Et de 22 ! La Commission bancaire de l’Uemoa a autorisé cette année l’implantation de nouveaux établissements, notamment BGFI Bank et Diamond Bank. Avant qu’il ne quitte Abidjan pour son nouveau poste à Paris, Jean-François Fichaux, alors DG du groupe Bicici, s’était exprimé, pour Côte d’Ivoire Economie, sur la recomposition du système bancaire ivoirien et ses impacts éventuels. Retour sur ses propos.
« Le système bancaire ivoirien, en termes d’organisation, de réglementation et de supervision est à la hauteur des besoins du pays pour se développer. Maintenant, nous sommes sur un marché qui est relativement plat et on vit cela depuis plusieurs années, on a 19 banques opérationnelles actuellement (propos recueillis avant les nouvelles homologations de la Commission bancaire de l’Uemoa, ndlr), il y en a déjà trop par rapport à ce marché, alors demain on sera à 23 établissements !
Par rapport au montant de fonds propres, le capital minimum qu’il faut avoir pour faire fonctionner une banque, si l’on met en face les résultats qu’on peut attendre, il y a de quoi être déçu par le retour sur investissement. Il n’y a pas de possibilité d’avoir un retour sur investissement décent si l’on additionne tous les capitaux qui ont été mis sur le système bancaire. Il y a donc un problème à ce niveau-là. Il faut s’attendre, dans les années à venir, à des consolidations et des fusions. Je pense que c’est d’ailleurs une nécessité, on a connu le même parcours au Nigeria.
Certes, le marché bancaire ivoirien est relativement concurrentiel. Mais c’est important pour une banque de pouvoir générer suffisamment de résultats couvrir ses risques. Si la crise venait à perdurer encore, on se retrouverait avec des établissements bancaires n’étant pas à même de générer suffisamment de ressources pour couvrir les risques. C’est ma crainte dans l’environnement actuel. La Banque centrale joue pleinement son rôle de gendarme du marché financier régional par le biais de la Commission bancaire, mais il faut que cela soit fait très sérieusement pour que nous n’ayons pas de dérapages comme cela a été le cas dans le passé.
En termes de service de proximité, il est vrai que le taux de bancarisation de la population reste très faible. Il est d’environ 7%, dont 5% sur le seul Abidjan. Le problème est que si nous voulons disposer d’un secteur bancaire efficace au niveau des standards internationaux, cela nécessite de gros investissements qui, eux-mêmes, pour être rentabilisés, requièrent un nombre de clients assez large. Mais dans les conditions ivoiriennes actuelles, avec un niveau de la clientèle bancaire trop limité, on est obligé de jouer sur le coût des services bancaires pour rentabiliser ces investissements. Vous comprenez donc que les services sont trop chers en Côte-d’Ivoire, en raison même de ce nombre limité de clients.
Si l’on pouvait tabler sur un potentiel de 10 millions de clients, alors, les frais bancaires se trouveraient réduits substantiellement. Là, c’est une clientèle globale de 700 000 à 800 000 usagers. Ce qui est loin d’être facile car il faut essayer de trouver le bon équilibre. Je crois que la réponse au problème de la bancarisation n’est pas d’ouvrir des agences à tous les coins de rue, car offrir des agences coûte très cher et ce n’est pas avec cette orientation qu’on peut espérer baisser rapidement le coût des services bancaires. A la Bicici, nous avons donc choisi l’option de la monétique, du Net-banking, en investissant dans les nouvelles technologies comme cela se fait un peu partout en Occident.
Si on est capable d’offrir ou d’apporter un très bon service à distance, objet de notre investissement actuellement, alors nous répondrons aux besoins d’une frange de la population qui n’est pas encore bancarisée, et le service coûtera bien moins cher… »
Stéphane Amani
« Le système bancaire ivoirien, en termes d’organisation, de réglementation et de supervision est à la hauteur des besoins du pays pour se développer. Maintenant, nous sommes sur un marché qui est relativement plat et on vit cela depuis plusieurs années, on a 19 banques opérationnelles actuellement (propos recueillis avant les nouvelles homologations de la Commission bancaire de l’Uemoa, ndlr), il y en a déjà trop par rapport à ce marché, alors demain on sera à 23 établissements !
Par rapport au montant de fonds propres, le capital minimum qu’il faut avoir pour faire fonctionner une banque, si l’on met en face les résultats qu’on peut attendre, il y a de quoi être déçu par le retour sur investissement. Il n’y a pas de possibilité d’avoir un retour sur investissement décent si l’on additionne tous les capitaux qui ont été mis sur le système bancaire. Il y a donc un problème à ce niveau-là. Il faut s’attendre, dans les années à venir, à des consolidations et des fusions. Je pense que c’est d’ailleurs une nécessité, on a connu le même parcours au Nigeria.
Certes, le marché bancaire ivoirien est relativement concurrentiel. Mais c’est important pour une banque de pouvoir générer suffisamment de résultats couvrir ses risques. Si la crise venait à perdurer encore, on se retrouverait avec des établissements bancaires n’étant pas à même de générer suffisamment de ressources pour couvrir les risques. C’est ma crainte dans l’environnement actuel. La Banque centrale joue pleinement son rôle de gendarme du marché financier régional par le biais de la Commission bancaire, mais il faut que cela soit fait très sérieusement pour que nous n’ayons pas de dérapages comme cela a été le cas dans le passé.
En termes de service de proximité, il est vrai que le taux de bancarisation de la population reste très faible. Il est d’environ 7%, dont 5% sur le seul Abidjan. Le problème est que si nous voulons disposer d’un secteur bancaire efficace au niveau des standards internationaux, cela nécessite de gros investissements qui, eux-mêmes, pour être rentabilisés, requièrent un nombre de clients assez large. Mais dans les conditions ivoiriennes actuelles, avec un niveau de la clientèle bancaire trop limité, on est obligé de jouer sur le coût des services bancaires pour rentabiliser ces investissements. Vous comprenez donc que les services sont trop chers en Côte-d’Ivoire, en raison même de ce nombre limité de clients.
Si l’on pouvait tabler sur un potentiel de 10 millions de clients, alors, les frais bancaires se trouveraient réduits substantiellement. Là, c’est une clientèle globale de 700 000 à 800 000 usagers. Ce qui est loin d’être facile car il faut essayer de trouver le bon équilibre. Je crois que la réponse au problème de la bancarisation n’est pas d’ouvrir des agences à tous les coins de rue, car offrir des agences coûte très cher et ce n’est pas avec cette orientation qu’on peut espérer baisser rapidement le coût des services bancaires. A la Bicici, nous avons donc choisi l’option de la monétique, du Net-banking, en investissant dans les nouvelles technologies comme cela se fait un peu partout en Occident.
Si on est capable d’offrir ou d’apporter un très bon service à distance, objet de notre investissement actuellement, alors nous répondrons aux besoins d’une frange de la population qui n’est pas encore bancarisée, et le service coûtera bien moins cher… »
Stéphane Amani