Si l’on devait écrire aujourd’hui l’histoire des fractures successives du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) depuis la mort de Félix Houphouët-Boigny, l’on retiendrait sans doute que les saignées les plus importantes ont souvent pris la forme de dissidences ethniques. Le schéma est le suivant. Pour des raisons diverses, une figure centrale de l’ancien parti-Etat se trouve frustrée dans ses ambitions ou se voit pousser des ailes ; elle va créer sa propre formation politique et est tout de suite ralliée par ses «frères d’ethnie» venus de l’ancienne maison commune, souvent mobilisés à l’aide de discours revanchards ou particularistes ; puis elle se met dans la course folle au pouvoir, sans s’encombrer d’une cohérence idéologique qui n’a aucun sens dès lors que l’instinct grégaire soude le groupe.
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, peut-on en conclure que la «guerre de succession» qui est désormais engagée au Front populaire ivoirien (FPI), à la veille du dernier «grand combat» de Laurent Gbagbo, se mènera elle aussi sur la base des arguments tribaux détestables qui ont produit «l’ivoirité» et «la charte du Nord» ? En tout cas, «l’affaire des pancartes» à caractère ouvertement tribal et victimaire brandies lors des récentes manifestations «pro-Tagro» est un mauvais signal. Et il serait bon que le concerné se désolidarise très vite d’un certain type d’arguments, à la fois par esprit de responsabilité et par sens politique. Sinon, il sera impuissant quand des analystes le mettront sur la liste des politiciens ivoiriens dont la stratégie de base est de prendre en otage leur groupe ethnique en le mettant dans une insécurité psychologique telle que tous ses membres sont obligés de voter pour «le frère», convaincus ou pas.
Dans leur grande majorité, les leaders politiques ivoiriens ne sont pas ethnicistes, ils sont cosmopolites, leurs amitiés les plus fortes ne sont pas tributaires de l’endroit dont ils sont originaires. Pour prendre le cas qui nous intéresse, l’épouse de Désiré Tagro est du Nord, un de ses plus proches collaborateurs, Navigué Konaté, aussi. Les koulibalystes – ou ceux qui sont désignés ainsi par leurs «camarades» de parti – ne sont pas en majorité des gens du Nord. Dans un tel contexte, jouer sur la corde ethnique, de manière subliminale ou pas, relève de la démagogie et doit être dénoncé comme tel.
L’attitude de Mamadou Koulibaly, qui se pose en héraut de l’Etat de droit mais qui s’oppose à la vérification de la liste électorale, qu’il assimile à la «peur de l’étranger» là où il est question de faire respecter les lois en vigueur, peut également susciter des questions sur son positionnement stratégique. Les fraudes aux concours d’entrée à la Fonction publique et les fraudes sur l’état-civil relèvent pourtant de la même logique. Elles sont en général organisées en amont par des «mains politiciennes». Elles peuvent aussi se rejoindre. Comme dans le cas de celui qui «diminue son âge» pour pouvoir acheter un concours.
Au sein d’une partie de l’opposition et de la société civile, le début de l’opération de vérification informatique augure du retour des accusations confuses sur «l’ivoirité». Alpha Blondy a commencé la campagne. «Quand on dit qu’il y a des fraudeurs, et que par coïncidence, tous les fraudeurs ont des patronymes qui viennent du Nord, cela est malsain. Car la Côte d’Ivoire est entourée de cinq pays. Si on dit que ces fraudeurs, ce sont des Maliens, des Guinéens, des Burkinabé, il aurait été aussi plus décent de parler des Ghanéens et des Libériens». L’imagine-t-on se pointant au tribunal pour vérifier si «l’équilibre ethnique» est respecté quand on dénombre les personnes accusées de tel ou tel délit ? Un Etat républicain ne connait pas d’ethnie ou de groupe religieux. Chaque citoyen est considéré à titre individuel. Sa nationalité ne peut être déterminée qu’à partir de documents individuels authentiques. Les procès d’intention ethniques sont un danger pour l’unité nationale. En revanche, il est absolument nécessaire de dénoncer les faits avérés de discrimination ou de favoritisme tribal. En s’adressant à la Nation en tant que citoyen, et non membre d’un certain groupe.
Il revient de toute façon aux citoyens de sanctionner les amalgames douteux créés par des politiciens qui veulent s’acquérir une clientèle fidèle à moindre coût. En effet, la mauvaise manière de faire de la politique que nous dénonçons, et qui a conduit à la guerre, augmente de manière phénoménale les droits d’un personnel politique protégé par les réflexes moutonniers qu’il a réussis à inculquer au sein du peuple, et diminue dans les mêmes proportions la marge de manœuvre de citoyens/électeurs pris au piège de prisons artificielles.
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, peut-on en conclure que la «guerre de succession» qui est désormais engagée au Front populaire ivoirien (FPI), à la veille du dernier «grand combat» de Laurent Gbagbo, se mènera elle aussi sur la base des arguments tribaux détestables qui ont produit «l’ivoirité» et «la charte du Nord» ? En tout cas, «l’affaire des pancartes» à caractère ouvertement tribal et victimaire brandies lors des récentes manifestations «pro-Tagro» est un mauvais signal. Et il serait bon que le concerné se désolidarise très vite d’un certain type d’arguments, à la fois par esprit de responsabilité et par sens politique. Sinon, il sera impuissant quand des analystes le mettront sur la liste des politiciens ivoiriens dont la stratégie de base est de prendre en otage leur groupe ethnique en le mettant dans une insécurité psychologique telle que tous ses membres sont obligés de voter pour «le frère», convaincus ou pas.
Dans leur grande majorité, les leaders politiques ivoiriens ne sont pas ethnicistes, ils sont cosmopolites, leurs amitiés les plus fortes ne sont pas tributaires de l’endroit dont ils sont originaires. Pour prendre le cas qui nous intéresse, l’épouse de Désiré Tagro est du Nord, un de ses plus proches collaborateurs, Navigué Konaté, aussi. Les koulibalystes – ou ceux qui sont désignés ainsi par leurs «camarades» de parti – ne sont pas en majorité des gens du Nord. Dans un tel contexte, jouer sur la corde ethnique, de manière subliminale ou pas, relève de la démagogie et doit être dénoncé comme tel.
L’attitude de Mamadou Koulibaly, qui se pose en héraut de l’Etat de droit mais qui s’oppose à la vérification de la liste électorale, qu’il assimile à la «peur de l’étranger» là où il est question de faire respecter les lois en vigueur, peut également susciter des questions sur son positionnement stratégique. Les fraudes aux concours d’entrée à la Fonction publique et les fraudes sur l’état-civil relèvent pourtant de la même logique. Elles sont en général organisées en amont par des «mains politiciennes». Elles peuvent aussi se rejoindre. Comme dans le cas de celui qui «diminue son âge» pour pouvoir acheter un concours.
Au sein d’une partie de l’opposition et de la société civile, le début de l’opération de vérification informatique augure du retour des accusations confuses sur «l’ivoirité». Alpha Blondy a commencé la campagne. «Quand on dit qu’il y a des fraudeurs, et que par coïncidence, tous les fraudeurs ont des patronymes qui viennent du Nord, cela est malsain. Car la Côte d’Ivoire est entourée de cinq pays. Si on dit que ces fraudeurs, ce sont des Maliens, des Guinéens, des Burkinabé, il aurait été aussi plus décent de parler des Ghanéens et des Libériens». L’imagine-t-on se pointant au tribunal pour vérifier si «l’équilibre ethnique» est respecté quand on dénombre les personnes accusées de tel ou tel délit ? Un Etat républicain ne connait pas d’ethnie ou de groupe religieux. Chaque citoyen est considéré à titre individuel. Sa nationalité ne peut être déterminée qu’à partir de documents individuels authentiques. Les procès d’intention ethniques sont un danger pour l’unité nationale. En revanche, il est absolument nécessaire de dénoncer les faits avérés de discrimination ou de favoritisme tribal. En s’adressant à la Nation en tant que citoyen, et non membre d’un certain groupe.
Il revient de toute façon aux citoyens de sanctionner les amalgames douteux créés par des politiciens qui veulent s’acquérir une clientèle fidèle à moindre coût. En effet, la mauvaise manière de faire de la politique que nous dénonçons, et qui a conduit à la guerre, augmente de manière phénoménale les droits d’un personnel politique protégé par les réflexes moutonniers qu’il a réussis à inculquer au sein du peuple, et diminue dans les mêmes proportions la marge de manœuvre de citoyens/électeurs pris au piège de prisons artificielles.