement de l’Apo, a fait naître beaucoup d’espoir, selon elle. Quelques personnalités essaient de combler le vide laissé par le retrait des organismes internationaux qui faisaient des dons au centre. « Madame Dominique Ouattara, présidente de Children of Africa, depuis un long moment, nous vient en aide. L’Onuci a également offert des soins à un enfant qui malheureusement après, a rendu l’âme. En outre, chef d’état-major adjoint des Fn, le commandant Wattao, fait partie de nos bienfaiteurs. Pendant les fêtes, ils mettent la joie dans le cœur des enfants. De l’église catholique, nous recevons quelquefois de l’aide issue en général des cotisations des fidèles, de la Caritas. L’Association Sainte Camille où je travaille, pour sa part, me donne des médicaments, s’il a en. Mais pour la plupart du temps, je les paie », précise le membre de l’Association Sainte Camille. Cependant, déplore-t-elle, quant tu es dans le besoin et que tu frappes aux portes, elles ne s’ouvrent presque pas, elles restent fermées.
Marcel Konan ,Correspondant régional
Si aujourd’hui le pauvre bébé est toujours en vie, c’est grâce au personnel du centre Notre Dame des sources, qui lui a offert gîtes et couvert. Le Lundi 6 septembre, au moment où nous le rencontrions au sein du centre, il recevait des soins de la part d’une aide soignante. La femme à la blouse rose se réjouit de l’amélioration de l’état de santé d’Abou. « On l’a recueilli il y a trois mois. Il a été récupéré à la gare Utb, au grand marché. Il est arrivé déprimé, dans un état lamentable. Aujourd’hui, grâce aux petits soins, il reprend peu à peu », se satisfait-elle. Moins âgé, Alexandre, un autre, partage le même voisinage et les mêmes infortunes que petit Abou. Agé à peine de trois mois, lui également a fait les frais de la méchanceté des hommes. Né d’une mère séropositive, le nourrisson a été abandonné par ses grands parents qui craignent, selon Kambou Denise, fondatrice du centre Notre Dame des Sources, de contracter le virus du siècle. « Atteinte du Sida, la mère d’Alexandre a été bannie par les siens. Sa tante chez qui elle vivait, a refusé de vivre avec le bébé de peur de contracter le Vih. Sa peur n’était pas justifiée car, après dépistage, le test d’Alexandre s’est révélé négatif. Malgré ce résultat, la tante est restée ferme sur sa position », regrette la fondatrice. Six autres nouveaux nés partagent le même espace qu’Abou et Alexandre.
C’est l’heure des soins et les bébés sont sortis de leurs berceaux. A quatre pattes, ils se rapprochent les uns des autres pour jouer. Dehors, de l’autre coté de la cour, des cris d’enfants attirent l’attention de notre équipe de reportage. C’est le domaine des plus grands pensionnaires.
Agé de cinq à douze ans, ils jouent également sous le préau qui tient lieu à la fois de salle de réception et de salle d’étude. A en croire Kambou Denise, ils ont connu, à divers degré d, les mêmes infortunes que les premiers. Le centre s’attelle à compenser l’amour et l’attention que leurs parents n’ont pu leur donner et cela est réconfortant, selon la fondatrice. Sa plus grande fierté, se réjouit-elle, c’est Elisa. Ex-pensionnaire du centre, âgée de 15 ans, elle présentera l’année prochaine le Bepc. « Je l’ai récupérée quand elle avait trois ans. Avec sa mère qui était folle, elle écumait les poubelles de la ville. L’année prochaine, si Dieu le veut, elle aura son Bepc.
Je suis fière d’elle et du centre que j’ai créé », indique Kambou Denise. Tous les pensionnaires pourront-ils atteindre le cap d’Elisa ? Au regard des difficultés rencontrées par le centre, la fondatrice n’est pas optimiste.
50 enfants dorment à même le sol, dans un espace rétréci…
A l’en croire, le premier obstacle à l’épanouissement de enfants est l’exigüité du local. Cinquante enfants et une dizaine de mamans se partagent un petit salon la nuit. « Il nous faut une maison. Celle-ci est trop petite. Les nuits, on dort à même le sol. Il n’y a même pas de nattes. On utilise les draps pour passer la nuit. Les chambres servent de magasins. Quant au personnel, il comprend 13 mamans et deux filles de ménages », déplore Madame Kambou. A cela, poursuit-elle, s’ajoute le manque de moyens pour subvenir aux charges du centre.
3 millions de FCfa pour régler les arriérées de factures d’eau
« Chaque fin de mois, je leur octroie des émoluments. C’est insignifiant au regard du sacrifice qu’elles consentent pour le bien-être de enfants. Un pédiatre et une aide-soignante assurent des prestations ici pour le suivi régulier des enfants au plan sanitaire. Je les rémunère avec mon salaire d’éducatrice spécialisée. En ce qui concerne l’approvisionnement en eau courante et électricité, les factures impayées s’accumulent au fil des mois. Pour ce qui est de l’eau, mes impayés s’élèvent à près de 3 millions de Fcfa. On nous avait coupé pendant une semaine, on vivait d’eau de puits », souligne la fondatrice. Quant à l’aide de l’Etat, elle poursuit pour dire qu’elle bute sur le problème de local. Car pour avoir l’agrément du ministère des Affaires sociales, le local doit impérativement répondre aux normes requises.
Les défis à relever pour être reconnu par l’Etat…
« Pour une pouponnière, il faut avoir un local ayant une envergure de 500 m2. Pour un orphelinat, 1 hectare. Car, pendant qu’une pouponnière est un centre qui accueille les enfants de zéro à 3 ans, l’orphelinat héberge des enfants un peu plus grands. Soit de six à dix huit ans d’âge », explique Kambou Denise. Et d’ajouter : « J’ai trouvé quatre lots dans le village d’Adjossou, à proximité du centre émetteur. Son coût s’élève à 1,5 millions Fcfa. Le plus urgent, c’est de commencer par la construction de l’orphelinat. Les plus grands des enfants pourront déménager là bas, en vue de faire la place aux tout-petits ici. Ainsi, on sera en mesure de faire des adoptions et de bénéficier des autres avantages de la part de l’Etat ». Si ces projets se réalisent, confie-t-elle, ce sera l’aboutissement d’un rêve entamé depuis dix ans. C'est-à-dire depuis le jour où elle dit avoir recueilli, de façon spontanée, le premier de ses pensionnaires.
La crise du 19 septembre suspend la vie au centre…
« Au début, je n’avais jamais songé m’occuper des enfants comme cela se fait aujourd’hui. Je n’ai jamais rédigé un projet auparavant. Cette structure est née grâce à ma foi en Dieu. J’aime Dieu et je suis à sa recherche. L’idée est née en 1999, suite aux visites rendues fréquemment aux malades du Chu de Bouaké, par l’Association Sainte Camille. A chaque visite, un enfant voulait venir avec moi. A la question de savoir pourquoi c’est sur moi qu’il porte son choix, il a répondu simplement que c’est moi qu’il voulait, c’est tout. C’est de là que tout est parti », raconte l’éducatrice spécialisée. Avant de poursuivre : « Quand les gens me voient, ils m’interpellent en disant Denise on a un cas pour toi. Le désir de m’occuper d’eux devenait de plus en plus irrésistible. Je les recevais à mon domicile, situé en ce moment au quartier Zone. En l’espace de quelque temps, je me suis retrouvée avec un nombre assez considérable d’enfants. Je me suis rendue compte que le local n’était pas approprié pour l’épanouissement des enfants. De peur de créer un problème social à partir d’un autre problème, avec des personnes qui partageaient la même vision que moi, j’ai pris la résolution de porter sur les fonts baptismaux l’Association Notre Dame des Sources. Pour offrir un cadre meilleur de vie aux enfants en détresse. C’était en 2000 ». Elle soutient que les problèmes évoqués se sont accentués avec l’avènement de la crise, en septembre 2002. « Le centre hébergeait plus de 25 pensionnaires. Toutes les assistantes ont été contraintes de partir. Avec une seule fille, j’étais contrainte de défier le crépitement des armes pour chercher de la nourriture. Les enfants mangeaient une fois par jour.
C’était ce qu’on appelle communément mort subite », se remémore-t-elle. Et de poursuivre : « L’Unicef, la Croix rouge et d’autres structures bienfaitrices nous venaient en aide par l’octroi de soins, de médicaments, de vivre… Cela a continué jusqu’en 2006. Seule devant les responsabilités, j’étais obligée de frapper à toutes les portes. C’était vraiment dur ». Le dégel observé sur l’échiquier politique, depuis l’avènement de l’Apo, a fait naître beaucoup d’espoir, selon elle. Quelques personnalités essaient de combler le vide laissé par le retrait des organismes internationaux qui faisaient des dons au centre. « Madame Dominique Ouattara, présidente de Children of Africa, depuis un long moment, nous vient en aide. L’Onuci a également offert des soins à un enfant qui malheureusement après, a rendu l’âme. En outre, chef d’état-major adjoint des Fn, le commandant Wattao, fait partie de nos bienfaiteurs. Pendant les fêtes, ils mettent la joie dans le cœur des enfants. De l’église catholique, nous recevons quelquefois de l’aide issue en général des cotisations des fidèles, de la Caritas. L’Association Sainte Camille où je travaille, pour sa part, me donne des médicaments, s’il a en. Mais pour la plupart du temps, je les paie », précise le membre de l’Association Sainte Camille. Cependant, déplore-t-elle, quant tu es dans le besoin et que tu frappes aux portes, elles ne s’ouvrent presque pas, elles restent fermées.
Marcel Konan ,Correspondant régional