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Société Publié le jeudi 7 octobre 2010 | Le Mandat

Enquête/Commerce illicite - Tout sur la vente des ossements humains

Deux mois d’enquête pour savoir et comprendre. Il s’agissait d’enquêter sur le commerce des ossements humains. Pas des vivants mais une affaire qui rapporte gros. Une affaire sur laquelle nous avons enquêté.

Des bras, des pieds, des organes sexuels et bien d’autres organes, tout y passe. Le commerce ne prend pas de l’ampleur avec les élections; il se passe, se réalise tous lesjours. Le commerce des ossements humains est une réalité que nous avons vécue à travers les cimetières dans la ville d’Abidjan avant de nous rendre à l’intérieur du pays. Ce qui se passe dans ces cimetières est édifiant. On n’y ouvre pas la bouche sans prendre de précautions.

L’Omerta
Dans les cimetières municipaux abidjanais, les agents municipaux fonctionnent comme des adeptes de la mafia, la Cosa Nostra. La loi du silence est de mise. Nul ne veut parler. Tous se taisent à l’évocation du sujet. »Vend-on des ossements humains dans votre cimétière ? ». L’interrogation choque mais la réponse n’intrigue pas. A Koumassi, Williamsville, Yopougon, Abobo, Port-Bouët, il a fallu attendre longtemps. Des semaines. Entretenir des amitiés et surtout faire accepter que l’on n’écrivait plus, et qu’il s’agissait de simples causeries entre amis. La poule a pondu des œufs. Et la loi du silence a fondu comme du beurre au soleil. L’Omerta est devenue une disette. Les langues ont commencé à se délier.

Le commerce existe
Les langues perdent leur pesanteur du côté du cimetière de Port-Bouët, non loin du village de Petit-Bassam. Un fossoyeur se veut clair : « Les gens viennent nous voir. Ils ont des demandes d’ossements humains (…) Nous faisons ce que nous pouvons ». A Williamsille, un autre garçon n’a pas manqué de nous indiquer « qu’un homme qui est homme ne représente rien. Si quelqu’un a besoin de ses ossements et que nous pouvons être payés, nous sommes prêts à lui en fournir ». Sous l’anonymat des initiales R.Z, il a même ajouté : « Nous vendons ! ». Le commerce existe et personne ne peut le contester. Confirmation est donnée au cimetière de Koumassi, fermé depuis plusieurs mois. La-bas, un fossoyeur, K.Y est prolixe parce que nous connaissant : « C’est une affaire dont je n’aimerais pas parler. Mais, comme on se connaît depuis l’enfance, je vais te dire que ça marche actuellement. Les deux cimetières sont fermés. Les agents de la mairie ne sont pas là. On mange beaucoup ». Son collègue fossoyeur B.K confirme. Comme il en sera de même à Yopougon, tout comme à Abobo.

Quelles sont les
préférences des acheteurs ?
C’est un fossoyeur de Port-Bouët qui parle et longuement : « Je vais vous dire la vérité. Elles sont nombreuses ces personnalités qui viennent ici. On y compte des hommes et des femmes. Il y en a que nous, on voit à la télévision. On ferme notre bouche, parce c’est nous qui leur donnons ce qu’ils viennent demander. Nous ouvrons des tombes et nous aussi, on est dedans ». Les mêmes propos nous serons tenus ailleurs, au fin fond du cimetière de Williamsville. Toujours sous le couvert de l’anonymat : « n’allez pas dire que c’est moi qui vous l’ait dit, sinon les gardiens vont se fâcher et nous interdire l’entrée du cimetière ». Effectivement, tout repose sur les gardiens. Ils n’ont pas voulu parler. Rien ! Surtout, de ce qui se vendait.

On vend quoi ?
La question posée, l’Omerta a failli revenir. De nos déplacements, les fossoyeurs ont voulu garder la langue dans la bouche. Insistance sur plusieurs semaines. Les langues ont commencé à se délier. C’est Z.1, un homme d’un certain âge de Yopougon qui a fini par lâcher du lest et tout révéler en premier : « On vend tout. Il y en a qui demande la tête, les bras, les pieds, le sexe ». Selon Z.L, il y a des clients qui exigent le sexe de femme ou des testicules d’homme ». A Abobo, on nous dira, « nous on vend ».

Traoré Bourahima T.
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