En prélude au second tour de la présidentielle, le président du conseil national de la presse (Cnp), Eugène Dié Kacou invite les organes de presse à plus de professionnalisme. Il en donne ici quelques précisions.
Président Eugène Kacou, quelles sont les réelles attentes du Cnp pour cette période électorale ?
A la rencontre de ce matin (ndlr hier matin) avec les rédacteurs en chef et les directeurs de publication, le Cnp a d`abord salué le comportement de l`ensemble de la presse au premier tour de la présidentielle. C`est vrai, il y a eu du bon comme du moins bon. Mais nous avions noté une absence de dérapages sérieux. Ensuite, nous leur avions demandé d`observer le même comportement d`hier.
Concrètement, qu`est-ce que vous leur demandez ?
A peine nous abordons le second tour que les choses ont commencé à tourner au vinaigre. Certains titres de journaux deviennent injurieux. Ils invitent au tribalisme et soulèvent des problèmes ethniques voire, ils poussent à la révolte, à la rébellion. Fort de cela, nous avions échangé avec les confrères sur la conduite à tenir. Sur ce qu`il faut faire pour préserver à la Côte d`Ivoire d’un dérapage. Eviter de s`opposer entre confrères. Eviter d`être la caisse de résonnance des hommes politiques surtout quand ils disent des choses moins vraies. Nous invitons les uns et les autres à plus de professionnalisme.
Quel sort le Cnp réserve t-il à ceux qui n`obéiront pas à la règle ?
Nous sanctionnerons ceux qui rapporteront les propos estimés injurieux des hommes politiques. Pour cela, nous allons faire un communiqué dont le contenu doit être scrupuleusement respecté par tous. Rapporter des propos injurieux, c`est leur donner une grande importance, plus d`effet, alors cela n`échappera pas à la sanction. Voyez au Rwanda, des milliers de génocidaires ont été sanctionnés mais également certains journalistes ont connu la condamnation à perpétuité. En cas de manquement à la règle, nous passerons cette fois-ci aux sanctions du second degré.
De quoi s`agit-il quand vous parlez de sanctions du second degré ?
Je vous disais déjà que j`ai vécu récemment une expérience malheureuse au Rwanda d`où je reviens. Là-bas, les confrères m`ont invité à un déjeuner. Quelques jours auparavant, je leur avais répondu que la presse se portait relativement bien en Côte d`Ivoire. Mais que fut ma surprise quand ils m`ont présenté sur le net, les titres de certains journaux Ivoiriens. J`ai eu la plus grande honte de ma vie au Rwanda. Quant aux sanctions du second degré, il s`agit de la fermeture de journaux, de sanctions pécuniaires. Qu`on évite de semer les germes de ce que nos frères rwandais ont malheureusement vécu. Surtout qu`ils nous interpellent eux-mêmes.
Monsieur le président, que pensez-vous du comportement de la télévision ivoirienne ?
D`aucuns parlent même d`une télévision pirate du candidat Laurent Gbagbo. Peut-on sanctionner les journaux sans interpeller les médias, même si vous n`êtes pas le Cnca?
C`est sûr, c`est toute la presse. Mais comme vous le savez, il y a le Cnp qui gère la presse écrite et le Cnca qui gère la presse audio. Chacun s`occupe de ses genres si je peux m`exprimer ainsi. Le Cnca, je pense, fait son travail. Est-ce qu`il le fait bien, est-ce qu`il le fait mal, je n`ai pas à juger le Cnca. Mais vous avez raison pour ce que vous dites. Certains journalistes l`ont déjà exprimé et nous rencontrerons le Cnca. Mais je voudrais qu`on reconnaisse quand même qu`il y a eu une amélioration depuis le lancement de la campagne le samedi dernier. C`est mon appréciation personnelle. La télévision joue aujourd`hui son rôle de média d`Etat. A preuve, elle a décidé de sanctionner certains journalistes qui ont failli à leur mission récemment. Ceux-ci avaient fait perdre au candidat Ouattara 3mn d`antenne. Quand c`est bon, il faut le dire aussi et pas seulement quand c`est mauvais.
Et la télévision pirate du Président Gbagbo ?
Mais moi je ne peux pas me mêler de ça, c`est le Cnca. Je pense que là aussi, ils ont mis la main sur cette télévision pirate qui je pense, n`émet plus. La suite est un problème de justice. Le Cnca va porter plainte et l`affaire sera en justice.
Beaucoup de critiques se font entendre ces temps-ci à l`endroit de la tutelle. Nombre de confrères estiment qu`elle ne joue pas correctement son rôle. Que peut faire le Cnp sur la question ?
Aujourd`hui, vous m`interrogez, vous avez la latitude d`aller interroger le ministre. Et je ne peux pas parler en son nom. Je ne peux même pas le juger. Vous l`interrogez, il vous dira pourquoi il se comporte comme ça, comme vous le pensez. Ce n`est pas à moi de dire ceci ou cela. Il a ses raisons et seul lui peut vous répondre.
Président, vous prévoyez certes des sanctions pour les éventuels récalcitrants, mais que compte faire le Cnp pour la sécurité des entreprises de presse en cette période ?
Nous sommes en train de préparer des courriers pour le ministère de l`Intérieur. Il a pour responsabilité de sécuriser tous les Ivoiriens. A ce titre, il doit assurer la sécurité des journaux ivoiriens même s`ils sont privés. On va écrire au ministre de l`Intérieur ainsi qu`au ministre de la Défense. Leur dire que dans cette période sensible, qu`ils songent à sécuriser les journaux. Mais il y a aussi le Gepci, qui est le patron des éditeurs. Le Gepci doit également entreprendre la même démarche et non, seul l`organe de régulation. Mais nous allons le faire, mieux dans notre communiqué, nous allons demander qu`on protège les rédactions en cette période sensible. Ça ne serait pas du tout bien si les rédactions ne sont pas protégées.
Interview réalisée par
Dieusmonde Tadé
dieusmonde@yahoo.fr
Président Eugène Kacou, quelles sont les réelles attentes du Cnp pour cette période électorale ?
A la rencontre de ce matin (ndlr hier matin) avec les rédacteurs en chef et les directeurs de publication, le Cnp a d`abord salué le comportement de l`ensemble de la presse au premier tour de la présidentielle. C`est vrai, il y a eu du bon comme du moins bon. Mais nous avions noté une absence de dérapages sérieux. Ensuite, nous leur avions demandé d`observer le même comportement d`hier.
Concrètement, qu`est-ce que vous leur demandez ?
A peine nous abordons le second tour que les choses ont commencé à tourner au vinaigre. Certains titres de journaux deviennent injurieux. Ils invitent au tribalisme et soulèvent des problèmes ethniques voire, ils poussent à la révolte, à la rébellion. Fort de cela, nous avions échangé avec les confrères sur la conduite à tenir. Sur ce qu`il faut faire pour préserver à la Côte d`Ivoire d’un dérapage. Eviter de s`opposer entre confrères. Eviter d`être la caisse de résonnance des hommes politiques surtout quand ils disent des choses moins vraies. Nous invitons les uns et les autres à plus de professionnalisme.
Quel sort le Cnp réserve t-il à ceux qui n`obéiront pas à la règle ?
Nous sanctionnerons ceux qui rapporteront les propos estimés injurieux des hommes politiques. Pour cela, nous allons faire un communiqué dont le contenu doit être scrupuleusement respecté par tous. Rapporter des propos injurieux, c`est leur donner une grande importance, plus d`effet, alors cela n`échappera pas à la sanction. Voyez au Rwanda, des milliers de génocidaires ont été sanctionnés mais également certains journalistes ont connu la condamnation à perpétuité. En cas de manquement à la règle, nous passerons cette fois-ci aux sanctions du second degré.
De quoi s`agit-il quand vous parlez de sanctions du second degré ?
Je vous disais déjà que j`ai vécu récemment une expérience malheureuse au Rwanda d`où je reviens. Là-bas, les confrères m`ont invité à un déjeuner. Quelques jours auparavant, je leur avais répondu que la presse se portait relativement bien en Côte d`Ivoire. Mais que fut ma surprise quand ils m`ont présenté sur le net, les titres de certains journaux Ivoiriens. J`ai eu la plus grande honte de ma vie au Rwanda. Quant aux sanctions du second degré, il s`agit de la fermeture de journaux, de sanctions pécuniaires. Qu`on évite de semer les germes de ce que nos frères rwandais ont malheureusement vécu. Surtout qu`ils nous interpellent eux-mêmes.
Monsieur le président, que pensez-vous du comportement de la télévision ivoirienne ?
D`aucuns parlent même d`une télévision pirate du candidat Laurent Gbagbo. Peut-on sanctionner les journaux sans interpeller les médias, même si vous n`êtes pas le Cnca?
C`est sûr, c`est toute la presse. Mais comme vous le savez, il y a le Cnp qui gère la presse écrite et le Cnca qui gère la presse audio. Chacun s`occupe de ses genres si je peux m`exprimer ainsi. Le Cnca, je pense, fait son travail. Est-ce qu`il le fait bien, est-ce qu`il le fait mal, je n`ai pas à juger le Cnca. Mais vous avez raison pour ce que vous dites. Certains journalistes l`ont déjà exprimé et nous rencontrerons le Cnca. Mais je voudrais qu`on reconnaisse quand même qu`il y a eu une amélioration depuis le lancement de la campagne le samedi dernier. C`est mon appréciation personnelle. La télévision joue aujourd`hui son rôle de média d`Etat. A preuve, elle a décidé de sanctionner certains journalistes qui ont failli à leur mission récemment. Ceux-ci avaient fait perdre au candidat Ouattara 3mn d`antenne. Quand c`est bon, il faut le dire aussi et pas seulement quand c`est mauvais.
Et la télévision pirate du Président Gbagbo ?
Mais moi je ne peux pas me mêler de ça, c`est le Cnca. Je pense que là aussi, ils ont mis la main sur cette télévision pirate qui je pense, n`émet plus. La suite est un problème de justice. Le Cnca va porter plainte et l`affaire sera en justice.
Beaucoup de critiques se font entendre ces temps-ci à l`endroit de la tutelle. Nombre de confrères estiment qu`elle ne joue pas correctement son rôle. Que peut faire le Cnp sur la question ?
Aujourd`hui, vous m`interrogez, vous avez la latitude d`aller interroger le ministre. Et je ne peux pas parler en son nom. Je ne peux même pas le juger. Vous l`interrogez, il vous dira pourquoi il se comporte comme ça, comme vous le pensez. Ce n`est pas à moi de dire ceci ou cela. Il a ses raisons et seul lui peut vous répondre.
Président, vous prévoyez certes des sanctions pour les éventuels récalcitrants, mais que compte faire le Cnp pour la sécurité des entreprises de presse en cette période ?
Nous sommes en train de préparer des courriers pour le ministère de l`Intérieur. Il a pour responsabilité de sécuriser tous les Ivoiriens. A ce titre, il doit assurer la sécurité des journaux ivoiriens même s`ils sont privés. On va écrire au ministre de l`Intérieur ainsi qu`au ministre de la Défense. Leur dire que dans cette période sensible, qu`ils songent à sécuriser les journaux. Mais il y a aussi le Gepci, qui est le patron des éditeurs. Le Gepci doit également entreprendre la même démarche et non, seul l`organe de régulation. Mais nous allons le faire, mieux dans notre communiqué, nous allons demander qu`on protège les rédactions en cette période sensible. Ça ne serait pas du tout bien si les rédactions ne sont pas protégées.
Interview réalisée par
Dieusmonde Tadé
dieusmonde@yahoo.fr
