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Art et Culture Publié le mardi 12 octobre 2010 | Le Mandat

Interview/ Rose Marie Guiraud (danseuse et chorégraphe ivoirienne) : “J’ai été injuriée dans les rues d’Abidjan…”

© Le Mandat Par DR
Showbiz - Mme Rose Marie Guiraud, danseuse et chorégraphe
La pionnière de la danse et de la chorégraphie en Côte d`Ivoire, Rose Marie Guiraud, depuis les Etats-Unis, donne son impression sur l’ambiance qu’elle a vécue lors de la célébration des cinquante ans de la Côte d’Ivoire.


Vous avez participé aux différentes activités du cinquantenaire de la Côte d’Ivoire. Quelle a été votre satisfaction ?

Ma première grande satisfaction à ces fêtes était la présence permanente de l’Ambassadeur Charles Koffi auprès de ses frères ivoiriens partout où besoin était. Quant à moi, en tant qu’Ambassadrice de la culture africaine en général et en particulier, la culture ivoirienne, je ne me suis pas fais prier pour être à ses cotés. Ainsi, avec l’Ambassadeur, nous avons fait une petite tournée des fêtes de notre cinquantenaire à New York d’abord.


Pouvez-vous décrire un peu l’ambiance qui a prévalu lors de cette cérémonie ?

Tout a commencé un samedi après-midi au Central Park, à Manhattan. Où les couleurs Orange, Blanc, Vert rivalisaient avec les décors américains. Mon mari et moi y avons rejoint l’Ambassadeur, sa délégation et tous nos frères et sœurs Ivoiriens. C’était chaleureux et beau surtout avec la présence des ‘’Guirivoires’’, représentés par Rachel Zon et Monguei Fanzi, Mamadou Daoué et Diomandé Vado, et du ‘’Ballet National’’ de Côte d’Ivoire. Ils se sont succédé pour danser comme si nous étions en Afrique. Ce jour-là, la joie que l’on lisait sur le visage des Ivoiriens n’était pas seulement de la nostalgie mais surtout l’expression des hommes unis, libres, sans complexe, heureux et fiers de fêter le cinquantenaire de l’indépendance de leur pays. Le lendemain dimanche, nous nous sommes de nouveau réunis dans une Eglise Catholique, ‘’Holy Name of Jésus’’ à Manhattan pour fêter le cinquantenaire de 17 pays d’Afrique, y compris la Côte d’Ivoire. Mon mari, Emmett McDonald et moi, étions avec l’Ambassadeur Charles Koffi et sa délégation puis quelques membres de la mission permanente auprès des Nations Unies. La cérémonie a duré presqu’une journée. A la fin de cette brillante célébration, l’Ambassadeur s’est rendu au stade où devrait avoir lieu la rencontre de l’équipe ivoirienne de football et celui des Burkinabés pour un match amical. J’ai salué l’attitude très patiente et bien attentionnée de notre Ambassadeur vis-à-vis de ses compatriotes.


Quel rôle avez-vous joué à cette célébration des cinquante ans des pays africains ?

Le samedi 07 août 2010 qui a suivi, je devrais présider la super fête du cinquantenaire de la Côte d’Ivoire organisée par Touré José. J’étais en compagnie de Kady Wassa Traoré, N’Za Dosso le couturier, son épouse Kady Dosso et des personnalités américaines. Cette fête a vu la participation des stars africaines tels Betika, Dezi Champion, Pierrette Adams et Joe Black. Quant à moi, j’ai été décorée d’un ‘’Award Music and the World’’ de Touré José, pour avoir maintenu la culture traditionnelle en vie.


Avez-vous pris part à d’autres activités à part celles de Manhattan ?

J’ai été invitée par l’Association des Ivoiriens à Indianapolis, pour la célébration du cinquantenaire de notre pays du 17 au 19 août 2010. Ces derniers ont absolument souhaité la présence de l’Ambassadeur Koffi Charles. Il a, malgré ses nombreuses occupations, répondu à mon appel et est venu à Indianapolis pour encourager la jeune association des Ivoiriens conduite par Manhan Maxime Didier. Ces derniers reçoivent très peu de nouvelles de leur pays par rapport aux Ivoiriens de Washington et de New York. Leur rêve venait de se réaliser avec la présence de l’Ambassadeur de Côte d’Ivoire et Rose Marie Guiraud à leur fête. Par la suite, l’Ambassadeur a tenu une conférence instructive qui donne beaucoup d’espoir à propos des ressources de notre pays. Il a entretenu également les membres de l’association sur les attitudes à adopter en pays étranger et l’élection présidentielle de la Côte d’Ivoire à venir. Puis, vint finalement la soirée tant attendue. La salle était déjà pleine avant notre arrivée. Elle a débuté par une brève intervention de l’Ambassadeur qui a été suivie du bal. Puis une fois de plus, ‘’Les Guirivoires’’ m’ont fait oublier mes 66 ans en me faisant danser.


A quel rang pouvez-vous placer la danse traditionnelle aujourd’hui?

De l’Institut National des Arts à l’EDEC (Ecole de Danse et d’Echange Culturel), la danse traditionnelle sur les scènes, dans les écoles aussi bien en Afrique en Europe, en Amérique qu’en Asie n’est plus du folklore mais, une science chorégraphique. Car, les Africains n’ont plus peur de danser en ville comme par le passé. Dans la même époque, j’ai aussi ouvert la porte de la scène aux jeunes chanteuses ivoiriennes pour chanter sur la scène comme Amedée Pierre, Mamadou Doumbia, Aspro Bernard, les stars d’alors. Les Sœurs Komoé faisaient l’exception. Revenue de la France en 1973, pour travailler comme professeur de chorégraphie aux départements des Arts et tradition populaire, j’ai eu l’opportunité de travailler avec une femme qui avait beaucoup d’admiration pour les arts africains de la scène. Il s’agit de Marie Thérèse Pécho, une Française et réalisatrice à la RTI qui a cru en moi pour me donner la chance de lancer notre art du village sur les scènes de la ville. C’est vrai que j’ai eu droit à toutes les injures dans les rues d’Abidjan à la télévision à l’époque où le mot chorégraphie se résumait à la vilaine Marie Rose Guiraud. Où les femmes venaient à ma fenêtre à la Cité des Arts, pour m’insulter parce qu’elles estimaient que j’avais conduit leurs enfants au banditisme à travers la danse. Ou alors, on m’envoyait les enfants parce qu’ils ne valaient rien à l’école. Mais tout cela ne m’a jamais empêchée d’avoir foi en mon projet de chorégraphie qui est en quelque sorte ma destinée. En plus, je gagnais ma vie avec le métier que j’exerçais à l’Institut Nationale des Arts. J’étais bien encouragée par des personnes comme Sidiki Bakaba qui, visiblement, avaient le même virus de l’art et beaucoup d’ambitions comme moi.


Qu’est-ce qui vous motive à suivre l’évolution de votre pays hors de votre continent ?

J’ai lutté jusqu`à ce que j’arrive à créer le Ballet National de Côte d’Ivoire avec la collaboration de Mamadou Kondé. Cela m’a beaucoup motivée à poursuivre mon rêve qui était d’avoir un lieu à moi pour y inviter tous ceux qui ressentent la passion de l’art comme moi et par la même occasion, décomplexer tous ceux qui se sentent écrasés par les critiques de la société dont j’ai aussi été l’une des victimes. Et, sortir les enfants déshérités de la rue était l’un de mes rêves qui s’est réalisé. Car, l’art permet à l’homme de se découvrir plutôt que d’écouter ce que l’on raconte à votre égard. Enfin, voilà ce qui motive ma passion de suivre l’évolution de mon pays partout où je suis. Mon pays est ma marchandise que je souhaiterais promouvoir pour l’éternité tant qu’il y aura Les Guiraud des Ivoires « Les Guirivoires » et tant que dansera l’Afrique. Parce que je suis l’Africaine du pays profond.


Où en êtes-vous avec votre projet de la Convention des ‘’Guirivoires’’ à l’EDEC et le retour en Côte d’Ivoire ?

Mes recherches de fonds vont bon train. Mon premier spectacle de recherche de fonds commence le 20 novembre prochain à New York avec l’aide des communautés chrétienne et musulmane qui promettent de m’aider franchement. Les spectacles se feront avec la participation des ‘’Guirivoires’’ de France et ceux des USA, ainsi que l’orchestre Solar Punch et la chorale ‘’Magnificat’’ pour le premier spectacle à St Simon Stock School de New York. Enfin, je continue de crier sur tous les toits, espérant être entendue par toutes les âmes charitables. Il s’agit d’aider des centaines d’enfants et jeunes déshérités de l’EDEC qui ont souffert de mon absence depuis 12 ans. Il est tout à fait normal que je me prépare financièrement avant de redynamiser l’EDEC et les ‘’Guirivoires’’. Nous faisons aussi confiance à la générosité de nos frères et sœurs ivoiriens et partenaires pour nous répondre favorablement. La compagnie de danse ‘’Les Guirivoires’’ est née en 1973 et se maintient jusqu’aujourd’hui avec ou sans moi. Quant à moi, j’ai transformé mon centre artistique presqu’en un orphelinat pour redonner espoir aux jeunes déshérités d’Afrique et particulièrement ivoiriens. Enfin, nous laissons l’appréciation aux Ivoiriens. Je souhaite que l’élection présidentielle à venir soit une fête d’Amour et de Paix profonde comme celle que les Ivoiriens ont toujours vécue.

Réalisée par Adèle Kouadio
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