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Société Publié le mercredi 29 septembre 2010 | Le Nouveau Réveil

Lazare Akpétou (expert en technologie des aliments) :// “La consommation d`eau en sachet plastique peut provoquer la stérilité chez les jeunes filles”

Lazare Akpétou est un expert en technologie des aliments. Enseignant en santé et en sécurité du travail, il explique que l'usage des sachets plastiques par de nombreux Ivoiriens est potentiellement dangereux pour leur santé.

Les sachets plastiques sont ancrés dans les habitudes des ménages en Côte d'Ivoire. Quels sont les risques auxquels sont exposées les populations ?
Le sac plastique est constitué de polyéthylène. La température de fusion du plastique est d'environ 140°C. Donc à cette température, le plastique fond et le trioxyde d'antimoine, le composé des bouteilles plastiques, se retrouve dans les aliments. Or ce composé réagit avec les acides pour créer de nouveaux complexes acides potentiellement cancérigènes. Dans ce cas, les organes cibles sont en priorité l'estomac à cause du suc gastrique. Ainsi, cela peut-il être à la base de nombreux cas d'ulcères d'estomac dont souffrent certaines personnes. Il convient de souligner qu'une fois l'estomac est malade, tout le corps humain se dégrade et toutes sortes de maux peuvent dès lors survenir. En somme, le sac plastique augmente l'émission de CO2 et accroît les changements climatiques qui ont pour conséquences les inondations qui commencent à être un cauchemar à Abidjan.

En Côte d'Ivoire, il y a un commerce bien connu qui est la vente d'eau en sachet plastique. Comment la consommation de cette eau peut-elle être source de risques ?
Ce qu'il faut retenir, c'est que les sachets plastiques, après qu'ils eurent été remplis d'eau, sont refermés grâce à la chaleur produite par une machine qu'on appelle la sertisseuse pour les unités semi industrielles. Le fait qu'il y ait de la chaleur, renvoie au processus de fusion du polyéthylène qui se retrouve dans l'eau, comme je l'ai dit tout à l'heure. Ainsi, même produit industriellement, les sachets d'eau du fait de la combustion du polyéthylène, peuvent provoquer l'ulcère d'estomac. Pour les sachets d'eau faits manuellement dans les maisons, la menace est prioritairement d'ordre microbiologique. En ce sens que généralement, ces sachets d'eau sont produits par les domestiques qui sont pour la plupart jeunes et qui ont de très faibles notions en hygiène alimentaire. Les diarrhées (dysenteries) dues à la contamination fécale sont légion dans nos quartiers d'Abidjan. Il faut signaler que ces attaques bactériennes sont potentiellement cause de stérilité chez la femme. En outre, à la fin, ce sont les dents qui sont le moyen d'ouverture de ces sachets qu'ils soient industriels ou artisanaux. L'objectif étant de déchirer le sachet, la possibilité d'avaler des particules de sachets est évidente. Cela est souvent arrivé. Ce qui expose le consommateur au risque de cancers liés à l'effet du polyéthylène dans l'organisme.

En quoi la consommation d'eau en sachet plastique peut-elle être cause de stérilité chez la femme ?
Pour comprendre comment on peut en arriver là, il faut qu'on parle des Shigella qui sont des parasites intestinaux rencontrés seulement chez l'homme. Celui-ci les élimine par ses selles et les disperse dans le milieu extérieur, tels que le sol et l'eau. La shigellose qui est l'infection ou la maladie provoquée par les Shigella, survient à la suite d'une contamination par voie oro-fécale. Ce qui veut dire que la bactérie se trouve originellement dans les matières fécales (selles) et passe donc de ce substrat au tube digestif de l'homme par le non lavement des mains après les selles. Elle provoque une fièvre transitoire de 24 à 48 heures et il s'ensuit une diarrhée liquide modérée ou sévère et aqueuse évoluant vers une dysenterie si le malade n'est pas réhydraté rapidement. Venons-en au mécanisme d'action et aux complications, pour répondre à votre question. Une fois dans le tube digestif, les bactéries envahissent les cellules recouvrant le tube digestif et se disséminent de cellule en cellule. Leur multiplication cause la mort de ces cellules et entraîne la survenue d'ulcères des muqueuses comme l'estomac. Ensuite, les Shigella s'attaquent aux globules rouges en les détruisant et l'urée augmente dans le sang, alors que la dysenterie est en train de régresser. Dans ce cas, l'évolution la plus probante est la survenue d'une insuffisance rénale, une anurie (absence d'urine), une anémie sévère et une insuffisance cardiaque. Allez dans nos hôpitaux et vous verrez combien de personnes vont en consultation par jour, pour des cas d'anémie. Finalement, on aboutit à une atteinte des poumons, des méninges, des tissus de la cornée, de la conjonctive et une vaginite chez les jeunes filles qui n'ont pas encore atteint l'âge de la puberté. Cette vaginite bactérienne coexiste souvent avec des maladies transmises sexuellement comme la gonorrhée ou la chaude pisse. Ces maladies provoquent une infection des trompes appelée salpingite aiguë. Cette infection des trompes anéantit la charge ovulaire de la jeune fille et conduit à l'infertilité de celle-ci. Cela se traduit par des douleurs au bas ventre. Quand cet état de stérilité n'est pas installé, la jeune fille est exposée aux grossesses ectopiques, c'est-à-dire les grossesses extra-utérines.

L'on utilise aujourd'hui des sachets pour emballer l'attiéké, qui est vendu sur des étals, à l'air libre et exposé au soleil. Quels sont les risques liés à cette façon de procéder ?
Le même cycle est présent ici aussi comme ailleurs. Bien plus, cette pratique peut s'avérer très nocive pour la santé humaine car si l'on fait attention, l'attiéké a tendance à être acide, c'est-à-dire qu'il a un goût aigre. Cette acidité de l'attieké favorise la formation de composés acides d'abord dans le sachet plastique. Ces composés augmentent par conséquent les quantités qui seront générées dans l'estomac, multipliant ainsi les risques liés à la conservation de l'attiéké dans des sachets plastiques. Globalement, il est déconseillé d'exposer les sachets plastiques à la chaleur si l'on ne peut pas s'empêcher de les utiliser dans son quotidien.

Certains défenseurs de l'environnement estiment que le sachet plastique n'étant pas biodégradable, préconisent son interdiction pure et simple. Quel est votre avis là-dessus ?
Chacun pourrait trouver la réponse à travers cette question: avant l'apparition des sachets plastiques, l'homme était-il malheureux? Si oui, gardons les sachets dans notre quotidien; si non, acceptons de réduire un facteur risque sur notre santé que l'on peut contrôler. Je pense qu'on n'en mourrait pas si l'on venait à l'interdire dans notre pays.

Quelles solutions dans ce cas, préconisez-vous pour les entreprises et les travailleurs opérant dans le secteur du sachet plastique ?
La recherche a mis au point un nouveau type de sachets plastiques appelés NEOSAC qui sont dits oxo-biodégradables en France. Cela veut dire qu'ils se dégradent dans la majeure partie des environnements (lumière, chaleur, oxygène, etc.). Mais il convient de souligner que ces sachets plastiques ne sont pas encore mis en service du fait qu'ils ne répondent pas encore aux spécifications des normes " EN 13432 " et " NFU 52001 " relative à l'émission de CO2 lors de sa dégradation. Ces entreprises pourraient alors financer la recherche pour l'achèvement de composition chimique du nouveau sachet, afin de le commercialiser. Spécifiquement pour notre pays, les entreprises devront payer une taxe pour le crédit carbone relativement à leur capacité de production et installer des unités de recyclage de ces matières plastiques en leur sein. Si toutes ces solutions s'avèrent onéreuses, l'alternative serait la reconversion.

Quelles solutions globales préconisez-vous pour régler le problème des sachets plastiques qui enlaidissent le décor et polluent l'environnement ?
Dans nos pays africains, on voit en effet, des sachets plastiques jetés un peu partout, sans restriction. Du fait qu'ils ne se dégradent pas, ils constituent un véritable problème environnemental. Il faudrait que notre pays songe à établir une législation claire, effective et efficace à propos de la production des sachets car le problème part de là. En outre, il faudrait que les autorités et les organisations non gouvernementales œuvrant dans le domaine de l'environnement, s'attellent à une éducation de masse des populations ivoiriennes à la protection de l'environnement, comme cela se fait au Ghana voisin où l'on est passé à une interdiction des sachets et à l'instauration de l'utilisation d'autres emballages plus solides et donc moins facilement jetables. Par ailleurs, il convient de lutter contre la pauvreté afin de réduire tant soit peu les inégalités sociales, causes de beaucoup d'habitudes préjudiciables à la santé. Au demeurant, j'aimerais dire ceci : nous n'avons pas la prétention de cerner tout le monde microbiologique, raison pour laquelle nous recommandons aux populations de considérer les indications prescrites par les spécialistes car tout ce qui nous environne est source de vie, mais potentiellement dangereux pour notre santé.
André Silver Konan
kandresilver@yahoo.fr
Ph : ASK
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