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Art et Culture Publié le mercredi 13 octobre 2010 | Nord-Sud

Tiburce Koffi, écrivain ivoirien : “J’ai pleuré après la lecture de ce livre”

Tous les mercredis en quinze dans Nord-Sud Quotidien, un écrivain contemporain rend hommage à un auteur qui l’a marqué. Tiburce Koffi, auteur de ‘’Mémoire d’une tombe’’, Prix Ivoire de la littérature africaine d’expression francophone 2009, se prête à cet exercice d’admiration en posant un regard passionné mais sans complaisance sur l’œuvre de Virgile, ‘’L’Enéide’’.

«C’est de la littérature pure. J’ai eu pas mal de coups de cœur. Dans le fond, on tombe amoureux d’un texte comme on tombe amoureux d’une femme. Autant on peut tomber amoureux de plusieurs fem­mes, cela est possible pour plusieurs textes. Quel que soit le nombre de femmes qu’on a connues, il y a forcément une qui transcende. Il y a toujours un amour qu’on sublime et qui apparaît un peu plus fort que les autres. De ce point de vue, je pense à un livre comme L’Enéide de Virgile. Ce livre a été pour moi un véritable Coup de cœur. Je l’ai découvert quand j’étais très jeune. J’étais en classe de CM2 ou 6e. Quand j’ai fini de lire ce livre, j’ai pleuré. Les chants homériques ont le même effet sur les ados que les psaumes bibliques. Ils ont les mêmes pouvoirs de séduction et de fascination. Ils vous transposent, vous installent dans un univers merveilleux et vous êtes vraiment ébloui. C’est l’histoire de la guerre de Troie. Comment la ville a été envahie par les Grecs. Comment ces derniers ont introduit le cheval à Troie, comment ont-ils réussi leur ruse, comment les Troyens se sont fait prendre au piège. En s’adonnant aux petites filles, en se soûlant, en dormant. Au bon milieu de la nuit, les Grecs sont sortis du cheval et ont incendié la ville. C’est ainsi qu’ils ont occupé Troie. Le héros, Aimé, au milieu des flammes prend son père sur le dos et quitte la ville. Ce sont des images que j’ai trouvées très fortes. Je l’ai lu en pleurant. Je garde en mémoire la manière dont l’auteur fait ses accolages de métaphores. Il va entamer un processus avec une technique d’accolage particulière. Un style que j’ai gardé en utilisant sa démarche pour des métaphores et des comparaisons. Ce qui m’a marqué dans ce livre, c’est l’histoire et la manière de la conter. C’est plus tard, quand j’ai intégré la faculté des Lettres que j’ai compris ce procédé d’écriture. En fait, il était présenté comme un alter Homerus, c’est-à-dire, un style semblable à celui d’Homère. Ce dernier était un grand poète de l’oralité et il procédait comme les grands auteurs de l’Afrique ancienne. Quand vous lisez ‘’Soundjata, l’épopée manding’’ et Homère, ce sont les mêmes techniques de l’oralité. C’est lorsque j’ai commencé à être formé comme un technicien des lettres, que j’ai mieux compris ce style proche des griots. C’est le chant exalté avec les emphases et les hyperboles, des comparaisons les plus surprenantes, des images touchantes. A la limite, je dirai que ce ne sont pas des phrases, ce sont des vers avec une musicalité. Ce sont des artistes du langage. De grands poètes de l’oralité. Qu’on retrouve ici chez Amédé Pierre, Allah Thérèse, Djibril Tamsir Niane… ».

Propos recueillis par Sanou Tiburce Koffi, écrivain ivoirien : “J’ai pleuré après la lecture de ce livre”

Tous les mercredis en quinze dans Nord-Sud Quotidien, un écrivain contemporain rend hommage à un auteur qui l’a marqué. Tiburce Koffi, auteur de ‘’Mémoire d’une tombe’’, Prix Ivoire de la littérature africaine d’expression francophone 2009, se prête à cet exercice d’admiration en posant un regard passionné mais sans complaisance sur l’œuvre de Virgile, ‘’L’Enéide’’.

«C’est de la littérature pure. J’ai eu pas mal de coups de cœur. Dans le fond, on tombe amoureux d’un texte comme on tombe amoureux d’une femme. Autant on peut tomber amoureux de plusieurs fem­mes, cela est possible pour plusieurs textes. Quel que soit le nombre de femmes qu’on a connues, il y a forcément une qui transcende. Il y a toujours un amour qu’on sublime et qui apparaît un peu plus fort que les autres. De ce point de vue, je pense à un livre comme L’Enéide de Virgile. Ce livre a été pour moi un véritable Coup de cœur. Je l’ai découvert quand j’étais très jeune. J’étais en classe de CM2 ou 6e. Quand j’ai fini de lire ce livre, j’ai pleuré. Les chants homériques ont le même effet sur les ados que les psaumes bibliques. Ils ont les mêmes pouvoirs de séduction et de fascination. Ils vous transposent, vous installent dans un univers merveilleux et vous êtes vraiment ébloui. C’est l’histoire de la guerre de Troie. Comment la ville a été envahie par les Grecs. Comment ces derniers ont introduit le cheval à Troie, comment ont-ils réussi leur ruse, comment les Troyens se sont fait prendre au piège. En s’adonnant aux petites filles, en se soûlant, en dormant. Au bon milieu de la nuit, les Grecs sont sortis du cheval et ont incendié la ville. C’est ainsi qu’ils ont occupé Troie. Le héros, Aimé, au milieu des flammes prend son père sur le dos et quitte la ville. Ce sont des images que j’ai trouvées très fortes. Je l’ai lu en pleurant. Je garde en mémoire la manière dont l’auteur fait ses accolages de métaphores. Il va entamer un processus avec une technique d’accolage particulière. Un style que j’ai gardé en utilisant sa démarche pour des métaphores et des comparaisons. Ce qui m’a marqué dans ce livre, c’est l’histoire et la manière de la conter. C’est plus tard, quand j’ai intégré la faculté des Lettres que j’ai compris ce procédé d’écriture. En fait, il était présenté comme un alter Homerus, c’est-à-dire, un style semblable à celui d’Homère. Ce dernier était un grand poète de l’oralité et il procédait comme les grands auteurs de l’Afrique ancienne. Quand vous lisez ‘’Soundjata, l’épopée manding’’ et Homère, ce sont les mêmes techniques de l’oralité. C’est lorsque j’ai commencé à être formé comme un technicien des lettres, que j’ai mieux compris ce style proche des griots. C’est le chant exalté avec les emphases et les hyperboles, des comparaisons les plus surprenantes, des images touchantes. A la limite, je dirai que ce ne sont pas des phrases, ce sont des vers avec une musicalité. Ce sont des artistes du langage. De grands poètes de l’oralité. Qu’on retrouve ici chez Amédé Pierre, Allah Thérèse, Djibril Tamsir Niane… ».

Propos recueillis par Sanou A
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