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Société Publié le mercredi 29 septembre 2010 | Nord-Sud

Criminalité - Les nouveaux bandits d’Abidjan

C’est un monde avec ses règles : le monde des voleurs, des escrocs d’Abidjan. Tenues «sportswear» à l’américaine, lourdes chaînes d’or et d’argent au cou, parfaite maîtrise du «Nouchi», les «guerriers» d’Abidjan sèment la peur par des méthodes qui les siéent.

Une célèbre bande commandée par le nommé Kouakou ne faisait pas dans la dentelle. Selon nos sources à la brigade anti-criminelle(Bac), ce gang a opéré plusieurs braquages de voitures. Leurs cibles, explique l’un de nos interlocuteurs, sont les grosses cylindrées ou bolides. Plus d’une fois, la bande de Kouakou a dépossédé les propriétaires de leurs véhicules de type 4x4.
Après leur forfait, les malfrats prennent la direction du Ghana en empruntant des pistes tortueuses. Tous les véhicules volés sont revendus au pays de Abédi Pelé. «Après avoir franchi Grand-Bassam, ils font le reste du trajet en passant par la broussaille. De Bassam, ils arrivent à Samo puis se retrouvent au Ghana.
C’est un réseau bien organisé», soutient un autre policier sous le sceau de l’anonymat pour des raisons de sécurité. Selon lui, le nommé Kouakou et sa bande ont réussi plus d’une fois à passer entre les rets de la police criminelle. En juin, les limiers de la Bac montent l’opération baptisée «Massarana» pour
traquer le redoutable braqueur. L’action se déroule à Marcory. Comme à son habitude, Kouakou et ses comparses neutralisent le propriétaire d’un véhicule de marque Touareg de type 4x4. Ils sont en passe de réussir le braquage. Mais les flics lancent l’assaut contre eux. Echanges de tirs entre les gangsters et les éléments de la Bac. Kouakou va y laisser sa peau. Il tombe raid mort
sur-le-champ et les autres malfaiteurs prennent la fuite. Le chef de l’équipage d’intervention nous explique qu’aujourd’hui le réseau du trafic de voitures volées à destination du Ghana a été «totalement» démantelé. Selon lui, les braqueurs se dirigent maintenant vers la Guinée en déviant par le Burkina Faso et le Mali. Il affirme que le véhicule est convoyé en pièces détachées après avoir été mis en pièces puis stockées dans un container. Nos sources sont activement sur les traces de ce nouveau trajet pour appréhender les acteurs.
Entre-temps, d’autres bandes munies d’armes à feu privilégient les banques, les stations à essence et les autres établissements financiers (Coopec, Agences Western union,...). (Réf Nord-Sud Quotidien du mardi 14 septembre). Dans ce cas, les bandits agissent généralement en complicité avec un employé de la banque
visée. L’un de nos contacts nous explique comment cela se passe : «Il y a celui qu’on appelle dans le milieu le tuyauteur. C’est lui qui cherche les terrains c’est-à-dire les cibles à attaquer. Il collecte le maximum d’informations sur le montant et l’endroit où se trouve précisément l’argent. Le chef du gang est en étroit contact avec le tuyauteur. Ce dernier est l’intermédiaire entre le chef
du gang et le responsable de l’agence de la banque ou d’un employé occupant une place essentielle au sein de la banque. Une fois ce travail accompli, alors le terrain est «propre». Les malfrats passent ainsi à l’attaque ». Plusieurs bandes ont utilisé ce mode opératoire pour dévaliser des banques. En août, le redoutable gang de Ky Gaoussou a été démantelé par la police criminelle. Si l’un des cerveaux (le nommé Victoire, ndlr) se trouve encore dans la nature, ce n’est pas le cas pour Ky Gaoussou, Agbevo Toussaint, Abou Cissé, Sidibé Seydou et
Doumbia Sékouba. Ils ont été arrêtés et mis à l’ombre au pénitencier de Yopougon en attendant leur procès pour vol en réunion à main armée.

Etre “stylé” avant tout

Après les gangs spécialisés dans le braquage de bolides et de banques, il y a la technique dite «le solitaire». Selon nos renseignements, ce sont de petits délinquants qui arrachent téléphones portables, bijoux au moyen d’une arme blanche c’est-à-dire un couteau, une dague ou tout instrument de violence. Les malfrats généralement au nombre de deux, prennent au dépourvu leurs cibles en les divertissant. Ils portent tous quelques bijoux au cou et au poignet. Des foulards rouges noués autour du front rappellent volontiers le rappeur américain Tupac Shakur, assassiné en 1996. Il faut susciter l’admiration et le respect... Ces délinquants de petit calibre ou de haut vol sont aujourd’hui autant sollicités par les filles que par la police.

Les anciens vagabonds

Japonais, Tintin, Lorien Kipré ou encore John Pololo. Derrière ces sobriquets se cachent des personnages dangereux qui ont régné en maître absolu dans la pègre. Attaques à main armée, braquage, cambriolage, filouterie… Ils ont semé la terreur et la désolation dans plus d’une famille dans la capitale économique.
Bercés par les récits toujours plus violents et captivants de leurs prédécesseurs, ils n’ont peur de rien : «C’est l’homme qui a peur, sinon y a rien», telle est leur devise. On se souviendra de John Pololo, peut-être le plus populaire des criminels d’Abidjan, abattu alors qu’il tentait de s’échapper des mailles de la Firpac, sous le régime du général Robert Guéi. On se souviendra
aussi d’Aurélien Kipré, abattu trois jours après Pololo par le PC crise d’Akouédo.

Bahi K.
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