La ville de Gagnoa, baptisée affectueusement la « Tahiti » ivoirienne à cause de la beauté de ses filles a aussi sa laideur. La sécurité à Gagnoa comme dans la plupart des villes du pays, reste une préoccupation majeure pour les populations. Certains quartiers du Fromager sont reconnus pour être des nids de brigands. « Zapata et soleil sont des quartiers à haut risque », a reconnu une autorité de la ville chargée de la sécurité. De par leur situation géographique, ces deux quartiers présentent des espaces lugubres favorables à l’insécurité. Ils ont en commun leur voisinage avec la brousse. Lieu idéal de cachette pour des personnes à la mine inquiétante.
Zapata manioc, un quartier village
A Zapata, se divise en deux parties : Zapata résidentiel et Zapata manioc. Au quartier résidentiel, vivent des personnes d’une certaine classe sociale. Leur statut de nantis leur permet de s’attacher les services de compagnies de sécurité privée. Au contraire, à Zapata, manioc, nous avons été frappés par son aspect aux allures d’un village. La broussaille est très visible entre les concessions. Certaines rues dudit quartier sont de part et d’autre entièrement prises en otage par une forêt en miniature. Il n’y a pas longtemps que les habitants de ce quartier jouissent des avantages de l’électrification. Quatre mois auparavant, ce quartier était dans le noir au coucher du soleil. A cette période, le moment qui sépare le crépuscule à l’aurore était mis à profit par des malfaiteurs de tout acabit. « Ce sont des gens qui opèrent à des heures indues », fait remarquer l’un des patrons de la sécurité qui a eu à intervenir au quartier Zapata-manioc pour traquer des bandits. Selon des informations l’appellation « manioc » vient du fait que dans ce quartier, qui donne sur un grand bas-fond, des champs de manioc y foisonnent. Nous avons pu nous en rendre compte au domicile de monsieur Glohi, l’un des anciens du quartier. A l’entrée de sa cour, des pieds de manioc font office de fleurs pour embellir le cadre. En ce qui concerne le quartier Soleil, il se localise à la sortie de la ville sur l’axe Gagnoa – Oumé. Son sous-quartier «Amani», du côté de son extension est le lieu de prédilection que lorgnent les malfrats, à cause de certains cadres qui y habitent. Il y a eu des moments où une véritable psychose y a régné. « J’habite le quartier Soleil, en tant qu’autorité policière, et le devoir m’appelle à relever ce défit », nous a confié le commissaire du premier arrondissement de Gagnoa. Il affirme qu’à Zapata-manioc et Soleil, les attaques de domiciles sont monnaie courante. « Ils attaquent les domiciles entre 2 heures et 4 heures du matin » révèle-t-il puis d’ajouter que le plus souvent ce sont des appareils électro ménagers qui sont convoités par les agresseurs.
Identité des bandits
Ceux qui agissent ainsi se recrutent dans le milieu scolaire. « Ce sont les élèves des lycées qui se prêtent à ce jeu. Ils ont entre 18 et 20 ans pour la plupart », déclare le commissaire du 1er arrondissement. Ces bandits opèrent à l’arme blanche ou au moyen d’armes à feu. « Avec la guerre qu’a connue la Côte d’Ivoire, les armes circulent un peu partout », a lancé un habitant de la ville. On se rappelle l’attaque contre la compagnie de transport « KS » dont l’un des braqueurs a été pris dans sa cachette de Zapata. Ce quartier se distingue par le fait qu’il reste un fief de la drogue dans la ville. C’est le lieu par excellence où s’opère le ravitaillement de cette substance. Le seigneur de la drogue de Gagnoa y a été arrêté. Pendant son transfert à la maison d’arrêt et de correction, il a dissimilé le produit interdit dans sa plaie qu’il a attachée avec une band. Mais la perspicacité des agents de la garde pénitentiaire a permis de découvrir le manège. Traduit devant la justice, il écope de 10 ans de prison.
Facteurs de l’insécurité
Les quartiers Zapata et Soleil sont séparés par un autre quartier non moins célèbre, Garahio fortement animé de jour comme de nuit. Les maquis y pullulent de jeunes filles aguichantes qui, selon certaines personnes, seraient de mèche avec les bandits. Au mois de mai dernier, un client venu prendre un pot avec ses amis a été retenu par l’une de ces jeunes filles jusqu’à une heure tardive. A sa sortie, il est agressé par la bande du nommé Moussa Guèye, un Ivoiro- sénégalais, bien connu dans les fichiers de la police. La victime a perdu cette nuit-là son téléphone portable et la somme de 70 mille francs. Heureusement qu’il a pu reconnaître son agresseur quelques jours après. Aujourd’hui, Guèye est derrière les barreaux pour purger une peine de 10 ans, plus une amende de 500 mille francs. Il apparaît clairement que les maquis de Garahio servent de lieu de rendez-vous aux bandits, où ils décident des plans d’attaque avant d’investir les quartiers les plus proches que sont Zapata et Soleil. Ou encore, à partir des maquis, ils observent les clients les plus huppés, qu’ils suivent discrètement avant de les déposséder de leurs biens, une fois hors du maquis.
En dépit de ce qui se dit de leur quartier, des habitants refusent de l’admettre. Mademoiselle Glohi, en l’absence de son père, nous a confié que « c’est ainsi qu’on parle de Zapata pourtant il n’en est rien. Je fais mon commerce d’oranges au bord de la route. Avant que le quartier ne soit électrifié, il m’arrivait de rester derrière mon étal à la lueur d’une lampe à pétrole jusqu’à 23 heures, avant de regagner la maison. Il n’y a pas d’agression ici », défend-elle son quartier.
Recul des attaques à main armée
Pareil pour cet ancien habitant du quartier Zapata. Fonctionnaire de son état, il a quitté ce quartier pour un autre. Pour lui, son déménagement n’est pas d’ordre sécuritaire. « C’est pour me rapprocher de mon lieu de travail que j’ai quitté Zapata. Pendant que j’y étais, j’entendais parler de l’insécurité qui y régnait. Cependant, je n’ai jamais vu quelqu’un qui a été agressé ni moi-même », a soutenu le fonctionnaire. Les langues ne se délient pas pour parler d’agression, surtout quand on est encore habitant de ce quartier. Est-ce une façon de se mettre à l’abri ? Ce qui rend davantage la tâche de la police complexe. Pourtant, une franche collaboration entre les populations et la police serait la bienvenue pour mettre hors d’état de nuire ces hommes sans foi ni loi. Pour le commissaire N’guessan du 1er arrondissement, la non-collaboration reste un handicap. « On a comme l’impression que dans certains quartiers, les populations protègent les bandits de peur des représailles. Je regrette que la population ne soit pas coopérative », s’indigne-t-il. C’est cette attitude que le chef de l’Etat a bannie en demandant à la population de corriger ce travers par une collaboration franche et directe avec les hommes chargés de la sécurité. C’était à l’occasion de l’installation de la compagnie républicaine de sécurité (CRS3) de Divo. Ce message ne semble pas encore bien perçu par les populations de la cité du Fromager si on s’en tient aux propos du patron du 1er arrondissement de police. Cependant, il a sa stratégie à lui pour pacifier les quartiers Zapata et Soleil. Mais il n’entend pas dévoiler cette stratégie-là. Comme toute politique de lutte contre le grand banditisme, son efficacité est liée non seulement à la collaboration des populations mais surtout au dévouement des éléments de la police. Comme l’ont été le commissaire N’guessan et ses hommes lors du braquage d’une station d’essence au quartier Commerce. « C’est en plein 16 heures que les bandits sont venus attaquer la station en face de l’immeuble Ezzédine. Nous avons réussi à les contrer, mieux, à arrêter deux d’entre eux », s’est réjoui le caire. Ces braqueurs ont payé cher leur forfait. 20 ans de prison, telle est la sanction que la justice leur a infligée. Depuis ce jour, il y a une accalmie. Avec l’annonce de la prochaine installation de la CRS à Gagnoa, l’autorité policière se dit très heureuse. Car, ce sera un plus dans le dispositif sécuritaire de la ville. Cette unité spécialisée de police sera la bienvenue quand on sait qu’avec le marché qui a brûlé et la fermeture de la compagnie ivoirienne de bois ( CIB), le taux de chômage et d’agression est monté d’un cran. Espérons qu’avec l’arrivée de la CRS, Zapata et Soleil ne donneront plus d’insomnie à leurs populations.
Alain Kpapo à Gagnoa
Zapata manioc, un quartier village
A Zapata, se divise en deux parties : Zapata résidentiel et Zapata manioc. Au quartier résidentiel, vivent des personnes d’une certaine classe sociale. Leur statut de nantis leur permet de s’attacher les services de compagnies de sécurité privée. Au contraire, à Zapata, manioc, nous avons été frappés par son aspect aux allures d’un village. La broussaille est très visible entre les concessions. Certaines rues dudit quartier sont de part et d’autre entièrement prises en otage par une forêt en miniature. Il n’y a pas longtemps que les habitants de ce quartier jouissent des avantages de l’électrification. Quatre mois auparavant, ce quartier était dans le noir au coucher du soleil. A cette période, le moment qui sépare le crépuscule à l’aurore était mis à profit par des malfaiteurs de tout acabit. « Ce sont des gens qui opèrent à des heures indues », fait remarquer l’un des patrons de la sécurité qui a eu à intervenir au quartier Zapata-manioc pour traquer des bandits. Selon des informations l’appellation « manioc » vient du fait que dans ce quartier, qui donne sur un grand bas-fond, des champs de manioc y foisonnent. Nous avons pu nous en rendre compte au domicile de monsieur Glohi, l’un des anciens du quartier. A l’entrée de sa cour, des pieds de manioc font office de fleurs pour embellir le cadre. En ce qui concerne le quartier Soleil, il se localise à la sortie de la ville sur l’axe Gagnoa – Oumé. Son sous-quartier «Amani», du côté de son extension est le lieu de prédilection que lorgnent les malfrats, à cause de certains cadres qui y habitent. Il y a eu des moments où une véritable psychose y a régné. « J’habite le quartier Soleil, en tant qu’autorité policière, et le devoir m’appelle à relever ce défit », nous a confié le commissaire du premier arrondissement de Gagnoa. Il affirme qu’à Zapata-manioc et Soleil, les attaques de domiciles sont monnaie courante. « Ils attaquent les domiciles entre 2 heures et 4 heures du matin » révèle-t-il puis d’ajouter que le plus souvent ce sont des appareils électro ménagers qui sont convoités par les agresseurs.
Identité des bandits
Ceux qui agissent ainsi se recrutent dans le milieu scolaire. « Ce sont les élèves des lycées qui se prêtent à ce jeu. Ils ont entre 18 et 20 ans pour la plupart », déclare le commissaire du 1er arrondissement. Ces bandits opèrent à l’arme blanche ou au moyen d’armes à feu. « Avec la guerre qu’a connue la Côte d’Ivoire, les armes circulent un peu partout », a lancé un habitant de la ville. On se rappelle l’attaque contre la compagnie de transport « KS » dont l’un des braqueurs a été pris dans sa cachette de Zapata. Ce quartier se distingue par le fait qu’il reste un fief de la drogue dans la ville. C’est le lieu par excellence où s’opère le ravitaillement de cette substance. Le seigneur de la drogue de Gagnoa y a été arrêté. Pendant son transfert à la maison d’arrêt et de correction, il a dissimilé le produit interdit dans sa plaie qu’il a attachée avec une band. Mais la perspicacité des agents de la garde pénitentiaire a permis de découvrir le manège. Traduit devant la justice, il écope de 10 ans de prison.
Facteurs de l’insécurité
Les quartiers Zapata et Soleil sont séparés par un autre quartier non moins célèbre, Garahio fortement animé de jour comme de nuit. Les maquis y pullulent de jeunes filles aguichantes qui, selon certaines personnes, seraient de mèche avec les bandits. Au mois de mai dernier, un client venu prendre un pot avec ses amis a été retenu par l’une de ces jeunes filles jusqu’à une heure tardive. A sa sortie, il est agressé par la bande du nommé Moussa Guèye, un Ivoiro- sénégalais, bien connu dans les fichiers de la police. La victime a perdu cette nuit-là son téléphone portable et la somme de 70 mille francs. Heureusement qu’il a pu reconnaître son agresseur quelques jours après. Aujourd’hui, Guèye est derrière les barreaux pour purger une peine de 10 ans, plus une amende de 500 mille francs. Il apparaît clairement que les maquis de Garahio servent de lieu de rendez-vous aux bandits, où ils décident des plans d’attaque avant d’investir les quartiers les plus proches que sont Zapata et Soleil. Ou encore, à partir des maquis, ils observent les clients les plus huppés, qu’ils suivent discrètement avant de les déposséder de leurs biens, une fois hors du maquis.
En dépit de ce qui se dit de leur quartier, des habitants refusent de l’admettre. Mademoiselle Glohi, en l’absence de son père, nous a confié que « c’est ainsi qu’on parle de Zapata pourtant il n’en est rien. Je fais mon commerce d’oranges au bord de la route. Avant que le quartier ne soit électrifié, il m’arrivait de rester derrière mon étal à la lueur d’une lampe à pétrole jusqu’à 23 heures, avant de regagner la maison. Il n’y a pas d’agression ici », défend-elle son quartier.
Recul des attaques à main armée
Pareil pour cet ancien habitant du quartier Zapata. Fonctionnaire de son état, il a quitté ce quartier pour un autre. Pour lui, son déménagement n’est pas d’ordre sécuritaire. « C’est pour me rapprocher de mon lieu de travail que j’ai quitté Zapata. Pendant que j’y étais, j’entendais parler de l’insécurité qui y régnait. Cependant, je n’ai jamais vu quelqu’un qui a été agressé ni moi-même », a soutenu le fonctionnaire. Les langues ne se délient pas pour parler d’agression, surtout quand on est encore habitant de ce quartier. Est-ce une façon de se mettre à l’abri ? Ce qui rend davantage la tâche de la police complexe. Pourtant, une franche collaboration entre les populations et la police serait la bienvenue pour mettre hors d’état de nuire ces hommes sans foi ni loi. Pour le commissaire N’guessan du 1er arrondissement, la non-collaboration reste un handicap. « On a comme l’impression que dans certains quartiers, les populations protègent les bandits de peur des représailles. Je regrette que la population ne soit pas coopérative », s’indigne-t-il. C’est cette attitude que le chef de l’Etat a bannie en demandant à la population de corriger ce travers par une collaboration franche et directe avec les hommes chargés de la sécurité. C’était à l’occasion de l’installation de la compagnie républicaine de sécurité (CRS3) de Divo. Ce message ne semble pas encore bien perçu par les populations de la cité du Fromager si on s’en tient aux propos du patron du 1er arrondissement de police. Cependant, il a sa stratégie à lui pour pacifier les quartiers Zapata et Soleil. Mais il n’entend pas dévoiler cette stratégie-là. Comme toute politique de lutte contre le grand banditisme, son efficacité est liée non seulement à la collaboration des populations mais surtout au dévouement des éléments de la police. Comme l’ont été le commissaire N’guessan et ses hommes lors du braquage d’une station d’essence au quartier Commerce. « C’est en plein 16 heures que les bandits sont venus attaquer la station en face de l’immeuble Ezzédine. Nous avons réussi à les contrer, mieux, à arrêter deux d’entre eux », s’est réjoui le caire. Ces braqueurs ont payé cher leur forfait. 20 ans de prison, telle est la sanction que la justice leur a infligée. Depuis ce jour, il y a une accalmie. Avec l’annonce de la prochaine installation de la CRS à Gagnoa, l’autorité policière se dit très heureuse. Car, ce sera un plus dans le dispositif sécuritaire de la ville. Cette unité spécialisée de police sera la bienvenue quand on sait qu’avec le marché qui a brûlé et la fermeture de la compagnie ivoirienne de bois ( CIB), le taux de chômage et d’agression est monté d’un cran. Espérons qu’avec l’arrivée de la CRS, Zapata et Soleil ne donneront plus d’insomnie à leurs populations.
Alain Kpapo à Gagnoa