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Politique Publié le lundi 13 décembre 2010 | Nord-Sud

L’Apo, le dernier coup ?

© Nord-Sud Par DR
Côte d`Ivoire: le président Laurent Gbagbo conteste les décisions de la communauté internationale
Photo: le président Laurent Gbagbo
Mars 2007. Laurent Gbagbo et Guillaume Soro signent à Ouagadougou l’Accord politique éponyme. Ils concluent ainsi des semaines de négociations directes, sous la facilitation du président burkinabé. Guillaume Soro est nommé Premier ministre. L’Apo marque véritablement la prise en main du processus de paix par les Ivoiriens, à l’initiative de Laurent Gbagbo.
Cet accord qui a failli mourir dès juillet, à cause de l’attentat dont a été victime l’avion qui transportait Soro à Bouaké, a ensuite radicalement changé la donne. Il permettra au pays de franchir des pas de géants sur la route de la paix : suppression de la zone de confiance, redéploiement de l’administration en zones centre, nord et ouest, détenues par l’ex-rébellion, audiences foraines, reconstitution des registres d’état-civil détruits, identification et recensement électoral, liste électorale définitive, acceptée par tous, et, surtout, distribution des cartes d’identité et d’électeur à plus de 5 millions de personnes. Les trois années de mise en œuvre de l’Apo auront été plus fécondes que les cinq années précédentes. Cela, parce que Guillaume Soro a su tisser une relation de confiance avec le président, autour de l’objectif ultime qui était l’organisation d’une élection présidentielle juste, transparente et apaisée. Au vu de la tournure des évènements après le second tour de la présidentielle, il convient à présent de porter un regard critique sur les motivations réelles de Laurent Gbagbo par rapport à l’Apo. L’on remarque que cet accord est venu, fort opportunément, le tirer des griffes de la communauté internationale et des résolutions contraignantes du Conseil de sécurité qui s’entassaient sur sa table. Bien malgré elle, la France a vu son influence chuter dans le dossier, au moment où arrivait au pouvoir le ouattariste, Nicolas Sarkozy. Exit le Gti ( Groupe de travail international) et autres structures de pression. L’Apo aurait aussi pu avoir d’autres effets pervers. Dans la pratique, il éloignait momentanément Guillaume Soro de sa base de Bouaké. Ce qui pouvait l’affaiblir à terme. Des rumeurs savamment distillées ont ainsi tenté de faire croire que le patron des Forces nouvelles avait pris goût au luxe d’Abidjan, et abandonné ses hommes. Les FN ont même subi des tentatives de déstabilisation militaire et politique. Une bonne partie de l’opposition politique cultivait même une grande méfiance vis-à-vis du Premier ministre dont les efforts de médiation étaient parfois perçus comme la preuve d’une compromission avec Laurent Gbagbo. Une accusation qui faisait les affaires de ce dernier. Guillaume Soro évoluait dans un tel climat de suspicion que même certains de ses ministres lui en voulaient d’avoir accepté d’être reconduits, début 2010, après la double dissolution du gouvernement et de la Cei, par le chef de l’Etat sortant. Le risque de clash était encore très fort lors de la crise du 15 mai, date à laquelle la jeunesse de l’opposition entendait marcher pour demander le départ de Laurent Gbagbo.

C’est à l’évidence, en s’accrochant au rôle d’arbitre qu’il s’est donné, que le patron des Forces nouvelles a déjoué tous ces pièges, qui auraient pu empêcher les Ivoiriens d’aller aux urnes, dans de bonnes conditions. Obligeant ceux qui avaient un plan ‘’B’’, à agir ouvertement dans la dernière ligne droite. Avec l’énergie du désespoir.

Kesy B. Jacob
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